Liste des anciennes sucreries de Saint-Martin

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Sur la partie française de l’île de Saint-Martin, aux Antilles, l'exploitation artisanale de la canne à sucre à petite échelle a commencé en 1660 mêlée avec la petite production de coton de tabac et d'indigo. Mais les attaques et pillages incessants par des boucaniers, des corsaires ou troupes régulières ennemies (Anglais, Flamands) empêchaient les investissements nécessaires pour une production conséquente et durable. En 1689 par exemple toute la population est déportée de force à St.Christophe et ce ne sera pas la seule fois (voir: Histoire de Saint-Martin). L'inventaire de 1731 n'indique que 3 petites sucreries. Ce n'est qu'à partir de 1764 (à la suite du traité de Paris mettant fin de la Guerre de Sept Ans) que la situation s’améliore rendant possible l'exploitation semi-industrielle de la canne à sucre par des « Habitations sucreries » et ceci d'autant plus que les investisseurs furent soit des anglais d'Anguilla, soit des français huguenots émigrés ou hollandais de Philipsburg. Toutefois cette période ne s'est étendue que sur une durée d'environ un siècle, principalement entre 1768 à 1865 avec une production maximum atteinte entre 1790 et 1835, soit pendant seulement 45 ans. Le record de longévité de 142 ans étant tenu par l'Habitation SPRING au fond Est de la plaine de Concordia.

Les études historiques[1],[2],[3] (particulièrement celle spécifique de Denise et Henri Parisis, « Le siècle du sucre à Saint-Martin français », Bulletin de la société d'histoire de la Guadeloupe, Aubenas, Imp. Lienhart, nos 99 à 102,‎ (ISSN 0583-8266)) ont montré l'existence de 35 habitations sucrières sur les XVIIIe et XIXe siècle.

Certaines de ces sucreries tenues par des petits planteurs français restèrent pauvre et primitives, tandis-que d'autres assez rentables appartenaient à de riches négociants, armateurs ou officiels (de diverses nationalités) qui avaient les moyens d'investir.

Ce qui a vraiment anéanti la production semi-industrielle du sucre à Saint-Martin dès 1830, fut la mise en culture progressive et incontournable des larges exploitations aux grandes Antilles et sur le continent américain. L’exiguïté des surfaces cultivables en canne de l'île a provoqué l'abandon au profit de l'élevage.

Après l'(abolition de l'esclavage) de 1848, afin de continuer d’exister, les sucreries survivantes ont signé des contrats avec leurs travailleurs et certaines les ont même associés aux résultats. Des parcelles de terrain leur ont été soit données soit vendues.

C'est autour de ces "habitations-sucreries" que leur travailleurs ont développé les actuels quartiers : Saint-James, Hameau-du-Pont, Rambaud, Saint-Louis, Colombier et partiellement Quartier-d'Orléans.

Classement par secteurs topographiques modifier

Quartier de Marigot modifier

Anciennes Habitations-Sucreries de la partie française de Saint-Martin / Q. Marigot
Noms Période Altitude Propriétaires successifs État actuel
Morne Fortune 1767 à 1852 15 m Pierre Desmonts (Huguenot émigré), Jacobus Heyliger (hollandais), Ann Desmonts,

Sébastien de Durat, Louis de Durat, Jean Desmonts (Huguenot).

Traces encore visibles

3 chaudières à sucre

Saint-Jean 1768 à 1860 10 m Jean Desmonts (Huguenot), Ann Desmonts & Johannis Doncker (hollandais), Sébastien de Durat,

Louis de Durat, John de Chalus, Louis-Alexandre Van Romondt (hollandais)

Ruines bien visibles
Relief / Anna's Hope /

La Favorite / Bellevue

1770 à 1836 15 m Claude Chabert (Huguenot), Joseph Viollet, Philippe Raimbaud, Benjamin Buntin (anglais),

Lucas Davis (anglais), Christophe Blyden Jr., Thomas Forgarty-Huré, Louis-Frédéric Fortin,
Charles de Méry d'Arcy, Louis-Alexandre Van Romondt (hollandais)

Traces, puits
Hope / Saint-James 1768 à 1834 15 m James Lee (irlandais), Michael Hannah, Abraham Lee (métis), Ann Desmonts,

Jean-Sébastien de Durat

2 chaudières à sucre
Concordia 1770 à 1830 20 m John Maillard (anglais), Charlotte Heyliger (hollandaise), William Cock (anglais), Daniel French Ruines encore visibles,

puits

Diamant 1770 à 1852 35 m Benjamin Gumbs (anglais d'Anguille), Elisabeth Gumbs, Jean-Joseph Cremony,

Abraham Z. Doncker (hollandais), Emmanuel Morel de la Colombe

Ruines encore visibles,

puits

Upper Estate / Gibraltar 1770 à 1840 40 m Jacob Gumbs (anglais d'Anguille), Thomas Gumbs, Mary Gibbes (née Gumbs),

Charles Morel de la Colombe

1 chaudière à sucre,

soubassements, puits

Spring / Ann-Mary 1773 à 1915 40 m Le Preux & Luc Druault & Jean-Baptiste Durieux (négociants de Guadeloupe),

John Hodge (anglais d'Anguille), Williams Cock, Eliza-Mary French (née Cock)

Ruines très visibles

dont la haute cheminée.

