Pierre Paul Jeanpierre

militaire français
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Pierre Jeanpierre
Naissance
Belfort (France)
Décès (à 46 ans)
Guelma (Algérie française)
Mort au combat
Origine Drapeau de la France France
Arme Légion étrangère
Grade lieutenant-colonel français
Années de service 19301958
Commandement 1er régiment étranger de parachutistes
Conflits Seconde Guerre mondiale
Guerre d'Indochine
Guerre d'Algérie
Faits d'armes Bataille d'Alger
Bataille des Frontières
Hommages voir ici

Pierre Jeanpierre, né le à Belfort et mort au combat le en Algérie, est un officier militaire supérieur français de la Légion étrangère.

Biographie modifier

Engagé au 131e régiment d'infanterie comme homme du rang, il prépare et réussit le concours d'officier et est nommé sous-lieutenant en 1937 au 1er régiment étranger (Légion étrangère), puis lieutenant en . En 1939, il est au Levant avec le 6e régiment étranger.

Après la campagne de Syrie-Liban, il refuse de rejoindre les rangs des FFL et retourne dans les rangs de la Légion étrangère à Marseille. De là, il gagne la Résistance (réseau Vengeance du mouvement « Ceux de la Libération ») sous le nom de Jardin, lors de l'invasion de la zone libre. En 1944, il est fait prisonnier et interné au camp de Mauthausen. Souffrant d'une pleurésie, affaibli et amaigri, il est libéré par les Alliés en .

À la fin de la guerre, il se porte volontaire pour servir au sein des unités parachutistes de la Légion. Le chef de bataillon Pierre Segrétain, formant en Algérie, le 1er BEP, se souvient d'un officier qu'il a connu au Levant, le capitaine Jeanpierre, et lui demande d'être son adjoint. Sous les ordres de Segrétain, le BEP et Jeanpierre rejoignent l'Indochine en 1948. En 1950, lors de l’évacuation de Cao Bằng par la RC4, sous les ordres du colonel Lepage, le 1er BEP saute sur That Khé le pour renforcer la colonne Charton, partie de Lạng Sơn. Les légionnaires sont poursuivis par 30 000 soldats de Giap. Les rares survivants de la nuit de fusillade à Coc-Xa retrouvent ceux de la colonne Charton. Alors que le commandant Segrétain est grièvement blessé, que le bataillon est décimé, Jeanpierre décide de rejoindre That Khé. Il franchit les lignes d'embuscades Vietminh, emmenant une dizaine de légionnaires, avec des éléments du 3e Tabor marocain commandés par le sous-lieutenant Beucler.

Rapatrié en Algérie, il repart pour l’Indochine en 1954 après la chute du camp retranché de Điện Biên Phủ. Il prend alors le commandement du 1er bataillon étranger de parachutistes. Lorsque cette unité prend l'appellation de « régiment », il cède sa place au colonel Brothier, à qui il succédera en 1957, au retour de l'expédition de Suez.

Sous son commandement, le régiment livre la bataille d'Alger. Il fut blessé par des éclats de grenade lancée par Yacef Saadi, chef de la Zone autonome d'Alger, peu avant son arrestation. Il enchaîne les succès dans la bataille des Frontières face aux combattants de l'ALN. Dans l'après-midi du , dans la région de Guelma, alors que le 1er REP accroche une katiba de l'ALN sur les pentes du djebel Mermera, l’Alouette II depuis lequel il commande son régiment est abattue[1] ; son indicatif radio étant « Soleil », le transmetteur annonce à la radio la terrible sentence : « Soleil est mort ». Le régiment est frappé de stupeur. Le , un suprême hommage lui est rendu à Guelma puis des obsèques religieuses sont célébrées en la cathédrale de Nevers. Le colonel Pierre-Paul Jeanpierre repose désormais au « carré Légion » du cimetière de Puyloubier.

Ce chef de guerre, vétéran de plusieurs conflits, était craint en raison de sa dureté et de son exigence au combat, faisant parfois passer le bilan des opérations avant la vie de ses légionnaires. Toutefois, il était admiré de ses hommes. Son portrait est exposé parmi ceux des plus prestigieux officiers de la Légion dans la salle honneur du musée de la Légion étrangère à Camp Major à Aubagne.

Dans l'annexe de son rapport sur la bataille des Frontières[2] réservée à certains destinataires, le colonel Buchoud insiste sur

« le travail d'un commandant de GM assisté d'un seul capitaine et qui dans une même journée monte quatre opérations engageant chaque fois une dizaine de compagnies, assiste à trois briefings en des lieux différents, assure la direction de huit héliportages de compagnie, effectue 3 à 4 heures de vol en Alouette, déplace trois fois son PC »

Il cite

« ce commandant de compagnie qui est posé le à 10 h en hélicoptère à 200 mètres des rebelles, leur démolit une section, ramène trois armes automatiques, se trouve engagé à 18 h, embarque en véhicules dans la nuit, fait quatre heures de route, se trouve à minuit à 20 km de là, est engagé au petit jour et démonté à h. Est engagé à nouveau à midi après quatre heures de camion, repris enfin en hélicoptère à 15 h et posé à 20 km de là où il trouve le contact de deux compagnies rebelles…. »

L’écrivain André Maurois le décrit comme une personne « au cœur généreux et au caractère détestable, une assez bonne combinaison pour un chef ».

Décorations modifier

Hommages modifier

Odonymes modifier

Notes et références modifier

  1. « LE COLONEL JEANPIERRE commandant le 1er R.E.P, est tué au combat près de Guelma », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. Henri Le Mire, Les Paras français, La Guerre d'Indochine : La bataille des frontières, page 76
  3. Romain Cantenot, « Aixpress : mise en service du giratoire du colonel-Jeanpierre », sur LaProvence.com, (consulté le )
  4. Elisabeth BECKER, « Belfort - La rue du colonel Jeanpierre, inaugurée par Jean-Pierre Chevènement, fait polémique. Héros ou tortionnaire ? », sur www.estrepublicain.fr, (consulté le )

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Daniel Sornat, Lieutenant-colonel Jeanpierre : Vies et mort d'un grand légionnaire (1912-1958), Indo Editions, 2012
  • Raymond Muelle, Lieutenant-colonel Jeanpierre - Soldat de légende, Préface du général Bruno Dary, L'Esprit du Livre, 2007

Article connexe modifier

Site externes modifier

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