Institut du Bon-Pasteur

société de vie apostolique
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Institut du Bon-Pasteur
Histoire
Fondation
Cadre
Type
Mouvement
Siège
Pays
Organisation
Fondateurs
Philippe Laguérie, Guillaume de Tanoüarn, Paul Aulagnier, Christophe Héry (d), Henri Forestier (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Supérieur général
Luis Gabriel Barrero Zabaleta (d) (depuis )Voir et modifier les données sur Wikidata
Implantation
Cinq pays dont principalement la France
Site web

L'Institut du Bon-Pasteur (I.B.P.) est une société de vie apostolique de prêtres et de séminaristes catholiques traditionalistes, érigée le par la Congrégation pour le clergé. Il a sa maison mère en la paroisse Saint-Éloi de Bordeaux et, depuis 2013, son secrétariat central à Courtalain, en Eure-et-Loir. C'est là que réside son fondateur et supérieur général émérite, Philippe Laguérie, ainsi que l'actuel supérieur général.

L'institut, reconnu par le Saint-Siège, est accusé de prôner l'intégrisme et de proximité avec des groupes d'extrême droite[1],[2],[3].

Création et but de l'Institut modifier

Ses membres fondateurs sont d'anciens prêtres et séminaristes traditionalistes de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X (FSSPX) qui défendaient la nécessité d’une régularisation canonique avec les autorités catholiques romaines[4],[N 1]. L’Institut du Bon-Pasteur est constitué au départ, en 2006, de cinq prêtres et d’un diacre : Paul Aulagnier, un proche de Marcel Lefebvre, Guillaume de Tanoüarn, Christophe Héry, Henri Forestier et Philippe Laguérie, curé de l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet de 1984 à 1997[6],[7],[8]. Philippe Laguérie est désigné comme supérieur général par la Commission pontificale Ecclesia Dei, chargée à Rome des fidèles traditionalistes[9].

La Commission pontificale Ecclesia Dei « approuve pour cinq ans, ad experimentum, les constitutions dudit institut telles qu’elles se trouvent dans le texte mis en annexe à ce décret. Enfin, aux membres de cet institut, elle confère le droit de célébrer la liturgie sacrée, en utilisant, et comme leur rite propre, les livres liturgiques en vigueur en 1962, à savoir le missel romain, le rituel romain et le pontifical romain pour conférer les ordres, et aussi le droit de réciter l’office divin selon le bréviaire romain édité la même année[10] ».

Lors du chapitre général de , le vote devant désigner, pour un nouveau mandat de six ans, le nouveau supérieur général aboutit à une crise électorale. En effet le chapitre général de l’Institut du Bon Pasteur, annonce avoir désigné l’abbé Roch Perrel, supérieur du séminaire de Courtalain, comme nouveau supérieur général de l’institut, succédant ainsi à Philippe Laguérie. Mais les cinq fondateurs de l’IBP refusent ce résultat et en appellent à Rome pour maintenir Philippe Laguérie comme supérieur général [8]. Avec l'intervention modératrice d'Antoine Forgeot, abbé émérite de l'abbaye Notre-Dame de Fontgombault et commissaire apostolique nommé par le Vatican[7], cette crise s'acheva en , confirmant l'abbé Philippe Laguérie en tant que supérieur général[11].

Le chapitre général de 2019 a abouti à la nomination du Colombien Luis Gabriel Barrero en tant que supérieur général[4]. Depuis août 2021, ses assistants généraux sont les abbés Yannick Vella et Matthieu Raffray (ce dernier ayant remplacé l'abbé Paul Aulagnier décédé quelques mois plus tôt). En 2021, à la suite des dernières ordinations, l'IBP comprend donc plus de cinquante prêtres[12] et voit la création des Sœurs Servantes Réparatrices de la Sainte Famille, religieuses associées à l'apostolat de l'institut.

Fondations de l'Institut et structures associées modifier

L'église Saint-Éloi modifier

 
L'église Saint-Éloi de Bordeaux.

Ancien siège de l’Institut depuis et jusqu'en , l’église Saint-Éloi à Bordeaux est une « paroisse personnelle »[13] confiée pour une période ad experimentum de cinq ans à l’IBP par le cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux[14],[15].

L’occupation de l’église par les traditionalistes ne date cependant pas de 2007. Depuis 1993, la ville de Bordeaux en dispose avec l’accord du diocèse de Bordeaux. Selon un membre du diocèse de Bordeaux, la paroisse est occupée illégalement depuis 2001 par Philippe Laguérie, représentant à l'époque de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, à Bordeaux[16]. Le , la municipalité d’Alain Juppé confie ce lieu à l’association « Église Saint-Éloi », menée par l’abbé Philippe Laguérie, qui s’engage à le restaurer[17] mais cette décision est contestée par le diocèse, ainsi que le Parti socialiste (PS) notamment[18]. La bataille juridique qui s’amorce dure deux ans et se conclut avec la délibération du conseil municipal de , défavorable à l’association, et qui prend acte de la décision du tribunal d'annuler la mise à disposition (en première instance en [19] et confirmé en appel en [20]). Dès lors, la convention qui liait la ville à l’association « Église Saint-Éloi » est définitivement rompue et l'association se rend coupable d'occupation illégale. Pourtant, les traditionalistes ne quitteront pas les lieux, et ne seront jamais expulsés, ce qui provoquera des critiques à l'égard d'Alain Juppé[21].

