La Marseillaise de la Courtille
La Marseillaise de la Courtille, qui a pour nom exact Le Retour du soldat, est un hymne carnavalesque écrit en hommage à la cuisine française. Il reprend la forme écrite et l'air de La Marseillaise, d'où son nom.
Contexte
modifierC'est une œuvre parisienne qui date de 1792[1], attribuée au chansonnier et goguettier Antoine Antignac[2],[3],[4] membre du Caveau moderne, au librettiste et auteur de théâtre Michel-Jean Sedaine[5],[4], à Gauthier de Syonnet[1],[3] ou encore à Valentin de Montaiglon[1]. Gaston Bonnefont la date de 1846 et lui donne pour auteur le polytechnicien Auguste Léonard[6].
C'est la seule des parodies burlesques de La Marseillaise de 1792 qui a gardé une certaine renommée[4]. Au XIXe siècle, c'est une chanson populaire qui est proposée au public dans différents recueils colportés en France[6],[7] et les frères Goncourt considèrent qu'elle fait partie d'un registre contre-révolutionnaire, ce qui exagère sans doute la portée de cette chanson[8].
Paroles
modifierRefrain :
À table, citoyens,
Videz tous les flacons,
Buvez, mangez, qu'un vin bien pur
Humecte vos poumons !
- 1 -
Allons enfants de La Courtille,
Le jour de boire est arrivé,
C'est pour nous que le boudin grille,
C'est pour nous qu'on l'a conservé (bis)
Ne vois-tu pas dans la cuisine
Rôtir des Dindons et Gigots!
Ma foi, nous serions bien nigauds
Si nous leur faisions triste mine.
- 2 -
Décoiffons chacun sept bouteilles
Et ne laissons rien sur les plats.
D'amour faisons les sept merveilles,
Au milieu des plus doux ébats (bis).
Pour nous français ah, quel outrage,
S'il falloit rester en chemin
Que Bacchus par son jus divin
Élève encore notre courage
- 3 -
Tremblez Lapins, tremblez Volailles,
Ou bien prenez votre parti!
Ne tremblez que dans nos entrailles,
Pour apaiser notre appétit. (bis)
Tout est d'accord pour vous détruire,
Chasseurs et gloutons tour-à-tour,
Peut être viendra-t-il un jour
Où c'est vous qui nous ferez cuire.
- 4 -
Quoi des cuisines étrangères,
Viendraient gâter le gout français !
Leurs sauces fades ou légères
Auraient le veto sur nos mets (bis)
Dans nos festins quelle déroute !
Combien nous aurions à souffrir !
Nous ne pourrions plus nous nourrir
Que de fromage, ou de choucroute.
- 5 -
Amis, dans vos projets bachiques,
Sachez ne pas trop vous presser,
Épargnez ces poulets étiques,
Laissez-les du moins s'engraisser. (bis)
Mais ces chapons d'aristocrates,
Chanoines de la basse-cour,
Qu'ils nous engraissent à leur tour
Et n'en laissons rien que les pattes.
- 6 -
Amour sacré de la bombance,
Vient élargir notre estomac,
Quand on pense à panser sa panse
Faut-il consulter l’almanach. (bis)
Du plaisir de manger et boire
Nous te devons l’invention ;
Sauve-nous de l’indigestion
Pour que rien ne manque à ta gloire.
Notes et références
modifier- Hudde 1985, p. 377.
- Leconte 1892, p. 282.
- Pierre 1904, p. 252.
- Hudde 1985, p. 382.
- Dufourg 2003, p. 62.
- Gaston Bonnefont, Les chants nationaux de la France : Historique, chant et accompagnement de piano, Paris, Librairie d'éducation de la jeunesse, sans date, 318 p. (lire en ligne), p. 78-80
- Boussel, Louis Dulieu, Eugène-Humbert Guitard et Vincenzo Bianchi, « Question XIV, (posée par M. Guitard). Rapports de la musique avec la pharmacie », Revue d'histoire de la pharmacie, vol. 40, no 133, , p. 376–381 (lire en ligne, consulté le ).
- Hudde 1985, p. 383-384.
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Frédéric Dufourg, La Marseillaise, Paris, Le Félin, coll. « Le Félin poche », , 88 p. (ISBN 978-2-86645-499-9), p. 62-63.
- Hinrich Hudde, « «Le jour de boire est arrivé... » Parodies burlesques de La Marseillaise (1792-1799) », Dix-Huitième Siècle, vol. 17, no 1, , p. 377–395 (DOI 10.3406/dhs.1985.1565, lire en ligne, consulté le ).
- Alfred Leconte, Rouget de Lisle : Sa vie. Ses œuvres. La Marseillaise, Paris, Librairies-Imprimeries réunies, , 336 p. (lire en ligne), p. 282-284.
- Constant Pierre, Les hymnes et chansons de la Révolution : Aperçu général et catalogue, Paris, Imprimerie nationale, , 1040 p. (lire en ligne), p. 252.