Louis Henri Hubert Delisle

personnalité politique française
Louis Henri Hubert Delisle
Louis Henri Hubert Delisle.
Fonctions
Sénateur de la Troisième République
-
Sénateur du Second Empire
-
Gouverneur de La Réunion
-
Député français
Assemblée nationale législative
Assemblée nationale constituante
-
Maire de Saint-André-de-Cubzac
-
Président du Conseil général de la Gironde
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Activité
Conjoint
Amélina Hubert de Lisle (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Parentèle
Joseph Hubert (petit-neveu)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Distinction
signature de Louis Henri Hubert Delisle
Signature

Louis Henri Hubert Delisle, né le à Saint-Benoît (La Réunion)[1] et mort le à Bordeaux, est un homme politique français.

Biographie modifier

De l'île de La Réunion à l'Assemblée nationale modifier

Créole né le dans le quartier de Saint-Benoît de la colonie de La Réunion, Louis Henri Hubert Delisle est le fils de Florentin Hubert de Lisle de Montfleury et de Catherine-Sophie Lainé de Beaulieu. Il quitte son île natale pour la métropole très jeune accompagné par sa famille. Il y épousera une de ses cousines créoles, Amélina Pignolet de Fresne[2]. En 1835, son père achète au fils de Jean-Frédéric de La Tour du Pin Gouvernet, ancien ministre de la guerre de Louis XVI, le domaine et le château du Bouilh, dans le Bordelais, aujourd'hui classé monument historique. Il y recevra fréquemment Alphonse de Lamartine, Ferdinand de Lesseps et le maréchal de Mac-Mahon.

Après de brillantes études de droit à Paris, il entame une carrière journalistique et politique dans le Bordelais qui le mènera d'un conseil municipal à l'Assemblée nationale. Ainsi, maire de Saint-André-de-Cubzac de 1846 à 1850, il est élu député de l'Assemblée Constituante cette dernière année puis député de l'Assemblée Législative en 1849. Il est nommé membre du Comité des colonies et s'y fait remarquer par ses prises de position en faveur de sa terre de naissance. Vers 1845, il devient par ailleurs Conseiller d'arrondissement de Saint-André-de-Cubzac.

Retour à La Réunion en tant que gouverneur modifier

À la suite du coup d'État du 2 décembre 1851 de Louis-Napoléon Bonaparte, Louis Henri Hubert Delisle pense se retirer dans le Bordelais, mais le ministre Théodore Ducos le propose au Prince-Président pour remplacer à La Réunion le gouverneur Louis Doret ; il est nommé à ce poste par décret présidentiel le .

Il accoste à Saint-Denis le 8 août à dix heures du matin à bord de la frégate la Belle-Poule, partie de Toulon le 5 mai. Quand il quitte le navire à trois heures et demie de l'après-midi pour aborder au Barachois, il est accueilli par des manifestations inhabituelles. De fait, il est le premier gouverneur créole de La Réunion. Il y restera jusqu'au , date à laquelle il s'établit en métropole, où l'empereur Napoléon III le nomme sénateur.

Modernisation de la colonie modifier

Sa première tâche en tant que gouverneur est la tournée des communes de l'île pour prendre la mesure des problèmes pendants. Il s'emploie ensuite à remettre les affranchis au travail et à faciliter l'immigration de nouveaux engagés, ce pourquoi il lance de grands travaux dans toute la colonie. Par exemple, pour contourner les difficultés de la route de La Montagne, Henri Hubert Delisle conçoit le projet du tunnel sous le Cap Bernard. C'est en tout cas durant son gouvernement que la route de ceinture faisant le tour de l'île est bouclée grâce à la traversée du Grand Brûlé et que le projet d'une seconde voie en altitude est imaginé et effectivement construit par tronçons dans les Hauts de Saint-Benoît, Saint-Joseph, Saint-Paul et Saint-Pierre – on la connaît aujourd'hui sous le nom de route Hubert-Delisle. Pour éviter le coût trop élevé de l'immigration des travailleur, il crée en 1853 la Société d'immigration[3].

En parallèle, de nouvelles institutions sont créées. Avec Hubert Delisle, La Réunion entre dans l'ère du changement. Ainsi, le 4 juillet 1853, la Banque de la Réunion ouvre ses portes à Saint-Denis. Le pays possède enfin son établissement de crédit. En outre, et afin de développer le sentiment de l'épargne dans la population, le Gouverneur crée par ailleurs la Caisse d'Épargne et de Prévoyance. Il fonde une école professionnelle d'Arts et Métiers, l'Établissement de la Providence. L'établissement abrite un hospice, une école agricole et professionnelle pour les jeunes affranchis, ainsi qu’un pénitencier pour jeunes délinquants[4].

Des manifestations prestigieuses organisées. En 1853, l'île organise sa première exposition coloniale. Instituée par décret du gouverneur, elle ouvre ses portes le 6 octobre dans les allées du Jardin colonial et se substitue à la Fête du Travail établie en 1848. Un jury constitué par le gouverneur récompense les meilleurs exposants. Puis, le , le Muséum d'histoire naturelle est inauguré en présence d'un hôte de marque, le major général Hay, Gouverneur de Maurice. La tournée dans l'île de ce personnage est une réussite totale. C'est l'âge d'or pour la colonie.

Entre-temps, l'ardeur au travail de Louis Henri Hubert Delisle vaut en moins de deux ans à ce bonapartiste des plus ardents d'être fait chevalier de l'ordre de la Légion d'Honneur par l'Empereur et Commandant de Saint-Sylvestre par le Pape.

La pandémie de choléra débarque à l'Île Maurice. Le Gouverneur Hubert-Delisle impose dès le 7 juin 1854 une quarantaine sur tout navire en lien avec Maurice et met en place des moyens préventifs, comme des fumigations des geôles ou le nettoyage des rues. Ces mesures ont épargné la Réunion alors que 7 650 personnes sont mortes à Maurice[5].

En 1855, il réaménage l'Îlet Bethléem, fait bâtir une chapelle et sa femme y crée un ouvroir, lieu où les religieuses s'assemblent pour travailler, dirigé par la congrégation Filles de Marie[6].

Avant son départ de l'île, une révolte éclate en Inde britannique. Delisle, au cas où cet évènement se propage à la Réunion, met à la disposition de Charles Murray Hay, gouverneur de Maurice britannique, des troupes de la Réunion[7].

Réinstallation en métropole modifier

 
Henry Hubert Delisle

En 1857, Hubert Delisle devient sénateur du Second Empire puis Sénateur de la Gironde de 1876 à 1879.

Il est conseiller général de la Gironde pour le canton de Saint-André-de-Cubzac de 1865 à 1881 et président du Conseil général de la Gironde de 1878 à 1879.

Il avait été fait chevalier (), puis officier () et enfin commandeur de la Légion d'honneur le [8]. Il était d'autre part commandeur de l'Ordre de Saint-Grégoire-le-Grand[9].

Il meurt le à Bordeaux et est inhumé dans le cimetière de la Chartreuse.

Notes et références modifier

  1. (fr) Tanneguy de Feuilhade de Chauvin, La Réunion sous le Second Empire : Témoignage d'un gouverneur créole, Karthala, Paris, 1998.
  2. Elle lui donna deux fils et deux filles, qui seules ont eu une descendance
  3. « Abolition de l'esclavage, Après l'abolition : L’engagisme indien au XIXe siècle à La Réunion », sur Portail Esclavage Réunion (consulté le )
  4. « Nouvel examen de l'attribution d'un nom patronymique au centre d'apprentissage » [PDF], sur Mairie de Saint Denis, (consulté le )
  5. Sandy Cousin, Docteur Bernard-Alex Gaüzere (dir.) et Professeur Pierre Aubry (Rapporteur), Université de Bordeaux U.F.R. des Sciences Médicales, « Les lazarets à La Réunion de 1860 à 1920 : épidémies, médecins et pratique médicale… Quel intérêt sanitaire ? » [PDF], (consulté le ), p. 57
  6. Marc Kichenapanaïdou, « Il y a 150 ans, la Chapelle de l’îlet à Bethléem », sur Témoignages, (consulté le )
  7. « Offre d'envoi de troupes », sur ANOM (consulté le )
  8. « Cote LH/1316/54 », base Léonore, ministère français de la Culture
  9. « Henry Hubert Delisle », sur roglo.eu (consulté le )

Annexes modifier

Bibliographie modifier

Article connexe modifier

Liens externes modifier