La Goguette (chanson)

chanson d'André-Antoine Ravrio

Le goguettier et marchand de bronzes parisien André-Antoine Ravrio[1] a composé la chanson La Goguette, à chanter sur l'air du Vaudeville de Jean Monnet[2],[3].

Elle témoigne de l'esprit joyeux qui animait la Société de la Goguette[Interprétation personnelle ?], goguette parisienne dont il faisait partie.

Cette chanson est éditée pour la première fois en 1812 dans Mes Délassements, ou Recueil de chansons, et autres pièces fugitives composées pour mes amis, par Ravrio, imprimerie De Ballard, tome II, 1812, in-8.

Paroles modifier

 
Air de la chanson : n°198 du recueil de timbres La Clé du Caveau[2].

Amis, chantons la goguette,
Cette aimable déité
Qui naquit à la guinguette
Dans le sein de la gaité.
Les écarts
Des hasards
Pour elle sont peu de chose,
Car l'amitié la compose,
Unie avec les beaux-arts. (ter)

Aux grands qui règnent sur terre,
Aux gens du rang le plus bas,
La goguette est étrangère,
Ils ne la connaissent pas.
Sots loisirs,
Vils désirs,
Quittez vos sales orgies,
Et venez voir aux bougies
La goguette et ses plaisirs.

Les doux accents de la Lyre
De Thalie et d'Erato,
Enflamment d'un saint délire,
Archet, équerre et pinceau :
Leurs transports,
Les accords
Font naître pour la goguette
Mille traits qu'elle répète,
En vidant ses rouges bords.

L'histoire qu'on y raconte,
Pleine de sel, de gaîté,
Fait place à quelqu'heureux conte
Par la malice inventé :
Les canons[4],
Les chansons,
Et la romance touchante,
Tour à tour chacun enchante,
L'instant dont nous jouissons.

Toi, que souvent on insulte
Dans maint réduit ignoré,
Tu sais, Amour, si ton culte
En goguette est révéré :
Quand Bacchus,
Quand Momus
Font entendre leurs antiennes,
Tu viens y mêler les tiennes,
Et nous couronnons Vénus.

Les Dieux étaient en goguette,
Lorsqu'Hébé, l'aiguière en main,
Dans leur céleste retraite
Versait le nectar divin :
Apollon,
Cupidon
Enchantaient la troupe entière,
Et le maître du tonnerre,
Ces jours-là fêtait Junon.

Nous qu'un même goût rassemble,
Enfants des Muses, des arts,
Bravons, s'il se peut, ensemble,
Du temps les fâcheux regards ;
Nous charmer,
Nous aimer,
C'est l'esprit de la goguette,
Le vieux Saturne nous guette,
Buvons pour le désarmer.

Notes modifier

  1. André-Antoine Ravrio est le cousin du peintre Henri-François Riesener.
  2. a et b Ravrio a placé sa chanson sur l'air du vaudeville de Jean Monnet ou Frère Pierre à la cuisine, qui se trouve dans le recueil de Pierre Capelle La clé du Caveau - n°198, p.88.
  3. Dans Le Chansonnier des amis de la gaîté, contenant de joyeuses chansons comiques, grivoises et sentimentales, pour tous les goûts et chanter en société, Éditeur : Le Bailly, Paris 1862, cette chanson est attribuée à Halbert d'Angers.
  4. Espèce de chants. (note de l'édition de 1834)

Bibliographie modifier

  • La goguette chansonnier de table et de société par MM. Béranger, Désaugiers, Armand Gouffé, Ém. Debraux, L. Festeau, J. Cabassol, Piton, Saint-Gilles, Moreau, Panard, A. Jacquemart, Ch. Le Page, etc., etc. Paris, chez tous les marchands de nouveautés, 1834. La chanson La Goguette de Ravrio ouvre ce recueil de 480 pages.
  • Arthur Dinaux Les Sociétés bachiques chantantes et littéraires leur histoire et leurs travaux Ouvrage posthume revu et classé par M. Gustave Brunet. Librairie Bachelin-Deflorenne, Paris 1867.

Articles connexes modifier

  • Chant de la Lice