Manufacture des tabacs de Lyon

usine dans le 8ᵉ arrondissement de Lyon (Rhône)

Manufacture des tabacs de Lyon
Entrée nord-ouest de la manufacture des tabacs.
Présentation
Type
Destination initiale
Destination actuelle
Architecte
Patrimonialité
Localisation
Pays
Région
Subdivision administrative
Commune
Coordonnées
Localisation sur la carte de France
voir sur la carte de France
Localisation sur la carte d’Auvergne-Rhône-Alpes
voir sur la carte d’Auvergne-Rhône-Alpes
Localisation sur la carte de la métropole de Lyon
voir sur la carte de la métropole de Lyon
Localisation sur la carte de Lyon
voir sur la carte de Lyon

La manufacture des tabacs est une ancienne usine de tabacs, située dans le 8e arrondissement de Lyon, aujourd'hui réhabilitée en campus, propriété de l'université Jean-Moulin-Lyon-III. Elle est présente dans la liste des monuments du « Patrimoine du XXe siècle ».

Histoire modifier

Un site historique modifier

La Manufacture des Tabacs de Lyon est construite et succède à un ancien site militaire de défense historique : la Lunette des Hirondelles (ouvrage de défense militaire dont la construction commence en 1832, puis fabrique d'équipements militaire)[1].

Le site militaire est abandonné à la suite d'un incendie et d'un manque d'entretien[1], puis sera réutilisé à partir de par la Manufacture des Tabacs.

On peut retrouver des traces de cet héritage militaire encore aujourd'hui sur l'actuel site universitaire. A l'angle de l'avenue des Frères Lumière et de la rue Professeur Rollet se trouve un bâtiment nommé "la lunette des hirondelle", construit pour recevoir les logements des techniciens d'astreintes ; nommé ainsi en hommage à cet ouvrage militaire[1].

L'histoire industrielle modifier

 
Façade ouest

Par les décrets du 29 novembre 1810 et 12 janvier 1811, Napoléon 1er rétablit le monopole d'état sur la fabrication du tabac. Des Manufactures des Tabacs comme celle de Lyon sont alors construites dans plusieurs villes de France.

A Lyon, dés 1811, l'administration est amenée à développer une Manufacture des Tabacs dans le quartier de Perrache, à l'angle du cours du Midi (actuel cours de Verdun) et du quai Gailleton ; situé à l'emplacement de l'actuel lycée Récamier[2]. Mais le site d'une superficie de 8000 m2 environ se révèle trop petit pour satisfaire les demandes de production de tabac, en hausse en raison de l'augmentation de sa consommation[1].

L'Administration des Manufactures de l'Etat entreprends donc son transfert vers un site plus étendu. Le , est décidée la construction d'une nouvelle manufacture des tabacs[2].

A partir de 1900, un nouveau site est recherché et des études de projets pour la construction d'un nouveau bâtiment sont envisagés. En 1905, le quartier de Monplaisir est envisagé pour accueillir la nouvelle Manufacture et le terrain militaire de la Lunette des Hirondelles acquit. Mais c'est seulement en 1912 que débute la mise en chantier du nouvel ouvrage[1].

Ce projet d'installation d'une nouvelle manufacture des tabacs suscite néanmoins rapidement de nombreuses controverses.

L'ingénieur en chef honoraire des Manufactures d'Etat Adrien Mondiez (directeur de 1938 à 1957) et son administration chargent un ingénieur polytechnicien de la promotion de 1872, Joseph Clugnet[2]de concevoir les bâtiments de la Manufacture des tabacs de Lyon à Monplaisir[1]. Le projet était ambitieux, mais surtout très original. Par sa composition binaire (groupe nord et groupe sud), et par la réalisation d'une façade très colorée, le futur site se différenciait des autres manufactures françaises telles qu'à Issy-les-Moulineaux ou à Dijon.

Les travaux débutent en 1912[2]. À l'origine, les travaux devaient durer 5 ans, mais ils furent interrompus lors de la Première Guerre mondiale, entre 1914 et 1918. Par ailleurs le terrain choisi était particulièrement difficile et contraignant. Cependant, à la suite d'une trop lente reprise des travaux et à de nombreuses carences, conséquences directes de la guerre, la Manufacture ne sera totalement terminée qu'en 1932[2]. Elle est toutefois mise en service dès 1927[2].

En 1979, un incendie oblige la reconstruction d'une partie des bâtiments[2].

