Margaret Buckingham

biologiste franco-britannique

Margaret Buckingham, née le à Romsey, au Royaume-Uni, est une biologiste moléculaire franco-britannique. Ses travaux portent sur la biologie du développement, et notamment sur le rôle des gènes dans les mécanismes de différenciation cellulaire. Membre de l'Académie des sciences depuis 2005[1], elle est récompensée en 2013 par la médaille d'or du CNRS[2],[3],[4].

Biographie modifier

Margaret Buckingham a suivi ses études en Écosse et à l’université d’Oxford où elle a obtenu des diplômes de B.A., M.A. et de doctorat (D. Phil.) en biochimie. En tant que postdoc, elle a rejoint l’unité de François Gros à l’Institut Pasteur à Paris où elle a poursuivi ensuite sa carrière scientifique. Elle entre au CNRS en 1975, où elle devient directrice de recherche en 1981. Elle est nommée professeur de l'Institut Pasteur en 1992[5].

Elle est actuellement professeur honoraire à l’Institut Pasteur et directeur de recherche émérite au CNRS. Elle est membre du conseil scientifique de l’ERC[6] et préside le comité du prix de la Fondation Lefoulon-Delalande pour la recherche cardiovasculaire. Elle est membre étranger honoraire de la Royal Society of /suivi ses études London/Edinburgh et associée étrangère de la National Academy of Sciences of the USA. Elle est également membre de l’EMBO et de l’Academia Europaea. Elle a la double nationalité française et britannique et est mariée avec 3 enfants.

Apports scientifiques modifier

Margaret Buckingham est une biologiste du développement qui s’intéresse à la façon dont des cellules naïves et multipotentes acquièrent une spécificité tissulaire pendant l’embryogenèse. Elle a étudié à la fois la formation du muscle du squelette et du cœur, en utilisant les outils de la génétique moléculaire chez la souris pour caractériser le comportement cellulaire et identifier les gènes régulant le choix du destin cellulaire.

À partir de recherches pionnières sur l’expression in vivo, la structure et la régulation des gènes musculaires[7], elle et son équipe ont procédé à l’étude des facteurs myogéniques[8], montrant que Myf5 est présent avant MyoD chez l’embryon et que, en l’absence de Myf5 et Mrf4, les cellules ne forment pas de muscle squelettique mais adoptent d’autres destins mésodermaux[9]. La caractérisation des séquences activatrices de Myf5 a révélé le rôle direct de Pax3 dans leur fonction transcriptionnelle aux différents sites de myogenèse[10]. À partir des cribles génétiques, ils ont isolé d’autres cibles de Pax3, en démontrant le rôle central de Pax3 dans le réseau de régulation génétique qui conduit au commencement de la myogenèse chez l’embryon[11],[12]. Ils ont découvert une population de cellules progénitrices, exprimant Pax3 et Pax7, qui sont essentielles pour la formation du muscle fœtal[13] et ont démontré que les cellules satellites Pax-positives, associées avec des fibres adultes, constituent des cellules souches pour la régénération du muscle[14]. Ils ont identifié les gènes, dont Pitx2/3, qui modulent le comportement de ces cellules et ont démontré que l’ARN messager Myf5, déjà présent dans les cellules satellites quiescentes est séquestré jusqu’à l’activation de ces cellules après la blessure du muscle[15].

Sa contribution majeure à la cardiogenèse est l’identification du deuxième champ cardiaque (SHF) comme source importante de cellules progénitrices formant les parties spécifiques du cœur[16],[17]. Le comportement de ces cellules est contrôlé par les réseaux de régulation génétique et les voies de signalisation, illustrés par le gène FGF10[18]. L’analyse clonale rétrospective a approfondi leur travail sur le SHF, en établissant un arbre de lignage du myocarde ; le deuxième lignage définit la contribution du SHF tandis que le premier lignage est à l’origine de tout le myocarde du ventricule gauche[19]. Cette analyse a révélé les relations clonales entre les différents sous- lignages contribuant à la fois au muscle cardiaque des pôles du cœur et aux muscles de squelette antérieurs[12],[20] qui ne sont pas régulés par Pax3[12],[21]. En plus de son importance conceptuelle pour la cardiogenèse, ce travail a aussi des implications biomédicales pour les malformations cardiaques congénitales.

