Manufrance

entreprise de Saint-Étienne

Manufrance Distribution
logo de Manufrance
Grand escalier des anciens bureaux.

Création
Dates clés 1988 : Reprise de l'activité de l'entreprise
Fondateurs Étienne Mimard
Personnages clés Pierre Blachon
Bernard Tapie
Forme juridique Société à responsabilité limitée
Slogan « Bien faire et le faire savoir »
Siège social Saint-Étienne
Drapeau de la France France
Direction Carole Tavitian
Activité Fabricant et concepteur de collections d'articles pour la nature et la maison
Produits Nature, loisirs, vêtements, articles vintage, maison

(vente par correspondance)

Effectif 2 000 ()[1]Voir et modifier les données sur Wikidata
SIREN 380872747
Site web manufrance.fr

Chiffre d'affaires Comptes récents déposés avec déclaration de confidentialité

Manufrance (nom commercial pour la Manufacture française d'armes et cycles de Saint-Étienne) est une célèbre et emblématique entreprise stéphanoise précurseur de la vente par correspondance qui est située dans la ville industrielle de Saint-Étienne et créée en 1887.

C'est l'une des premières sociétés de vente par correspondance française.

Autrefois très connue pour les fusils de chasse (Robust, Falcor, Idéal, Simplex), les vélos (Hirondelle) et les machines à coudre (Omnia), elle conçoit aujourd'hui des articles issus du savoir faire français pour la nature, les loisirs, la maison..., mais aussi des collections d'articles vintage comme des anciennes affiches, rééditions d'anciens catalogues ou réédition du célèbre maillot de foot porté par les joueurs de l'ASSE lorsque Manufrance en était le sponsor officiel.

Manufrance se concentre à concevoir ses articles en France, mettant en avant dans ses collections tout le savoir faire de notre territoire français.

Historique modifier

Création modifier

 
Catalogue annexe de la Manufacture d'armes de Saint-Étienne.

Le , Étienne Mimard et Pierre Blachon, qui ont déposé le le brevet du fusil Idéal[2], achètent la « Manufacture Française d’Armes et de Tir » de Monsieur Martinier-Collin pour 50 000 pièces-or[3]. Deux ans auparavant, en 1885, est créé Le Chasseur français, un périodique sur le monde de la chasse. En 1892, s'ouvre le premier magasin de vente à Paris au 42 rue du Louvre. À la suite de l'invention de la bicyclette dans les années 1860, l'entreprise lance la sienne sous le nom d'« Hirondelle » en 1891[4]. L'entreprise est rebaptisée[3] « Manufacture française d'armes de Saint-Étienne ». La mention « et cycles » sera ajoutée en 1901.

Années de gloire modifier

En 1893, commence la construction des bâtiments du cours Fauriel à Saint-Étienne. La même année est introduite la gamme d'articles de pêche Tarif-Album. En 1887, est lancé le fusil Idéal, un fusil de chasse à double canon. En 1895, est créée la carabine mono-coup Buffalo, une carabine de tir et de jardin. En 1900, 80 succursales sont déjà ouvertes dans les colonies françaises[5].

En 1902, une centrale électrique est construite pour l'usine. En 1904, l'entreprise propose à ses clients ses premières cartouches prêtes à l'emploi. En 1906, est créée la machine à coudre Omnia. La société possède huit magasins en France et 367 agences à l'étranger et dans les départements d'Outre-Mer. En 1908, est lancé le fusil Simplex[5].

En 1911, la Manufacture française d'armes et cycles de Saint-Étienne prend le nom de « Manufrance » et devient une société anonyme ; Étienne Mimard en est le premier directeur général. En 1913 est lancé le fusil Robust, un fusil de chasse à double canon, la référence pour ce type de fusil. Manufrance sort une bicyclette modèle grand tourisme, avec six vitesses rétro-directe et roue libre, pour un prix de 200 francs[5].

