Micral

Ordinateur par R2E
Micral
Un Micral N, tout premier micro-ordinateur, exposé à la Cité des sciences et de l'industrie.
Fabricant
Présentation
Date de sortie
1972
Fonctions
Type
Caractéristiques
Processeur
Mesures
Masse
12 000 g

Micral est une gamme d'ordinateurs conçue et commercialisée par le bureau d'études R2E depuis 1973.

Le tout premier modèle de cette gamme, nommé « Micral », possède la caractéristique d'utiliser un microprocesseur, de posséder des dimensions réduites et d'être de prix abordable. Il est ainsi reconnu comme étant le premier micro-ordinateur de l'histoire[1]

Le Micral d'origine modifier

Initialement développé à partir de par R2E, un bureau d'études français alors dirigé par André Truong, le Micral répond à une commande de l'INRA[2] pour un système de mesure et de calcul de l'évapotranspiration des sols, transportable et meilleur marché que le mini-ordinateur PDP-8[3].

En , installé dans une cave à Châtenay-Malabry, François Gernelle met au point son dernier prototype[4]. Fabriqué autour d'un microprocesseur 8 bits Intel 8008, cadencé à 500 kHz, ses cartes mémoire de type MOS embarquent 2 Ko de RAM[5].

Il possède une carte de fond de panier nommée « Pluribus » dotée au choix de 11 ou 22 connecteurs de 74 broches, qui est conçue pour recevoir les différentes cartes électroniques de l'ordinateur. Cette architecture lui permet d’étendre facilement ses capacités en ajoutant des cartes ou bien de le faire évoluer en remplaçant d'anciennes cartes par des nouvelles. Il peut comporter une console système optionnelle qui est matérialisée par un panneau frontal muni d’interrupteurs[6]. Cette dernière peut être personnalisée en fonction des besoins de la clientèle.

La programmation de l'appareil se réalise à l'aide d'un téléscripteur[7] ou par modem. Le développeur de l'équipe, Benchetrit, fournit le moniteur résident (en) du Micral stocké dans une ROM, le MOMIC (Moniteur Micral 01) ainsi que son assembleur, l'ASMIC (Assembleur Micral 01).

Le , la commande de l'INRA est honorée[8]. La configuration de ce premier modèle nommée Micral sera commercialisée par la suite sous le nom de « Micral N ».

Le Micral N était vendu à un prix très bas pour l'informatique de l'époque : 8 500 francs en 1972.

La gamme des Micral s'étendra pour suivre l'évolution des technologies. Avec la participation d'Alain Lacombe et de Jean-Claude Beckmann dans la réalisation de nombreuses cartes d'entrées/sorties, le Micral sera capable d'être interconnecté, bénéficiera de microprocesseurs plus puissants ainsi que de l'apparition des disques durs, des écrans et des claviers[5].

Philippe Kahn sera chargé de travailler sur le SYSMIC logiciel système successeur du MOMIC.

En 1978, R2E est absorbée par CII Honeywell-Bull qui avait lancé un des premiers mini-ordinateurs, le Mitra 15, utilisé par le réseau Cyclades.

Plus tard, Bull déposera le nom de marque « Bull Micral » en [9].

Le SYSMIC évoluera pour devenir le système d'exploitation multitâches en temps réel Prologue. R2E proposera ce dernier sur ses machines aux côtés de CP/M[10] ou de MS-DOS sur Bull Micral compatibles PC.

 
Micro-ordinateur Portal de R2E/CCMC.

Le micro-ordinateur portable « Portal » est développé par le bureau d'études. Il fait son apparition en au salon du Sicob à Paris, soit huit mois avant l'Osborne 1 nord-américain ().

Tous modèles cumulés, les ventes de Micral s'élèveront à environ 90 000 exemplaires[11].

La paternité du Micral a été disputée par André Truong à François Gernelle, qui l'a emporté en justice en 1998[12],[13].

Les premiers Micral (Micral N) sont exposés au musée du Conservatoire national des arts et métiers[14] de Paris ainsi qu'au musée de l'histoire de l'ordinateur de Mountain View[15].

Le , l'un des cinq derniers exemplaires connus du Micral N a été vendu aux enchères au château d'Artigny, près de Tours. Mise à prix 20 000 euros, cette configuration de Micral N a été adjugée pour 50 000 euros[16],[17] à Paul Allen pour son musée Living Computers: Museum + Labs (en) à Seattle.

En février 2023, l'Association MO5.com annonce[18] avoir fait l'acquisition d'un exemplaire de Micral N.

Gamme Micral modifier

Époque R2E modifier

 
Micral S (1974)

Époque Bull modifier

  • 1979 : Micral 80-30, avec un processeur Zilog Z80, 8 bits
  • 1980 : Micral 80-20, avec un processeur Zilog Z80A, 8 bits, cadencé à 3 MHz
  • 1980 : Portal, avec un processeur Intel 8085, 8 bits, cadencé à 2 MHz
  • 1981 : Micral P2, avec un processeur Zilog Z80, 8 bits, cadencé à 5 MHz, 64 ko de RAM
  • 1981 : Micral X, avec processeur Zilog Z80, 8 bits, disque dur amovible de 10 Mo (CII Honeywell Bull D140)[25]
  • 1983 : Micral 90-20, avec un processeur Intel 8088, 16 bits, cadencé à 5 MHz
  • 1983 : Micral 90-50, avec un processeur Intel 8086, 16 bits, cadencé à 8 MHz, 256 ko de RAM[26]

Compatibles PC modifier

  • 1985 : Bull Micral 30, avec un processeur Intel 8088 à 4,77 MHz, compatible PC-XT
  • 1986 : Bull Micral 60, avec un processeur Intel 80286 à 6 MHz, compatible PC-AT
  • 1986 : Bull Micral 35, avec un processeur Intel 80286 à 8 MHz
  • 1987 : Bull Micral 40, avec un processeur Intel 80286 à 8 MHz
  • 1988 : Bull Micral 45, avec un processeur Intel 80286 à 12 MHz
  • 1988 : Bull Micral 65, avec un processeur Intel 80286 à 12 MHz
  • 1988 : Bull Micral 75, avec un processeur Intel 80386 à 8 MHz
  • 1988 : Bull Micral Attaché, avec un processeur Intel 8086 à 9,54 MHz, portable
  • 1989 : Bull Micral 200, avec un processeur Intel 80286 à 12 MHz
  • 1989 : Bull Micral 600, avec un processeur Intel 80386 à 25 MHz

En 1989, Bull rachète le constructeur Zenith Data Systems. Dorénavant, la gamme de compatibles PC s'appellera « Zenith ».

Relance de la marque modifier

La marque Micral est relancée en 2016 par l’ingénieur Jean-Thierry Lechein, directeur de l'agence Absomod. Il s'agit du réemploi de la marque qui avait été abandonnée en 1989 par le groupe Bull, dernier fabricant des produits Micral. Il conçoit des Nano serveurs et des solutions Edge computing pour permettre de déployer des services et des applications mobiles dans les zones non couvertes par Internet (zones rurales, milieu industriel…) ou par volonté de sécurité des utilisateurs qui ne veulent pas faire transiter leurs données via la toile[27].

Bibliographie modifier

  • Roger Bui, « Un miniordinateur pour moins de 8500FF », Zero un informatique, no 228,‎ , p. 1, 5.
  • Philippe Chatelin (dir.) et Pierre Mounier-Kuhn (dir.), Actes du deuxième colloque sur l'histoire de l'informatique en France : Paris, 24-25-26 avril 1990, Paris Grenoble, CNAM INPG, (ISBN 978-2-9502887-3-8, 978-2-950-28874-5 et 978-2-950-28875-2, lire en ligne).
  • Emmanuel Lazard et Pierre Mounier-Kuhn, Histoire illustrée de l'informatique, Les Ullis, EDP Sciences, , 280 p. (ISBN 978-2-7598-1819-8, OCLC 960012632), chap. 7.
  • Pierre Mounier-Kuhn, « Le Micro-ordinateur : une invention simultanée », Pour la Science,‎ .
  • « Micral 90-20 », Science et Vie, no 9,‎ , p. 82.
  • Sciences et techniques, Société des ingénieurs civils de France, (lire en ligne), p. 15.

