Les Deux Anglaises et le Continent

film français

Les Deux Anglaises et le Continent est un film français réalisé par François Truffaut, sorti en 1971 et adapté du roman d'Henri-Pierre Roché, Deux Anglaises et le continent.

Les Deux Anglaises et le Continent

Réalisation François Truffaut
Scénario François Truffaut
Jean Gruault
(d'après l'œuvre de Henri-Pierre Roché)
Acteurs principaux
Pays de production Drapeau de la France France
Genre Drame
Durée 130 minutes
Sortie 1971

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Synopsis

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Au début du vingtième siècle, Claude (Jean-Pierre Léaud), jeune Français dandy et collectionneur (de femmes autant que d'œuvres d'art), fait la connaissance d'une jeune Anglaise, Ann (fille d'une amie de sa mère), qui l'invite à passer ses vacances dans sa famille, au pays de Galles. Celle-ci va lui présenter sa sœur Muriel, et pousser Claude à tomber amoureux de celle-ci. Les deux Anglaises, puritaines, sont surprises et charmées par ce jeune Français libertaire, qu'elles appellent « le Continent ». Mais le mariage escompté n'aura pas lieu entre Muriel et Claude : leurs deux mères, les pensant trop jeunes pour l'amour, décident une séparation d'un an pour mettre à l'épreuve leurs sentiments. Claude repart à Paris la mort dans l'âme et pense tenir bon. Mais sa vie de libertin reprend le dessus.

Entre-temps, Ann, l'aînée des sœurs, s'émancipe et part à Paris pour faire de la sculpture. C'est à ce moment-là que va s'amorcer une relation entre elle et Claude, qui l'initie à la sensualité. Tout à la fois rongée par la culpabilité de tromper la confiance de sa sœur (Muriel est amoureuse de Claude) et amoureuse de Claude, Ann devient petit à petit le pendant féminin de Claude dans le Paris artistique et libertaire du début du XXe siècle. En effet, elle va prendre un autre amant (Diurka, un Slave incarné par Philippe Léotard), ce que Claude aura du mal à accepter, malgré ses idées libérales en matière de couple.

Le drame atteint son comble lorsque Muriel est mise au courant de la relation d'Ann et Claude. Elle tombe gravement malade et se morfond dans une dépression dont elle mettra plusieurs années à se guérir, à l'aide de sa dévotion religieuse. Son culte de la pureté la sépare alors en plus de la vie « dissolue » menée par sa sœur. C'est ensuite au tour d'Ann de tomber malade : elle revient ensuite au pays de Galles, tuberculeuse, et y meurt en prononçant ces mots : « j'ai de la terre plein la bouche ». Ces paroles seront rapportées à Claude par Diurka, qui s'était rendu sur place pour la demander en mariage. Claude, meurtri, écrit un roman où il met en scène une femme aimant deux hommes, pendant déguisé de son histoire avec les deux sœurs Brown : Jérôme et Julien. C'est Diurka, éditeur, qui se charge de la publication. Claude dira à Diurka :

« À présent, j'ai le sentiment que ce sont les personnages de ce livre qui ont souffert à ma place. »

Mais tout n'est pas dénoué. Pour Muriel, qui a désormais conscience que le temps presse, une seule chose compte : retrouver Claude et l'aimer. C'est ce qu'elle va faire, le temps d'une nuit seulement, en le laissant désespéré au petit matin. Claude pleure. Muriel le quitte en soutenant qu'ils ne pourraient pas être heureux ensemble, que la réalisation de leur amour est impossible à long terme. Un dernier espoir fait croire à Claude qu'il passera le reste de ses jours avec Muriel lorsqu'elle croit être enceinte, puis s'éteint lorsque celle-ci, par lettre, lui dit qu'elle s'est trompée.

Bien des années passent ; au milieu des années 1920, Claude, qui ne s'est jamais marié, se promène dans le parc du musée Rodin en repensant aux sculptures d'Ann et à son amour pour ces deux sœurs anglaises, lorsqu'un groupe de petites filles attire son attention. Il les regarde et cherche avec désespoir le visage de Muriel parmi ceux des petites filles. En effet, il a appris que Muriel s'était mariée et qu'elle avait eu une fille, dont l'âge devrait correspondre à celui des petites filles. Rentrant chez lui, il croise son reflet vieilli (il porte des lunettes et une barbe) dans la vitre d'une automobile et s'écrie avec effroi :

« Mais qu'est-ce que j'ai ? J'ai l'air vieux, aujourd'hui. »

Fiche technique

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  • Titre : Les Deux Anglaises et le Continent
  • Titre anglais : Two English Girls
  • Production : Les Films du Carrosse (Paris), Cinetel (Paris)
  • Distribution : Valoria films (Paris)
  • Diffusion mondiale : Alain Vannier (Orly Films)
  • Réalisation : François Truffaut
  • Scénario : François Truffaut et Jean Gruault,
d'après le roman de Henri-Pierre Roché (Éditions Gallimard)
  • Musique : Georges Delerue (Éditions Hortensia)
  • Photo : Nestor Almendros
  • Cadre : Jean-Claude Rivière
  • Assistant opérateur : Yves Lafaye
  • Son : René Levert
  • Costumes : Gitt Magrini,
  • Assistant aux costumes : Pierangelo Cicchetti (Tirelli-Rome)
  • Décors : Michel de Broin, Jean-Pierre Kohut
  • Montage : Yann Dedet, Martique Barraque
  • Assistants réalisateurs : Suzanne Schiffman, Olivier Mergault
  • Régisseur général : Roland Thenot
  • Producteur exécutif : Marcel Berbert
  • Directeur de production : Claude Miller
  • Administrateur de production : Christian Lentretien
  • Attachée de presse : Christine Brière
  • Photographe : Pierre Zucca
  • Scripte : Christine Pellé
  • Accessoiriste : Jean-Claude Dolbert
  • Coiffeuse : Simone Knapp
  • Maquilleuse : Marie-Louise Gillet
  • Laboratoires : L. T. C. (Saint-Cloud)
  • Tournage : Extérieurs et décors naturels (Normandie, région parisienne, Vivarais, Jura)
  • Dates du tournage : du 28 avril 1971 au 9 juillet 1971
  • Post-production : septembre-octobre 1971
  • Mixages : S.I. S. (La Garenne)
  • Sous-titrage : Cinétitres-L. T. C.
  • Visa de contrôle : N°38.400
  • Procédé : Eastmancolor
  • Écran : 1 x 1.66
  • Longueur : 3 607 m
  • Pays de production :   France[1]
  • Langues de tournage : français, anglais[1]
  • Genre : drame
  • Durée : 118 minutes (version courte)
    132 minutes (version d'auteur)
  • Date de sortie :

