Liber instrumentorum memorialium

Cartulaire seigneurial des Guilhem de Montpellier (1202) et continuation cartulaire des rois d'Aragon et de Majorque (1267-1301)

Le Liber Instrumentorum memorialium, aussi appelé Mémorial des Nobles[1], est un cartulaire du début du Moyen Âge, contenant des actes des seigneurs de Montpellier, la dynastie des Guilhem. Cette compilation constitue une source importante de leur histoire [2]. Il est actuellement conservé aux Archives municipales de Montpellier (AA1).

Page du Liber Instrumentorum memorialium, avec les armes des Guilhem

Histoire modifier

Il a été collationné au début du XIIIe siècle, sous le patronage de Guilhem VIII, dont les actes y sont largement représentés[3]. Les documents les plus anciens datent de 985 ; les plus récents de 1204.

Contenu modifier

Les 570 instruments sont organisés par type et par répartition géographique. Selon la préface du cartulaire, les documents sont de deux types principaux: ceux qui traitent des possessions du seigneur dans le diocèse de Maguelone (ce qui inclut les privilèges pontificaux, Privilegia) et ceux relatifs à leurs biens par ailleurs[4]. Parmi ces actes, 150 rapportent des serments de toute nature, alors que seulement 30 concernent des convenientia (conventions). Les premiers documents enregistrent certains accords de Guilhem IV portant sur les châteaux du Pouget et Saint-Pons-de-Mauchiens en 1059. Les documents des dernières années correspondent à la brève seigneurie indépendante de Marie, la fille de Guilhem VIII avant son mariage, le , avec Pierre II d'Aragon qui a apporté la seigneurie dans la Couronne d'Aragon.

Sur l'état exceptionnel de conservation du cartulaire des Guilhems, Archibald Ross Lewis a écrit[5]:

« Le Cartulaire des Guilhems de Montpellier présente un bilan exceptionnellement complet des activités d'une famille noble du sud de la France entre les dernières décennies du XIe siècle et des premières années du XIIIe siècle. Seuls le Cartulaire des Trencavel de Béziers, encore inédit, ou le Liber feudorum maior des comtes de Barcelone peuvent être comparés à lui, et chacun d'eux est beaucoup moins complet. Le Cartulaire est conservé principalement parce que après 1204, la majeure partie du patrimoine des Guilhem a été repris par la commune de Montpellier dans un sens corporatif. Depuis que la ville a souhaité exercer les droits qui étaient à l'origine de ceux de ses seigneurs nobles, il était à l'avantage des citadins de conserver intacte la trace de ces droits et privilèges qui étaient contenus dans le Cartulaire. »

Certaines des premières dispositions de la Coutume de Montpellier, datant de 1190, se trouvent dans le Liber[6]. Le Liber donne aussi la preuve de la faible présence du roi de France dans le sud de son royaume au cours du XIIe siècle. Les mentions du roi ne servent qu'à dater les documents; l'autorité réelle reposait sur la Papauté[7]. La population au XIIe siècle de Montpellier a été estimée sur la base du Liber à 6 000-7 500 personnes pour la ville et 9 000 lorsque ses environs ruraux sont inclus[8].

Références modifier

  1. Société Archéologique de Montpellier, Liber Instrentorum : CARTULAIRE DES GUILLEMS DE MONTPELLIER, Publié d'après le manuscrit original, (lire en ligne), Préface de A. Germain
  2. Pour une liste de leur lignée, incluant les testaments et contrats de mariage, cf. A. R. Lewis (1971), "The Guillems of Montpellier: A Sociological Appraisal," Viator, 2, 168–9 n64.
  3. Elizabeth Haluska-Rausch (2005), "Transformations in the Power of Wives and Widows near Montpellier, 985–1213," The Experience of Power in Medieval Europe: 950–1350, Robert F. Berkhofer, Alan Cooper, and Adam J. Kosto, edd. (Ashgate Publishing), 165–6.
  4. Ceux-ci sont désignés comme placita, pacta, conventiones, constitutiones, donationes vel mutaciones ... et fidelitates factas vel faciendas, cum sacramentis, et cetera, cf. Theodore Evergates (2003), Littere Baronum: The Earliest Cartulary of the Counts of Champagne (Toronto: University of Toronto Press), 20.
  5. Lewis, 159.
  6. La dernière version complète des Coutumes (promulguée juste avant la mort de Guilhem VIII en 1202) a été écrite en 1204 ou 1205 et est conservé dans le manuscrit appelé le Petit Thalamus, cf. Lewis 165 n39.
  7. Lewis, 166.
  8. K. L. Reyerson (1979), "Patterns of Population Attraction and Mobility: The Case of Montpellier, 1293–1348," Viator, 10, 257 n2, citing Jean Baumel (1969), Histoire d'une seigneurie du Midi de France 1: Naissance de Montpellier (985–1213) (Montpellier), 224–30.

Bibliographie modifier

Articles connexes modifier