Langues en Moldavie

langues d'une région géographique

Langues en Moldavie
Image illustrative de l’article Langues en Moldavie
Carte de répartition géographique des langues en Moldavie.

Langues officielles Roumain/Moldave[1]
Langues semi-officielles Russe, Gagaouze[1]
Langues principales Langue maternelle (%, 2016)[2] :
  78
  11
  6
  4
  1
Langue principale habituellement utilisée pour la communication (%, 2016)[3] :
  75
  16
  4
  3
  1
Autres langues librement parlées (%, 2004)[4] :
  48
  7
  6
  3
  2
Langues parlées (total) (%, 2016) :
  81
  64
  11
Langues des sites en .md (%, 2016)[5] :
  46
  32
  22
Langues de consultation de Wikipédia (%)[6] :
  37
  36
  23
Langues d'édition de Wikipédia (%)[7] :
  58
  20
  19

Langues d'interface de Google Moldavie[8],[N 1]
: 1. Roumain
2. Russe

Langues vernaculaires Roumain/Moldave
Principales langues étrangères Pourcentage des élèves en 2014/15[9] :
  100
  64
  45
Langues des signes Langue des signes moldave
(une variante de la langue des signes russe)[10]

Les langues en Moldavie sont la langue maternelle (limba maternă, limba părintească ou родной язык) de la majorité autochtone (naționalitatea băștinașă ou naționalitatea titulară) soit 78 % de la population, et les langues des autres communautés (сожительствующие нации, naționalitățile conlocuitoare) du pays soit 22 % de la population[11]. Les langues de Moldavie sont toutes également parlées dans les pays voisins.

Tête de Pouchkine et plaque mémorielle bilingue Roumain/Moldave et Russe devant la maison où il vécut à Chișinău
Signalétique bilingue Roumain/Moldave et Russe en gare de Chișinău
Diagramme des langues maternelles parlées en Moldavie selon le recensement de 2014.

Dénominations modifier

Sur le plan officiel et juridique, le russe, l'ukrainien, le gagaouze, le bulgare, le biélorusse, l’arménien, le polonais et les autres langues minoritaires de Moldavie ont chacune un seul nom officiel, qui est le même dans les autres pays où ces langues sont parlées. À l’exception du gagaouze, minoritaire aussi en Ukraine, toutes ont le statut de langue officielle respectivement en Russie, Ukraine, Bulgarie, Biélorussie, Arménie et Pologne.

En revanche, la langue de la majorité autochtone a officiellement eu, entre 1994 et 2023, deux noms : « Roumain » (limba română /'limba ro'mɨnə/)[12] et « Moldave » (limba moldovenească /'limba moldoven'e̯ascə/)[13]. Ces deux dénominations concernent la même langue ausbau, « standard » ou « urbaine », parlée en Moldavie et Roumanie (où elle est langue officielle) par environ 24 millions de locuteurs, dont 3,5 millions en République de Moldavie (78% de la population).

Sur le plan linguistique, il existe tant dans la région roumaine de Moldavie (Moldavie occidentale) qu’en République de Moldavie et dans les régions ukrainiennes voisines jadis moldaves (Moldavie orientale), une manière abstand, « traditionnelle » ou « populaire » de parler le roumain, pratiquée par environ 6 millions de locuteurs : le parler moldave (graiul moldovenesc), usité, surtout en milieu rural, en parallèle avec la langue standard officielle[14].

Beaucoup de sources secondaires ont déduit de cette double-dénomination[15] et de la confusion avec le parler populaire, que « moldave » serait un « dialecte du roumain » ou une langue séparée mais « proche du roumain »[16] mais sur le plan sociolinguistique, la langue standard et le parler populaire, dont les locuteurs peuvent se comprendre spontanément et complètement sans traducteur ni dictionnaire, sont une seule et même langue[17]. Appliquée au parler régional roumain des pays moldaves, l’appellation « Moldave » est une réalité linguistique scientifiquement vérifiable, tandis qu’appliquée à la langue standard pour ne désigner que ses locuteurs vivant dans les pays issus de l’ex-URSS (Moldavie, Ukraine et Russie principalement), l’appellation « Moldave » est un choix politique pro-russe remontant à un décret soviétique du en République socialiste soviétique autonome moldave, annulé le et remis en vigueur le [18], suivi par de nombreuses sources secondaires modernes[19].

