Le corsaire Le Grand Coureur

chant marin traditionnel français
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Le corsaire Le Grand Coureur[1], ou Le Grand Coureur, est un chant marin traditionnel français. Ce chant à virer[2], en 12 couplets, évoque les difficiles conditions de vie en mer et la guerre de course au temps des guerres de l'Empire.

Combat de la corvette corsaire française La Dame-Ambert contre la frégate anglaise Lily, 15 juillet 1804.

Historique modifier

Les paroles ne comportaient à l'origine que les 11 premiers couplets[1]. Elles sont publiées pour la première fois dans le journal La France maritime en 1840[1] ou 1842[3] suivant les sources, bien qu'il est fortement probable que ce chant soit plus ancien. Le commandant Hayet recueille et publie la mélodie en 1927, auquel il rajoute le dernier couplet[1].

Résumé modifier

 
Plat peint par Jean Lachaud évoquant le chant, conservé au musée de Bretagne.

La chanson évoque les péripéties en mer d'un navire corsaire français de Lorient appelé Le Grand Coureur, au temps des guerres de l'Empire. La chanson raconte les dures conditions en mer, le combat contre un vaisseau anglais qui leur échappe, puis les maigres prises de trois navires marchands, le maigre butin conduisant l'équipage à sa fin. Ce chant patriotique est un chant à virer, composé pour donner de la cadence aux travaux des marins.

Interprètes modifier

Le corsaire Le Grand Coureur fait partie des standards de chants de marins ; à ce titre, il présente de nombreuses interprétations. Citons  :

Paroles complètes de la chanson modifier

Dans sa version moderne, Le Grand Coureur présente 12 couplets : les deux derniers vers de chaque couplet sont repris en chœur[2],[6],[7] :


1

Le corsaire Le Grand Coureur,
Est un navire de malheur
Quand il s’en va croisière,
Pour aller chasser l’Anglais
Le vent, la mer et la guerre
Tournent contre le Français.
Allons les gars gai, gai,
Allons les gars gaiement !

2

Il est parti de Lorient
Avec mer belle et bon vent
Il cinglait bâbord amure
Naviguant comme un poisson
Un grain tombe sur sa mature
V’la le corsaire en ponton.
Allons les gars gai, gai
Allons les gars gaiement

3

Il nous fallut remater
Et bougrement ralinguer
Tandis que l’ouvrage avance
On signale par tribord
Un navire d’apparence
A mantelets de sabords.
Allons les gars gai, gai
Allons les gars gaiement

4

C’était un Anglais vraiment
A double rangée de dents
Un marchand de mort subite
Mais le Français n’a pas peur
Au lieu de brasser en fuite
Nous le rangeons à l’honneur.
Allons les gars gai, gai
Allons les gars gaiement

5

Les boulets pleuvent sur nous
Nous lui rendons coups pour coups
Pendant que la barbe en fume
A nos braves matelots
Dans un gros bouchon de brume
Il nous échappe aussitôt.
Allons les gars gai, gai
Allons les gars gaiement

6

Nos prises au bout de six mois
Ont pu se monter à trois
Un navir’ plein de patates
Plus qu’à moitié chaviré
Un deuxième de savates
Et le dernier de fumier.
Allons les gars gai, gai
Allons les gars gaiement

7

Pour nous refaire des combats
Nous avions à nos repas
Des gourganes, du lard rance
Du vinaigre au lieu du vin
Du biscuit pourri d’avance
Et du camphre le matin.
Allons les gars gai, gai
Allons les gars gaiement

8

Pour finir ce triste sort
Nous venons périr au port
Dans cette affreuse misère
Quand chacun c’est vu perdu
Chacun selon sa manière
S’est sauvé comme il a pu.
Allons les gars gai, gai
Allons les gars gaiement

9

Le cap’taine et son second
S’ont sauvé sur un canon
Le maître sur la grande ancre
Le commis dans son bidon
Ah le sacré vilain cancre
Le voleur de rations.
Allons les gars gai, gai
Allons les gars gaiement

10

Il eut fallut voir le coq
Et sa cuisine et son croc
Il s’est mis dans la chaudière
Comme un vilain pot au feu
Il est parti vent arrière
A péri au feu de Dieu.
Allons les gars gai, gai
Allons les gars gaiement

11

De notre horrible malheur
Seul le calfat est l’auteur
En tombant de la grand’hune
Dessus le gaillard d’avant
A r’bondi dans la cambuse
A crevé le bâtiment.
Allons les gars gai, gai
Allons les gars gaiement

12

Si l’histoire du Grand Coureur
A su vous toucher le cœur
Ayez donc belles manières
Et payez-nous largement
Du vin, du rack, de la bière
Et nous serons tous contents (ou De l'amour aux quatre vents, suivant les versions)
Allons les gars gai, gai
Allons les gars gaiement

Notes et références modifier

  1. a b c et d Collectif, Guide des chants marins, Le Chasse Marée, , p. 124
  2. a et b « Partitions du Grand Coureur »
  3. « Rassat.com - Le Grand Coureur »
  4. « Luc Arbogast : son nouvel album “Odysseus” (déjà) certifié disque de platine », chartsinfrance.net, 29 août 2013
  5. (en) « wssscrochededans.bandcamp.com »
  6. Collectif, Guide des chants marins, Le Chasse Marée, , p. 34-35
  7. Jean Paul Gisserot, Les plus célèbres chants marins, Editions Jean-Paul GISSEROT, , p. 12-14

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Collectif, Guide des chants marins : Répertoire pour chanter à bord ou au port, Le Chasse Marée, , 127 p. (ISBN 2-903708-73-8)
  • Jean Paul Gisserot, Les plus célèbres chants marins, Paris, Editions Jean-Paul GISSEROT, coll. « Tradition de la Marine », , 127 p. (ISBN 2-87747-392-9)

Articles connexes modifier