Marcello Truzzi

sociologue américain
Marcello Truzzi
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Ann ArborVoir et modifier les données sur Wikidata
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Marcello Truzzi, né le à Copenhague et mort le à Ann Arbor aux États-Unis, est l'un des cofondateurs du Committee for the Scientific Investigation of Claims of the Para normal (CSICOP). Directeur du Center for Scientific Anomalies Research[1], professeur de sociologie au New College of Florida et à l'Université d'Eastern Michigan, il est qualifié comme « le sceptique des sceptiques » (the skeptic's skeptic) par Paul Kurtz. Truzzi faisait des recherches sur plusieurs protosciences et pseudosciences.

Biographie modifier

Truzzi est né à Copenhague, au Danemark. Sa famille, travailleurs du cirque, immigre aux États-Unis en 1944. Son père, Massimiliano Truzzi, est jongleur. Entre 1958 et 1960, Marcello Truzzi sert dans l'armée de terre des États-Unis. Il est naturalisé américain en 1961.

En 1978, il fonde le journal Zetetic scholar et participe à la création du CSICOP (Comité d'enquête scientifique des réclamations sur le paranormal, Committee for the Scientific Investigation of Claims of Paranormal), en co-direction avec Paul Kurtz. Le journal de Truzzi devient le journal officiel de l'organisme avec une nouvelle présentation et une nouvelle numérotation. Le principe de l'association et de la revue est de permettre aux différents acteurs des débats sur le paranormal (ufologie, parapsychologie, cryptozoologie, néo-astrologie etc). Les deux premiers numéros de la revue contiennent des articles présentant différents points de vue sur tel ou tel dossier. Mais une partie des membres du CSICOP conduite par Kurtz décide de mettre fin à cette politique et de transformer la revue du CSICOP en organe de réfutation des discours "parascientifiques". Environ un an plus tard, Truzzi quitte le CSICOP après un vote de non-confiance du conseil exécutif. Le comité exécutif du CSICOP a estimé qu'il existait déjà suffisamment d'organisations et de journaux dédiés à ces points de vue. Kendrick Frazier (en) fut nommé éditeur à la place de Truzzi et le nom du journal change à nouveau pour devenir le Skeptical Inquirer.

Après avoir quitté le CSICOP, Truzzi crée un nouveau journal, le Zetetic Scholar[2]. Il y fait la promotion du terme zététique et le propose comme une alternative au terme scepticisme. Ce dernier terme est associé, selon lui, au pseudosceptiques[3].

Truzzi est sceptique à l'égard des chercheurs et démystificateurs qui se prononcent sur la validité ou non d'une affirmation avant de l'avoir expérimentée. Il accuse le CSICOP d'adopter un comportement de plus en plus antiscientifique. Dans une étude publiée en 1984 par la revue Social Studies of Science et traduite en 1993 dans un numéro de la revue Ethnologie française consacré aux débats sur les "parasciences", les sociologues Trevor Pinch et Harry Collins montrent qu'effectivement le modèle de la preuve scientifique mis en avant par le CSICOP ne fonctionne que tant qu'il prend la forme d'un argument rhétorique. Dès que le CSICOP essaie de l'appliquer sous la forme d'une démarche scientifique concrète, il se retrouve dans des situations inextricables. Pinch et Collins utilisent deux exemples de controverses dans lesquelles le CSICOP s'est mêlé de démonstration scientifique, les travaux de Michel Gauquelin sur la néo-astrologie (et plus particulièrement l'effet Mars) et sur la transmission de pensée [4].

« Selon moi, ils ont tendance à bloquer les investigations honnêtes. La plupart d'entre eux ne sont pas agnostiques face aux affirmations paranormales ; ils sont là pour les démolir. [...] Lorsqu'une expérience paranormale rencontre ses objectifs, ils redéfinissent ces derniers. Par après, si l'expérience est fiable, ils diront que c'est une simple anomalie. »

— Marcello Truzzi[N 1]

Truzzi affirme que les chercheurs du CSICOP placent la barre trop haut au niveau de la preuve à fournir dans les cas d'études d'anomalies ou du paranormal. Martin Gardner écrit : « Au cours des dernières années, il (Truzzi) est devenu un ami personnel de Uri Geller. Sans croire, selon ce que j'en comprends, que Geller possède des pouvoirs psychiques, il l'admire pour avoir fait fortune en prétendant qu'il n'est pas magicien »[N 2],[5].

Marcello Truzzi meurt du cancer le .

Pseudoscepticisme modifier

Le pseudoscepticisme (pseudoskepticism) a été popularité et caractérisé par Marcello Truzzi en réponse au scepticisme scientifique qui, selon lui, fait des affirmations négatives sans porter le fardeau de prouver ces affirmations[6].

