Le Point G — Centre de ressources sur le genre est un fonds d'archives consacré à la mémoire gay et lesbienne, inauguré à la Bibliothèque municipale de Lyon le [1],[2]. La collection se retrouve au siège de la Bibliothèque municipale de Lyon, la Bibliothèque de la Part-Dieu, et est entre autres accessible au département de civilisation[3], ainsi qu’en ligne à partir du catalogue de la bibliothèque. Il existe également une page web dédiée au centre de ressource. La bibliothèque municipale organise des expositions (Follement gay! de 2002 à 2009), des rencontres, des colloques consacrés au thème de l'homosexualité.

Histoire modifier

En 1992, Michel Chomarat fait le dépôt de son fonds d’archives à la Bibliothèque municipale de Lyon. Cette collection contient une grande variété de documents, tel que des livres, des périodiques, des estampes et des photos, dont une importante quantité porte sur l’homosexualité et la communauté LGBTQIA+[4]. Le fonds d’archives de Chomarat est composé d’environ 30 000 documents, cumulant à plus de 1 000 mètres linéaires[5].

En plus de son don, Chomarat collabore également avec la bibliothèque en organisant les premières Assises de la Mémoire Gay en 2002[6]. Cet évènement s’apparente à un colloque, avec des spécialistes invités et des conférences à propos de thématiques changeantes d’une année à l’autre. Le projet est supporté financièrement par la mairie jusqu’en 2009, pour un total de 7 ans[7]. Les actes de ces assises ont également été publiés sous forme de livres dans une collaboration entre la maison d’édition de la Bibliothèque municipale de Lyon et la ville de Lyon[7].En 2011, les Assises de la Mémoire Gay devient le festival de cinéma Écrans Mixtes[7].

C’est en 2005 que le projet du Point G est officiellement inauguré. Un poste de bibliothécaire est créé en 2006, position qu’occupe Sylvie Tomolillo dès lors[8].

En 2005 a également lieu Follement gay, l’homosexualité dans les collections de la Bibliothèque de Lyon, une exposition organisée par la bibliothèque mettant en lumière une partie de la collection du fonds d’archives du Point G. Cette exposition est toujours accessible en ligne aujourd’hui[9].

La collection modifier

La collection est constituée d’une grande variété de supports et de thématiques, d’origines historiques et récentes. On y trouve des livres, des manuscrits, des périodiques, des ouvrages pratiques, des témoignages et des essais, des ouvrages politiques et sociologiques, ainsi des ouvrages de références comme des dictionnaires et des revues scientifiques. On y trouve également des documents de groupes militants et d’associations, ainsi que des récits de vie[10].

Le centre vise à insérer la collection du Point G dans un réseau de ressources sur les questions de genre et d’identité sexuelle. Sa collection est constituée du matériel déjà présent dans les différents départements de la Bibliothèque municipale de Lyon et touchant sur les questions du sexe, du genre et de la communauté LGBTQIA+. Il contient aussi les fonds d’archives reçus de donateurs, tel que Michel Chomarat. De plus, le centre de ressources détient un budget d’acquisition annuel permettant d’élargir l’éventail de documents offerts[11]. Le Point G accepte également des dons de citoyens, que ce soient des documents seuls ou des collections[10].

En 2018, la Bibliothèque municipale de Lyon entame une collaboration avec l’Université Lumière-Lyon-II visant à faire une mise en valeur mutuelle de leurs collections respectives sur le genre par le biais d’une plateforme numérique. En plus de combiner l’accès aux deux collections, ce projet permettra également de mettre sur pied des activités sur les questions de genre. De plus, les organisateurs de cette mise en commun prévoient travailler avec d’autres institutions possédant des ressources sur ce thème, pour regrouper le plus de ressources possibles[10].

