Michel Santier

prélat catholique

Michel Santier
Image illustrative de l’article Michel Santier
Michel Santier à Créteil
le 4 septembre 2007.
Biographie
Naissance (76 ans)
Granville (France)
Ordination sacerdotale
Évêque de l'Église catholique
Ordination épiscopale par
Jacques Fihey
Dernier titre ou fonction Évêque émérite de Créteil
Évêque de Créteil
Évêque de Luçon

Blason
« Que ma joie soit en vous »
(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Michel Léon Émile Santier, né à Granville le , est un évêque catholique français. Engagé dans le mouvement du Renouveau Charismatique, il a été fondateur de la communauté charismatique Réjouis-toi en 1977, et premier directeur de l’École de la foi de Coutances à partir de 1989. Il fut évêque de Luçon de 2001 à 2007, de Créteil de 2007 à 2021, et est évêque émérite depuis le .

Michel Santier démissionne en juin 2020 et quitte ses fonctions en janvier 2021, après l'information auprès de sa hiérarchie d'«abus spirituels à des fins sexuelles », notamment dans le cadre de la confession, commis dans les années 1990 à l'encontre de deux jeunes hommes adultes. L'Église catholique, informée par les deux premières victimes en 2019, garde le silence sur cette affaire. Quand la presse la révèle au public en octobre 2022, cinq autres victimes potentielles se font connaître. Le procureur de la République est alors saisi.

Biographie modifier

Formation modifier

Michel Santier se prépare à la prêtrise dans les séminaires normands de Coutances, de Bayeux puis de Caen. Il complète sa formation à l'Institut biblique de Rome où il obtient une licence en Écriture sainte.

Principaux ministères modifier

Il est ordonné prêtre le pour le diocèse de Coutances. Après avoir exercé son ministère à la paroisse de Coutances de 1976 à 1978, il est professeur d'Écriture sainte au Grand séminaire de Caen, dont il devient supérieur du 3e cycle en 1990.

En 1977, il fonde la Communauté Réjouis-toi dont il est le « berger » général[1].

En 1989, il est le directeur de l'école de la foi de Coutances destinée aux jeunes de l'Ouest, où il enseigne l'Écriture sainte. C'est là qu'il commet des abus sur deux jeunes hommes qui aboutiront à la sanction du Vatican à son encontre et à sa démission de son rôle d'évêque trente ans après les faits[2]. Sur le plan du droit français, il n'est pas possible de déposer plainte plus de 6 ans après de tels faits, ce qui correspond au délai légal de prescription [3].

En 1996, il prend des responsabilités au niveau diocésain comme vicaire épiscopal chargé de la formation des prêtres et des laïcs et délégué diocésain pour l'œcuménisme.

Nommé évêque de Luçon en Vendée par Jean-Paul II le , il est consacré le par Jacques Fihey, évêque de Coutances, et Clément Guillon, évêque de Quimper. Le , le pape Benoît XVI lui confie la charge du diocèse de Créteil. Il succède à Daniel Labille qui avait atteint la limite d'âge de sa charge pastorale. Son installation a lieu au Palais des Sports de Créteil le . Dans ces deux postes, contrairement à la tradition, il choisit de ne pas porter d'armoiries.

Au sein de la Conférence des évêques de France, il a présidé le Conseil pour les relations interreligieuses. Il est membre du Comité pour le renouveau charismatique depuis 2001 et a été membre du Conseil pour les relations inter-religieuses et les nouveaux courants religieux. Le , il est devenu président de ce conseil pour un mandat de trois ans[4], après quoi il laisse sa place à Michel Dubost. Il est membre depuis 2011 de la Commission doctrinale[5].

Il est alors également l'évêque accompagnateur pour le Renouveau Charismatique et les communautés nouvelles.

Le , il annonce l'ouverture du procès en canonisation du bienheureux Jerzy Popieluszko à la suite d'une étonnante guérison d'un malade qui avait demandé l'intercession du bienheureux[6].

Abus sexuels modifier

Historique modifier

Un dossier de signalement de l'évêque est adressé à Rome en décembre 2019 par l'archevêque de Paris Michel Aupetit pour « abus spirituels à des fins sexuelles ».

En avril 2020, Michel Santier contracte le Covid-19 et est hospitalisé.

Le , il annonce qu’il a présenté sa démission et que celle-ci intervient pour raisons de santé[7]. En réalité, dans la lettre qu'il adresse au pape François, Michel Santier reconnaît les faits de voyeurisme et d'abus sur des jeunes adultes dans les années 1990 : sa démission est liée à cette affaire d'abus spirituels et de mœurs. Il demeure cependant évêque jusqu'à la nomination de Dominique Blanchet, son successeur, en janvier 2021[8].