Distribution

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Commentaires

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Inspiré du roman du même titre d'Henri-Pierre Roché, auteur de Jules et Jim, Les Deux Anglaises et le Continent présente le triangle inverse : un homme français et deux femmes anglaises. Plus pessimiste, le film, influencé par Jean Renoir[réf. souhaitée], est marqué par des références fréquentes à la sculpture et par l'omniprésence du thème épistolaire et littéraire (correspondances postales, journaux intimes et roman écrit par Claude). Le générique de début ne montre d'ailleurs qu'une succession d'exemplaires du livre de Roché aux éditions Gallimard. La voix-off, souvent employée par François Truffaut, gagne ici ses « lettres de noblesse » en rythmant le film dans son entier et en lui donnant son identité ainsi que son originalité. C'est Truffaut qui lit lui-même le texte[2] de Roché, légèrement modifié par endroits. Le réalisateur, son personnage[3] et son film même se confondent.

Cette œuvre intime et violente que Truffaut considérait comme son chef-d'œuvre[4], révèle le lien que fait son auteur entre amour et douleur (physique et morale). Selon le réalisateur, Les Deux Anglaises et le Continent était un film « non sur l'amour physique mais un film physique sur l'amour ». Truffaut pensait en effet être arrivé à un niveau de maîtrise honorable dans son usage de la narration et de la photographie (les prises de vues de Nestor Almendros soulignent le contraste lumière/ombre). La réalisation de ce film lui tenait également à cœur pour des raisons personnelles : le roman de Roché dont Truffaut propose l'adaptation est le seul livre qu'il a emmené à la clinique durant une cure de sommeil effectuée pour soigner sa dépression après le départ de sa compagne Catherine Deneuve.

Le titre est volontairement ambigu : le terme « continent » désigne aussi bien la France par rapport à la Grande-Bretagne, que la qualification de celui qui pratique la continence. Claude Roc incarne la figure de la stérilité, étouffé par les figures féminines castratrices (les sœurs Brown mais surtout sa propre mère, avec laquelle il a une relation fusionnelle). Ce thème de l'homme faible enchaîné par l'amour de femmes mortifères se retrouve tissé tout au long de l'œuvre de Truffaut, notamment dans La Femme d'à côté.

Truffaut confie à Jean-Pierre Léaud son premier grand rôle de composition dans ce film, différent du statut d'éternel adolescent qu'il incarnait avec Antoine Doinel depuis Les Quatre Cents Coups, mais également chez Jean-Luc Godard, à celui d'adulte. Cette évolution, qui lui permettra d'envisager des rôles plus ambitieux, comme celui de l'anti-héros de La Maman et la Putain de Jean Eustache, aura néanmoins pour effet de précipiter la disparition du personnage d'Antoine Doinel, Truffaut estimant que l'acteur a dépassé son personnage[réf. nécessaire]. Antoine Doinel réapparaitra le temps d'un seul film rétrospectif en 1979, L'Amour en fuite, qui est loin d'être le favori de son auteur[réf. nécessaire].

La musique du film est de Georges Delerue, carte d'identité sonore des films de François Truffaut les plus romantiques.

Réception critique

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Les Deux Anglaises est mal reçu par la critique et le public. La France subit encore de plein fouet l'onde de choc de Mai 68 et se retrouve mal à l'aise devant cet hommage audacieux rendu à l'amour platonique comme à l'amour physique, hommage très anachronique réunissant dans un paradoxe grandiose l'éloge de la pureté, de la dévotion, et celui d'une certaine idée romantique de la sensualité. Cet échec est frustrant pour Truffaut, qui a pu voir la réalisation de cette œuvre comme une solution cathartique à son propre chagrin d'amour. À l'image de Claude Roc, Truffaut soigne son mal par la création. Le film fut d'ailleurs amputé de nombreuses scènes à sa sortie en 1971, considérées, à l'époque, comme des longueurs superflues.

Le film est ressorti en 1985 sous le titre Deux Anglaises, dans sa version définitive. Il s'agit du dernier travail de fond mené par Truffaut, juste avant son décès prématuré, à 52 ans. Ce second montage des Deux Anglaises et le Continent, quelques mois avant sa mort (), témoigne de l'importance que revêtait cette œuvre dans la carrière de son auteur.

Notes et références

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  1. a et b « Les Deux Anglaises et le continent », sur unifrance.org (consulté le )
  2. Les lettres et journaux des trois personnages.
  3. Incarné par Léaud, alter ego du cinéaste dans ses précédents films.
  4. En comparaison avec Le Dernier Métro multi-césarisé et La Nuit américaine, Oscar du meilleur film étranger en 1973.

Voir aussi

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Liens externes

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