Prix et distinctions modifier

Notes et références modifier

  1. « Académie des sciences ».
  2. Communiqué de presse du CNRS publié le 18 septembre 2013.
  3. a et b [PDF] Margaret Buckingham, médaille d'or du CNRS, plaquette publiée par le CNRS en 2013.
  4. « Article La Croix, Médaille d'or du CNRS ».
  5. a et b Anne Jeanblanc, « CNRS : la médaille d'or 2013 pour une biologiste du développement », Le Point, .
  6. « ERC ».
  7. (en) Benoît Robert, Philippe Daubas, Marie-Andrée Akimenko, Arlette Cohen et al., « A single locus in the mouse encodes both myosin light chains 1 and 3, a second locus corresponds to a related pseudogene », Cell, vol. 39, no 1,‎ , p. 129–140 (DOI 10.1016/0092-8674(84)90198-3, lire en ligne, consulté le )
  8. (en) David Sassoon, Gary Lyons, Woodring E. Wright, Victor Lin et al., « Expression of two myogenic regulatory factors myogenin and MyoDl during mouse embryogenesis », Nature, vol. 341, no 6240,‎ , p. 303–307 (ISSN 0028-0836 et 1476-4687, DOI 10.1038/341303a0, lire en ligne, consulté le )
  9. (en) S. Tajbakhsh, D. Rocancourt et M. Buckingham, « Muscle progenitor cells failing to respond to positional cues adopt non-myogenic fates in myf-5 null mice », Nature, vol. 384, no 6606,‎ , p. 266–270 (ISSN 0028-0836 et 1476-4687, DOI 10.1038/384266a0, lire en ligne, consulté le )
  10. (en) Lola Bajard, Frédéric Relaix, Mounia Lagha, Didier Rocancourt et al., « A novel genetic hierarchy functions during hypaxial myogenesis: Pax3 directly activates Myf5 in muscle progenitor cells in the limb », Genes & Development, vol. 20, no 17,‎ , p. 2450–2464 (ISSN 0890-9369 et 1549-5477, PMID 16951257, PMCID PMC1560418, DOI 10.1101/gad.382806, lire en ligne, consulté le )
  11. (en) Mounia Lagha, Silvia Brunelli, Graziella Messina, Ana Cumano et al., « Pax3:Foxc2 Reciprocal Repression in the Somite Modulates Muscular versus Vascular Cell Fate Choice in Multipotent Progenitors », Developmental Cell, vol. 17, no 6,‎ , p. 892–899 (DOI 10.1016/j.devcel.2009.10.021, lire en ligne, consulté le )
  12. a b et c (en) Margaret Buckingham, « Gene regulatory networks and cell lineages that underlie the formation of skeletal muscle », Proceedings of the National Academy of Sciences, vol. 114, no 23,‎ , p. 5830–5837 (ISSN 0027-8424 et 1091-6490, PMID 28584083, PMCID PMC5468682, DOI 10.1073/pnas.1610605114, lire en ligne, consulté le )
  13. (en) Frédéric Relaix, Didier Rocancourt, Ahmed Mansouri et Margaret Buckingham, « A Pax3/Pax7-dependent population of skeletal muscle progenitor cells », Nature, vol. 435, no 7044,‎ , p. 948–953 (ISSN 0028-0836 et 1476-4687, DOI 10.1038/nature03594, lire en ligne, consulté le )
  14. (en) Didier Montarras, Jennifer Morgan, Charlotte Collins, Frédéric Relaix et al., « Direct Isolation of Satellite Cells for Skeletal Muscle Regeneration », Science, vol. 309, no 5743,‎ , p. 2064–2067 (ISSN 0036-8075 et 1095-9203, DOI 10.1126/science.1114758, lire en ligne, consulté le )
  15. (en) Colin G. Crist, Didier Montarras et Margaret Buckingham, « Muscle Satellite Cells Are Primed for Myogenesis but Maintain Quiescence with Sequestration of Myf5 mRNA Targeted by microRNA-31 in mRNP Granules », Cell Stem Cell, vol. 11, no 1,‎ , p. 118–126 (DOI 10.1016/j.stem.2012.03.011, lire en ligne, consulté le )
  16. (en) Robert G. Kelly, Nigel A. Brown et Margaret E. Buckingham, « The Arterial Pole of the Mouse Heart Forms from Fgf10-Expressing Cells in Pharyngeal Mesoderm », Developmental Cell, vol. 1, no 3,‎ , p. 435–440 (DOI 10.1016/S1534-5807(01)00040-5, lire en ligne, consulté le )
  17. (en) Margaret Buckingham, Sigolène Meilhac et Stéphane Zaffran, « Building the mammalian heart from two sources of myocardial cells », Nature Reviews Genetics, vol. 6, no 11,‎ , p. 826–835 (ISSN 1471-0056 et 1471-0064, DOI 10.1038/nrg1710, lire en ligne, consulté le )
  18. (en) Yusuke Watanabe, Stéphane Zaffran, Atsushi Kuroiwa, Hiroaki Higuchi et al., « Fibroblast growth factor 10 gene regulation in the second heart field by Tbx1, Nkx2-5, and Islet1 reveals a genetic switch for down-regulation in the myocardium », Proceedings of the National Academy of Sciences, vol. 109, no 45,‎ , p. 18273–18280 (ISSN 0027-8424 et 1091-6490, PMID 23093675, PMCID PMC3494960, DOI 10.1073/pnas.1215360109, lire en ligne, consulté le )
  19. (en) Sigolène M Meilhac, Milan Esner, Robert G Kelly, Jean-François Nicolas et al., « The Clonal Origin of Myocardial Cells in Different Regions of the Embryonic Mouse Heart », Developmental Cell, vol. 6, no 5,‎ , p. 685–698 (DOI 10.1016/S1534-5807(04)00133-9, lire en ligne, consulté le )
  20. (en) Fabienne Lescroart, Robert G. Kelly, Jean-François Le Garrec, Jean-François Nicolas et al., « Clonal analysis reveals common lineage relationships between head muscles and second heart field derivatives in the mouse embryo », Development, vol. 137, no 19,‎ , p. 3269–3279 (ISSN 1477-9129 et 0950-1991, DOI 10.1242/dev.050674, lire en ligne, consulté le )
  21. (en) Shahragim Tajbakhsh, Didier Rocancourt, Giulio Cossu et Margaret Buckingham, « Redefining the Genetic Hierarchies Controlling Skeletal Myogenesis: Pax-3 and Myf-5 Act Upstream of MyoD », Cell, vol. 89, no 1,‎ , p. 127–138 (DOI 10.1016/S0092-8674(00)80189-0, lire en ligne, consulté le )
  22. « Academia Europaea ».
  23. « Medailles d'argent du CNRS 1998 », sur web.archive.org, (consulté le )
  24. « Décret du 14 novembre 2013 portant promotion et nomination », sur Légifrance.
  25. « Décret du 13 juillet 2018 portant promotion », sur legiondhonneur.fr (consulté le ).
  26. « Henri d’Anselme, «le héros au sac à dos», Arman Soldin, journaliste tué en Ukraine... le courage des citoyens récompensé par la Légion d'honneur », Le Figaro,‎ (lire en ligne)

Liens externes modifier