Comme le supposait à l'époque l'abbé Paul Aulagnier, futur fondateur de l'IBP, cette situation ne pouvait se régler que par une conciliation entre les traditionalistes et le Saint-Siège. Tout en reconnaissant le bien-fondé du jugement du tribunal administratif, il pense que personne ne viendra déloger les occupants de Saint-Éloi et qu'une « solution canonique » est seule envisageable[22]. Ainsi, lorsque l'Institut du Bon-Pasteur est érigé par Benoît XVI – à la condition que ses membres reconnaissent l'autorité du pape et du concile Vatican II –, une entente est de nouveau possible entre les occupants de Saint-Éloi et le cardinal Jean-Pierre Ricard. Cette entente donne naissance à la création de la paroisse personnelle de Saint-Éloi, pour une durée expérimentale de cinq ans.

Le séminaire Saint-Vincent-de-Paul de Courtalain modifier

Saint-Vincent-de-Paul est le séminaire de formation des prêtres de l'IBP, à Courtalain, en Eure-et-Loir, dans le diocèse de Chartres.

Il a été ouvert le , sous la direction de l'abbé Paul Aulagnier. Le corps professoral est alors composé des abbés Henri Forestier, recteur, Yannick Vella, vice-recteur, Roch Perrel, Leszek Krolikowski et Stefano Carusi.

Écoles Saint-Projet modifier

Fondée en 2005 à Bordeaux, rue d’Ornano, par l’association Saint-Projet, cette école privée hors contrat a ouvert ses portes le . L'école est alors dirigée par le prêtre Régis Spinoza, membre de l'institut du Bon-Pasteur, jusqu'à son départ en 2010[23], pour créer l'école de l'Angélus dans le Cher [N 2]. L'association Saint-Projet, sous la présidence de l'avocat bordelais Thomas Rivière, est constituée de paroissiens de l’église Saint-Éloi[26]. À la suite d'une émission de France 2, Les Infiltrés en 2010, le rectorat a, quant à lui, organisé deux contrôles de l'établissement, ayant abouti à la fermeture du collège Don Bosco Saint-Projet et au maintien de l'école maternelle et primaire[27],[28].

Par ailleurs, la Fondation pour l'école participe au financement des structures éducatives de l'Institut du Bon-Pasteur[29],[30].

Couvent Saint-Paul modifier

 
Couvent Saint-Paul de Thiviers.

En 2019, Paul Aulagnier, assistant général de l’Institut du Bon Pasteur, achète pour 80 000 euros l'ancien couvent Saint-Paul de Thiviers, en Dordogne. L'objectif est de créer un centre de formation et de retraites, notamment pour pré-séminaristes et séminaristes[31].

Affaire judiciaire modifier

Le , une émission de France 2, Les Infiltrés, intitulée « À l'extrême droite du Père », a tourné en caméra cachée des séquences dans le collège Don Bosco Saint-Projet[32], montrant que les contenus enseignés sont tronqués et que les élèves de l’école sont manipulés[33]. Le reportage montre Dies Irae, organisation d'extrême droite dirigée par un ancien militant du Front national, et fait un lien avec l'Institut du Bon-Pasteur[34]. Le maréchal Philippe Pétain est décrit comme « un homme qui a rendu d'énormes services à son pays » et Charles de Gaulle comme un déserteur, des conversations entre professeurs et parents sont de caractère clairement racistes, des propos haineux sont tenus et des élèves entonnent des chants nazis antisémites[2].

À la suite de la diffusion de ce reportage, Yannick Vela, curé de Saint-Eloi, et Philippe Laguerie ont intenté et perdu un procès pour diffamation à l'encontre de quatre journalistes, dont David Pujadas et Hervé Chabalier, fondateur de l’agence CAPA. Le tribunal correctionnel de Paris a reconnu la « bonne foi » des journalistes dans sa décision du 16 octobre 2014[35],[34].

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Philippe Laguérie, Paul Aulagnier, Guillaume de Tanoüarn et Christophe Héry sont exclus de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, en 2003 et 2004, à la suite de conflits avec leur hiérarchie[5]
  2. Après son départ de Bordeaux, Régis Spinoza fonde l’Angélus, un établissement d’enseignement privé hors contrat situé à Presly dans le Cher. L’Angélus est créée comme l’école de l’Institut du Bon-Pasteur, puis se rattache à l’abbaye Notre-Dame de Randol mais sans véritable contrôle. En 2016 le diocèse de Bourges publie un décret de reconnaissance comme « école catholique ». L'établissement est fermé en 2017 et Régis Spinoza est condamné en 2021 à trois ans de prison avec sursis pour des violences sur enfants[23],[24],[25]

