Marie-Madeleine Gauthier

historienne de l'art française

Marie-Madeleine Gauthier, née Marie-Madeleine Coste le à Langon (Gironde), ville où elle est morte le , est une historienne de l'art et autrice française, autorité mondiale dans le domaine des émaux médiévaux[1].

Biographie modifier

À sa naissance, son père est négociant en vins dans la petite ville de Langon, située sur le territoire des Graves[2].

Elle suit des études supérieures à l'université de Bordeaux où elle acquiert une formation de bibliothécaire, profession dans laquelle elle débute à la bibliothèque de Limoges au titre de conservatrice[3]. C'est dans ce cadre que s'éveille son intérêt pour les émaux médiévaux, ce qui suscite sa première publication, le catalogue d'une exposition, co-organisée avec son époux, adjoint aux Beaux-arts, qui se tient en 1948 au musée municipal de cette ville[1],[4].

Cette publication sera suivie d'une deuxième en 1950[5].

Elle participe alors, à l'École pratique des hautes études (EPHE), à un séminaire dirigé par André Grabar, spécialiste d'origine ukrainienne de l'art médiéval et chrétien, en particulier byzantin, lequel a exercé une profonde influence intellectuelle sur elle au début de sa carrière. C'est dans ce contexte qu'elle réalise ses études novatrices sur la décoration en émail de Limoges du début du XIIIe siècle du pape Innocent III pour la façade de la confession de Saint-Pierre à Rome, qu'elle publiera en 1964 sous le titre modeste de Observations préliminaires sur les restes d'un revêtement d'émail champlevé fait pour la confession de Saint Pierre à Rome[6],[1],[7].

De 1948 à 1987, elle publie un grand nombre d'ouvrages et de textes[8],[9],[10].

De 1954 à 1963, elle préside la société archéologique et historique du Limousin[11].

Elle a contribué à l'enrichissement de l'Encyclopædia Universalis[12].

Elle a été conservatrice à la Bibliothèque nationale de France (BnF)[3], et a vécu aux Etats-Unis de 1964 à 1967[13],[N 1].

Une importante entreprise modifier

Tandis qu'elle est conservatrice à la bibliothèque de Limoges, elle entreprend un travail documentaire et photographique sur les émaux limousins du Moyen Âge, et y fonde à la fin des années 1940 un projet de recherche qui, dès 1955, commence à être connu : le Corpus des émaux méridionaux acquiert le titre de laboratoire de recherche. Après son entrée comme chercheuse au CNRS en 1963, ce programme est repris par cet organisme, et reçoit l'appui du ministre de la culture André Malraux. Le Corpus des émaux méridionaux est un projet de recherche dont la principale mission est le recensement exhaustif et l'analyse scientifique des émaux champlevés limousins réalisés au Moyen Âge du XIe au XIVe siècle, ce qu'on appelle l’« Œuvre de Limoges », conservés dans le monde entier, dans des collections publiques et privées, ou localisés sur le marché de l’art. Dès le départ, plusieurs tomes sont prévus, répartis par tranches chronologiques[4], [14],[15],[16].

Le premier volume (Émaux méridionaux. Catalogue international de l’Œuvre de Limoges, tome I, L’époque romane, est consacré aux émaux de la période romane (1150-1190) et paraît en 1987.

À la mort de Marie-Madeleine Gauthier, seul le tome I du Corpus des émaux méridionaux a été publié, couvrant l'époque romane (1150-1190). Or elle avait rassemblé durant toute sa vie un fonds documentaire immense, constitué de 11 000 dossiers de pièces émaillées, de 30 000 clichés photographiques, de manuscrits et d'une abondante correspondance[4]. C'est pourquoi une équipe internationale de spécialistes est constituée afin d'établir le manuscrit du tome II, dont la coordination est assurée par Élisabeth Antoine-König et Danielle Gaborit-Chopin, conservatrices au Département des Objets d’art du musée du Louvre. Ce deuxième tome paraît en 2011, sous le titre Corpus des émaux méridionaux. Tome II. L’apogée, 1190-1215, Éditions du CTHS/Louvre, en parallèle avec la création d'une base de données, et un complément sous la forme d’un CD-ROM recensant 860 œuvres[16].

La publication du troisième tome du Corpus des émaux méridionaux est prévue à l’horizon 2026[17].

Vie privée modifier

En 1947, elle épouse Serge Gauthier, qui sera directeur de la manufacture de Sèvres et bibliothécaire du centre Pompidou. C'est sous son nom marital qu'elle est passée à la postérité[2],[1],[13].

Publications (sélection) modifier

La base de données de la BnF répertorie ses principales œuvres[10].

Parmi celles-ci, trois ouvrages majeurs se distinguent :

  • Émaux du Moyen Âge occidental, Fribourg (Suisse), Office du Livre, , 443 p. (OCLC 1276863327, BNF 35353211)[18],[19].
  • Les Routes de la foi : reliques et reliquaires de Jérusalem à Compostelle, Fribourg (Suisse), Office du Livre, , 219 p. (OCLC 715289865, BNF 34720146).
  • Et surtout : Émaux méridionaux : catalogue international de l'œuvre de Limoges. T. 1, L'époque romane (1987), avec la collaboration scientifique de Geneviève François, comprenant 336 notices raisonnées, communément appelé Corpus des émaux méridionaux[16],[20] — Pour cet ouvrage, Marie-Madeleine Gauthier se voit attribuer en 1988 le prix Fould de l’Académie des inscriptions et belles-lettres[21].

Décorations et distinctions modifier

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Voir aussi chapitre Décorations et distinctions.