Notes et références modifier

  1. Mais pas le premier ordinateur personnel. D'autres ordinateurs personnels comme le Kenbak-1 ont existé avant, mais n'avaient pas de microprocesseur et donc n'étaient pas des micro-ordinateurs.
  2. « Le saviez-vous : le premier micro-ordinateur de l'histoire est né de la rencontre entre l'agronomie et l'informatique - Agrisalon », sur www.agrisalon.com (consulté le )
  3. Un PDP-8 4K coûte en 1972 près de 45 000 FF soit 43 026 euros en 2011, calcul effectué via le site France Inflation.
  4. « Rencontre avec François Gernelle », Le Petit Versaillais, no 12,‎ , p. 9-10 (lire en ligne)
  5. a et b Rodriguez François (Coord.) et Vignolle Jean (Coord.), Histoire de l'informatique : actes du Ve colloque, Toulouse, 28-30 avril 1998, Cépaduès, (lire en ligne), Présentation par François Gernelle
  6. (en) Réalisations Études Électroniques, Manuel du Micral N, (lire en ligne)
  7. De type Teletype ASR-33, utilisable avec des cartes ou du ruban perforé.
  8. a et b Philippe Chatelin et Pierre Mounier-Kuhn, 2e Colloque sur l'histoire de l'informatique en France, 1990 - (lire en ligne)
  9. « Recherche sur la marque Micral », Premières modifications en juin 1983, sur Office de la propriété intellectuelle du Canada (consulté le )
  10. (en) InfoWorld, InfoWorld Media Group, Inc., (lire en ligne), p. 16
  11. Emmanuel Lazard et Pierre Mounier-Kuhn, Histoire illustrée de l'Informatique, Paris, EDP Sciences, 2016.
  12. Arrêt no 571 du 19 novembre 1998 de la Cour d'appel de Versailles reconnaissant la paternité de l'invention du Micral N à François Gernelle.
  13. Brevets FR2216883 et FR2216884 attribués à François Gernelle
  14. « Micro-ordinateur dit "MICRAL N" », sur Conservatoire national des arts et métiers, recherche sur les collections (consulté le )
  15. « Desktop computer - Micral », sur Computer History Museum, recherche sur les collections (consulté le )
  16. « Le premier micro-ordinateur, le Micral N, sera vendu aux enchères à Tours », Le Figaro, (consulté le )
  17. « Lot 218 », (consulté le )
  18. Philippe Dubois, « Acquisition du Micral N par l’association MO5 », sur Association MO5.com, (consulté le )
  19. « Du premier micro à l'IBM PC », 01Net, (consulté le )
  20. G. Bescher, Système de contrôle du stellarator Wega par le micro-ordinateur Micral G, URATOM-CEA, (lire en ligne), p. 12
  21. Réalisation Études Électroniques, Micral S, manuel du micro-ordinateur, (lire en ligne)
  22. André Raynaud, « Le microprocesseur Micral », Sciences et Avenir, Les ordinateurs et la vie quotidienne, no hors-série no 24,‎ , p. 96-102 (lire en ligne)
  23. (en) R2E of America, Micral C, manuel de l'opérateur système, (lire en ligne)
  24. (en) R2E of America, Micral V, manuel de l'opérateur, (lire en ligne)
  25. (en) Computerworld, IDG Enterprise, (lire en ligne), p. 89
  26. « Micral R2E 9050 », Micro Systèmes, no 34,‎ , p. 208-209 (lire en ligne)
  27. Oscar Barthe et Dominique Filippone, « Micral renait de ses cendres dans l'IoT - Le Monde Informatique », LeMondeInformatique,‎ (lire en ligne, consulté le )

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

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