En 1987, lorsqu'il était professeur de sociologie à l'Université d'Eastern Michigan, Truzzi décrivit ainsi les pseudosceptiques dans le Zetetic Scholar :

« En science, le fardeau de la preuve revient à celui qui affirme et plus une affirmation est extraordinaire, plus grand est le fardeau de la preuve demandé. Le vrai sceptique a une attitude agnostique, c'est-à-dire qu'il considère une affirmation non-prouvée plutôt que démontrée fausse. Il prétend que l'affirmation n'a pas été prouvée et que la science doit continuer à construire ses cartes conceptuelles cognitives d'analyse de la réalité sans tenir compte de l'affirmation. Tant que le vrai sceptique ne fait pas d'affirmation, il n'a rien à prouver. Il ne fait que continuer à utiliser les théories scientifiques établies par les sciences conventionnelles. Cependant, si la critique affirme que l'affirmation a été démontrée fausse, qu'il a une hypothèse négative – disons, par exemple, qu'un résultat d'un test psi est dû à un artefact, il fait une affirmation et doit alors fournir la preuve de son assertion[N 3],[7]. »

« Affirmations extraordinaires » modifier

« Et lorsque de telles affirmations sont extraordinaires, c'est-à-dire lorsqu'elles impliquent une révolution des théories scientifiques déjà établies et vérifiées, nous devons demander des preuves extraordinaires. »

— Marcello Truzzi, The Zetetic[N 4],[8]

On résume souvent cette citation de Truzzi par la fameuse phrase « Des affirmations extraordinaires nécessitent des preuves extraordinaires » (Extraordinary claims require extraordinary proof), reprise plus tard par Carl Sagan dans la série Cosmos sous la forme Extraordinary claims require extraordinary evidence (principe de Sagan)[9].

Cette idée serait une reprise d'une citation de Pierre-Simon de Laplace : « Le poids de la preuve pour une affirmation extraordinaire doit être proportionnel à son degré d'étrangeté »[N 5],[10]. Cette dernière citation pourrait elle-même être dérivée d'un postulat de David Hume : « Un homme intelligent modère par conséquent ses croyances selon les preuves »[N 6],[9].

Notes et références modifier

Notes
  1. (en)"They tend to block honest inquiry, in my opinion. Most of them are not agnostic toward claims of the paranormal; they are out to knock them. [...] When an experiment of the paranormal meets their requirements, then they move the goal posts. Then, if the experiment is reputable, they say it's a mere anomaly."
  2. (en)"In recent years he (Truzzi) has become a personal friend of Uri Geller; not that he believes Uri has psychic powers, as I understand it, but he admires Uri for having made a fortune by pretending he is not a magician."
  3. (en) In science, the burden of proof falls upon the claimant; and the more extraordinary a claim, the heavier is the burden of proof demanded. The true skeptic takes an agnostic position, one that says the claim is not proved rather than disproved. He asserts that the claimant has not borne the burden of proof and that science must continue to build its cognitive map of reality without incorporating the extraordinary claim as a new "fact." Since the true skeptic does not assert a claim, he has no burden to prove anything. He just goes on using the established theories of "conventional science" as usual. But if a critic asserts that there is evidence for disproof, that he has a negative hypothesis --saying, for instance, that a seeming psi result was actually due to an artifact--he is making a claim and therefore also has to bear a burden of proof.
  4. (en)"And when such claims are extraordinary, that is, revolutionary in their implications for established scientific generalizations already accumulated and verified, we must demand extraordinary proof." (This statement is often abbreviated to "Extraordinary claims require extraordinary proof."
  5. (en)"The weight of evidence for an extraordinary claim must be proportioned to its strangeness."
  6. (en)"A wise man, therefore, proportions his belief to the evidence."
Références
  1. (en) Society for Scientific Exploration Founding Members
  2. (en) « Zetetic Scholar archives »
  3. (en) in memoriam Skeptics and Scientists
  4. T. J Pinch et H. M Collins, « Science privée et connaissance publique: Le Committee for the Scientific Investigation of Claims of the Paranormal et son usage de la littérature », ethnfran Ethnologie française, vol. 23, no 3,‎ , p. 384–398 (ISSN 0046-2616).
  5. (en) Paul Kurtz (edt.), Skeptical odysseys : personal accounts by the world's leading paranormal inquirers, Amherst, N.Y, Prometheus Books, , 430 p. (ISBN 978-1-57392-884-7, OCLC 45821233), p. 360
  6. (en) Marcello Truzzi, « On Pseudo-Skepticism », Zetetic Scholar, nos 12/13,‎ , p. 3–4 (lire en ligne)
  7. (en) Marcello Truzzi. « On Pseudo-Skepticism », Zetetic Scholar, 12/13, pp3-4, 1987
  8. (en) Marcello Truzzi. « Éditorial », The Zetetic, vol. 1, no. 1, automne/hiver 1976, p. 4
  9. a et b (en) Paper
  10. (en) A sense of place in the heartland, The Milwaukee Journal Sentinel Online

Liens externes modifier