Liste des lettres de Mahomet aux chefs d'État

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Selon Tabari dans son Chronique d'histoire des prophètes et des rois, Mahomet a décidé après le traité d'Houdaybiya d'envoyer des lettres à de nombreux dirigeants du monde, en les invitant à se convertir à l'Islam. Mahomet, selon l'historiographie islamique, envoya des ambassadeurs avec de telles lettres à Héraclius le césar de Byzance, Khosro II l'empereur de Perse, le Négus d'Éthiopie, Muqawqis (en) le souverain d'Égypte, Harith Gassani (en) gouverneur de Syrie, et Munzir ibn Sawa Al Tamimi le gouverneur du Bahreïn.

L'envoi de ces lettres est remis en cause par certains islamologues[1]. Pour Öhrnberg, « l'historicité des ambassades envoyées par le Prophète est plus que discutable, et l'histoire de cette ambassade particulière à al-Mukawkis doit être considérée comme légendaire et dénuée de toute valeur historique »[2].

Lettres modifier

Sauf mention contraire, la traduction du texte et l'indication de son destinataire viennent de l'édition de 1999 du Nectar cacheté. Mahomet aurait cacheté ses lettres avec un cachet d'argent : « Moh̲ammad Rasouloul-Lâh ».

Au roi d'Abyssinie modifier

La lettre est apportée par Jaafar ibn Abi Talib, cousin de Mahomet. Ibn Ishaq donne le texte suivant :

« Lettre du Prophète Moh̲ammad au Négus Al-As̱h̲am, Roi d'Abyssinie. Que la paix soit sur ceux qui observent la droiture, croient en Allah et en Son messager, attestent qu'il n'y a de divinité, qu'Allah, lui seul, sans associé ni compagne ni enfant, et que Moh̲ammad est son Serviteur et Son messager. Je t'appelle à l'Islam car c'est moi le Messager d'Allah ! Alors accepte et embrasse l'Islam :

Dis : Ô gens des Écritures ! Convenons les uns et les autres de ce point commun entre nous, à savoir de n'adorer qu'Allah Seul, sans lui adjoindre d'associé, de ne pas nous prendre les uns et les autres pour divinités en dehors d'Allah. S'ils se détournent dites-leur : Soyez témoins qu'à Allah Seul nous nous soumettons. (3:64)

Si tu refuses sache que tu porteras le péché de tes sujets chrétiens. »

Muhammad Hamidullah rapporte une version assez différente :

« Au nom d'Allah, le Clément, le Miséricordieux. Lettre de Moh̲ammad, le Messager d'Allah au Négus, Roi d'Abyssinie. Que la paix soit sur ceux qui observent la droiture. Cela dit, je viens auprès de toi louer Allah en dehors de qui il n'y a point de divinité, le Roi, le Très Saint, la Paix, le Croyant, le Régisseur. J'atteste que I̱sâ, le fils de Marie est l'esprit et la parole d'Allah incrustés en l'affectueuse, chaste et vierge Marie qui alors conçut I̱sâ tant dans son corps que son esprit, tout comme Allah a créé Adam de sa propre main. Je t'invite à croire en Allah Lui Seul, sans Lui adjoindre quelque associé que ce soit, à Lui obéir, à me suivre et à croire au message que j'ai à charge de communiquer, car je suis le Messager d'Allah. Je t'appelle toi et tes soldats à Allah le Tout Puissant. J'ai communiqué et conseillé. alors, accepte mon conseil ! Que la paix soit sur ceux qui observent la droiture. »

Au préfet d'Égypte modifier

 
Lettre de Mahomet à Muqawqis, découverte en Égypte en 1850.

Cette lettre fut trouvée en 1850 dans un monastère d'Akhmin. Il a été reconnu immédiatement comme un faux, en se basant sur des éléments paléographiques et historiques[2].

