Ménophilé
Fonctions
Stéphanèphore
Élection Après (?)
Biographie
Nom de naissance Ménophila
Date de naissance Vers le IIe siècle av. J.-C.
Lieu de naissance Sardes (Empire séleucide)
Date de décès Vers le IIe siècle av. J.-C.
Lieu de décès Sardes (Empire séleucide)
Père Hermagénès
Religion Polythéisme grec

Ménophilé ou Ménophila (en grec ancien : Μενόφιλα / Ménophila) est une magistrate grecque de l'époque hellénistique, connue par une stèle funéraire découverte à Sardes (Asie mineure), actuellement conservée au musée archéologique d'Istanbul. Sur la stèle, Ménophilé est remerciée pour ses activités civiques et religieuses en tant que stéphanèphore, ainsi que ses qualités morales et intellectuelles. Il n'y a pas de consensus sur la datation de l'objet, la recherche historique oscille entre le IIe siècle et le Ier siècle av. J.-C.

Stèle de Ménophilé modifier

Datation modifier

La stèle est découverte en , et en , W. H. Buckler et David M. Robinson la datent au plus tard des années 150 av. J.-C., à en juger par l'écriture et le style. L'année de la stéphanèphorie de Ménophilé serait postérieure à , année de celle d'un dénommé Chondros[1]. Néanmoins, dans les publications historiques au XXe siècle, il est généralement accepté que la stèle de Sardes date du Ier siècle av. J.-C.[2],[3], bien que d'autres donnent le IIe siècle av. J.-C. ou le Ier siècle av. J.-C., sans forcément trancher[4].

A. Bielman-Sanchez avait accepté cette datation par le passé, mais elle donne plutôt le IIe siècle av. J.-C. dans ses publications actuelles[5]. Actuellement, c'est ce IIe siècle av. J.-C. qui est retenu dans les articles ou ouvragent qui évoquent ou traitent de Ménophilé, qu'ils se basent sur les travaux de recherche de Bielman-Sanchez ou non[6],[7],[8],[9],[10].

Description modifier

L'inscription du fronton au-dessus du bas-relief dit : « le peuple, en l'honneur de Ménophilé fille d’Hermagénès. » Il y a plusieurs objets symboliques sur le bas-relief de la stèle, sur laquelle Ménophilé est représentée entre deux servantes, qui sont expliqués par une épigramme en dessous : Ménophilé est fille unique (alpha) et elle est morte jeune (lys). Elle était réputée sage et cultivée (rouleau de papyrus). La couronne sur sa tête (aujourd'hui disparue) signalait que Ménophilé avait des fonctions civiques et religieuses, et elle possédait de bonnes compétences domestiques (panier de laine).

Analyse modifier

A. Bielman Sanchez théorise que son statut d'enfant unique lui permit d'avoir une éducation équivalente à celle des fils aînés de bonnes familles. Le fait que le bas-relief souligne les compétences intellectuelles, en évoquant sa sagesse (sophia) par le rouleau de papyrus, est inhabituel pour une femme bien que courant pour les hommes. Sa couronne indique qu'elle était stéphanophore (« porte-couronne ») : la stéphanèphorie est une magistrature annuelle où la personne doit dépenser de grosses sommes pour la collectivité (sacrifices, banquets publics…). Ménophilé appartient à l'élite de Sardes, tant sur le plan des droits civiques que sur la richesse, son prestige devait être très important et l'inscription du fronton permet de déduire qu'elle dut avoir des obsèques publiques, honneur réservé aux grandes personnalités comme les évergètes, et que son tombeau était un monument public[5].

« En dehors de Ménophila et de Paula [archontesse de Syros à la fin du IIe siècle av. J.-C.], aucune magistrature féminine n'est mentionnée sur une stèle funéraire », écrit encore A. Bielman Sanchez, qui ajoute que contrairement à la stèle funéraire de Paula, celle de la stéphanèphore échappe aux conventions genrées en raison de son statut de fille unique et de sa fonction. La chercheuse se demande encore si elle n'est pas morte durant sa magistrature[5].

Références modifier

  1. William Hepburn Buckler et David M. Robinson, Sardis, E. J. Brill, (lire en ligne), p. 108-109
  2. Henri-Irénée Marrou, « Le symbolisme funéraire des Romains (Premier article) », Journal des Savants, vol. 1, no 1,‎ , p. 23–37 (lire en ligne, consulté le )
  3. Anne Bielman Sanchez et Regula Frei-Stolba, « Femmes et funérailles publiques dans l’Antiquité gréco-romaine », Etudes de lettres, vol. 1, no 249,‎ , p. 5-31 (lire en ligne, consulté le ).
  4. Anne-Marie Vérilhac, « L'image de la femme dans les épigrammes funéraires grecques », MOM Éditions, vol. 10, no 1,‎ , p. 85–112 (lire en ligne, consulté le )
  5. a b et c Anne Bielman Sánchez, « L’éternité des femmes actives », dans Égypte – Grèce – Rome. Les différents visages des femmes antiques, Bern, F. Bertholet, A. Bielman Sanchez et R. Frei-Stolba, (lire en ligne), p. 180-191.
  6. Benjamin Perriello, Gaëlle Pivoteau-Deschodt et Vasiliki Zachari, « Le pilier hermaïque, une figure de passeur ? », Cahiers « Mondes anciens ». Histoire et anthropologie des mondes anciens, no 4,‎ (ISSN 2107-0199, DOI 10.4000/mondesanciens.938, lire en ligne, consulté le )
  7. Madalina Dana, « La femme au rouleau : images de femmes lettrées dans le monde grec antique », La Revue de la BNU, no 14,‎ , p. 16–25 (ISSN 2109-2761, DOI 10.4000/rbnu.1148, lire en ligne, consulté le )
  8. François Lissarrague, « De l’image au signe », Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques. Archives, no 37,‎ , p. 11–24 (ISSN 0990-9141, DOI 10.4000/ccrh.3143, lire en ligne, consulté le )
  9. (en) Joan Breton Connelly, Portrait of a Priestess: Women and Ritual in Ancient Greece, Princeton University Press, (ISBN 978-0-691-12746-0), p. 251-253
  10. Konstantinos Mantas, « The incorporation of girls in the educational system in Hellenistic and Roman Greece », Polis: revista de ideas y formas políticas de la Antigüedad, no 24,‎ , p. 77–89 (ISSN 1130-0728, lire en ligne, consulté le )

Liens externes modifier