Le Cheval s'étant voulu venger du cerf

Le Cheval s'étant voulu venger du cerf
Image illustrative de l’article Le Cheval s'étant voulu venger du cerf
Gravure de Noël Le Mire d'après Jean-Baptiste Oudry, édition Desaint & Saillant, 1755-1759

Auteur Jean de La Fontaine
Pays Drapeau de la France France
Genre Fable
Éditeur Claude Barbin
Lieu de parution Paris
Date de parution 1668
Chronologie

Le Cheval s'étant voulu venger du cerf est la treizième fable du livre IV de Jean de La Fontaine, située dans le premier recueil des Fables de La Fontaine, édité pour la première fois en 1668.

De tout temps les Chevaux ne sont nés pour les hommes.
Lorsque le genre humain de gland se contentait,
Âne, Cheval, et Mule, aux forêts habitait ;
Et l'on ne voyait point, comme au siècle où nous sommes,
            Tant de selles et tant de bâts,
            Tant de harnois pour les combats,
            Tant de chaises, tant de carrosses ,
            Comme aussi ne voyait-on pas
            Tant de festins et tant de noces.
        Or un Cheval eut alors différend
            Avec un Cerf plein de vitesse,
        Et ne pouvant l'attraper en courant,
Il eut recours à l'Homme, implora son adresse.
L'Homme lui mit un frein, lui sauta sur le dos,
            Ne lui donna point de repos
Que le Cerf ne fût pris, et n'y laissât la vie;
        Et cela fait, le Cheval remercie
L'Homme son bienfaiteur, disant : Je suis à vous,
Adieu. Je m'en retourne en mon séjour sauvage.
Non pas cela, dit l'Homme ; il fait meilleur chez nous :
            Je vois trop quel est votre usage .
Demeurez donc, vous serez bien traité,
            Et jusqu'au ventre en la litière.
            Hélas! que sert la bonne chère
            Quand on n'a pas la liberté !
Le Cheval s'aperçut qu'il avait fait folie ;
Mais il n'était plus temps : déjà son écurie
            Etait prête et toute bâtie.
        Il y mourut en traînant son lien.
Sage s'il eût remis une légère offense.
Quel que soit le plaisir que cause la vengeance,
C'est l'acheter trop cher, que l'acheter d'un bien
            Sans qui les autres ne sont rien.

— Jean de La Fontaine, Fables de La Fontaine, Le Cheval s'étant voulu venger du Cerf

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