La lettre est portée par Hâtib ibn Abi Baltaa̲a à Jourayj ibn Matta, dit al-Mouk̲awk̲is, « roi d’Égypte et d'Alexandrie » :

« Au nom d'Allah, le Clément, le Miséricordieux. Lettre de Moh̲ammad, Serviteur et Messager d'Allah a Al-Mouk̲awk̲is, le roi des Coptes. Que la paix soit sur ceux qui observent la droiture? Cela dit, je t' appelle a l'Islam. Accepte de te soumettre et d'embrasser l'Islam et Allah te récompensera deux fois. Si tu refuses tournant le dos, tu porteras le péché des coptes.

Dis : Ô gens des Écritures ! Convenons les uns et les autres de ce point commun entre nous, à savoir de n'adorer qu'Allah Seul, sans lui adjoindre d'associé, de ne pas nous prendre les uns et les autres pour divinités en dehors d'Allah. S'ils se détournent dites-leur : Soyez témoins qu'à Allah Seul nous nous soumettons. »

À l'empereur perse modifier

La lettre est portée par Abd-Allah ibn Houthâfa As-Sahmî à Khosro II, dit Kisra dans la littérature arabe.

« Au nom d'Allah, le Clément, le Miséricordieux. Lettre de Moh̲ammad, le Messager d'Allah à Kisra, le roi de la Perse, que le salut soit sur ceux qui observent la droiture. Crois en Allah et en son Messager ! Atteste qu'il n'y a de divinité qu'Allah, lui Seul, en dehors de tout associé et que Moh̲ammad est Son serviteur et Messager ! Je t'appelle à Allah car je suis le Messager qu'Allah envoyé à tout le monde pour avertir les vivants et avoir raison sur les infidèles. Alors, accepte de te soumettre. Si tu refuses, tu porteras les péchés des Zoroastriens. »

À l'empereur byzantin modifier

 
Lettre envoyée par Mahomet à Héraclius, empereur Byzantin ; reproduction tirée de : Majid Ali Khan, Muhammad The Final Messenger, Islamic Book Service, New Delhi (1998).

La lettre fut portée par Dihya ibn Khalifa Al-Kalbi au roi de Bassora qui fut chargé de la remettre à l'empereur Héraclius (Hercules). Boukhari rapporte :

« Au nom d'Allah, le Clément le Miséricordieux. Lettre de Moh̲ammad le serviteur et Messager d'Allah à Hercules, le roi des Byzantins. Que la paix soit sur ceux qui observent la droiture. Accepte de te soumettre. Embrasse l'Islam et Allah te récompensera deux fois. Si tu te détourne et refuses, tu porteras les péchés des Romains. Dis : Ô gens des Écritures ! Convenons les uns et les autres de ce point commun entre nous, à savoir de n'adorer qu'Allah Seul, sans lui adjoindre d'associé, de ne pas nous prendre les uns et les autres pour divinités en dehors d'Allah. S'ils se détournent dites-leur : Soyez témoins qu'à Allah Seul nous nous soumettons. »

Au gouverneur de Bahreïn modifier

 
Lettre de Mahomet à Munzir ibn Sawa Al Tamimi (reproduction d'une copie manuscrite de la lettre tirée de Sultan Ahmed Qureshi, Letters of The Holy Prophet Muhammad

Une première lettre aurait été envoyé par Mahomet au gouverneur, qui lui fit une réponse dans laquelle il faisait part de son intérêt pour l'islam. Une seconde lettre est portée par Al-Alâ ibn Al-Hadrami à Munzir ibn Sawa Al Tamimi :