Le , Famille chrétienne dévoile que Michel Santier a fait l’objet de mesures disciplinaires par le Vatican en octobre 2021 pour des abus spirituels à des fins sexuelles commis sur deux majeurs dans les années 1990 dans le diocèse de Coutances (Manche), lorsqu'il était prêtre. Sa démission prématurée, en 2020, était liée à cette affaire. Ces faits ont été commis avec une instrumentalisation des sacrements, notamment celui de la confession[9]. Sur le mode du strip-poker, le pénitent devait enlever un à un ses vêtements, à chaque péché avoué[10],[11]. Ceci a été révélé par les victimes en 2019[12],[3]. L'épiscopat aurait cherché à éviter la divulgation de cette affaire, en traitant avec légèreté ce dossier avant qu’il ne devienne un scandale public[13].

Il exerce depuis la fonction d’aumônier au sein de l'abbaye de Saint-Sauveur-le-Vicomte dans la Manche où il continue à célébrer la messe[14],[15].

Le , Dominique Lebrun, archevêque de l'archidiocèse de Rouen dont dépend le diocèse de Coutances, signale cinq autres victimes de Michel Santier quand il était prêtre du diocèse de Coutances. Le procureur de la République est informé de ces nouveaux cas[16],[17].

Réactions modifier

Anne Lécu, membre de la cellule de lutte contre les dérives sectaires dans l’Église catholique, regrette l'absence de communication. D'après elle, pour libérer la parole de potentielles victimes, Laurent Le Boulc'h, évêque du diocèse de Coutances et Avranches, aurait dû lancer un appel, diffusé aussi dans les diocèses de Luçon et Créteil, en ces termes : « À tous les anciens de l’École de la foi de Coutances, ne craignez pas de dire si vous avez vécu une forme d’emprise ou d’abus lors d’une confession, si vous avez subi une agression sexuelle dans le cadre de l’école, par quiconque y avait un rôle d’encadrement ». Cette absence de communication et la révélation tardive des sanctions prises posent un problème au sein de l'Église[18].

Pour Aymeric Christensen, directeur de la rédaction du média catholique La Vie, Michel Santier a profané le sacrement de la confession pour abuser de ces pénitents. De multiples questions restent sans réponse : « Pourquoi ne pas avoir publié la condamnation ? Pourquoi avoir, de fait, laissé l’évêque mentir sur les raisons – « de santé » et… « d’autres difficultés » – de son départ ? Auparavant, comment avait-il pu accepter une telle charge en connaissant ses propres antécédents ? N’est-il pas urgent d’améliorer les enquêtes lors des processus de nominations ? Et surtout, surtout : y a-t-il actuellement d’autres clercs dont la retraite dissimule en réalité des sanctions de ce type ? ». La récurrence des abus sexuels et les silences de l'Église alimentent le départ de ses fidèles[19].

Stéphane Joulain, psychothérapeute et prêtre membre de la Société des missionnaires d’Afrique, exprime son dégoût et relève la « disproportion dans l’imposition de faibles sanctions pour des faits si graves, qui en d’autres temps auraient été sanctionnés par une excommunication ». Il ne croit plus à la capacité de l'Église de se réformer en matière pénale. Ainsi, il cite le cas du cardinal Marc Ouellet où le Vatican est incapable d'appliquer ses propres règles[20].

À la suite de ces révélations, des rassemblements sont organisés dans plusieurs villes de France le week-end du 29-30 octobre 2022 à l'initiative du collectif Agir pour notre Église [21]. Le collectif réclame, entre autres, une véritable transparence dans les décisions canoniques.

Prises de position modifier

Dialogue avec les musulmans modifier

En 2006, à l'occasion de l'entrée en Ramadan et au nom de l'épiscopat français, il publie un communiqué bienveillant envers les musulmans, invitant à un dialogue plus approfondi entre les communautés catholiques et musulmanes[22].

En 2008, il explique que dans le dialogue avec les musulmans, il ne faut pas uniquement se pencher sur les questions doctrinales, mais aussi, comme Dieu, porter un regard d'estime sur eux[23].

