La Petite Sirène
La Petite Sirène (en danois : Den lille havfrue), parfois appelé La Petite Ondine, est un conte de Hans Christian Andersen paru le .
La Petite Sirène | |
La Petite Sirène (illustration par Vilhelm Pedersen) | |
Auteur | Hans Christian Andersen |
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Pays | Danemark |
Genre | Conte merveilleux |
Version originale | |
Langue | Danois |
Titre | Den lille havfrue |
Collection | Contes d'Andersen |
Date de parution | (XIXe siècle) |
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Résumé
modifierLa petite sirène vivait sous la mer auprès de son père, le roi de la mer, de sa grand-mère et de ses cinq sœurs. Lorsqu’une sirène atteignait l’âge de quinze ans, elle était autorisée à nager jusqu’à la surface pour contempler le monde extérieur.
Lorsque la petite sirène eut un peu moins de quinze ans, sa grand-mère l'autorisa à se rendre à la surface de la mer. Elle y aperçut un navire à bord duquel se trouvait un beau prince de son âge. Une tempête se déclencha, le navire chavira et le prince tomba à l’eau. La petite sirène le sauva en le ramenant, inconscient, au rivage. Une jeune femme surgit à ce moment et la sirène s’éclipsa. Le prince, à son réveil, aperçut la jeune femme et pensa que cette dernière l’avait sauvé.
Surprise d’avoir découvert que les hommes mouraient très vite, la petite sirène questionna sa grand-mère. Celle-ci lui apprit que les hommes vivaient bien moins longtemps que les sirènes mais qu’ils avaient une âme éternelle. La petite sirène voulut, elle aussi, avoir une âme éternelle. « Pour cela, lui dit sa grand-mère, tu dois te faire aimer et épouser d’un homme. »
Résolue à séduire le prince, la petite sirène alla trouver la sorcière des mers. Celle-ci lui remit un philtre qui transformerait sa queue de poisson en jambes d’être humain. Pour prix de ce service, la sorcière exigea de la sirène sa voix magnifique et elle lui coupa la langue. « Si tu échouais et que le prince en épousait une autre, dit la sorcière, à l’aube de ce mariage, ton cœur se briserait et tu ne serais plus qu’écume sur la mer. »
La petite sirène nagea jusqu’à la côte. Assise sur la grève, elle but le breuvage. Éprouvant une terrible douleur, comme si elle avait été transpercée par la lame d’une épée, elle s’évanouit.
À son réveil, le prince se tenait devant elle, il la prit par la main et la conduisit au palais. À chaque pas, comme la sorcière l’en avait avertie, il lui sembla marcher sur des couteaux aiguisés. Le prince, jour après jour, s’attachait à la petite sirène, mais il ne pouvait oublier la jeune fille qui, croyait-il, l’avait sauvé et qu’il n’avait plus revue depuis ce moment.
Un jour, le prince fut contraint par ses parents d’épouser une princesse. Il déclara à la petite sirène qu’il préférerait l’épouser mais qu'il se devait d’aller rencontrer sa promise. Là, il découvrit que la princesse était la jeune fille du couvent qui l’avait trouvé sur le rivage. Le prince en tomba instantanément amoureux et annonça leur mariage.
Sur le navire du retour, alors que le prince s’enivrait de l’amour de la princesse, la petite sirène, en proie au plus grand désespoir, contemplait la nuit. Elle guettait à l’orient la lueur rose de l’aube qui signifierait sa mort. Soudain, la petite sirène aperçut ses sœurs à la surface de la mer. « Si tu frappais au cœur le prince avec ce couteau, lui dirent-elles, tu redeviendrais sirène et pourrais vivre avec nous. » Mais la petite sirène ne put se résoudre à tuer le prince : elle se jeta dans la mer mais au lieu de se transformer en écume, elle rejoignit les « filles de l’air » pour sa bonne action.
Commentaire
modifierAndersen est fortement inspiré par un contre précédent, Ondine, publié en 1811 par l'écrivain allemand Friedrich de La Motte-Fouqué, dans lequel le thème de la quête d'une âme par une ondine est déjà présent. Andersen modifie substantiellement la fin, avec un ton plus triste et plus émancipateur[1],[2].
Dans ses Mémoires, Edward Collin écrit : « Je me trouvais dans l’impossibilité de répondre à cet amour, ce qui fit beaucoup souffrir Andersen. » Homosexuel refoulé et aux allures féminines, l’auteur aurait fait de ce conte une métaphore pour exprimer son amour non réciproque pour Collin, le fils de son bienfaiteur[3],[4],[5]. François Flahault rejette cette interprétation et voit la morale de fin comme un renoncement à l'amour impossible et interdit pour gagner le Paradis chrétien ; néanmoins, ledit philosophe est moins convaincu d'une homosexualité cachée :
« Andersen avait tendance à s’enticher de personnes d’un milieu social favorisé, que ce soit des femmes ou des hommes. Il s’est beaucoup intéressé à la sœur de ce jeune Collin, aussi. Ce genre d’intrigues [les amours impossibles] était dans l’air à l’époque romantique […]. Il avait certainement des côtés homosexuels, mais il était surtout un peu asexué [sic] ce brave Andersen et n’avait jamais touché ni homme, ni femme[6]. »
Adaptations
modifierOpéra
modifier- 1909 – La Petite Sirène, ballet danois de Fini Henriques (musique) et Hans Beck (chorégraphie).