Réception modifier

Premier centre de collecte sur le genre à Lyon, le Point G est reconnu comme nécessaire lors de sa création en 2005. Ce point de vue est motivé par l’acceptation politique de la communauté homosexuelle lyonnaise du moment[12]. Si le projet ne rencontre pas d’opposition en 2005, certains disent que ce ne serait pas le cas aujourd’hui, à cause des débats politiques contemporains sur les droits de la communauté LGBTQIA+[12].

Par exemple, dans une entrevue, la bibliothécaire du Point G Sylvie Tomolillo parle d’une vague de dénonciation de la part de catholiques intégristes en colère à la suite d’une exposition où sont montrées des photos des Sœurs de la Perpétuelle Indulgence, un groupe de militantes LGBTQIA+. Tomolillo note qu’elle attribue ce mouvement de dénonciation à une poignée de personnes isolée, et considère qu’il s’agit d’un épisode inaccoutumé[8].

Les inquiétudes peuvent aussi venir du public. Tomolillo mentionne dans une autre entrevue le cas d’une usagère qui lui partageait sa gêne de consulter les étagères de la section, déplorant le manque de discrétion des rayonnages. Ceux-ci sont surmontés de panneaux affichant le nom de la section du centre de ressource sur le genre. En réponse à cette peur de s’exposer à des préjudices, Tomolillo précise que la section n’est pas réservée à un public appartenant à la communauté LGBTQIA+, et que tout le monde est libre de l’utiliser. Ce faisant, un utilisateur de cette collection ne devrait pas avoir peur d’y être vu, puisque l’achalandage y est varié[3].

Bibliographie modifier

Notes et références modifier

  1. Jean-François Laforgerie, « Michel Chomarat : la mémoire vive ! », Illico,‎ (lire en ligne)
  2. J.J. Billon, « L'homosexualité, de l'ombre à la lumière », Le Progrès,‎ , p. 35
  3. a et b Renan Benyamina, Du placard aux rayons : visibilité des questions de genre dans les bibliothèques publiques, Villeurbanne, Enssib, , 76 p. (lire en ligne), p. 33-34
  4. Fabien Benoit, Lyon, la fabrique d'une ville gay-friendly, Vaulx-en-Velin, ENTPE, (lire en ligne), p. 71
  5. Lorraine Astier Cholodenko, Mathilde Matras et Carolina Topini, Étude exploratoire des archives des luttes LGBTIQ à Genève (années 1970-2000) État des lieux et proposition de solutions, Genève, Lestime, , 86 p. (lire en ligne), p. 38
  6. Lorraine Astier Cholodenko, Mathilde Matras et Carolina Topini, Étude exploratoire des archives des luttes LGBTIQ à Genève (années 1970-2000) État des lieux et proposition de solutions, Genève, Lestime, , 86 p. (lire en ligne), p. 20
  7. a b et c Fabien Benoit, Lyon, la fabrique d’une ville gay-friendly, Vaulx en Velin, ENTPE, , 105 p. (lire en ligne), p. 50-51
  8. a et b Heteroclite, « On a retrouvé le Point G, centre de ressources sur les questions de genre, à Lyon », sur Rue89Lyon, (consulté le )
  9. Lorraine Astier Cholodenko, Mathilde Matras et Carolina Topini, Étude exploratoire des archives des luttes LGBTIQ à Genève (années 1970-2000) État des lieux et proposition de solutions, Genève, Lestime, , 86 p. (lire en ligne), p. 19
  10. a b et c Chrystèle Galland-Mabic, Marie Morillon, Patrick Odent-Allet et Louis Tisserand, « Le Point G de la Bibliothèque municipale de Lyon », sur Bibliothèque publique d'information, (consulté le )
  11. Renan Benyamina, Du placard aux rayons : visibilité des questions de genre dans les bibliothèques publiques, Villeurbanne, ENSSIB, , 76 p. (lire en ligne), p. 35
  12. a et b Fabien Benoit, Lyon, la fabrique d’une ville gay-friendly, Vaulx en Velin, ENTPE, , 105 p. (lire en ligne), p. 74

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Lien externe modifier