Demande de pardon aux blessés de l'Église modifier

 
Santier en 2015

En 2006, en lançant la dernière ligne droite du synode diocésain de Vendée, Santier émet une démarche formelle de repentance. « Dans le passé, en Vendée, l’Église était très présente, occupait l’espace social et laissait peu de place à des manières de penser et de vivre la vie humaine et la foi d’une façon différente. Des hommes et des femmes ont souffert de cette emprise de l’Église sur leur vie personnelle et sociale. Je pense aussi aux personnes séparées, divorcées, divorcées-remariées, à d’autres qui vivent une orientation sexuelle qu’ils n’ont pas choisie[24] ; des paroles de jugement prononcées de notre part, alors que nous ignorons la souffrance cachée qui est à l’origine de ces situations, ont pu faire beaucoup de mal. Au début de cette cérémonie j’ai vécu avec vous une démarche de repentance, et au nom de l’Église, comme évêque, je vous demande pardon et leur demande pardon. »[25].

Ouvrages modifier

  • Réjouis-toi : servir la communion en Église, Desclée De Brouwer, .
  • Le Renouveau au cœur de l'Église, éditions des Béatitudes, .
  • Soyez dans la joie, Desclée De Brouwer, .
  • Personne ne peut venir à moi si mon Père ne l'attire, Salvator, (ISBN 9782706716652).

Notes et références modifier

  1. Benoît Fauchet, « Affaire Santier : la communauté Réjouis-toi a ouvert un dispositif de recueil de témoignages », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  2. Benoît Fauchet et Félicien Rondel, « Abus dans l’Église : Mgr Michel Santier sous sanction romaine, surprise et tristesse à Créteil », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le ).
  3. a et b « Agression sexuelle commise sur une personne majeure », sur www.service-public.fr (consulté le )
  4. « Elections au cours de l'assemblée et nomination d'un porte-parole - Église Catholique en France », sur cef, (consulté le ).
  5. « Elections lors de l'Assemblée Plénière des évêques de France », sur cef (consulté le ).
  6. Radio Vatican, « Vers la canonisation du Père Popieluszko », sur fr.radiovaticana.va, (consulté le ).
  7. « Dernières nouvelles de notre évêque Mgr Michel Santier », sur Catholiques de Fontenay Sous Bois, (consulté le )
  8. « Mgr Dominique Blanchet, nouvel évêque de Créteil — KTOTV », sur KTO TV, (consulté le ).
  9. Antoine Pasquier, « Mgr Michel Santier sanctionné pour des abus commis dans les années 1990 », sur Famille Chrétienne, (consulté le ).
  10. Bernadette Sauvaget, « L’Eglise catholique atterrée par les strip-confessions de l’évêque Santier », sur Libération, (consulté le )
  11. Pauline de Torsiac, « Affaire Michel Santier : pourquoi l'Église a-t-elle caché les vraies raisons de sa démission ? | RCF », sur www.rcf.fr, (consulté le )
  12. René Poujol, « Quelques réflexions autour de « l’affaire Mgr Santier » », (consulté le )
  13. Bernadette Sauvaget, « Réuni à Lourdes et discrédité par l’affaire Santier, l’épiscopat catholique au bord du gouffre », sur Libération, (consulté le )
  14. « Violences sexuelles : L’ancien évêque de Créteil sanctionné par le Vatican pour voyeurisme », sur Libération, (consulté le ).
  15. « Affaire Santier : de nouvelles victimes se présentent, l'épiscopat français réagit — KTOTV », sur KTO TV, (consulté le )
  16. Benoît Fauchet et Christophe Henning, « Abus dans l’Église : Mgr Santier visé par cinq nouveaux signalements, le parquet informé », sur La Croix (consulté le )
  17. Maurice Page, « Abus sexuels: nouvelles révélations dans «l’affaire Santier» », sur www.cath.ch, (consulté le )
  18. Benoit Fauchet, « Sanction de Mgr Santier : des questions en suspens », sur La Croix, (consulté le ).
  19. Aymeric Christensen, « Affaire Santier : le silence est un abus de confiance », sur La Vie, (consulté le )
  20. Stéphane Joulain, « Affaire Santier : « Je ne crois plus à la capacité de l’institution ecclésiale à rendre justice en matière pénale » », sur La Croix, (consulté le )
  21. Félicien Rondel et Clémence Houdaille, « Abus sexuels, des catholiques veulent « sortir les poubelles » de l’Église », sur La Croix, (consulté le )
  22. « Message de Mgr Michel SANTIER », sur www.le-sri.com, (consulté le ).
  23. « Eglise catholique en France -Chrétiens et musulmans », sur CEF.fr, (consulté le ).
  24. « Devenir Un En Christ », sur Catoco (consulté le )
  25. La Croix, 4 avril 2006.

Voir aussi modifier

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Articles connexes modifier

Liens externes modifier