Le moldave/roumain est langue maternelle pour 78% et langue comprise par 80,2 % de la population de la Moldavie[2] : un cinquième des habitants de la Moldavie déclare ne pas comprendre la langue officielle du pays. Il est langue officielle de l’État, mais le gagaouze (langue turque) l’est aussi en Gagaouzie, le russe et l’ukrainien en Transnistrie, le russe en Gagaouzie (où il est plus usité que le gagaouze), ainsi que dans les villes de Moldavie, les aéroports, les gares, les points de passage frontaliers, les institutions publiques et les deux armées : gouvernementale et sécessionniste (à peu près équivalentes). À noter aussi qu’en Transnistrie, la langue maternelle des Moldaves, comme à l’époque soviétique, n’a officiellement qu’un nom : celui de « moldave », et s’écrit en caractères cyrilliques[20].

Le Parti action et solidarité au pouvoir en Moldavie depuis les élections législatives moldaves de 2021 a décidé, depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, d'entamer une procédure d'adhésion de la Moldavie à l'Union européenne et d'aligner la législation moldave sur le « droit du sol », pour que tous les citoyens du pays soient également des « Moldaves » quelles que soient leurs langues, et que cessent les tensions politiques générées par la double-appellation de la langue majoritaire, conforme au « droit du sang »[21]. Le , le parlement moldave a modifié l'article 13 de la Constitution, en remplaçant le nom « moldave » par « roumain » sur proposition de l'Académie des sciences de Moldavie, selon le modèle belge ou suisse où tous les citoyens du pays sont également des « Belges » ou des « Suisses » quelles que soient leurs langues. Depuis, les citoyens de la Moldavie sont désormais tous des Moldaves, avec le roumain comme langue usuelle de 78 % d'entre eux, à côté du russe, de l'ukrainien, du gagaouze et du bulgare. L'opposition pro-russe soit le bloc électoral des communistes et socialistes et le parti Șor, a voté contre[22],[23].

Recensement de 2004 modifier

Langue maternelle modifier

Langue maternelle
selon le recensement de 2004[2]
Rang Langue % Nombre
1 Roumain 77 2 588 355
2 Russe 11 380 796
3 Ukrainien 6 186 394
4 Gagaouze 4 137 774
5 Bulgare 2 54 401
- Autres 1 21 504
- Non déclarées 0 14 108
- Total 100 3 383 332

Langue maternelle par ethnie modifier

Langue maternelle
par ethnie
selon le recensement de 2004[2]
Ethnie Langue %
Roumains/Moldaves Roumain/Moldave
Russe
98
2
Ukrainiens Ukrainien
Russe
Roumain/Moldave
64
32
4
Russes Russe
Roumain/Moldave
97
2
Gagaouzes Gagaouze
Russe
Roumain/Moldave
92
6
1
Bulgares Bulgare
Russe
Roumain/Moldave
81
14
4
Toutes ethn. Ethnique 79
Toutes ethn. Non ethn. 21

Langue principale usuellement parlée modifier

Langue principale habituellement parlée
selon le recensement de 2004[3]
Rang Langue maternelle % Nombre
1 Roumain/Moldave 75 2 543 354
2 Russe 16 540 990
3 Ukrainien 4 130 114
4 Gagaouze 3 104 890
5 Bulgare 1 38 565
- Autres 0 11 318
- Non déclarées 0 14 101
- Total 100 3 383 332

Autres langues usitées modifier

Autres langues librement parlées
selon le recensement de 2004[4]
Rang Langue maternelle % Nombre
1 Russe 48 1 616 979
2 Ukrainien 7 238 662
3 Roumain/Moldave 6 203 781
4 Anglais 3 113 525
5 Français 2 82 342
6 Bulgare 0 15 778
7 Allemand 0 14 135
8 Gagaouze 0 10 515
9 Espagnol 0 8 566
- Autres 2 69 310
- Non déterminées[24] 1 48 421
- Population pays 100 3 383 332

Éducation modifier

Le taux d'alphabétisation chez les plus de 15 ans en 2015 y est estimé à 99 % selon l'UNESCO, dont 100 % chez les hommes et 99 % chez les femmes[25].