L'activité industrielle de la manufacture fut intense. À son apogée, elle produisait plus de 7 millions de cigarettes chaque jour, dont les « troupes », tabac pour l'armée, et les « bleus », en raison de la couleur de l'emballage, à rouler[3]. À l'époque, la transformation du tabac était un monopole d'État. La production de Gauloises et du tabac scaferlati étaient ses principaux pôles d'activité. Les ouvriers sortaient à 12 h et à 17 h. Pour expédier la marchandise, on utilisait la voie ferrée toute proche. Les dernières boites sont sorties en 1987.

Ses directeurs furent successivement André Viard (de 1928 a 1938), Adrien Mondiez (jusqu'en 1957), Roger Paquet (jusqu'en 1966) et Jean Ricadat (de septembre 1966 à août 1982). Le directeur des services administratifs puis inspecteur était de 1946 à 1974 André Girard.

La réhabilitation de la Manufacture en campus universitaire modifier

En 1987, la production de tabacs cesse, laissant le site disponible à d'autres usagers et à d'autres activités. C'est précisément à cette période que la Communauté urbaine de Lyon souhaite déployer ses sites universitaires, en les intégrant dans le centre-ville (projet « L'université dans la ville »). Dans cette logique, la ville de Lyon a alors, en juillet 1990, fait acquisition du site, au profit de l'université Jean-Moulin-Lyon-III[2]. Plus de 50 000 m2 étaient utilisables, pouvant accueillir environ 14 000 étudiants. Les travaux débutent en 1992 et le bâtiment ouvre pour la première rentrée universitaire en 1993. Mais les travaux de réaménagement ne sont réellement terminés qu'en 2004[2].

Aujourd'hui, la Manufacture des Tabacs (qui a gardé son nom d'origine industrielle) accueille une partie des étudiants inscrits à l'université Jean-Moulin-Lyon-III, dont l'autre campus est situé sur le quai Claude Bernard, dans le 7e arrondissement de Lyon. Une bibliothèque universitaire, d'aspect contemporain, a été construite à l'intérieur du site. Elle met à disposition, sur quatre étages, une grande diversité d'ouvrages spécialisés (histoire et géographie, économie et gestion, langues, philosophie ou encore droit et sciences politiques).

Art sur le campus modifier

 
Le bâtiment illuminé la nuit

Deux œuvres du sculpteur Josef Ciesla sont implantées dans les cours :

  • Welon (voilier de l'imaginaire) dans la cour nord ;
  • fontaine Empreintes et Résurgences réalisée en hommage à Jean Moulin, dans la cour sud[2].

En 2007, le bâtiment fait l'objet d'une mise en lumière polychrome et animée à l'occasion de la fête des Lumières[4]. Cette installation n'a jamais été démontée et s'illumine à la nuit tombée.

Références modifier

  1. a b c d e et f Gérard Nioulou, Manufacture des tabacs de Lyon Patrimoine du XXe siècle, Bleulefit Collection Présences du Patrimoine, , 125 p. (ISBN 978-2-36228-002-3), p. 20-21
  2. a b c d e f g h i et j Nadine Halitim-Dubois, « Manufacture des tabacs actuellement université Jean Moulin Lyon 3 », sur Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel ; Ville de Lyon, (consulté le )
  3. http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/Economie/Des-milliers-d-etudiants-deferlent-chaque-jour-a-la-Manu-_NP_-2012-08-13-842122 La Manu in La Croix
  4. « evelynephotos.org/photo-Manufa… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Nicole Commerçon, « L'impact d'un nouveau site universitaire : quelques repères méthodologiques / The impact of a new university site : some methodological guidelines », Géocarrefour, vol. 69, no 2,‎ , p. 111–115 (DOI 10.3406/geoca.1994.4243, lire en ligne  )
  • Gérard Corneloup, « Manufacture des tabacs », dans Dictionnaire historique de Lyon, Lyon, Éditions Stéphane Bachès, , p. 816-817.
  • Gérard Nioulou, Manufacture des tabacs de Lyon : patrimoine du XXe siècle, Le Poët-Laval, Bleulefit, , 125 p. (ISBN 978-2-36228-002-3)
  • Paul Smith, « Passer des tabacs à la fac : la reconversion de la manufacture de Lyon », L’Archéologie industrielle en France, no 54,‎ , p. 80-86.

Liens externes modifier