Hope 1777 à 1850 10 m John Mardenbrough (anglais), Jan Verveer (gouverneur de St.Maarten),

Josephine-Marie-Zaïre Laclef (née Dormoy)

1 chaudière à sucre,

puits, soubassements

Franciero 1782 à 1805 20 m Jean-Baptiste Franciéro (de Guadeloupe), Mardenbrough (héritiers) Plus rien
Terres-Basses 1792 à 1835 03 m William Fletcher (anglo-américain), Richard Downing JENNINGS,

John Packwood JENNINGS (de St.Thomas), M.Danois (de St.Thomas) est-ce le métis Danois
insurgé de Guadeloupe avec Pelage et Massoteau ?
, James Devers (de St. Pierre et Miquelon),

Ruines bien visibles

Quartier du Colombier modifier

Anciennes Habitations-Sucreries de la partie française de Saint-Martin / Q. Colombier
Noms Période Altitude Propriétaires successifs État actuel
Cripple-Gate 1771 à 1863 25 m donnée L1-C Ruines peu visibles
Golden Estate / Golden Rock

/ Golden Grove

1771 à 1860 50 m donnée L2-C ?
Delight 1771 à 1852 55 m donnée L3-C ?
Hope 1771 à 1860 65 m donnée L4-C ?
Lottery 1773 à 1855 70 m donnée L5-C ?
Paradis 1782 à 1850 270 m donnée L6-C Ruines encore visibles
Union 1782 à 1875 20 m donnée L7-C ?
Anse des Pères / Friars's Bay

/ Industrie

1776 à 1870 05 m donnée L8-C Ruines encore visibles
Saint-Louis 1788 à 1855 ??m donnée L9-C ?
Garden of Eden 1775 à 1855 ??m donnée L10-C ?

Quartier de la Grande Case modifier

Anciennes Habitations-Sucreries de la partie française de Saint-Martin / Q. Grande Case
Noms Période Altitude Propriétaires successifs État actuel
L'Espérance 1775 à 1860 30 m donnée L1-C ?
Two Brothers 1780 à 1848 m donnée L2-C ?
Hope 1773 à 1845 20 m donnée L3-C ?
Mount Vernon 1786 à 1789

1814 à 1850

25 m donnée L4-C ?
Lacroisade / Mont Industrie 1810 à 1833 50 m donnée L5-C ?
Mount Pleasant 1792 à 1830 m donnée L6-C ?

Quartier d'Orléans modifier

Anciennes Habitations-Sucreries de la partie française de Saint-Martin / Q. d'Orléans
Noms Période Altitude Propriétaires successifs État actuel
New Grove / Restauration 1792 à 1838 30 m donnée L1-C ?
Spring 1785 à 1848 15 m donnée L2-C ?
Mount Razant / Chambard 1803 à 1817 ??m donnée L3-C ?
Spring / Saint-Georges 1784 à 1855 ??m donnée L4-C ?
Grand-Fond 1784 à 1855 ??m donnée L5-C ?
Two Brothers / Zorg & Rust

/ Blooming Dale

1783 à 1837 05 m donnée L6-C Ruines restaurées
Les Deux Amis 1790 à 1848 30 m donnée L7-C ?
Spring / Ste Marie

/ Belle Plaine

1785 à 1900 15 m donnée L8-C Ruines encore visibles

Notes et références modifier

  1. C. Schnakenbourg, « L'industrie sucrière dans la partie française de Saint-Martin au XVIIIe siècle », Bulletin de la société d'histoire de la Guadeloupe,‎ (ISSN 0583-8266).
  2. Gérard Lafleur, Saint-Martin XVIIIe et XIXe siècle : carrefour des Antilles, Saint-Martin, Mairie de Saint-Martin, , 75 p., fac-sim., couv. ill. ; 21 cm (BNF 35093149).
  3. Yves Monnier, L'Immuable et le changeant : étude de la partie française de l'Ile de Saint-Martin, Talence, CRET Bordeaux III & CEGET-CNRS, coll. « Iles et archipels » (no 1), , 125 p., ill., couv. ill. en coul. ; 24 cm (ISBN 2-905081-00-7, ISSN 0758-864X, BNF 34755616, lire en ligne).