Messe des pêcheurs de Villerville

œuvre musicale de Gabriel Fauré et André Messager

Messe des pêcheurs de Villerville
Image illustrative de l’article Messe des pêcheurs de Villerville
Paysage près de Villerville par Charles-François Daubigny (École de Barbizon, 1873)

Genre Messe brève
Musique Gabriel Fauré et André Messager
Langue originale Latin et Grec
Dates de composition 1881
Partition autographe Bibliothèque nationale de France manuscrit 20302 (1882)
Création
Villerville
Versions successives
II. Messe de l'Association des pêcheurs de Vellerville avec orchestre de chambre
(1882 Fauré et Messager)
III. Messe basse
(1906 Fauré ; publication 1907)

La Messe des pêcheurs de Villerville est une messe brève pour chœur de femmes, écrite en août 1881 par Gabriel Fauré et André Messager, qui étaient en villégiature à Villerville chez des amis communs. Cette œuvre a été écrite primitivement pour qu'elle soit chantée par les dames du village et les jeunes filles qui s'y trouvaient en vacances, au profit de l'association des pêcheurs locaux. Puis, l'ouvrage a été successivement évolué.

Première version 1881 modifier

Les différentes parties sont :

La première eut lieu le à l'église de Villerville[n 1],[hm 1], dans une version avec harmonium ainsi que violon solo lequel était réservé à l’O salutaris de Messager[hm 1].

Version orchestre 1882 modifier

Une deuxième exécution, avec orchestre de chambre, eut lieu l'année suivante, en septembre 1882, lors d'un long séjour de Fauré et de Messager chez Clerc[n 2]. Ce dernier orchestra alors les quatre premières parties, Fauré la dernière[1] :

  • Kyrie (chant de Messager / orchestration de Messager) ;
  • Gloria (Fauré / Messager) ;
  • Sanctus (Fauré / Messager) ;
  • O salutaris (Messager / Messager) ;
  • Agnus Dei (Fauré / Fauré).

La première version de la partition, conservée par Camille Clerc, a été envoyée au début du mois d'août à Messager, qui avait proposé d'orchestrer la pièce pour un double quatuor alors en résidence à Cuy-Saint-Fiacre[n 3]. Finalement, en fonction de la disponibilité des musiciens, l'orchestration a été réalisée sous une forme réduite, comprenant une flûte, un hautbois, une clarinette, un quintette à cordes (avec un violon solo pour l'O salutaris) et un harmonium[n 4],[1].

L'exécution eut lieu le 10 septembre[na 1],[n 3]. Une lettre, datée du 19 septembre à Toulouse, annonçait son grand succès et une excellente qualité d'exécution[n 2].

Le manuscrit autographe était conservé par la famille Clerc. Finalement, la bibliothèque nationale de France l'accueillit[hm 1].

Un spécialiste de Fauré, Jean-Michel Nectoux, qualifie ainsi cet ouvrage : « La tendresse et le charme de cette petite Messe des pêcheurs se souviennent de Léo Delibes et de Gounod, sans que ses jeunes auteurs prétendent écrire un chef-d'œuvre immortel de l'art ; c'est dans cet esprit qu'il faut écouter ces pages de lignes délicates et de fondantes harmonies. »[hm 1].

Publication modifier

En 1907, l'éditeur Heugel & Cie publia une nouvelle version de cette messe, sous le titre de Messe basse[2]. Le chœur de femmes et la soprano solo s'accompagnent de l'orgue ou de l'harmonium[3]. L'ouvrage était dédié à Camille Clerc[2].

En faveur de cette publication, Gabriel Fauré avait remanié l'ouvrage en entier[hm 1]. Cette version ne se constitue que des pièces de ce compositeur.

  • Kyrie  ;
  • Sanctus ;
  • Benedictus ;
  • Agnus Dei.

En ôtant le Kyrie et le O salutaris de Messager, Fauré révisait pareillement ses anciennes pièces. Un nouveau Kyrie fut créé[hm 1]. Celui-ci est plus liturgique, avec le style d'antienne qui se caractérise de l'alternance entre le soprano solo et le chœur[na 2]. Le Gloria fut supprimé, mais une partie de ses mélodies (Qui tollis peccata mundi, miserere nobis) était réutilisée pour un Benedictus[hm 1],[2]. Ce dernier aussi est construit dans le style d'antienne[na 2]. Compositeur de maturité, son propre accompagnement était réalisé tandis que les mélodies demeurent plus sophistiqués que les anciennes versions[2].

Avant la réforme liturgique de Pie X, le motet O salutaris était chanté pendant l'élévation dans les églises parisiennes. Fauré a remplacé cette pièce par le Benedictus du rite romain, suite à cette réforme. En effet, Pie X souhaitait remplacer la tradition gallicane française par la tradition ultramontaine italienne-romaine. Cette réforme a été officialisée par le motu proprio de 1903, intitulé Inter pastoralis officii sollicitudes.

Deux phrases manquaient dans le Gloria original de Fauré : Domine Deus, Agnus Dei, Filius Patris et suscipe deprecationem nostram[hm 2]. Or, à partir de 1903, le motu proprio de Pie X interdisait toute modification de texte. Bien que la raison de la suppression du Gloria ne soit pas connue, il est probable que Fauré l'ait fait pour des raisons esthétiques ou liturgiques conformes à la publication sous le pontificat de saint Pie X. En résumé, l'ouvrage devenait plus liturgique.

Dans cette version évoluée, Jacques Bonnaure, membre associé de l'Académie des sciences morales des lettres et des arts de Versailles et de l'Île-de-France, voit les caractéristiques principales de la musique religieuse de Fauré : douceur, tendresse, absence d'emphase et originalité des parcours harmoniques[4].

Enregistrements modifier

Version 1882 modifier

Version 1907 modifier

Liens externes modifier

Références bibliographiques modifier

  1. a b c d e f et g p. 6
  2. p. 22
  • Jean-Michel Nectoux, Gabriel Fauré : a musical life, traduction en anglais par Roger Nichols, Cambridge University Press, Cambridge 1991 (ISBN 978-0-521-53524-3) [lire en ligne]
  1. p. 114
  2. a et b p. 115
  1. p. 58, note n° 6
  2. a et b p. 64
  3. a et b p. 62
  4. p. 62, note n° 2

Notes et références modifier

  1. a et b « En Savoir Plus » du manuscrit 20302 de la bibliothèque nationale de France.
  2. a b c et d Notice Bnf [1]
  3. Fac-similé de la première page de la Messe basse (1907/1934) dans l'Imslp [fac-similé en ligne] (consulté le 19 janvier 2024)
  4. Jacques Bonnaure, Gabriel Fauré, p. 28, 2017 [lire en ligne]