En 1914, Pierre Blachon décède et lègue la majorité des actions aux Hospices civils de Saint-Étienne. Manufrance lance le pistolet Le Français et met au point le pneu démontable. À cette date, Manufrance a des magasins dans quinze des plus grosses villes françaises dont Rouen, Paris, Avignon, Toulouse, Nantes, Lille, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Nancy, Troyes, Valence, Lyon, Nice, etc.

En 1929, avec la crise et la multiplication des taxes et des impôts sur la société, les affaires sont plus difficiles. La société propose alors une large gamme de produits allant des bicyclettes aux armes[6], en passant par les appareils photos, radios ou les instruments de remise en forme tels que le Spiro développé par le médecin Jos Jullien[7],[8].

En 1939, Le Chasseur français est tiré à 450 000 exemplaires. En 1944, le fondateur, Étienne Mimard, décède. Il avait renoncé, depuis les grèves de 1937, à léguer la moitié des actions qu'il détenait à ses employés ; il les transfère à la mairie de Saint-Étienne. Pierre Drevet devient PDG. En 1945, Manufrance s'adjoint des commerces indépendants pour ouvrir des magasins agréés Manufrance. En 1952, Jean Fontvieille succède à Pierre Drevet[5].

La Deuxième Guerre mondiale a un lourd impact sur Manufrance. En effet, Étienne Mimard ne souhaite pas collaborer avec les Allemands et, de ce fait, ne bénéficie pas du matériel que ceux-ci pourraient fournir.

En 1952, Manufrance crée la carabine Reina à répétition automatique et calibre .22 Long Rifle à huit coups. En 1958, se crée le fusil Rapid, fusil de chasse à pompe. En 1962, est lancé le fusil Perfex, fusil de chasse semi-automatique à trois coups et en 1968, le fusil Falcor, fusil de chasse et de ball-trap[5].

En 1970, Manufrance fabrique plus de 70 % des armes de chasse françaises. L'entreprise dispose de 125 000 m2 d'usines à Saint-Étienne. Elle expédie chaque année 20 000 tonnes de marchandises en France et dans le monde entier. 48 magasins sont répartis dans toute la France. 1 500 000 foyers reçoivent le catalogue[5].

En 1973, à son apogée, Manufrance dispose de 64 magasins dans toute la France, 30 000 références sont présentes dans le catalogue, 30 000 machines à coudre Omnia sont livrées. Le Chasseur français est vendu à plus de 815 000 exemplaires. Manufrance est une société industrielle et commerciale à dimension internationale produisant plus de 80 000 fusils par an, avec plus de 4 000 salariés[5].

Cependant l’élargissement de la Communauté économique européenne (CEE) accentue la concurrence et celle-ci devient plus difficile encore à supporter avec l'ouverture au monde (lorsque sont introduites des machines à coudre japonaises sur le marché français par exemple).

Manufrance a aussi été le sponsor des Verts de l'Association sportive de Saint-Étienne (ASSE) de 1973 à 1979, bien que le sponsor, à l'époque, n'apparût pas sur les maillots lors des rencontres européennes.

Fin modifier

En 1944, le fondateur, Étienne Mimard, avait légué à la municipalité de Saint-Étienne la moitié des actions détenues.

En 1975, les premières difficultés apparaissent à cause notamment du manque d'évolution de l'outil de production et des effets négatifs du premier choc pétrolier sur la consommation[3]. Entre 1976 et 1978, les problèmes s'amplifient, l'intérieur de l'entreprise commence à bouger. En automne 1977, les premières manifestations apparaissent.

En 1979, la société est mise en liquidation judiciaire. La « Société nouvelle Manufrance » est alors créée mais elle ne peut pas servir les commandes par manque de fonds de roulement non-accordés par les banques[3].

Le , le tribunal de commerce de Saint-Étienne annonce le dépôt de bilan[9]. Le tribunal de commerce vend Le Chasseur français. Fin décembre, une Société de Coopérative Ouvrière de Production et Distribution (SCOPD) est mise en place en six jours avec la coopération de 600 salariés[3] : Bernard Tapie, sans réussir à mettre la main sur les actifs de l'entreprise, obtient l'exploitation de la marque. Un plan de relance est établi en 1982 mais sans succès[10]. Ainsi une liquidation judiciaire est une nouvelle fois prononcée en 1985[10]. Le , le matériel, le mobilier et les immeubles sont vendus[3].

