La Meute (groupe)

Collectif québécois d'extrême droite

La Meute
Image illustrative de l’article La Meute (groupe)
Logotype officiel.
Présentation
Fondation
Positionnement Extrême droite
Idéologie Identitaire
Nationalisme
Site web lameute-officiel.org

La Meute est un groupe de pression d'extrême droite[1],[2],[3],[4],[5] identitaire[6] et nationaliste[7] opposé à l'immigration illégale et à l'islam radical[1],[8],[9]. L'organisation a été fondée en au Québec par deux militaires retraités des Forces armées canadiennes, Éric Venne et Patrick Beaudry[10]. Depuis, Éric Venne a démissionné de son poste en et Patrick Beaudry a été évincé de l'organisation[11],[12].

La Meute est créée pour s'opposer à ce qu'ils considèrent comme l'augmentation de la présence de l'islam radical au Canada et au Québec et en réaction à la migration de demandeurs d'asile irréguliers, phénomène qu'ils jugent comme de l'immigration illégale, malgré l'absence du concept dans le droit canadien[13]. En 2018, le groupe a souhaité empêcher le Parti libéral du Québec de gagner les élections générales québécoises[14],[15]. La Meute n'a pas l'intention de devenir un parti politique[14], elle désire simplement « devenir assez grande et organisée pour constituer une force qui ne peut être ignorée »[16].

La plupart des observateurs politiques situent La Meute à l'extrême-droite[17],[18],[19],[20],[21].

L'organisation revendique plus de 41 000 membres sur son groupe Facebook privé en , bien que des estimations tablent plutôt sur 4 000 à 5 000[22],[23].

Positionnement politique modifier

Des policiers[1], des experts[24],[25],[26] ainsi que la majorité des journalistes[16],[27],[28],[29] situent La Meute à l'extrême droite. Elle est notamment qualifiée de xénophobe[30],[31], d'islamophobe[31],[32], de suprématiste[33], d'ultranationaliste[34],[35] ou encore de populiste[14].

La Meute se situe, selon Maxime Fiset, « sur la limite du spectre qu'est l'extrême droite »[31]. Elle correspond, selon David Morin, à une frange populiste et nationaliste identitaire de l'extrême droite[26], hésitant entre l'appellation de « extrême droite identitaire » ou de « populisme de droite », et faisant remarquer l'existence de « vases communicants » avec des groupes plus radicaux, tels qu'Atalante ou parfois Storm Alliance[36].

Le groupe est souvent distingué des groupes ouvertement racistes, suprématistes, néonazis ou néofascistes par des observateurs[30],[37], experts[26],[31],[36],[38],[39] et journalistes[7],[40],[41]. La police québécoise ne considère pas La Meute comme une menace[29]. Certains parlent d'un discours qui « flirte avec ceux de l'extrême droite »[42], ou affirment que l'appellation d'extrême droite pourrait être inappropriée[43]. D'autres se disent incapables de situer précisément La Meute[40], évoquent un « soi-disant groupe d'extrême droite »[30], ou affirment qu'on l'appelle « un peu bêtement »[37] d'extrême droite, déclarant qu'« il est difficile de trouver matière à condamnation » envers ce groupe[41]. Enfin, certains journalistes opposent l'image publique de La Meute à son groupe Facebook privé[44].

En revanche, au contraire de l'avis des experts, la Meute refuse d'être positionnée à l'extrême droite[34],[45]. Le groupe est connu pour évincer ses membres qui tiennent des discours trop ouvertement racistes[31]. Selon ses responsables, des commentaires ouvertement racistes ou qui pourraient inciter à la violence sont régulièrement censurés de la page principale de La Meute[16],[10]. Certains journalistes remettent néanmoins en question cette déclaration, contredite « par le simple fait de taper le mot "porc" dans le champ de recherche »[44]. Ils pointent du doigt « de nombreuses références au prophète Mahomet en tant que pédophile ou violeur » affichées par ladite page.

Le porte-parole du groupe, Sylvain Brouillette, dit en 2017 qu'il situe La Meute au centre gauche[40]. Lors des élections québécoises de 2018, il affirme que La Meute s'inspire directement du programme électoral 2014 de la Coalition avenir Québec (parti de centre droite[46],[47]), une identification dont le chef de ce parti, François Legault, cherche à se distancier[48].