Comédie musicale
modifier- 2007 – La Petite Sirène, comédie musicale issue du film d’animation Disney
- 2022 – La Petite Sirène, la comédie musicale, écrite et mise en scène par Julian Moreau. Troupe The Musical Production, Paris[7],[8].
Cinéma
modifier- 1968 – Rusalochka, film soviétique de Ivan Aksenchuk, produit par Soiouzmoultfilm ;
- 1975 – La Petite Sirène (アンデルセン童話 にんぎょ姫 ), film d'animation japonais de Tomoharu Katsumata (en), produit par Toei Animation ;
- 1976 – La Petite Sirène (Malá morská víla), film tchécoslovaque de Karel Kachyňa ;
- 1976 – L'Ondine triste ou La Petite Sirène (Russalotschka / Rusalka), film soviétique ;
- 1980 – La Petite Sirène, film français de Roger Andrieux, lointainement inspiré du conte ;
- 1989 – La Petite Sirène, film américain des studios Disney en dessin animé ;
- 1991 – Le Prince et la Sirène, série télévisée d'animation franco-japonaise ;
- 2009 – Ponyo sur la falaise de Hayao Miyazaki, libre interprétation du conte ;
- 2018 – La Petite Sirène de Blake Harris, film américain avec William Moseley et Poppy Drayton ;
- 2023 – La Petite Sirène de Rob Marshall, film américain des studios Disney en vues réelles.
Télévision
modifier- Un épisode de la série d'animation Simsala Grimm[9].
- 2013 : La Petite Sirène (téléfilm d’après la série Six en une fois (Sechs auf einen Streich) ou Les Contes de Grimm.
Ballet
modifier- 2017 : La Petite Sirène, ballet en deux actes de Jan Kodet, musique de Zbyněk Matějů.
Littérature
modifier- Claire Carabas (réécriture du conte), Ce que murmure la mer, Magic Mirror, coll. « Enchanted »,
Fiction radiophonique
modifier- 2024 – L'Histoire de la petite sirène, adaptation de Pierre Senges[10].
Attractions
modifier- Dans le parc d'attractions Efteling, la Petite Sirène vit dans le Bois des Contes.
Hommage
modifier- La Petite Sirène, statue emblématique de Copenhague.
Notes et références
modifier- Jefferey Frank, The Stories of Hans Christian Andersen: A New Translation from the Danish, Raleigh, NC, Duke University Press, (ISBN 978-0822336938, lire en ligne), 104
- Jackie Wullschlager, Hans Christian Andersen: The Life of a Storyteller, Knopf, , 171 p.
- Michel Larivière, Le Dictionnaire historique des homosexuel.le.s célèbres,
- Agnès Giard, Les contes sexuellement suicidaires d’Andersen,
- Hélène Combis, « Et si la Petite Sirène était en fait un homme ? », sur France Culture, (consulté le )
- François Flahault, Fictions et spéculation sur les contes de tradition orale et les contes d'Andersen,
- « La Petite Sirène », sur Musical Production (consulté le ).
- « La Petite Sirène, la comédie musicale - MPAA - Saint-Germain - Paris, 75006 - Sortir à Paris », sur leparisien.fr (consulté le ).
- « La Petite Sirène – Simsala Grimm HD », YouTube (consulté le )
- Emilie Grangeray, « Sur France Culture, un concert fiction nous replonge dans L’Histoire de la Petite Sirène », Le Monde, (lire en ligne , consulté le )
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Hans Brix et Anker Jensen, « Biographie d'Andersen », Les Contes d'Andersen commentés et annotés, Gyldendal, 1931 ; rééd. 1957, 2 vol.
- Pierre Georget La Chesnais, Intégrale des contes d'Andersen, préfacée et commentée, 4 vol. Mercure de France, Paris, 1964.
- Monica Stirling (trad. de l'anglais par Claude Saunier), Andersen et son temps, Paris, Jean-Jacques Pauvert,
- Elias Bredsdorff, Hans Christian Andersen, Paris, Presses de la Renaissance, (ISBN 2856165044)
- Hans Christian Andersen, Les Habits neufs de l'empereur, éd. Didier jeunesse,
Liens externes
modifier- Ressource relative à la musique :
- Les contes de fées sur le site de la BnF