Les Ailes (film, 1927)

film de William A. Wellman et Harry d’Abbadie d’Arrast, sorti en 1927
Les Ailes
Description de l'image Clarabowwings.jpg.
Titre original Wings
Réalisation William A. Wellman
Harry d'Abbadie d'Arrast
Scénario Hope Loring
Louis D. Lighton
Acteurs principaux
Sociétés de production Paramount Pictures
Pays de production Drapeau des États-Unis États-Unis
Genre Film dramatique
Film de guerre
Durée 139 minutes
Sortie 1927

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Les Ailes (Wings) est un film muet américain sur le thème de la Première Guerre mondiale, réalisé par William A. Wellman et sorti en 1927. Produit par la Paramount Pictures, le film raconte la bataille de Saint-Mihiel où les troupes américaines ont été fortement engagées en . Il est le premier film à recevoir l'Oscar du meilleur film.

Synopsis modifier

Deux jeunes hommes, l'un riche, l'autre de la classe moyenne, tous deux amoureux de la même femme, deviennent des pilotes de chasse de l'US Air Corps et, finalement, des as de l'aviation, héroïques pendant la Première Guerre mondiale. Meilleurs amis dévoués, leur amour commun pour la jeune fille finit par menacer leur lien. Pendant ce temps, une fille de leur ville natale, qui est la voisine amoureuse de l'un d'eux depuis toujours, se languit.

Fiche technique modifier

  Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section proviennent du générique de fin de l'œuvre audiovisuelle présentée ici.

Distribution modifier

Sauf mention contraire, les acteurs mentionnés sont ceux dont le rôle est clairement identifié au générique du film.

Production modifier

Genèse modifier

En 1926, John Monk Saunders, ancien pilote lors de la Première Guerre mondiale, propose à Jesse L. Lasky l'idée d'un film d'aviation mettant en scène de jeunes personnes durant les entrainements et combats aériens[3]. À la suite du succès de 1925 de la Metro-Goldwyn-Mayer, La Grande Parade, la Paramount Pictures recherche un sujet de film équivalent afin de profiter du succès de ce dernier[3]. Jesse L. Lasky décide d'accepter le concept mais à la condition que le Gouvernement américain coopère, ce qui sera le cas[3]. D'après l'Internet Movie Database, c'est Byron Morgan qui suggéra l'idée à la Paramount[7].

L'équipe du film modifier

B. P. Schulberg, le responsable de production de la Paramount sur la côte Ouest, engage Hope Loring et Louis D. Lighton pour écrire le scénario, choisit Harry Perry pour être le directeur de la photographie et donne la responsabilité de produire le film à Lucien Hubbard[3]. Pour réaliser le film, c'est William A. Wellman, un jeune réalisateur qui n'a réalisé que deux films pour le studio avec Masques d'artistes (You Never Know Women) et The Cat's Pajamas, qui est engagé. C'est son expérience en tant que pilote militaire médaillé et de cascadeur aérien ainsi que son enthousiasme qui persuade le producteur de lui faire confiance[3]. Quant aux costumes, ils sont l'œuvre de Travis Banton et Edith Head[1]. Pour Head, il s'agit d'ailleurs de la première contribution de sa carrière dans le cinéma[7].

Les acteurs modifier

 
Clara Bow incarne une infirmière amoureuse de son voisin, l'aviateur Charles 'Buddy' Rogers.

Pour le premier rôle féminin, c'est Clara Bow, la nouvelle starlette de la Paramount, qui est préférée. Durant le tournage elle insistera d'ailleurs pour faire en sorte que l'on voie ses courbes malgré l'uniforme militaire qu'elle doit porter[7].

Pour jouer les deux rôles principaux masculins ce sont de jeunes acteurs qui ont encore tout à prouver qui sont choisis. En effet, Charles 'Buddy' Rogers n'a commencé à jouer dans des films que depuis très peu de temps et ne compte que trois films à sa filmographie avant Les Ailes. Quant à Richard Arlen, un peu plus vieux que Rogers et ancien pilote durant la Première Guerre mondiale mais qui n'a jamais été au combat[7], est un acteur qui joue dans des films depuis 1921 sans avoir encore eu de rôle principal.

La distribution du film comprend également un futur acteur oscarisé : Gary Cooper. Alors âgé de 25 ans, on ne le voit que dans une seule scène[3] mais c'est bien assez pour être révélé aux yeux du public[8]. William A. Wellman fait également une petite apparition dans le film en jouant un soldat. Des petits rôles sont également tenus par sa femme, Margery Chapin, et sa fille Gloria Wellman[1],[7].

Le tournage modifier

Le tournage du film se déroule du 19 janvier au [9], principalement à San Antonio au Texas[10], avec un budget s'élevant à 2 millions de dollars[3], un faible coût au regard des prouesses aériennes. En effet ces scènes sont réalisées sans trucage diminuant ainsi les éventuelles coûts pour des effets spéciaux[3]. Ainsi, Charles 'Buddy' Rogers et Richard Arlen pilotent eux-mêmes leurs appareils pour le besoin du film, ce qui est nouveau pour Rogers. Il apprend donc le pilotage au fil du tournage[7]. Pour les scènes de batailles des milliers de figurants sont nécessaires. Deux incidents sont à déplorer. Le premier accidenté est Dick Grace, un pilote cascadeur, qui s'est fait projeter contre le fuselage de son avion au lieu d'être éjecté au loin. Il restera six semaines à l'hôpital. Pour la deuxième personne, un pilote de l'armée travaillant sur le film, l'issue est plus tragique. Il est victime d'une chute qui lui est fatale[2],[7].

Certaines des scènes aériennes qui n'ont pas été utilisées pour le film le seront pour compléter Les Pilotes de la mort (The Legion of the Condemned), un autre film de Wellman[11].

La musique modifier

À l'époque de la sortie du film, une musique d'accompagnement fut écrite pour moitié par John Stepan Zamecnik, l'autre moitié étant composée d'extraits du répertoire classique ré-orchestrés (Mendelssohn, Liszt, Chopin, Wagner, etc.), comme cela se faisait souvent.

En 2014, Baudime Jam a composé une partition originale pour quatuor à cordes, trompette et percussions qui a été créée par le Quatuor Prima Vista. Cette création a été labellisée en France par le Comité de la Mission du centenaire de la Première Guerre mondiale présidé par l’historien Antoine Prost, et aux États-Unis par la World War I Centennial Commission (WWICC). Ce ciné-concert a été sélectionné au niveau national pour commémorer l'engagement des États-Unis aux côtés des forces alliées : le Quatuor Prima Vista a été invité à l'interpréter lors d'une tournée qui l'a conduit à se produire à New York, Chicago, Washington, Saint-Louis et Minneapolis, ainsi qu'à Saint Mihiel lors des commémorations officielles de .

Réception modifier

Les Ailes, qui est le premier film hollywoodien traitant de l'aviation militaire[12], sort en avant-première le [3],[6] à New York. S'ensuivent alors plusieurs projections à des points stratégiques de la carte américaine[3] qui amèneront à un remontage du film. Il passe d'une longueur de quatorze bobines à treize bobines[7]. La sortie nationale a finalement lieu le après que de la musique, exclusivement jouée à l'orgue Wurlitzer[7], et des effets sonores ont été ajoutés avec le procédé d'enregistrement Photophone de la Radio Corporation of America[8],[13]. En effet, entre le jour de la première du film à New York et la sortie nationale était paru le film qui avait bousculé l'industrie cinématographique : Le Chanteur de jazz (The Jazz Singer). Cette production Warner Bros. est le premier film parlant, ce qui incita les autres studios à en faire autant.

Les Ailes est un succès et profite sans aucun doute de la notoriété de Clara Bow à la suite du film Le Coup de foudre (It). Le film de William A. Wellman obtient également la reconnaissance des professionnels du métier en remportant le prix du meilleur film lors de la 1re cérémonie des Oscars, organisée le [14],[15]. C'est ainsi le premier film muet à recevoir cette distinction[3], le deuxième étant The Artist, en 2012.

Distinctions modifier

Les Ailes est le premier film à remporter l'Oscar du meilleur film. De plus, Roy Pomeroy remporte l'Oscar des meilleurs effets d'ingénierie, récompense qui n'a été décernée qu'une seule fois dans l'histoire de l'Academy of Motion Picture Arts and Sciences[14].

Des copies du films sont aujourd'hui conservées à la Cinémathèque française et au Mary Pickford Institute[2]. En 1997[16], Les Ailes a été désigné « culturellement signifiant » par la Bibliothèque du Congrès et sélectionné pour préservation au National Film Registry[17].

Notes et références modifier

  1. a b c d e f g h i j k l m n et o (en) Équipe complète du film sur IMDb, consultée le 4 septembre 2009.
  2. a b c d e f g h i j k l m et n (en) Fiche du film sur Silent Era, consultée le 4 septembre 2009.
  3. a b c d e f g h i j k l m et n La Fabuleuse histoire de la Paramount, p. 48.
  4. a b c et d (en) Fiche du film sur IMDb, consultée le 4 septembre 2009.
  5. a et b (en) Spécification technique du film sur IMDb, consultée le 4 septembre 2009.
  6. a b et c (en) Dates de sortie du film sur IMDb, consultée le 4 septembre 2009.
  7. a b c d e f g h et i (en) Anecdotes liées au film sur IMDb, consultée le 7 septembre 2009.
  8. a et b Le public n'a jamais tort, p.270.
  9. (en) Chiffres du film sur IMDb, consultée le 7 septembre 2009.
  10. (en) Lieux de tournage du film sur IMDb, consultée le 7 septembre 2009.
  11. La Fabuleuse histoire de la Paramount, p.54.
  12. Chronique du cinéma, p. 224.
  13. La Fabuleuse histoire de la Paramount, p. 36.
  14. a et b (en) Base de données officielle des vainqueurs et nominés de l'académie sur le site de l'Academy of Motion Picture Arts and Sciences.
  15. Chronique du cinéma, p. 242.
  16. (en) Distinctions remportées par le film sur IMDb, consultée le 7 septembre 2009.
  17. (en) « Films Selected to The National Film Registry, Library of Congress 1989-2007 » sur le site de la Bibliothèque du Congrès.

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Adolph Zukor et Dale Kramer, Le public n'a jamais tort, Corrêa,
  • John Douglas Eames, La Fabuleuse Histoire de la Paramount, Octopus,
  • Jacques Legrand, Pierre Lherminier et Laurent Mannoni, Chronique du cinéma, Éditions Chronique, (ISBN 978-2-905969-55-2)

Liens externes modifier