« Au nom d'Allah, le Clément, le Miséricordieux. Lettre de Moh̲ammad le Messager d'Allah à Al-Munthir ibn Sâwa. Que la paix soit sur toi. Je viens auprès de toi louer Allah en dehors de qui il n'y a point de divinité et j'atteste que Moh̲ammad est Son serviteur et messager. Ensuite, je te rappelle Allah le Tout Puissant. En fait, quiconque conseille ne conseille que lui-même. Quiconque obéit à émissaires et respecte leurs ordres, m'obéit effectivement. Mes émissaires ont dit du bien de toi et j'ai intercédé en ta faveur. Laisse aux musulmans leur religion. Pardonne aux fautifs et accepte-les. Quelle que soit ta bonté nous ne t'isolons pas de ton travail. Quant aux juifs et aux Zoroastriens, ils doivent payer la Jizya (impôt payé par les non-musulmans). »

Au roi de Yamâma modifier

La lettre fut portée par Soulait ibn Amr al-Amiri à Houtha ibn Ali.

« Au nom d'Allah le Clément, le Miséricordieux. Lettre de Moh̲ammad, le Messager d'Allah à Houtha ibn Ali. Que la paix soit sur ceux qui observent la droiture. Sache de ma religion triomphera. Donc accepte de ce soumettre et je te ferai conserver ton pouvoir. »

Au roi de Damas modifier

La lettre fut portée par Choujâa ibn Wahb à Al-Hârith ibn Abi Chimmer al-Ghassâni.

« Au nom d'Allah, le Clément, le Miséricordieux. Lettre de Mohammad, le Messager d'Allah à à Al-Hârith ibn Abi Chimmer al-Ghassâni. Que la paix soit sur ceux qui observent la droiture. Crois en Allah et au Messager. Je t'appelle à ne croire qu'en Allah, Lui Seul, sans lui adjoindre d'associé et il te laissera avec ton trône. »

Au roi d'Oman modifier

La lettre fut portée par Amr ibn Al-Aas au roi Jayfar d'Oman et son frère Abd, fils d'al-Jalandi. Dernière des lettres, elle aurait été écrite après la bataille de Khaybar.

« Au nom d'Allah, le Clément, le Miséricordieux. Lettre de Mohammad ibn Abdillah à Jayfar et à Abd, les deux fils d'al-Jalandi, que la paix soit sur ceux qui observent la droiture. Cela dit, Je vous appelle à l'Islam. Acceptez de vous soumettre. Je suis le Messager qu'Allah [à] envoyé auprès de toute l'humanité pour avertir les vivants et réaliser la sentence contre les infidèles. Si vous embrassez l'Islam, je serai à vos côtés, mais si vous refusez de l'embrasser, votre trône s'effondra. Mes cavaliers envahiront votre cour et ma prophétie aura raison de votre pouvoir. »

Utilisation de l'écriture manuscrite modifier

En 2008, la bibliothèque centrale d'Astan Quds Razavi a publié un Coran dont l’écriture est manuscrite et, s'inspirant des lettres ci-dessus, se veut être celle de Mahomet[3].

Références modifier

  1. Gabriel Said Reynolds, The Emergence of Islam (Minneapolis: Fortress Press, 2012), p. 49.
  2. a et b K. Öhrnberg, Encyclopedia of Islam Second Edition s.v. "Muḳawḳis", (2007)
  3. (fa) iqna ir | خبرگزاری بین المللی قرآن, « قرآن کریم با دستخط منسوب به پیامبر اکرم(ص) منتشر شد », sur fa,‎ ۱۳۹۸/۰۹/۲۱ - ۱۲:۴۱ (consulté le )

Bibliographie modifier

  • Safi ar-Rahman al-Mubarak Fawri, Le Nectar cacheté, Daroussalam, , 746 p., p. 478-494.
  • Sultan Ahmed Qureshi, Letters of The Holy Prophet Muhammad, éditeur: Idara Isha'at-e-Diniyat (P) Ltd; (2005) ( (ISBN 8171013325) / (ISBN 9788171013326) ). Noor Publishing House, New Delhi (1986) ( (ISBN 8185233101) (ISBN 9788185233109) ).
  • The Letters of Prophet Muhammad to the kings beyond Arabia., Kallamulah