Renaissance modifier

Après le rachat de quelques marques du portefeuille de l'ancienne société Manufrance, et la création le de la SARL Manufacture française d'armes de Saint-Étienne dont il est le gérant[11], Jacques Tavitian relance l'activité par le biais d'un magasin à Saint-Étienne et un catalogue de vente par correspondance[3]. La production de fusil (Robust et Simplex) est également relancée.

Les archives départementales de la Loire qui conservaient depuis vingt ans le fonds d’archives de Manufrance ont décidé en 2010 avec le conseil général et l’université Jean-Monnet d'inventorier et de classer ces documents. Les archives départementales inaugurent cette renaissance par une exposition, « De l’entreprise à l’histoire, les archives traversent le temps : l’exemple de Manufrance », jusqu’au [12]. Cette exposition relate sur des panneaux l’histoire de l’entreprise, montre quelques produits qui en ont fait la gloire (machine à coudre Omnia, fusil Robust) ainsi que le fameux catalogue qui fut diffusé à 300 000 exemplaires dans les plus belles années, au cours desquelles 4 000 personnes travaillaient dans l'usine du Cours Fauriel à ST Etienne.

Activités modifier

Activités jusqu'en 1985 modifier

Cette entreprise s'est fait connaître dans le monde entier par son catalogue de vente par correspondance et son journal, Le Chasseur français. Elle produisait entre autres des armes, des cycles, des machines à coudre, des articles de pêche.

En 1977, le catalogue de 960 pages comprenait quatre parties :

  • la vie en plein air
    • jardin, camping, chasse
    • la pêche, cycles, les sports
    • autos, voyage
    • habillement
  • la maison
    • blanc, machines à coudre
    • électroménager, chauffage
    • ameublement, tapis, luminaires
    • coutellerie, orfèvrerie, ménage
  • les loisirs
    • radio-télé, photo, le bureau moderne, lecture, dessin
    • reliure, jeux et jouets, horlogerie, cadeaux
  • bricolage - jardinage
    • bricolage, outillage, quincaillerie
    • jardin, élevage, travaux d'extérieur

Activités aujourd'hui modifier

Manufrance conçoit et réalise des collections d'articles marqués Manufrance pour la nature, le textile, les loisirs, la maison... Elle commercialise également des articles vintage comme des rééditions de ses anciens catalogues ou une réplique du maillot de foot porté par les joueurs de l'ASSE lorsqu'elle en était le sponsor.


Site de la manufacture modifier

À Saint-Étienne modifier

 
Les anciens bâtiments de Manufrance, aujourd'hui réhabilités en pôle tertiaire.

Le site de la manufacture a été transformé[Quand ?] :

Magasins à Paris et en région modifier

En 1977, Manufrance disposait de cent magasins[13] dont les plus importants étaient :

  • à Paris, un très grand magasin, 42 rue du Louvre ;
  • à Aix-en-Provence, Avignon, Bordeaux, Cannes, Clermont-Ferrand, Dijon, Grenoble, Lille, Lyon, Marseille, Nancy, Nantes, Nice, Rouen, Saint-Étienne, Toulon, Toulouse, Tours, Troyes, Valence.

Liste des PDG modifier

  • 1892 : Étienne Mimard.
  • 1944, juin : Pierre Drevet[14].
  • 1952, janvier : Jean Fontvieille[14].
  • 1969 : Georges Drevet.
  • 1975, avril : André Blanc[14].
  • 1977, mai : Henri Fontvieille[15],[14].
  • 1977, juin : Jacques Petit[14].
  • 1978, février : Henri Fontvielle[16],[14].
  • 1978, mars : François Gadot-Clet[16],[14], auteur du livre Une certaine idée de Manufrance, mes 300 jours de PDG (éditions Filipacchi, 1979).
  • 1979, janvier : René Mestries[14].
  • 1988 : Jacques Tavitian.

