Mission Krulak–Mendenhall

La mission Krulak-Mendenhall est une délégation d'enquêteurs, envoyée par l'administration Kennedy au Sud-Vietnam début septembre 1963. Le but annoncé de la délégation était une investigation sur les avancées de la guerre menée par le régime sud-vietnamien et ses conseillers militaires américains contre l'insurrection vietcong. La mission est dirigée par Victor Krulak et Joseph Mendenhall, respectivement général de division dans le Corps des Marines des États-Unis et officier supérieur du service extérieur, ayant de l'expérience dans les affaires vietnamiennes.

Victor Krulak, général des Marines

Cette intervention éclair de quatre jours est initiée le 6 septembre 1963, le même jour qu'une réunion du Conseil de sécurité nationale (NSC), et s'inscrit dans un contexte de dégradation des relations entre les États-Unis et le Sud-Vietnam. Des troubles populaires s'emparent du Sud-Vietnam alors que les manifestations bouddhistes contre la discrimination religieuse du régime catholique du président Ngô Đình Diệm s'intensifient. À la suite des raids sur les pagodes bouddhistes du 21 août qui ont fait plusieurs centaines de morts, les États-Unis ont autorisé des enquêtes sur un éventuel coup d'État par le biais d'un télégramme à l'intention de l'ambassadeur américain Henry Cabot Lodge Jr.

Dans leur rapport, délivré au conseil de sécurité national, Krulak présente un bilan optimiste sur les progrès de la guerre, tandis que Mendenhall met en lumière les échecs militaires ainsi que la fronde populaire. Krulak ignore délibérément le soutien de la population au Viet Cong, estimant que le malaise de l'opinion publique face à la politique de Diệm n'aura pas d'impact sur les opérations militaires vietnamienne sur le terrain. Mendenhall se concentre sur l'évaluation du sentiment des Vietnamiens urbains et conclut que les probabilités d'une guerre civile religieuse ne sont qu'augmentées par la politique de Diêm et poussent les Sud-Vietnamiens à la sympathie envers les Viet Cong dans l'espoir de meilleures conditions de vie. Ces deux points de vue, fondamentalement divergents, conduisent John F. Kennedy à demander à ses deux conseillers "Vous revenez bien du même pays, n'est-ce pas ?".

Ce rapport, non concluant, fait l'objet d'acerbes débats parmi les principaux conseillers de Kennedy. Divers projets concernant le Vietnam y sont discutés, tels que favoriser un changement de régime ou prendre une série de mesures destinées à paralyser l'influence de Ngô Đình Nhu (frère et principal conseiller politique de Diệm). Nhu et sa femme "Madame" Ngô Đình Nhu étaient alors considérés comme les causes principales des problèmes politiques au Sud-Vietnam. Le résultat peu exploitable de la mission de Krulak et Mendenhall a donné lieu à une poursuite de ces travaux par la mission McNamara-Taylor.

Contexte modifier

Après la fusillade de Huế Phật Đản le 8 mai, des émeutes éclatent au Sud-Vietnam. Neuf bouddhistes sont abattus par le régime catholique du président Ngô Đình Diệm après avoir participé à une manifestation et bravé un arrêté gouvernemental, interdisant de faire flotter des drapeaux bouddhistes pendant la fête du Vesak, l'anniversaire de Gautama Bouddha[1]. Après la fusillade, les dirigeants bouddhistes font pression sur Diệm pour promouvoir l'égalité religieuse et apporter justice et indemnisation aux familles des victimes. Diệm restant récalcitrant, les protestations s'intensifient[2]. L'auto-immolation du moine bouddhiste Thích Quảng Đức au milieu d'un carrefour très fréquenté de Saigon ternit rapidement l'image du gouvernement après que ces photos aient fait la une des journaux dans le monde entier et soient devenues un symbole pour l'opposition[3]. Alors que les manifestations se poursuivent, les forces spéciales de l'armée Vietnamienne (ARVN) fidèles au frère de Diệm, Ngô Đình Nhu, sous prétexte de loi martiale, mènent des raids meurtriers sur la pagode Xá Lợi le 21 août. Le nombre de victimes est estimé à plusieurs centaines et d'importants dégâts sont recensés. Les universités et les lycées sont fermés en raison des manifestations de masse pro-bouddhistes. Dans l'intervalle, la lutte contre l'insurrection Viet Cong perd de son intensité au milieu des rumeurs de luttes intestines sectaires parmi les troupes de l'ARVN[4]. Cette situation est aggravée par la préparation d'un coup d'État par plusieurs officiers de l'ARVN, qui détourne l'attention de l'insurrection. Après les raids de la pagode, l'administration Kennedy envoie un télégramme à l'ambassade des États-Unis à Saigon, ordonnant la recherche d'alternative à la gouvernance de Diêm[5].

Bibliographie modifier

Notes et références modifier