Références modifier

  1. Joséphine Bataille, « La face sombre des traditionalistes », La Vie.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. a et b Cathy Lafon, « Infiltrés à Bordeaux : les clés pour comprendre le procès perdu par les traditionalistes », sur Sud Ouest, (consulté le ).
  3. « « Les Infiltrés » : l’institut du Bon-Pasteur débouté en appel », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  4. a et b Clémence Houdaille, « Un supérieur général colombien pour l’Institut du Bon Pasteur », sur La Croix, (consulté le ).
  5. « L’abbé Philippe Laguérie exclu de la Fraternité Saint-Pie X », sur Cath.ch, (consulté le ).
  6. Bernard Sesboüé, « L'Institut du Bon Pasteur : Espoir ou équivoque ? », Études, vol. 406, no 6,‎ , p. 779 à 792 (lire en ligne, consulté le ).
  7. a et b Clémence Houdaille, « Un commissaire pontifical nommé pour l’Institut du Bon Pasteur », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  8. a et b L. B. S., « L’Institut du Bon Pasteur « respecte l’autorité du Saint-Siège » », sur La Croix, (consulté le )
  9. Clémence Houdaille, « Un commissaire pontifical nommé pour l’Institut du Bon Pasteur », sur La Croix, (consulté le )
  10. Commission pontificale « Ecclesia Dei » décret no118/2006
  11. « L'abbé Laguérie reconduit à la tête de l'Institut du Bon-Pasteur », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  12. Site officiel de l'IBP (section Historique)
  13. Canon 518 : « En règle générale, la paroisse sera territoriale, c’est-à-dire qu’elle comprendra tous les fidèles du territoire donné ; mais là où c’est utile, seront constituées des paroisses personnelles, déterminées par le rite, la langue, la nationalité de fidèles d’un territoire, et encore pour tout autre motif. »
  14. « http://catholique-bordeaux.cef.fr/users/site/web/index.php?page=Root&portlet=Document&x=10&y=15&document_id=708 »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?)Décret d’érection de la paroisse personnelle de Saint-Éloi
  15. « Convention entre le cardinal Ricard et l’Institut Bon Pasteur », sur www.Cath.ch, (consulté le )
  16. Claudia Courtois, « Bordeaux secouée par une enquête sur des catholiques traditionalistes », sur Le Monde, (consulté le ).
  17. « Convention de mise à disposition entre la ville de Bordeaux et l'association Saint-Eloi »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?)
  18. « Saint Eloi-Saint Projet : ce que les Bordelais doivent savoir | Michèle Delaunay », sur www.michele-delaunay.net (consulté le )
  19. « Décision du tribunal administratif - 2002 », sur docs.google.com, rue89
  20. « Décision de la cour administrative d'appel - 2004 », sur docs.google.com, rue89 (consulté le )
  21. D.L., « Saint-Eloi met Juppé sous tension », sur SudOuest.fr, (consulté le )
  22. « « Eglise Saint-Eloi » à Bordeaux », sur la.revue.item.free.fr (consulté le )
  23. a et b Arnaud Bélier, « Châtiments corporels sur élèves, privation de repas… Le procès de l’abbé Spinoza s’ouvre à Bourges », sur Ouest France, (consulté le ).
  24. « Bourges : l'ancien directeur de l'Angélus condamné à trois ans de prison avec sursis pour des violences sur enfants », sur France 3 Région, (consulté le ).
  25. « École « l’Angélus », le procès d’un établissement hors de contrôle », sur La Croix, (consulté le ).
  26. « https://www.20minutes.fr/article/59974/Bordeaux-Les-paroissiens-de-Saint-Eloi-veulent-leur-ecole.php »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?)Article en ligne du quotidien 20 Minutes
  27. Stéphanie Lacaze, « Le collège catholique des «Infiltrés» va devoir fermer », 20minutes.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  28. « L'engagement du diocèse de Bordeaux - Catholicisme - La Vie », sur web.archive.org, (consulté le )
  29. Nicolas Leroux, « Quand une fondation « d’utilité publique » finance des écoles privées hors contrats traditionalistes et intégristes », sur Basta !, (consulté le )
  30. Julien Rousset, « Bordeaux : le PS fait bloc face au Bloc identitaire », sur Sud Ouest, (consulté le )
  31. Elsa Arnould, « Dordogne : à Thiviers, des catholiques traditionalistes restaurent le couvent Saint-Paul », sur France 3 région, (consulté le ).
  32. « Documentaire France 2 – Les infiltrés. À l'extrême droite du père », sur www.dailymotion.com
  33. « Extrême droite et intégristes: la justice prend le relais des «Infiltrés» », sur 20 minutes, (consulté le ).
  34. a et b « Bordeaux : Les catholiques traditionalistes ont perdu leur procès contre «Les Infiltrés» », sur 20 minutes, (consulté le ).
  35. « Des catholiques traditionalistes perdent le procès en diffamation contre l’émission « les Infiltrés » », sur La Croix, (consulté le ).

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier