Martín d'Azpilcueta

canoniste, moraliste et économiste
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Martín d'Azpilcueta
Portrait de Martin d'Azpilcueta par Antoine Lafréry (Illustrium jureconsultorum imagines, vers 1566, Yale Law Library).
Biographie
Naissance
Décès
Nom dans la langue maternelle
Martín de Azpilcueta Jaureguízar ou Martin Azpilkueta JauregizarVoir et modifier les données sur Wikidata
Surnom
Doctor NavarroVoir et modifier les données sur Wikidata
Formation
Activités
Fratrie
Martín de Azpilicueta El Mayor (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Parentèle
Autres informations
A travaillé pour
Mouvement

Martin d'Azpilcueta, né le à Barásoain en Navarre et mort le à Rome, surnommé « Doctor Navarrus » ou « Navarre », est un canoniste et théologien espagnol[1],[2]. Il est le premier à développer la théorie quantitative de la monnaie et l'un des plus grands intellectuels de son temps qui appartient à l'école de Salamanque.

Biographie modifier

Après des études de philosophie et de théologie à l'université d'Alcalá de Henares, puis de droit canonique à l'université de Toulouse. Il enseigne ensuite à l'université de Cahors et à Toulouse, où il dirige la chaire de droit canonique à seulement 26 ans. En 1524, il entre chez les chanoines réguliers de Roncevaux. Il devient professeur de décret puis de Prime (la chaire la plus importante) à l'université de Salamanque. Il passe à l'université de Coimbra, au Portugal, en 1538, comme professeur de prime de droit canonique. Il prend sa retraite en 1555 et rentre en Espagne.

Le roi Philippe II d'Espagne et le roi Jean III de Portugal le consultent sur les affaires politiques importantes, de même que les papes Pie V, Grégoire XIII et Sixte V. Juriste, économiste, autorité reconnue par ses contemporains en matière de droit et de morale, il est, avec les théologiens dominicains Francisco de Vitoria et Domingo de Soto, l'un des intellectuels les plus marquants de l'École de Salamanque.

Le roi d'Espagne lui demande d'assurer la défense de l'archevêque de Tolède Bartolomé Carranza, accusé d'hérésie et arrêté en 1559 par l'Inquisition. En 1567 le procès est transféré à Rome sur ordre du pape Pie V. Martin se rend donc à Rome afin de poursuivre la défense de Carranza. Il y travaille comme consulteur auprès de la pénitencerie apostolique. Il y reste jusqu'en 1586, date de sa mort à l'âge de 94 ans. Il est enterré à l'église Sant'Antonio in Campo Marzio.

Travaux modifier

 
Consilia et responsa, 1594.

Martin d'Azpilcueta aborde les questions économiques, étroitement liées à la morale chrétienne, en expert du droit canonique et de la théologie. Ses réflexions économiques portent sur les effets de l'arrivée en grande quantité de métaux précieux des Amériques, et l'inflation qui en découle en Europe. Il détermine que c'est la quantité de métal précieux dans un pays qui détermine le pouvoir d'achat de la monnaie. Il définit la théorie de la valeur-rareté : tout bien devient plus cher lorsque la demande est plus forte que l'offre. Il défend le prêt à intérêt, contre les recommandations d'alors de l'Église catholique, considérant que l'argent en tant que tel est un bien de valeur qu'il faut donc rémunérer par les intérêts. Ces réflexions font de lui un précurseur de la théorie quantitative de la monnaie.

Son Manuel de confesseurs le situe également comme l'un des fondateurs de la casuistique moderne[3]. Il définit notamment la doctrine de la mentalis restrictio ou restriction mentale.

Œuvres modifier

 
Manuale de' confessori, 1584 (Milan, Fondazione Mansutti).

Son œuvre complète a été publiée à titre posthume, à Venise, sous le titre suivant :

  • Compendium horum omnium Navarri operum, (1598)
  • Doctoris Navarri… Opera, Cologne, 1606, 5 vol. in fol. : la meilleure édition latine de ses œuvres.

Notes et références modifier

  1. (en) Encyclopédie économique - Tomes 1 (Français) Broché
  2. Manex Goyhenetche, Histoire générale du Pays basque II : Évolution politique et institutionnelle du XVIe au XVIIIe siècle, t. 2, Donostia / Bayonne, Elkarlanean, , 357 p. (ISBN 848331505X et 9788483315057, OCLC 313744223), p. 84
  3. cf. notice du Scholasticon

Voir aussi modifier

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