Centre pénitentiaire de Bordeaux-Gradignan

établissement pénitentiaire français situé en banlieue de Bordeaux (Gironde)
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Centre pénitentiaire de Bordeaux-Gradignan
« Maison d'arrêt de Gradignan »
Image de l'établissement
Localisation
Pays Drapeau de la France France
Région Drapeau de Nouvelle-Aquitaine Nouvelle-Aquitaine
Département Gironde
Localité Gradignan
DISP Bordeaux
Coordonnées 44° 46′ 59″ nord, 0° 35′ 50″ ouest
Géolocalisation sur la carte : Gironde
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Centre pénitentiaire de Bordeaux-Gradignan
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Centre pénitentiaire de Bordeaux-Gradignan
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Centre pénitentiaire de Bordeaux-Gradignan
Architecture et patrimoine
Propriétaire Drapeau de la France État français
Installations
Type Centre pénitentiaire : maison d'arrêt (hommes, femmes et mineurs) et structure d'accompagnement vers la sortie
Capacité 407 places
Fonctionnement
Date d'ouverture
Opérateur(s) Drapeau de la France Ministère de la Justice
Effectif 788 (1er janvier 2023)
Statut actuel En fonctionnement (d)

Le centre pénitentiaire de Bordeaux-Gradignan, encore appelé la maison d'arrêt de Gradignan, est un établissement pénitentiaire français situé à Gradignan, en banlieue de Bordeaux (Gironde). Ouvert en 1967, il comprend une maison d'arrêt pour hommes, femmes et mineurs, ainsi qu'une structure d'accompagnement vers la sortie. L'unité hospitalière sécurisée interrégionale implantée au sein de l'hôpital Pellegrin ainsi que l'unité hospitalière spécialement aménagée de l'hôpital de Cadillac lui sont rattachées.

L'établissement connaît depuis le début des années 2000 une surpopulation importante qui, conjuguée à l'état de vétusté avancé des bâtiments, a conduit le ministère de la Justice à envisager sa reconstruction. Débutée en 2021, celle-ci doit s'achever à l'horizon 2026-2027.

Description modifier

Construit en 1967 sur un terrain de six hectares[1], l'établissement de Bordeaux-Gradignan est conçu comme une maison d'arrêt d'une capacité de 407 places[2]. En 2023, elle se compose d'un bâtiment principal de six étages et de bâtiments annexes qui regroupent :

Outre l'unité sanitaire en milieu pénitentiaire (USMP) rattachée au centre hospitalier universitaire de Bordeaux, le centre pénitentiaire accueille un service médico-psychologique régional (SMPR) où interviennent des praticiens du centre hospitalier Charles Perrens.

L'établissement dispose de 650 m2 d'ateliers dédiés au travail volontaire des personnes détenues géré par l'Agence du travail d'intérêt général et de l'insertion professionnelle des personnes placées sous main de justice (ATIGIP).

L'unité hospitalière sécurisée interrégionale (UHSI) implantée au sein de l'hôpital Pellegrin du centre hospitalier universitaire de Bordeaux, d'une capacité de 16 places, est rattachée au centre pénitentiaire de Bordeaux-Gradignan. Il en va de même de l'unité hospitalière spécialement aménagée (UHSA) de Cadillac, spécialisée dans la prise en charge de patients détenus en soins psychiatriques.

L'établissement est situé dans le ressort de la direction interrégionale des services pénitentiaires de Bordeaux et, en ce qui concerne l'organisation judiciaire, dans le ressort de la cour d'appel de Bordeaux et du tribunal judiciaire de Bordeaux.

Difficultés modifier

Surpopulation modifier

Comme de nombreuses maisons d'arrêt françaises, celle de Gradignan connait depuis le début des années 2000 une constante augmentation de son nombre de détenus. En 2002, alors qu'on en recense 619, le directeur Yvan Laurens déclare alors "C'est une situation digne de Zola au XXIe siècle, aux portes de Bordeaux"[3]. En , il y jusqu'à 890 détenus au mois de mai, le taux d'occupation atteint 220%, le personnel dénonce le manque de moyens de la prison et ses conséquences[4],[5].

En , toujours du fait de la surpopulation carcérale qui atteint 206,6 % durant cette période, l'établissement suspend toute nouvelle admission dans le cadre du dispositif « stop écrou »[6]. Cette situation provoque également plusieurs incidents tels que le saccage d'une cellule[7].

Suicides modifier

Le 16 décembre 2008, la prison enregistre son 3e suicide de l'année[8]. De 1996 à 2008, 34 suicides ont été dénombrés. La maison d'arrêt figure dans la liste des 20 prisons françaises ayant enregistré le plus grand nombre de suicides sur cette période[9].

