Literary Club

assemblée littéraire

Le Literary Club, ou The Club, est une assemblée littéraire fondée à Londres en février 1764 par l'écrivain Samuel Johnson et le peintre Joshua Reynolds sur le modèle de l'Académie française. Leur dessein était de former une société d'excellence en réunissant les meilleurs spécialistes en tous domaines, littéraire, philosophique, scientifique ou artistique, comme en témoigne la liste de ses membres dès les premières années : le philosophe Edmund Burke, l'acteur David Garrick, l'historien Edward Gibbon, le naturaliste Joseph Banks, l'économiste Adam Smith...

Une soirée chez Reynolds en 1781, d'après James Doyle. De g. à dr. : Boswell, Johnson, Reynolds, Garrick, Burke, Paoli, Burney, T. Warton, Goldsmith.

Tout en portant la marque de Johnson, le Club dans sa version initiale se confondait avec l'entourage de Reynolds, comme le montre le tableau de James Doyle, maintes fois réédité sous forme de gravures, qui représente une soirée chez Reynolds en 1781 (cf. ci-contre) : tous les commensaux font partie du Club, à l'exception de Pascal Paoli, le patriote corse soutenu par Boswell.

Origines modifier

Johnson et Reynolds modifier

 
Joshua Reynolds : Portrait de Samuel Johnson.

Même si le véritable instigateur du Club fut Sir Joshua Reynolds plutôt que Samuel Johnson, c'est à Johnson que les commentateurs se référèrent dès les premiers temps en surnommant cette assemblée le Johnson's Club ou encore, avec une éloquente simplicité, The Johnson.

Il est vrai que la forte personnalité de Samuel Johnson joua pour beaucoup dans la composition du Club, notamment lorsqu'il y fit admettre James Boswell, encore peu connu à l'époque et dont nul, pas même Johnson, ne pouvait prédire qu'il deviendrait l'auteur d'un classique de la littérature britannique – la monumentale biographie de Johnson, précisément. Quant à l'admission d'Oliver Goldsmith, d'abord refusée par Sir John Hawkins au motif que « Goldy », pour être à la fois romancier et dramaturge, n'excellait dans aucun domaine spécifique, et surtout pas dans la médecine (Goldsmith s'est toujours prétendu médecin sans en apporter la moindre preuve)[1], Samuel Johnson l'obtint au prix d'un jeu de mots : le sémillant « Goldy » se retrouva inscrit sous la dénomination de naturalist en raison de son animated nature. En revanche, lorsque Johnson fit admettre son ancien élève et compagnon d'infortune David Garrick, point ne lui fut besoin de se porter garant pour son protégé : Garrick était d'ores et déjà l'acteur le plus célèbre de tout le théâtre britannique, le « monstre sacré » dont les apparitions sur scène provoquaient des embouteillages dans le centre de Londres[2] et dont le visage et les costumes étaient reproduits en guise de décoration sur des tasses à thé.

Le Club modifier

 
Joshua Reynolds : Autoportrait (1776).

Les premiers temps, les membres du Club se réunissaient une fois par semaine à 19 heures pour souper à l'auberge de la Tête de Turc, la Turk's Head Inn, dans Gerrard Street, à l'angle de Greek Street et de Compton Street, dans le quartier londonien de Soho. Les effectifs s'élevaient alors à 9 membres, qui passèrent à 12, puis à 16, puis à 20 et enfin à 40 en 1780. En 1783, la Turk's Head Inn dut fermer, son propriétaire étant mort, et, au terme de diverses pérégrinations dans les environs, le Club finit par trouver refuge à la Thatched House Tavern (la Taverne de la Chaumière) de St James's Street[3].

Dans l'intervalle, le rythme des réunions avait diminué de moitié à mesure qu'augmentait le nombre de participants : elles avaient désormais lieu tous les quinze jours.

Le Club comprenait à l'origine 9 membres qui procédèrent par cooptation. Ensuite, à partir de 1768, lorsque Sir John Hawkins se retira du Club à la suite d'un différend avec Burke[4], commença la pratique du vote lors de l'admission de Samuel Dyer. Pour l'élection de chaque nouveau candidat, le scrutin se déroulait sous la forme d'une boule blanche (acceptation) ou noire (veto). L'admission requérait l'unanimité.

La devise du Club était Esto perpetua (« Pour l'éternité »).

Le XVIIIe siècle modifier

 
Atelier de Joshua Reynolds : Portrait d'Edmund Burke (1771).

1764 modifier

Les 9 membres fondateurs étaient :

1768-1792 modifier

 
Angelica Kauffmann : Portrait de David Garrick.

De nouveaux membres furent élus :

1792 modifier

En , la liste établie par James Boswell dans sa biographie de Johnson mentionne de nouveaux membres :

Le XIXe siècle modifier

Parmi les membres du Club au XIXe siècle, l'historien Henry Reeve a recensé :

En 1881, le Club comprenait John Tyndall et Frederic Leighton, 1er baron Leighton, tandis que Henry Reeve était le trésorier. Au XIXe siècle, on peut également citer Thomas Babington Macaulay, 1er baron Macaulay ; Thomas Huxley ; Frederick Hamilton-Temple-Blackwood, 1er marquis de Dufferin and Ava ; et le Premier ministre Robert Arthur Talbot Gascoyne-Cecil, 3e marquis de Salisbury.

Notes et références modifier

  1. Cf. Hester Thrale, Souvenirs et anecdotes sur Samuel Johnson, p. 54, Anatolia/Le Rocher, 2005.
  2. Cf. Hester Thrale, op. cit., p. 153, épisode des trois représentations de Richard III.
  3. Cf. James Boswell, Life of Johnson, p. 339, Oxford University Press, 1980.
  4. Cf. Boswell, op. cit., p. 340.
  5. Sambrook, ODNB.
  6. Grant Duff Mountstuart Elphinstone, Notes from a diary, 1892-1895, Dutton, , i 41

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

Ouvrages en français modifier

  • James Boswell, Vie de Samuel Johnson, L'Âge d'homme, 2002
  • Hester Thrale, Souvenirs et anecdotes sur Samuel Johnson, Anatolia/Le Rocher, 2005

Ouvrages en langue anglaise modifier

Articles connexes modifier

Lien externe modifier