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • François Gadot-Clet, Une certaine idée de Manufrance : mes 300 jours de PDG, Paris, édition Denoël-Filipacchi, 1979.
  • Textes Anne-Catherine Marin, Cendrine Sanquer, Nadine Besse et Martine Font, De Manufrance à Sup de Co : Saint-Étienne, 100 ans de photographies, Lyon, éditions lyonnaises d'art et d'histoire, 1997.
  • Philippe Munck, Manufrance, nous accusons, Paris, éditions de La Vie ouvrière, 1993.
  • Pierre Kuwaka, Manufrance : radiographie d'une lutte, Paris, éditions sociales, 1980.
  • N. Besse, F. Bouchut et G. Finela, Manufrance, Les Regards de la Mémoire, Les éditions de l’Èpargne, 1992.
  • Ph. Petitot, Analyse Sémiologique du Catalogue Manufrance, Nice, Centre du XXe Siècle, 1977.
  • Pierre-Alain Four, Ce que l’industrie fait à l’art sur le territoire lyonno-stéphanois, 2006.
  • Bruno Benoit, « Étienne Mimard (1862-1944) : Le fondateur de la manufacture d’armes et cycles de St-Étienne », sur millenaire3.com, .
  • Geoffroy Bing, « Manufrance », sur millenaire3.com, .
  • Emmanuelle Plas, Manufrance, une vieille dame digne… d'intérêts [PDF], L'Unité, , 3 p.
  • D. Venner, Encyclopédie des armes de chasse : carabines, fusils, optique, munitions, Maloine, Paris, 1997.
  • Serge Daurat, Étienne Mimard, fondateur de Manufrance, Éditions les Passionnés de bouquins, 2018.

Liens externes modifier

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Articles connexes modifier

Références modifier

  1. « https://www.loire.fr/jcms/lw_1257624/fiches-du-personnel-de-manufrance » (consulté le )
  2. Jean-Claude Mournetas, Le fusil de chasse Idéal : de l'Idéal de la Manufacture française d'armes de Saint-Étienne à l'Idéal de Manufrance à Saint-Étienne, Biarritz ; Paris, Éditions du Pécari, , préface : VII + 93 (ISBN 978-2-912848-75-8, premier encart avant la préface), première et deuxième lignes sous le no  de brevet 186.977.
  3. a b c d e f et g « Actions de la SCOOP ou SCOPD Manufrance Saint-Étienne », sur eBay, (consulté le ).
  4. Musée d'Art et d'Industrie de Saint-Étienne, « Bicyclette Hirondelle, modèle Superbe », sur musee-art-industrie.saint-etienne.fr (consulté le ).
  5. a b c d e f et g Document constitué le 15 juin 1996 par Manufrance MF Saint-Étienne, Sources : Archives de Saint-Étienne - Dernière mise à jour : décembre 2010 [PDF].
  6. D. Venner, Encyclopédie des armes de chasse : carabines, fusils, optique, munitions, Maloine, Paris, 1997.
  7. Laurent Jullien, Le spiroscope à eau du médecin-artiste Jos Jullien, de la médecine au bien-être, La nouvelle cigale Uzégeoise, no 12, p. 11-16, décembre 2015.
  8. Laurent Jullien, Le spiroscope du médecin ardéchois Jos Jullien, Éditions universitaires européennes, janvier 2017.
  9. « Le mépris des uns et des autres », sur L'Unité, (consulté le ).
  10. a et b « Manufrance n'est plus qu'une petite PME de province », sur Le Journal du Net, (consulté le ).
  11. « SARL Manufacture française d'armes de Saint-Étienne » (consulté le ).
  12. « Manufrance sort du placard », sur L'Humanité.fr, (consulté le ).
  13. Catalogue Manufrance, 1977, p. 936.
  14. a b c d e f g et h « Manufrance, histoire et archives, Introduction aux répertoires numériques détaillés des fonds, page 66 », sur loire.fr, (consulté le ).
  15. « M. Fontvieille est nommé P.D.G. de Manufrance », sur Le Monde.fr, (consulté le ).
  16. a et b « Le document de la semaine », sur referentiel.nouvelobs.com, (consulté le ).