Meurtre modifier

Le 16 mars 2001, Michel Lestage, qui effectuait son dernier jour de détention, est égorgé par son codétenu. En juillet, l'inspection générale des services judiciaires préconise une sanction disciplinaire contre une partie du personnel. L'affectation du codétenu n'avait pas été étudiée alors qu'il présentait de graves troubles psychiatriques[10]. Ce meurtre relancera le débat sur les malades mentaux en prison[11].

Viol modifier

En juillet 2009, l'État français est condamné par le tribunal administratif de Bordeaux à verser 8 000  à un prisonnier violé par son codétenu en janvier 2005[12]. L'organisation et le fonctionnement du service de surveillance de la prison de Gradignan sont mis en cause.

Détenus notables modifier

  • Jacques Hyver, incarcéré en 1981 à la suite du rapt de l'industriel Michel Maury-Laribière ;
  • Ljubomir Barin, agent croate de football, incarcéré en 1995[13] ;
  • François Besse est incarcéré à Gradignan en 1971 où il doit purger une peine de 7 ans de prison. Il s'évade le 9 mai de la même année. Réincarcéré en 1973, il s'évade à nouveau le 7 août 1974[14].
  • Lionel Cardon, incarcéré en 1986, condamné pour le meurtre d'un couple de médecin à Pessac et d'un policier dans le bois de Boulogne ;
  • Charles Pieri et Félix Tomasi, nationalistes corses, en 1988 ;
  • Claude Bez, ancien président des Girondins de Bordeaux[15] ;
  • Didier Couécou, ancien directeur sportif des Girondins de Bordeaux ;
  • Bruno Sulak, dit "l'Arsène Lupin des bijouteries", en février-mars 1984) Durant son incarcération, l'un de ses amis, Radisa Jovanovic (dit "Steve") tente de le faire évader, mais il est abattu par la police à l'aéroport de Mérignac alors qu'il s'apprête à louer un hélicoptère[16].
  • André Ségura, jusqu'à son transfert en 1997 ;
  • Maurice Papon, détenu à Gradignan du 7 au 10 octobre 1997, lors des premiers jours de son procès pour complicité de crimes contre l'humanité[17] ;
  • Patrice de Maistre, incarcéré en 2012, ancien gestionnaire de fortune et homme de confiance de la milliardaire Liliane Bettencourt.

Évasions modifier

  • François Besse s'évade par deux fois (en 1971 et 1973) de la maison d'arrêt de Gradignan. Il écrira plus tard avoir bénéficié "des complicités tant intérieures qu'extérieures"[18].

Notes et références modifier

  1. P. Faure, « Proposition pour la prison », Sud Ouest,‎ (lire en ligne)
  2. (fr) « Page de la maison d'arrêt », sur site du ministère de la justice (consulté le )
  3. (fr) « Visite à la maison d'arrêt de Gradignan », sur le site des echos judiciaires girondins (consulté le )
  4. (fr) « La maison d'arrêt de Gradignan, en banlieue bordelaise, est en surpopulation de 220 % », sur France 3 Aquitaine (consulté le )
  5. (fr) « Une cellule en prison », sur Aqui.fr (consulté le )
  6. « Agressions des surveillants, drogues, sexe aux parloirs... Notre reportage dans la prison surpeuplée de Gradignan », sur LEFIGARO, (consulté le )
  7. « Gironde : la prison de Gradignan suspend ses admissions à cause de la surpopulation carcérale », sur LEFIGARO, (consulté le )
  8. (fr) Fabienne Cosnay, « La prison de Gradignan prise dans la spirale des suicides », 20 minutes, no 1522,‎ (ISSN 1768-1391)
  9. (fr) Dominique Richard, « Gradignan sous tension », Sud Ouest,‎
  10. (fr) « Un détenu victime de quelques oublis… », sur le site de l'Humanité (consulté le )
  11. (fr) « La folie sous écrou », sur le site de l'Express (consulté le )
  12. (fr) Pierre-Marie Lemaire, « L'État condamné pour un viol en prison », Sud Ouest,‎
  13. Football : l'intermédiaire croate Ljubomir Barin mis en examen et incarcéré à Bordeaux sur Libération, 26 avril 1995
  14. (fr) « François Besse, le braqueur aux six évasions, retrouve la justice », sur le site de l'Humanité (consulté le )
  15. « Claude Bez en prison », Libératiion,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  16. (fr) « Bruno Sulak, l'aventurier perdu », sur le site du Figaro (consulté le )
  17. (fr) « Proposition de résolution tendant à la création d'une commission d'enquête parlementaire chargée de déterminer les circonstances qui ont permis à Maurice Papon de ne pas être mis sous contrôle judiciaire et de se soustraire à l'obligation de se constituer prisonnier. », sur le site de l'assemblée nationale (consulté le )
  18. (fr) François Besse, Je suis un bandit d'honneur, mes prisons et mes cavales, Bruxelles, Paul Legrain éditeur (lire en ligne)

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier