Mohamed Saïd Ramadân al Boutî

Muhammad Saîd Ramadân Al-Bûtî, orthographié aussi Al-Boti et Al-Bouti, est un théologien musulman. Il était à la tête du département des Croyances et Religions de la Faculté de la Sharî`ah, à Damas[1],[2]. Il prêchait régulièrement dans les mosquées de la capitale syrienne, ainsi que d’autres villes syriennes où des centaines de musulmans et de musulmanes venaient assister à ses cours, sermons et conférences[1],[3]. Il est l'auteur de plus d'une quarantaine d'ouvrages dont beaucoup sont traduits en plusieurs langues dont le français[2],[4].

Mohamed Saïd Ramadân al Boutî
Biographie
Naissance
Décès
Nom dans la langue maternelle
محمد البوطيVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Autres informations
Membre de
Royal Committee for Jerusalem Affairs (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Maître
Hassan al-Maidani (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Directeur de thèse
Muṣṭafá ʻAbd al-Khāliq (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Site web
Prononciation
Œuvres principales
Fiqh alsiyra (d), lisalafiat marhalat zamaniat mubarakat la madhhab 'iislamiin (d), Kubrâ Al-Yaqîniyyât Al-Kawniyyah (d), Безмазхабность – самая опасная ересь, угрожающая исламскому праву (d), Explanation And Analysis Of The Giving Judgment (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Il arrivait à la 23e position du classement des 500 musulmans les plus influents de 2009[5].

Cheikh El-Bouti a été assassiné le à Damas[6].

Jeunesse modifier

Mohammed Saïd Ramadan Al-Bouti est né en 1929 dans le village de Jilka sur l’île de Buthan (d'où il tire son nom) en Turquie non loin de l'Irak[1]. Il est le fils d'un mollah empreint d'ascétisme et de piété[7]. À l'âge de 4 ans, lui et son père émigrent à Damas, où il effectue son cycle secondaire à l'Institut de formation islamique, pour fuir le régime de Mustafa Kemal Atatürk. En 1953, il part étudier à l’Université d’Al-Azhar, à la Faculté de la Loi islamique. Il y obtient, en 1955, Al-`Alamiyyah, le plus haut diplôme délivré par Al-Azhar à cette époque. Il étudie ensuite à la Faculté de la langue arabe d’Al-Azhar, et obtient son diplôme la même année[2].

En 1960, il enseigne à la Faculté de la Religion à l’Université de Damas où il occupe plusieurs postes hiérarchiques.

Activités modifier

Al-Bouti est l'auteur d'une quarantaine d'ouvrages traitant de sciences de la religion, de littérature, philosophie et sociologie[1]. Il était à la tête du Département des Croyances et Religions de la Faculté de la Sharî`ah, à Damas où ses lectures rassemblaient tous les vendredis des centaines de musulmans. Il avait participé à de nombreuses conférences et colloques à travers le monde. Il écrivait occasionnellement des articles pour des journaux musulmans et répondait aux questions relatives à l'islam et sa pratique à travers des fatwas publiées sur Internet[8]. Il s'était rendu en France à de nombreuses reprises pour des conférences[9],[10],[11] et des inaugurations de mosquées[réf. souhaitée].

Il était membre de la Société royale de recherche en civilisation islamique à Amman, en Jordanie, ainsi que du Haut Conseil de l'Université d'Oxford en Grande-Bretagne[3]. Al-Bouti parlait couramment le turc, le kurde et avait de bonnes notions d'anglais[1].

Auteur modifier

L'écrivain est particulièrement apprécié pour sa méthodologie et son humilité.

Al-Bouti est un représentant typique de l'école traditionnelle du Moyen-Orient, il s’oppose en cela aux fondamentalistes d’Arabie saoudite. Fervent défenseur de l'autorité des 4 écoles de jurisprudence (madhhab), il qualifie leur éventuelle disparition comme « la plus dangereuse innovation menaçant la Sharia »[3]".

Dans un de ses livres, il accuse les salafistes modernes de manipuler le terme "djihad" dans leur intérêt[3], il souligne l'importance de la jurisprudence islamique (fiqh).

Ses livres et essais traitent des fondements de l'islam et de ses réflexions sur la Civilisation islamique dans le monde moderne. Il est l'auteur d'une série d'ouvrages sur la question de la prédestination et du libre arbitre.

Prises de positions et polémiques modifier

En 1994, dans son ouvrage Djihad en Islam, il s'oppose à la fatwa controversée d'Al Albani ordonnant aux musulmans de quitter la Palestine[12].

En 2004, à Strasbourg, il dénonce la loi française sur les signes religieux dans les écoles publiques, qu'il désigne comme une tentative pour faire exploser la famille musulmane. Il surprend son auditoire en qualifiant les représentants musulmans qui soutiennent cette loi du terme Arabe « Mounafiquoun » (hypocrites)[10] alors que le recteur d'Al-Azhar Mohammed Tantaoui venait de donner sa caution à cette loi en présence du ministre de l'Intérieur français Nicolas Sarkozy[13].