Enseignement des langues étrangères modifier

Russe modifier

Le russe ayant officiellement été « langue de communication inter-ethnique » (язык межнационального общения, limba de comunicare interetnică) aux époques russe et soviétique[26], et continuant à l’être usuellement[27], toute la population est également russophone ce qui facilite à la fois les mariages mixtes et la russification[28].

Anglais modifier

La première langue étrangère enseignée, après le russe, est l'anglais. En 2013 elle était enseignée à plus de 60 % des écoliers en tant que première langue étrangère, suivi du français avec moins de 50 %, puis de l'allemand[29].

Français modifier

La Moldavie est, depuis 1996, un État membre de plein droit de l'Organisation internationale de la francophonie[30] et de l'Assemblée parlementaire de la francophonie[31].

Dans ce pays jadis très francophone, le français reste appris par environ la moitié des écoliers du secondaire[32] : à la rentrée 2010-2011, le ministère de l’Éducation recensait 53,3 % d’apprenants de français[33]. Pendant deux siècles, le français a été la première et souvent la seule langue étrangère enseignée, car jusqu’en 1991 les Moldaves avaient conservé la traditionnelle francophilie héritée de l’influence des Lumières dans les principautés roumaines au XVIIIe siècle, mais aussi sous la domination russe au XIXe siècle, dans le Royaume de Roumanie et même à l’époque soviétique au XXe siècle. Mais après 1989, avec la glasnost, la fin de la censure et l’ouverture du rideau de fer, les Moldaves découvrent que dans les médias francophones, leur pays n’existe pas, ou bien sort, peut-être, d’une fameuse bande dessinée belge, et qu’il est présenté bien souvent comme une région patriarcale, aux campagnes misérables, où règnent la traite des Blanches et les réseaux mafieux : une « marche de l’Europe aux confins de l’Eurasie ou de la Russie aux confins de l’Europe »[34] dont les aspirations culturelles et sociales sont qualifiées, comme dans les médias russes, d’« agitation nationaliste »[35]. Ce regard péjoratif ajouté à la domination anglophone dans le monde économique, ont abouti à une érosion progressive du français au profit de l’anglais qui a fini par devenir la première langue vivante étrangère enseignée en 2010.

Pourcentage des élèves étudiant la langue étrangère[9] :

 
Pourcentage des élèves en Moldavie étudiant la langue étrangère.

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Les langues proposées sont en ordre d'importance dans le pays.

