L'Asperge

tableau d'Édouard Manet
L'Asperge
Artiste
Date
Type
huile sur toile
Dimensions (H × L)
169 × 219 mm
Pendant
Propriétaire
No d’inventaire
RF 1959 18
Localisation

L'Asperge est une peinture à l'huile sur toile réalisée par Édouard Manet en 1880, signé, en haut à droite de la toile, « M ». Elle est actuellement conservée au Musée d'Orsay.

Description modifier

Le tableau, de très petites dimensions (165 × 215 mm[1], ou 169 × 219 mm[2]), représente, cadrée de très près, une unique asperge posée de travers sur une table, la pointe violette vers gauche, la queue dépassant du rebord. Au premier plan, le légume occupe toute la largeur du cadre, dans la moitié inférieure de la composition. Le rebord de la table forme une oblique montant du bas du cadre à gauche vers la droite ; le bois de la table, sous le plateau, dessine un triangle marron coupant l'angle inférieur droit. L'arrière-plan représente le plateau blanc veiné de gris bleuté, vraisemblablement de marbre.

Historique modifier

 
Une botte d'asperges, 1880, 46 × 55 cm, musée Wallraf Richartz, Cologne.

Le collectionneur d'art Charles Ephrussi avait commandé en 1880 à Édouard Manet une nature morte représentant une botte d'asperges — Une botte d'asperges —, pour la somme de 800 francs. À la réception de l’œuvre, il lui en donne 1 000. Manet décide alors d'offrir un nouveau tableau, de plus petites dimensions, à son généreux commanditaire, qu'il lui envoie accompagné du billet suivant : « Il en manquait une à votre botte. »[3]

Analyse modifier

 
Croquis d’escargots, plante à fleurs, 1864-68

L'asperge a particulièrement occupé Manet au cours des mois d'avril-mai 1880, période de sa cueillette et de sa consommation. La démocratisation issue des cultures intensives ont fini par rattraper ce qui fut longtemps un mets de luxe à la cour des rois de France. Chez l'artiste, tout est social, même l'insignifiant, et tout est personnel. Manet avait déjà produit une aquarelle très japonisante, montrant un escargot rampant au pied d'asperges encore en terre. Le peintre souffrait déjà d'ataxie locomotrice, et projette de lui-même dans cette lenteur, fragile mais curieuse. La botte qu'il peint pour Charles Ephrussi est promesse de plaisir, peut-être de santé reconquise. Il fait vibrer une subtile alliance de blanc, de jaune et de pourpre entre le fond sombre et le lit de feuilles. Manet savait Ephrussi, homme de l'art, capable de savourer le raffinement dans les simples produits ou dons de la nature[3].

Exposition modifier

Les deux tableaux sont exposés dans le cadre de l'exposition Les Choses. Une histoire de la nature morte au musée du Louvre du 12 octobre 2022 au 23 janvier 2023, parmi les œuvres de l'espace nommé « La vie simple »[4].

L'Asperge est présente dans l'exposition L'Argent dans l'Art organisée par la Monnaie de Paris du 30 Mars au 24 Septembre 2023 pour rappeler l'anecdote de son achat[5].

Notes et références modifier

  1. Données de la base Joconde
  2. Données du musée d'Orsay
  3. a et b Stéphane Guégan, Les choses. Une histoire de la nature morte, p. 172
  4. Les choses. Une histoire de la nature morte, p.170
  5. « Exposition - L'Argent dans l'Art », sur www.monnaiedeparis.fr (consulté le )

Bibliographie modifier

  • (en) Françoise Cachin, Charles S. Moffett et Juliet Wilson-Bareau, Manet 1832-1883 : Galeries nationales du Grand Palais, Paris, 22 avril-1er août 1983, Metropolitan museum of art, New York, 10 septembre-27 novembre 1983, New York, The Metropolitan museum of art, , 544 p. (ISBN 0-87099-349-6, lire en ligne), p. 451 (catalogue no 188)
  • Denis Rouart et Sandra Orienti, Tout l’œuvre peint d'Édouard Manet, Paris, Flammarion, coll. « Les Classiques de l'Art », (1re éd. 1970), 126 p. (ISBN 978-2-08-010238-6)
  • James H. Rubin (trad. de l'anglais par Jeanne Bouniort), Manet : Initiale M, l’œil, une main, Paris, Flammarion, , 416 p. (ISBN 978-2-08-125673-6)
  • Laurence Bertrand Dorléac (sous la dir. de), Les choses. Une histoire de la nature morte, Paris, Lienart éditions, , 447 p. (ISBN 978-2-35906-383-7).

Liens externes modifier