En octobre 2010, il écrit une fatwa selon laquelle celui qui reconnaît la loi islamique mais ne peut pas l'appliquer n'est pas un apostat mais celui qui ne la reconnaît pas et refuse de l'appliquer est un apostat[14].

Le cheikh s’est fait remarquer pour avoir pris le parti de Bachar el-Assad après le début des manifestations populaires en mars 2011, mais il ne cautionnait pas le meurtre de civils par des militaires[15],[16] et le , il publie une fatwa interdisant aux militaires de tuer des civils[17].

Mort modifier

 
Exemplaire du Coran ensanglanté lors de son assassinat.

Cheikh al Bouti a été assassiné le , lors d'un attentat-suicide terroriste dans la mosquée Al-Imane de Damas faisant 49 autres victimes, dont des civils[18]. Le régime met en cause les rebelles. Mais la BBC avance une autre version, qui, au vu de la vidéo, émet des doutes sur la possibilité qu'une explosion qui n'a pas endommagé la table sous laquelle la bombe était placée, ait pu tuer 50 personnes. Elle s'appuie aussi sur le fait qu'aucune trace de bain de sang n'a été retrouvé sur les lieux de l'assassinat, ainsi que sur la présence d'un homme mystérieux, qui juste après l'explosion, alors qu'al Bouti semble être sonné, s'approche très calmement de lui, lui tient la tête de sa main gauche et semble lui injecter ou lui glisser quelque chose, et c'est à ce moment que la tête d'al Bouti bascule sur le côté droit, et se met a saigner du côté gauche et de la bouche. À la vue de ces éléments la BBC émet l'hypothèse que le meurtre aurait pu être perpétré par le régime Assad[19].

Livres modifier

En français :

  • L'Islam et l'Occident
  • L'Islam refuge de l'humanité
  • Le péché intérieur : Ce grand danger qui guette les musulmans
  • Comment appeler à l'Islam ?
  • L'homme et la justice de Dieu sur terre
  • Qui est maître du destin des hommes ?
  • La décadence des musulmans, qui est responsable ?
  • Le djihad en islam
  • L'amour dans le coran

En arabe uniquement (non exhaustif) :

  • Kubrâ Al-Yaqîniyyât Al-Kawniyyah (La plus grande certitude de l'univers)
  • `Alâ Tarîq Al-`Awdah ilâ Al-Islâm (Sur la voie du retour à l'islam)
  • Manhaj Al-Hadârah Al-Insâniyyah fi Al-Qur’ân (Méthodologie de la civilisation humaine dans le coran)
  • Ma`a An-Nâs (Avec les gens)
  • Min Rawâ’i` al-Qur’ân (Parmi les merveilles coraniques)

Références modifier

  1. a b c d et e « Sheikh Muhammad Sa`îd Ramadân Al-Bûtî », sur islamophile.org (consulté le ).
  2. a b et c « Mohammad Said Ramadan Al Bouti : La voix de la sagesse par e-slamshop,… », sur librairie-boutique-musulmane.com via Wikiwix (consulté le ).
  3. a b c et d « SHEIKH DR MUHAMMAD SA‘ID RAMADAN AL BOUTI », sur blogspot.com (consulté le ).
  4. http://recherche.fnac.com/Search/SearchResult.aspx?SCat=2%211&Search=al+bouti&sft=1&submitbtn=Ok
  5. « scribd.com/doc/22652672/The-50… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  6. « news.xinhuanet.com/english/wor… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  7. http://www.islamophile.org/spip/Sheikh-Muhammad-Sa-id-Ramadan-Al,381.html voir dernier livre où il rend hommage à son père
  8. (ar) « نسيم الشام - الفتاوى », sur naseemalsham.com via Wikiwix (consulté le ).
  9. http://www.soufisme-fr.com/threads/7391-Cheikh-al-bouti-ha-%C3%A0-Evry-dans-le-91 à Evry
  10. a et b http://www.saphirnews.com/A-Strasbourg-Ramadan-Al-Bouti-defend-le-voile_a668.html à Strasbourg
  11. http://forum.islamboutique.fr/showthread.php?p=6468 à Saint Denis
  12. « aslama.com/forums/showthread.p… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  13. Claude Guibal, « Chèque en blanc pour Sarkozy à la mosquée d'Al Azhar », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  14. (en) « Qaradawi Issues Opinion How Muslims Should Handle Poor Muslim Ruler », sur islamopediaonline.org (consulté le ).
  15. Dépêche, « Attentat à Damas, des dizaines de morts dont un imam pro-Assad », sur france24.com, (consulté le ).
  16. « Le savant sunnite Muhammad Saïd al-Bouti tué en Syrie », sur Saphirnews (consulté le ).
  17. « Le cheykh Al Bouti interdit aux militaires de tuer des civils », sur Un oeil sur la Syrie, (consulté le ).
  18. L'érudit, Mohammad Saïd Ramadane al-Bouti, et 49 fidèles tombent en martyr du fait d'une explosion terroriste dans la mosquée d'al-Imane à Damas
  19. « Syria 'death video' of Sheikh al-Bouti poses questions - BBC News », sur BBC News (consulté le )

Voir aussi modifier

Liens externes modifier