Références modifier

  1. a et b http://www.axl.cefan.ulaval.ca/europe/moldavie.htm
  2. a b c et d (en) http://www.statistica.md/public/files/publicatii_electronice/Recensamint/recensamint_2004_vol.I.zip, page 301.
  3. a et b (en) http://www.statistica.md/public/files/publicatii_electronice/Recensamint/recensamint_2004_vol.I.zip, page 328.
  4. a et b (en) http://www.statistica.md/public/files/publicatii_electronice/Recensamint/recensamint_2004_vol.I.zip, page 350.
  5. (en) « Distribution of content languages among websites that use .md. ».
  6. (en) « Wikimedia Traffic Analysis Report - Wikipedia Page Views Per Country - Breakdown. ».
  7. (en) « Wikimedia Traffic Analysis Report - Wikipedia Page Edits Per Country - Breakdown. ».
  8. « Google Moldavie », sur google.md (consulté le ).
  9. a et b http://www.statistica.md/public/files/serii_de_timp/invatamint_stiinta/invatamint/primar/7.1.12.xls
  10. (en) http://www.ethnologue.com/language/vsi
  11. Recensement de 2014, Caracteristici demografice, naționale, lingvistice, culturale, tableaux 9 et 10.
  12. Aux termes de la déclaration d’indépendance de 1991 et de l’arrêt no 36 de la Cour constitutionnelle du - [1]
  13. Selon l’article 13 de la Constitution - Constitution de la République de Moldavie
  14. Marius Sala (dir.), (ro) Enciclopedia limbilor romanice [« Encyclopédie des langues romanes »], Editura Științifică și Enciclopedică, Bucarest 1989, p. 201.
  15. Avoir, pour des raisons historiques, politiques et identitaires, plusieurs noms et plusieurs alphabets pour une même langue n'est pas un cas unique : c'est aussi le cas par exemple du hindi/ourdou ou encore du serbo-croate appelé désormais BCMS pour Bosnien-Croate-Monténégrin-Serbe.
  16. Langues du Monde, p. 51 : « Moldave: langue parlée dans l'Est de la Roumanie et dans quelques enclaves de l'Ukraine » ([2]).
  17. On parle de « langue unitaire dont les formes passées et actuelles présentent assez de traits structurels communs scientifiquement établis pour qu’elles constituent un seul ensemble » : Jean Rousseau, Comparaison des langues et intercompréhension, BELC-CIEP 1993 - [3]
  18. Gheorghe Negru, Politica etnolingvistică în R.S.S. Moldovenească (« Politique ethnolinguistique en RSS Moldave »), éd.: „Prut Internaţional”, Chişinău 2000, 132 pp., (ISBN 9975-69-100-5).
  19. Nicolas Trifon, La Langue roumaine au cœur de la problématique de reconstruction nationale de la république de Moldavie, in Wanda Dressler (éd.), Le Second Printemps des nations, p. 257-281, Bruylant, Bruxelles, 1999 ; Retour sur une trouvaille stalinienne, la langue moldave, dans « Au sud de l'Est », no 3, Non-lieu, Paris 2007.
  20. Recensement de 2014, Caracteristici demografice, naționale, lingvistice, culturale.
  21. (ro) « „Ar pune capăt infinitelor discuții inutile”. AȘM susține inițiativa deputaților PAS pentru substituirea în textul legilor R. Moldova a sintagmei „limba moldovenească” cu sintagma „limba română” », zdg.md,‎ (lire en ligne)
  22. (ro) « VIDEO Îmbrânceli și scandal în Parlamentul de la Chișinău / „Limba moldovenească” dispare din toate legile Republicii Moldova », hotnews.ro,‎ (lire en ligne)
  23. (ro) « Decizie cu scântei: „limba moldovenească” va fi înlocuită cu „limba română” în legislație », Europe Libera Moldova,‎ (lire en ligne)
  24. Seules les six ethnies principales sont détaillées dans la source : il reste donc 48 421 personnes, soit 1,43 % de la population du pays, non détaillées dans la source.
  25. http://www.uis.unesco.org/DataCentre/Pages/country-profile.aspx?code=MDA&regioncode=40530&SPSLanguage=FR Onglet "Alphabétisme" puis descendre à "Taux d'alphabétisation (%)".
  26. Gheorghe Negru, La politique ethnolinguistique de la R.S.S. Moldave, éd. Prut International, Chișinău 2000, (ISBN 9975-69-100-5)
  27. (ro) « Recensamântul Populației si al Locuințelor 2014 », sur recensamant.statistica.md (consulté le ).
  28. Dimitri Kochko, art. « Russophonie et Russophones » in Historiens et Géographes n° 404, oct.-nov. 2008, p. 185-186.
  29. (en)[4]
  30. [5]
  31. [6]
  32. « Relations bilatérales », sur France Diplomatie - Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères (consulté le ).
  33. « Toutes les nouvelles - Alliance Française de Moldavie »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur Alliance Française de Moldavie (consulté le ).
  34. Michel Foucher, Fragments d'Europe, Fayard 1993.
  35. Stéphane Rosière, art. « Moldavie », in Hérodote no 54-44, éd. La Découverte 1989.

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier