Louis Moufflet

militaire français

Louis Moufflet
Louis Moufflet
Louis Moufflet en 1914

Naissance
Menton
Origine Drapeau de la France France
Arme Armée de terre 62e bataillon de chasseurs alpins
Grade Capitaine
Années de service 18901920
Commandement Sections d'Équipages Canins d'Alaska (SECA)
Conflits Première Guerre mondiale
Faits d'armes Mise en place et commandant des SECA
Distinctions Chevalier la Légion d'honneur
Croix de guerre 1914-1918 avec palmes
Croix militaire (Royaume-Uni)
Autres fonctions Exploitant d'une mine d'or en Alaska

Louis Joseph Moufflet, né à Menton le , est un militaire français. Pendant la Première Guerre mondiale, il met sur pied les Sections d'équipages canins d'Alaska (ou SECA) sur le front des Vosges.

Biographie modifier

Début de carrière modifier

Louis Moufflet est né à Menton (Alpes-Maritimes) le . Marié à Anne Martin le à Lyon (Rhône), il est père de deux enfants, Charles et Georges. Il est bachelier es sciences et es lettres et parle couramment l'anglais. C'est un militaire de carrière au 62e bataillon de chasseurs alpins, un bataillon de réserve issu du 22e bataillon.

À sa sortie de l’École militaire d’infanterie, il est affecté au 158e régiment d'infanterie comme sous-lieutenant puis lieutenant, du au .

 
Ville de Nome

En 1911, il prend un congé sans solde pour se rendre à Nome en Alaska afin d'exploiter une mine d'or. À l'issue de son congé sans solde, il revient en France et confie la gestion de son exploitation minière à René Haas, ingénieur[1].

Au déclenchement de la Première Guerre mondiale, en , il est promu capitaine. Il est blessé cinq fois pendant la bataille de Saint-Dié.

Genèse des SECA modifier

Pendant l'hiver 1914, les ravitaillements sur le front des Vosges sont considérablement perturbés par la neige. Les chevaux et les mulets ne sont pas adaptés pour des transports dans ces conditions. Le capitaine Moufflet, ayant séjourné au Canada, imagine une section de chiens de traîneau pour pallier ce problème.

 
René Haas et les traîneaux, en Alaska

Sous son impulsion et avec l'aide du lieutenant René Haas du 119e régiment d'infanterie territoriale, ils déploieront avec succès à partir de des équipages de chiens de traîneau sur le front des Vosges en soutien logistique et approvisionnement des postes avancés[2],[3].

En , le Général Maud'huy commandant la 7e armée approuve le projet.

Officialisée le par Alexandre Millerand, alors Ministre de la guerre, une mission, classée "secret" et "très urgent", est confiée à Louis Moufflet : acheter 400 chiens et le matériel nécessaires aux SECA pour 40 traîneaux, en Amérique.

Les papiers nécessaires à la mission sont signés (ordre de mission et laissez-passer)[4].

Mission en Amérique modifier

 
Scotty Allan

Le capitaine Moufflet se charge de la recherche des chiens de meute dans la région de Québec. Le lieutenant Haas est chargé de trouver les chiens de tête en Alaska. Aidé par Allan Alexander Allan dit Scotty Allan, musher qu'il a connu lors de son séjour de chercheur d'or en Alaska, il rassemble 104 chiens et deux tonnes de saumon séché. Quittant l'Alaska, territoire américain alors pays neutre et pour partie germanophile, le convoi traverse le Canada en train et arrive à Montréal où ils retrouvent le capitaine Moufflet, qui a quant à lui réuni 336 chiens d'attelage. La meute est constituée et regroupe 440 chiens.

 
Le Pomeranian

Ils quittent Montréal le à 5 heures du matin, embarquant à bord du dernier bateau quittant l'estuaire du Saint-Laurent avant qu'il ne soit pris par les glaces de l'hiver, le Pomeranian, affrété par la compagnie Allan line. La traversée se déroule dans les tempêtes des hauts latitudes pour éviter les attaques des sous-marins allemands. Quatre chiens sont morts écrasés durant les tempêtes.

Arrivée en France modifier

Le vaisseau arrive au Havre le , avec ses 436 chiens, 70 traîneaux et de 440 harnachements. Ils sont acheminés vers les Vosges[1],[3],[5],[6],[7],[8].

Deux Sections d'équipages de chiens d'Alaska (dites SECA) sont créées :

Faisant suite à une inspection en automne 1918 de Pierre Mégnin, directeur adjoint du service des chiens de guerre, le commandement des deux SECA est confié au Lieutemant Hérodier en novembre 1918[10].

Missions des SECA modifier

 
Un attelage des SECA

Les sections ont effectué des missions de ravitaillement, d'appuis logistiques mais aussi d'évacuations des blessés. Ils seront des auxiliaires irremplaçables sur le front vosgien jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale.

Le , les équipages canins furent rattachés à la 50e compagnie du 19e escadron du train des équipages militaires[2].

À la fin de la guerre, la moitié des chiens de traîneaux sont morts en mission. Les autres chiens seront adoptés par les soldats qui s'en occupaient.

Après-guerre modifier

Le capitaine Moufflet regagne la vie civile le .

Distinctions modifier

     

Notes et références modifier

  1. a et b Jampolsky 2012
  2. a et b chiensdetraineau.free.fr
  3. a et b Colire 1994
  4. Armées d'aujourd'hui no 393 (octobre-novembre 2014) p. 64-66
  5. Mégnin 1919
  6. Astouin et Izard 1934
  7. Cellura 1999
  8. Duhand 2014
  9. « Le camp « New Alaska » dans les Vosges en 1915 », sur Au fil des mots et de l'histoire (consulté le ).
  10. La revue de Cynophilie Française "Centrale Magazine Revue", n° 200 de juillet/août 2019

Annexes modifier

Bibliographie modifier

  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Astouin (colonel) et Izard (chef d'escadron), Le Train des équipages et le service automobile pendant la grande guerre 1914-1918, éditions de l'ANACT (Association nationale des anciens combattants du train),  
  • Dominique Cellura, Les Voyageurs du froid : Chiens de traîneaux, Hoëbeke, (ISBN 978-2-84230-047-0)  
  • Daniel Duhand, La véritable histoire des poilus d’Alaska, autoédition,  
  • Paul Mégnin (préf. général de Maud'huy), Les Chiens de France, soldats de la Grande Guerre, Albin Michel,  
  • Deux bandes dessinées éditées chez Casterman titrées : "Les Poilus d'Alaska".

Vidéographie modifier

  • [vidéo] Nom de code : Poilus d'Alaska, de Marc Jampolsky, de Bonne Pioche Productions et Ideacom, 2012 [présentation en ligne] ; pour Arte et Radio Canada  
  • [vidéo] La guerre de montagne (front des Vosges) : L'entraînement des chiens de traîneaux, de ECPAD, de la Section Cinématographique de l’Armée, coll. « 14.18 A 305 », 1916 [présentation en ligne]

Liens externes modifier