Références modifier

  1. a b c et d (en) Julian Gardner, « Obituary : Marie-Madeleine Gauthier » [« Nécrologie »], sur www.independent.co.uk, The Independent, Londres, (consulté le ) : « Marie-Madeleine Gauthier was the world's leading authority on medieval enamels (« Marie-Madeleine Gauthier était la principale autorité mondiale dans le domaine des émaux médiévaux ») ».  .
  2. a et b Archives départementales de la Gironde, « Langon - Registres d'état civil - Naissances -1920 » (Acte de naissance de Marie-Madeleine Coste avec mention mariage), sur archives.gironde.fr (consulté le ), p. 14.
  3. a et b Bibliothèque nationale de France – Catalogue général, « Notice de personne : Gauthier, Marie-Madeleine (1920-1998) », sur catalogue.bnf.fr (consulté le ).
  4. a b et c Marie-Madeleine Gauthier (préf. Pierre Verlet), Émaux limousins, XIIe, XIIIe, XIVe siècles : [exposition], Limoges, musée Municipal, 15 mai-20 septembre 1948 (Catalogue d'exposition), Limoges [Musée municipal], , 78 p. (OCLC 493439486, BNF 34196681, présentation en ligne).
  5. Marie-Madeleine Gauthier, Émaux limousins champlevés des XIIe, XIIIe & XIVe siècles, Paris, Gérard Le Prat, , 164 p. (OCLC 1006211326).
  6. Marie-Madeleine Gauthier, Observations préliminaires sur les restes d'un revetement d'émail champlevé fait pour la confession de Saint Pierre à Rome, Limoges, SahL, (OCLC 25845238).
  7. a et b Julian Gardner, « Marie-Madeleine Gauthier : Nécrologie », sur www.persee.fr, Revue de l'art, (consulté le ), p. 83.
  8. SUDOC, « Gauthier, Marie-Madeleine : publications liées - 66 résultats », sur www.sudoc.abes.fr (consulté le ).
  9. « Gauthier, Marie-Madeleine (1920-1998) : 28 contributions de 1958 à 1996 », sur www.persee.fr (consulté le ).
  10. a et b BnF - Catalogue général, « Notices bibliographiques : Marie-Madeleine Gauthier », sur data.bnf.fr (consulté le ).
  11. Gilles Deville, « Archéologie : les petits secrets de la place de la République de Limoges », Le Populaire du Centre, Limoges,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  12. Encyclopædia Universalis, « Marie-Madeleine Gauthier », sur www.universalis.fr (consulté le ).
  13. a et b Babelio, « Marie-Madeleine Gauthier : Biographie & informations », sur www.babelio.com (consulté le ).
  14. Lorenzo Margani, « Le Corpus des émaux méridionaux à l’INHA : enjeux d’une recherche majeure sur l’orfèvrerie médiévale », Le Quotidien de l'art,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  15. « L’art de l’enluminure et l’art de l’émail à voir et à entendre », Le Populaire du Centre, Limoges,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  16. a b et c Boyer Jean-François. Marie-Madeleine Gauthier (†), Élisabeth Antoine et Danielle Gaborit-Chopin (dir), « Corpus des émaux méridionaux : tome II, L’apogée 1190-1215, 2011 » [PDF], sur www.persee.fr, Bulletin monumental tome 171, n°1, année 2013 (consulté le ), p. 84-85.
  17. « Au musée des Beaux-Arts, une collection unique au monde d’émaux champlevés », Vivre à Limoges, no 169,‎ , p. 40 (lire en ligne, consulté le ).
  18. André Chastel, « Les Trésors des émaux du Moyen Âge », Le Monde,‎ (« un ouvrage extraordinaire de Mme Marie-Madeleine Gauthier restitue l'activité [des émailleurs du Moyen Âge] dans le monde occidental avec une maîtrise et une sensibilité dignes de ce grand thème », lire en ligne, consulté le ).
  19. Pierre Granville, « Le Monde des arts – L'opéra du baron von Hirsch : Acte III : la nuit éclairante du Moyen Âge » [PDF] (Vente de la collection du baron Robert von Hirsch (Sotheby's, 20-27 juin 1978, Londres)), sur ia801600.us.archive.org, Le Monde, (consulté le ) : « Lorsqu'on aborde émerveillé les émaux [...], rappelons le magistral ouvrage de Marie-Madeleine Gauthier [en NBP : Émaux du Moyen Âge occidental. Éd. Office du livre, 1972, Fribourg (Suisse)] », p. 13.
  20. Marie-Madeleine Gauthier, Émaux méridionaux : catalogue international de l'œuvre de Limoges. T. 1, L'époque romane, Paris, Éditions du CNRS, , 316 p. (ISBN 2-222-03650-X, OCLC 185786278, BNF 34942135, lire en ligne).
  21. « Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres – Année 1988 : Séance du 11 mars », sur www.persee.fr (consulté le ).
  22. a et b (en) IAS (Institute for Advanced Study), « Marie-Madeleine Gauthier : Affiliation Historical Studies », sur www.ias.edu (consulté le ).
  23. Valérie Burgos et Isabelle Dujonc, Comité pour l'histoire du CNRS, « Médailles d’argent du CNRS 1960-2010 », sur comihistocnrs.hypotheses.org, (consulté le ).
  24. (en) The Medieval Academy of America, « Corresponding Fellows 1926 - present : Marie-Madeleine Gauthier 1996 », sur www.medievalacademy.org (consulté le ).

Voir aussi modifier

Bibliographie et sitographie modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier