La Conférence des oiseaux

poème en persan dû au poète soufi Farid al-Din Attar (XII s.)
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La Conférence des oiseaux (en persan : منطق الطیر, Mantiq at-Tayr) est un grand poème en persan écrit par le poète soufi Farid al-Din Attar en 1177. Cette allégorie masnavi d'un maître soufi conduisant ses élèves à l'illumination est constituée d'environ 4 500 distiques, et son auteur déclare[réf. souhaitée] : « Chercheur de vérité, ne prends pas cet ouvrage pour le songe éthéré d’un imaginatif. Seul le souci d’amour a conduit ma main droite […] »

La Conférence des oiseaux peinte par Habib Allah.

Le titre

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Le titre Mantiq at-Tayr est coranique, et vient de la sourate 27:16 (à quoi on peut ajouter le verset 20)[1]:

« 16: Salomon hérita de David et il dit : "Ô vous les hommes! On nous a appris le langage des oiseaux (mantiq at-tayr), nous avons été comblé de tous les biens: voilà, vraiment, une grâce manifeste.

20: Salomon passa en revue les oiseaux, puis il dit: "Pourquoi n'ai-je pas vu la huppe? serait-elle absente?" (Traduction Denise Masson) »

L'histoire

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La Conférence des oiseaux raconte l'histoire d'un groupe d'oiseaux pèlerins partant, sous la conduite d'une huppe fasciée, à la recherche du Simurgh, leur roi, et relate leurs hésitations et incertitudes durant ce voyage.

À l'instar d'autres récits orientaux, le récit est émaillé de contes, d'anecdotes, de paroles de saints et de fous qui les accompagnent. Un à un, ils abandonnent le voyage, chacun offrant une excuse, incapable de supporter le voyage. Chaque oiseau symbolise un comportement ou une faute. La tête de file est la huppe, le rossignol symbolise l'amant. Le perroquet est à la recherche de la fontaine de l'immortalité, et non pas de Dieu. Le paon symbolise les « âmes perdues » qui ont fait alliance avec Satan.

Les oiseaux doivent traverser sept vallées pour trouver Simurgh, qui sont autant d'étapes par lesquelles les soufis doivent passer pour atteindre la vraie nature de Dieu : Talab (recherche, demande) ; Ishq (amour) ; Ma'refat (connaissance) ; Isteghnâ (détachement - se suffire à soi-même) ; Tawhid (unicité de Dieu) ; Hayrat (stupéfaction) ; Faqr et Fana[2] (pauvreté et extinction de l'ego).

Comme les oiseaux réalisent la vérité, ils doivent ensuite se rendre à la station de Baqa (subsistance de l'homme en Dieu — fait suite fana[2]) qui se situe au sommet du mont Qaf (en). À la fin de leur quête, ils découvrent leur « moi profond » (jeu de mots sur Simorgh signifiant également « trente oiseaux »).

Galerie

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Les images ci-dessous proviennent du Folio d'un manuscrit illustré daté d'environ 1600, par Habiballah de Sava (actif vers 1590-1610). Encre, aquarelle opaque, or et argent sur papier, dimensions 25,4 × 11,4 cm. Metropolitan Museum of Art, New York.

Interprétations et contextes politiques

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Une huppe fasciée (Upupa epops).
Cet oiseau est une source d'inspiration et de représentation pour ce poème.

Attar expose aux lecteurs, par de nombreux textes courts, poétiques la doctrine soufie selon laquelle Dieu n'est pas extérieur ou en dehors de l'univers. Il est plutôt la totalité de l'existence. L'oiseau est le symbole de celui qui est capable de quitter la terre ferme vers le ciel, puis d'y revenir. Même si cette révélation est apparemment analogue à la notion occidentale du panthéisme, l'idée de Dieu transcendant en est une idée intrinsèque à la plupart des interprétations du soufisme, qui remonte aux racines de l'islam et peut être trouvée à travers le Coran.

Les soufis craignaient toujours la condamnation des penseurs sunnites qui assimileraient le mysticisme soufi à toute idée de fusion mystique entre l’homme et Dieu. L'oiseau revenant sur terre est le symbole de la trilogie Qaf-Tuba-Simorg : Qaf est la montagne, douée de capacité de réaction à la détérioration par les hommes et de mouvements ; Tuba est la niche écologique de l'être humain, retour nécessaire vers une prise de conscience de son environnement ; Simorg est l'oiseau royal par lequel la vie continue sur Terre, symbole des êtres aériens ailés, anges ou élévations.

L'oiseau symbolise l'homme, imparfait, capable de s'élever spirituellement mais devant revenir aux choses matérielles.

Éditions

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En français

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  • La Poésie philosophique et religieuse chez les Persans. Le Langage des oiseaux, traduction intégrale et analyse orientaliste du milieu du XIXe siècle par Garcin de Tassy ; rééd., Albin Michel, 1996, sous le titre Le Langage des oiseaux.
  • La Conférence des oiseaux, adaptation Henri Gougaud, Paris, Seuil, 2002.
  • Le Langage des oiseaux — Manteq ut-Tayr, introduction, nouvelle traduction intégrale versifiée et annotations de Manijeh Nouri, préface de Mohammad Reza Shafiei-Kadkani, Paris, Cerf, 2012, 505 p.
  • Le Cantique des oiseaux d'‘Attâr illustré par la peinture en Islam d'orient, traduction intégrale versifiée par Leili Anvar, commentaires iconographiques (miniatures persanes) de Michael Barry, Paris, éd. Diane de Selliers, 2012.

En anglais

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  • (en) The Conference of The Birds - Mantiq Ut-Tair, trad. par Charles Stanley Nott, 1re édition 1954 par The Janus Press, Londres ; rééd. Routledge and Kegan Paul Ltd, 1961 (ISBN 0-7100-1032-X).
  • (en) Conference of the Birds: A Seeker's Journey to God, introduction d'Andrew Harvey, trad. R.P. Masani, Boston, Peter Weiser Books, 2001 (ISBN 1-57863-246-3).

Notes et références

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  1. Charles-Henri de Fouchécour, « ‘AṬṬĀR FARĪD AL-DĪN MUḤAMMAD B. IBRAHĪM dit (1119 env.-env. 1190) », sur universalis.fr (consulté le )
  2. a et b Éric Geoffroy, Initiation au soufisme, Paris, Fayard, 2003, p. 312

Voir aussi

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Études

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  • (en) Hellmut Ritter (trad. de l'allemand par John O'Kane), The Ocean of the Soul. Men, the World and God in the Stories of Farīd al-Dīn ‘Aṭṭār [« Das Meer der Seele. Mensch, Welt und Gott in den Geschichten des Farīduddīn ʿAṭṭār »], Leide, Brill, (1re éd. 1958), 844 p. (ISBN 978-9-004-12068-6)

Adaptations et œuvres inspirées par Attar

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Arts de la scène, théâtre

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Musique

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Articles connexes

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Liens externes

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