Le Feu (Barbusse)

livre de Henri Barbusse

Le Feu
Image illustrative de l’article Le Feu (Barbusse)
Exemplaire dédicacé.

Auteur Henri Barbusse
Pays France
Genre Roman de guerre
Éditeur Flammarion
Date de parution
Nombre de pages 435

Le Feu (sous-titré Journal d'une escouade) est un récit, écrit par Henri Barbusse, de sa vie au front durant la Première Guerre mondiale, qui parut sous forme de feuilleton dans le quotidien L'Œuvre à partir du , puis intégralement à la fin de aux éditions Flammarion. Il reçoit la même année le prix Goncourt.

Historique modifier

Ce livre qu'Henri Barbusse, engagé volontaire en 1914 (il avait alors 41 ans et souffrait de problèmes pulmonaires)[1], tira de son expérience personnelle du front, a été longuement mûri et pensé en première ligne pendant vingt-deux mois dans les tranchées de à 1916. Henri Barbusse, tout au long de l'année 1915, tient un carnet de guerre où il note des expériences vécues, les expressions des Poilus, et dresse des listes diverses et variées. Ce carnet sert de base à la composition de son roman dont l'essentiel de l'écriture l'occupe durant le premier semestre 1916 alors qu'il est convalescent à l'hôpital de Chartres puis à celui de Plombières[1]. Le roman est découpé en vingt-quatre chapitres, qui paraissent d'abord sous forme de feuilleton dans le quotidien L'Œuvre du 3 août au 9 novembre 1916[2], avant d'être publié par les éditions Flammarion le 15 novembre de la même année et d'obtenir, le 15 décembre, le prix Goncourt[3],[2].

La première édition illustrée du Feu est réalisée en 1918 par l'éditeur d'art Gaston Boutitie, place de la Madeleine à Paris. L'artiste Raymond Renefer réalisera 96 croquis qui seront gravés par Eugène Dété, et dix eaux-fortes originales gravées directement depuis le front.

Ce roman est considéré comme l'une des œuvres littéraires majeures concernant la Première Guerre mondiale. Il est traduit en anglais sous le titre Under Fire dès 1917 par Fitzwater Wray et publié chez J. M. Dent & Sons. En 2003, Penguin Press publie une nouvelle traduction réalisée par Robin Buss avec une introduction de l'historien américain Jay Winter[4].

Résumé modifier

Henri Barbusse est le narrateur et personnage principal de ce récit. Le narrateur se situe la plupart du temps en focalisation interne. À la guerre, il est accompagné par de nombreux camarades : Volpatte, Poterloo, Fouillade, Barque, Farfadet, Eudore, Paradis, Poilpot, Poitron, Salavert, Tirette, Blaire, Cocon et Bertrand. Durant les vingt-deux mois qu'il passe en première ligne, il prend en note les expressions des soldats, leurs craintes, mais aussi fait part, à travers son récit, de la peur et de l'horreur dans laquelle il vit.

Les dialogues campent des personnages très divers dans leurs origines et leur fonctionnement, qui se retrouvent rassemblés autour d'un désir de survie et partageant les mêmes préoccupations basiques.

Controverse modifier

Dès sa publication sous la forme de feuilleton, Le Feu est lu par un large public, à la réaction duquel Barbusse est extrêmement attentif[5]. Le livre est également un succès[6]. Une première controverse porte alors sur la véracité historique du roman, lauréat du prix Goncourt de l’année 1916, principalement en raison de la rupture profonde que marque le texte autorisé par la censure avec la propagande en temps de guerre, elle-même dénoncée dans l’ouvrage[7]. Les enjeux politiques du texte, en particulier l’engagement pacifiste, sont un autre sujet de contentieux au sujet du livre[8].

À la fin des années 1920, Jean Norton Cru, dans Témoins. Essai d’analyse et de critique des souvenirs de combattants édités en français de 1915 à 1928, conteste la véracité de ce roman sur plusieurs points[9], par exemple, l'activité déployée après un combat dans une tranchée surtout quand elle a été conquise. Sa critique porte principalement sur l’aspect « naturaliste » du texte, qui est selon lui plus une interprétation du vécu de l’auteur et une composition littéraire de différents passages qu’un véritable témoignage neutre, circonstancié et ne s’appuyant que sur des faits dont l’auteur pourrait garantir la véracité, et ce malgré le sous-titre Journal d’une escouade. Pour Norton Cru « Barbusse, plus que personne, a usé et abusé de l’horreur anatomique. Il a mis à la mode cette façon de peindre la guerre, trop peu psychologue et trop peu renseigné sur le poilu pour comprendre que l’enfer des soldats est avant tout un enfer des idées : l’appréhension de l’attaque, le calcul des probabilités de mort, l’angoisse morale [...] »[10].

Éditions modifier

Notes et références modifier

  1. a et b Biographie d'Henri Barbusse par Pierre Paraf dans l'édition du Feu au Livre de poche, 1988 (ISBN 978-2-253-04741-4), pp. 6-17.
  2. a et b Henri Barbusse, Le Feu : Journal d'une escouade:, éditions Gallimard, coll. « Folioplus classiques », (ISBN 978-2070342792), p. 442-443
  3. Du côté de chez Drouant : Le Goncourt de 1903 à 1921, émission de Pierre Assouline sur France Culture le 27 juillet 2013.
  4. (en) Henri Barbusse (préf. Jay Winter), Under Fire, New York, Penguin Books, coll. « Penguin Classics », (1re éd. 1916)
  5. Denis Pernot, commentaires sur Le Feu, p. 469.
  6. Denis Pernot, « Henri Barbusse : Faire du Feu un best-seller », Revue d'Histoire littéraire de la France, vol. 117, no 4,‎ , p. 847–860 (ISSN 0035-2411, lire en ligne, consulté le )
  7. Denis Pernot, commentaires sur Le Feu, p. 475.
  8. « « Le Feu » d'Henri Barbusse, c'est du brutal », sur Les Echos,
  9. Jean Norton Cru, Témoins. Essai d'analyse et de critique des souvenirs de combattants édités en français de 1915 à 1928, Presses universitaires de Nancy, 1993 (Éditions Les Étincelles, 1929, pour l'édition originale) « Du témoignage », Jean Norton Cru.
  10. Jean Norton Cru, Témoins…, op. cit., p. 161.
  11. Notice BNF.

Annexes modifier

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Bibliographie modifier

  • Henri Barbusse, Le Feu, Paris, GF Flammarion, coll. « Prépas scientifiques 2015 », , présentation de l’œuvre, notes, dossier, chronologie et bibliographie par Denis Pernot.

Article connexe modifier

Liens externes modifier