Histoire modifier

Le , le groupe organise une première démonstration publique. Quatre manifestations se tiennent simultanément dans les villes de Québec[49], Montréal[50], Drummondville et Chicoutimi[51]. Le de la même année, il organise une manifestation contre l'immigration illégale dans la ville de Québec[52]. Une contre-manifestation est également organisée par des groupes antifascistes[53]. Début septembre, Patrick Beaudry est évincé à la suite d'un putsch fomenté par Sylvain Brouillette et ses soutiens.

Le , Éric Venne, cofondateur de La Meute, se lance en politique et forme le Parti Action[54] qu'il abandonnera comme il l'a fait avec La Meute.

En , la Meute refuse une invitation de participer à l'émission Tout le monde en parle à laquelle aurait également participé le militant anarchiste Jaggi Singh[55]. Le mois suivant, trois membres du groupe, dont le chef du clan régional du Saguenay, Éric Proulx, interviennent dans une assemblée publique du Bloc québécois[56].

Le , La Meute et Storm Alliance manifestent à Ottawa en appui à la communauté chinoise[57]. Puis, en , une trentaine de militants du groupe perturbent une conférence sur l’extrême-droite au Cégep Édouard-Montpetit[58].

Le , La Meute présente son manifeste, comprenant 17 propositions qui concernent principalement les enjeux identitaires et la laïcité[14],[59].

En , le président de l'association de la circonscription de Rivière-du-Nord, un membre de La Meute, est expulsé du Parti conservateur du Canada[60]. Le , La Meute et Storm Alliance manifestent à Montréal contre l'immigration illégale[61]. Une contre-manifestation est également organisée par des groupes antifascistes. Le , la Meute organise des actions de visibilité dans plusieurs régions, notamment à Rouyn-Noranda[62], à Québec [63] et devant les bureaux de Philippe Couillard à Saint-Félicien [64]. En , La Meute essaye de manifester dans les territoires d'Oka (une réserve indienne) au Québec, sans aucune réussite. Ils sont facilement mis dehors par les autochtones habitants des lieux[65].

Structure modifier

La Meute est dirigée par un conseil exécutif et dispose de plusieurs clans régionaux notamment sur la Côte-Nord, au Bas-Saint-Laurent, dans les Laurentides[66],[67], en Gaspésie[68], en Mauricie et au Centre-du-Québec[69]. Ces clans ont leurs propres chefs et leurs propres groupes Facebook locaux.

En plus des groupes régionaux, l'organisation dispose de plusieurs cellules, spécialisées notamment en logistique, en médecine, en contre-espionnage et en sécurité. Cette dernière cellule est dirigée par un ex-policier de Québec[70].

Membres ou soutiens modifier

Le , un article est publié dans le journal La tribune [71] portant sur une ex-membre de la Meute qui dénonce ouvertement l'autoritarisme régnant au sein du groupe. Elle explique aussi que le groupe a du mal à s'entendre sur les moyens utilisés pour contrer la montée de l'islamisme radical. Selon elle, aucune divergence d'opinion n'est tolérée dans ce groupe qui s'apparente à une secte menée par un « gourou narcissique ». Elle dénonce aussi le caractère violent et sexiste de plusieurs des membres du groupe.

Le , Claude Patry s'affiche ouvertement comme membre du groupe La Meute[72] dont il devient « chef de clan » au Saguenay–Lac-Saint-Jean[73].

En , la chanteuse Marie-Chantal Toupin apporte son soutien à La Meute en publiant une vidéo d'un blogueur militant pour le groupe[74],[75].

Bernard Gauthier fut membre du groupe Facebook de La Meute durant un temps avant de le quitter en critiquant leur manque de sérieux[76],[77].

Le , David La Haye accuse « tous les principaux médias de masse » d'être « excessivement discriminatoires » envers La Meute[78].

Notes et références modifier

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  2. Zone Société - ICI.Radio-Canada.ca, « La Meute recrute en région », sur Radio-Canada.ca (consulté le )
  3. « L’extrême droite québécoise s’invite dans la campagne électorale », Vice,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. Anne Pélouas, « Au Québec, l’extrême droite gagne en visibilité », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
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  6. Michaël Labranche, « Quand La Meute résonne dans le New York Times », Le Journal de Québec,‎ (lire en ligne, consulté le )
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  8. « "La Meute" contre l'islam radical gagne du terrain », TVA Nouvelles,‎ (lire en ligne, consulté le )
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  22. « Les illusions et désillusions de La Meute, le « plus grand groupe d’extrême droite au Québec » », Vice,‎ (lire en ligne, consulté le )
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Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Articles de presse modifier

Liens externes modifier