Le poste de Kyoto shoshidai (京都所司代, Kyōto shoshidai?) est une importante fonction administrative et politique qui exista au Japon du XVIe siècle à 1867[1]. Le rôle et les pouvoirs de cette fonction sont codifiés par le troisième shogun, Tokugawa Iemitsu, qui transforme la création originale en un élément bureaucratique d'un ensemble uniforme et cohérent[2].

Matsudaira Sadaaki, le dernier Kyoto shoshidai, en uniforme occidental.

Représentants durant le shogunat de Kamakura modifier

Ces officiels étaient les représentants personnels des chefs militaires Oda Nobunaga et Toyotomi Hideyoshi puis des shoguns Tokugawa[3].

La fonction était similaire à celle de rokuhara tandai au XIIIe siècle et XIVe siècle. Le terme tandai désignait toute fonction gouvernementale judiciaire ou militaire importante dans une zone déterminée durant le shogunat de Kamakura. Cet ancien poste devient très important sous les régents Hōjō et fut toujours tenu par un membre de confiance de la famille[4].

Représentants durant le shogunat Tokugawa modifier

Les pouvoirs du poste furent plus tard augmentés et son rôle codifié en tant qu'officiel du shogunat Tokugawa. Le shoshidai, généralement choisi parmi les fudai daimyo, était le représentant du shogun dans la région de Kyoto, et était responsable du maintien des bonnes relations entre le shogunat et la cour impériale[5]. Non moins important, il était aussi chargé de contrôler les entrées des daimyos (gouverneurs de provinces) à la cour. Il était nommé pour contrôler les mesures financières et la cour et assurer la sécurité personnelle de l'empereur et celle de la cour impériale[6]. Par exemple, le shoshidai aidait le magistrat ou le (machi-bugyō de Kyoto) dans la prévention des incendies des palais royaux[7]. Dans cette situation, le fait de collaborer avec le shoshidai faisait d'eux les administrateurs de la cour de l'empereur régnant (kinri-zuki bugyō)[8] et ceux de la cour de l'ancien empereur (le sendō-zuki bugyō), toutes deux nommées par le shogunat[9]. Le shoshidai était à la tête d'un réseau d'espions chargés de découvrir et de signaler toute volonté de sédition, d'insurrection ou n'importe quel autre trouble[10].

En tant que gouverneur-général de Kyoto et des huit provinces environnantes[9], le shoshidai était également responsable de la collecte des taxes[11]. Les administrateurs municipaux de Nara et de Fushimi, en plus de la gouvernance municipale de Kyoto, le représentant de Kyoto (daikan), et les officiels du palais de Nijō étaient subordonnés au shoshidai. Il portait un uniforme officiel et avait un contrôle total sur les temples et les sanctuaires[6]. Le shoshidai disposait d'une garde personnelle (yoriki) et la police (dōshin)[12] était sous son commandement[11].

En plus de ses fonctions administratives, le shoshidai pouvait assister aux cérémonies officielles destinées à consolider et renforcer le pouvoir du shogunat. Par exemple, en , une délégation coréenne est accueillie par Tokugawa Hidetada au château de Fushimi, et Katsuhige est convoqué pour deux raisons : premièrement, pour les Coréens, pour souligner l'importance accordée à l'ambassade, et ensuite pour les courtisans kuge en présence, pour être sûr qu'ils soient impressionnés[13].

Pour être admissible à cette haute fonction, il valait mieux avoir été au préalable gouverneur d'Oska. Les étroits liens avec le shogun étaient entretenus par des voyages à Edo tous les cinq ou six ans pour transmettre son rapport directement au shogun[6]. La promotion traditionnelle pour le gouverneur d'Osaka (judai) était de devenir shoshidai de Kyoto puis membre du conseil des Anciens (rōjū)[11]. Le shoshidai avait une rente annuelle de 10 000 koku, en plus de ses revenus de ses propres zones administrées[4].

En , une fonction concurrente pratiquement égale fut créée, celle de Kyoto Shugoshoku, afin de renforcer l’union entre la cour impériale et le shogunat (kōbu gattai). Cette alliance entre les seigneurs féodaux et les nobles de cour mena à un partage du pouvoir mais ne détruisait nullement le shogunat, à la différence de l'action menée par une faction beaucoup plus radicale, la tōbaku (« Renverser le shogunat »), qui comptait dans ses rangs des hommes comme Okubo Toshimichi. Le poste de shugoshoku avait quasiment les mêmes pouvoirs que celui de shoshidai mais était considéré comme légèrement supérieur. Seuls deux membres du clan Matsudaira ont tenu cette fonction[5].

Le dernier Kyoto shoshidai, Matsudaira Sadaaki, était originaire du domaine de Kuwana. Officiellement, le poste fut aboli après sa démission en 1867 mais dans les faits, la date exacte est incertaine. Après la promulgation d'un édit impérial sanctionnant la restauration d'un gouvernement impérial (), il y eut un laps de temps avant la dissolution du shoshidai () et les affaires de la ville de Kyoto furent temporairement entre les mains des clans Sasayama (Aoyama), Zeze (Honda) et Kameyama (Matsudaira)[14].

Liste des Kyoto shoshidai durant l'époque d'Edo modifier

Liste des Kyoto shoshidai durant le shogunat Tokugawa
# Nom Durée du service Notes
Les shoshidai de l'époque d'Edo étaient très importants pour le maintien de l'ordre.
1 Okudaira Nobumasa 1600-1601
2 Itakura Katsushige 1601-1619
3 Itakura Shigemune 1619-1654
4 Makino Chikashige 1654-1668
5 Itakura Shigenori 1668-1670
6 Nagai Naotsune 1670-1678
7 Toda Tadamasa 1678-1681
8 Inaba Masamichi 1681-1685
9 Tsuchiya Masanao 1685-1687
10 Naitō Shigeyori 1687-1690
11 Matsudaira Nobuoki 1690-1691
12 Ogasawara Nagashige 1691-1697
13 Matsudaira Nobutsune (Sasayama) 1697-1714
14 Mizuno Tadayuki 1714-1717
15 Matsudaira Tadachika 1717-1724
16 Makino Hideshige 1724-1734
17 Toki Yoritoshi 1734-1742
18 Makino Sadamichi 1742-1749
19 Matsudaira Sukekuni 1749-1752
20 Sakai Tadamochi 1752-1756
21 Matsudaira Terutaka 1756-1758
22 Inoue Masatsune 1758-1760
23 Abe Masasuke 1760-1764
24 Abe Masachika 1764-1768
25 Doi Toshisato 1769-1777
26 Kuze Hiroakira 1777-1781
27 Makino Sadanaga 1781-1784
28 Toda Tadatō 1784-1789
29 Ōta Sukeyoshi (I) 1789-1792
30 Hotta Masanari 1792-1798
31 Makino Tadakiyo 1798-1801
32 Doi Toshiatsu 1801-1802
33 Aoyama Tadayasu 1802-1804
34 Inaba Masanobu 1804-1806
35 Abe Masayoshi 1806-1808
36 Sakai Tadayuki 1808-1815
37 Ōkubo Tadazane 1815-1818
38 Matsudaira Norihiro 1818-1823
39 Naitō Nobuatsu 1823-1825
40 Matsudaira Yasutō 1825-1826
41 Mizuno Tadakuni 1826-1828
42 Matsudaira Muneakira 1828-1832
43 Ōta Sukemoto 1832-1834
44 Matsudaira Nobuyori 1834-1837
45 Doi Toshitsura 1837-1838
46 Manabe Akikatsu 1838-1840
47 Makino Tadamasa 1840-1843
48 Sakai Tadaaki 1843-1850
49 Naitō Nobuchika 1850-1851
50 Wakisaka Yasuori 1851-1857
51 Honda Tadamoto 1857-1858
52 Sakai Tadaaki 1858-1862
53 Matsudaira Munehide 1862 Daimyo de Tango-Miyazu qui participe plus tard à des négociations internationales.
54 Makino Tadayuki 1862-1863 Daimyo de Nagaoka.
55 Inaba Masakuni 1863-1864
56 Matsudaira Sadaaki 1864-1867 Dernier shoshidai. Frère de Matsudaira Katamori.

Références modifier

  1. (en) Shinsho Ito, « Hideyoshi's Inauguration to Kampaku and the Foundation of Shoshidai », Journal of Japanese history (日本史研究), vol. 419,‎ , p. 1-19 (lire en ligne, consulté le ).
  2. Frank Brinkley et al., A History of the Japanese People from the Earliest Times to the End of the Meiji Era, 1915, p. 632.
  3. Louis-Frédéric Nussbaum, « Kyōto-shosidai », Japan Encyclopedia, 2005, p. 587 sur Google Livres. N.B. : Louis-Frédéric est le pseudonyme de Louis-Frédéric Nussbaum, voir « Deutsche Nationalbibliothek Authority File »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  4. a et b James Murdoch, A History of Japan, 1996, p. 10, n. 1.
  5. a et b W. G. Beasley, Select Documents on Japanese Foreign Policy, 1853-1868, 1955, p. 325.
  6. a b et c Brinkley, p. 636.
  7. Maruyama Toshiaki, « The Fire Fighting for the Royal Palace by Kyoto Shoshidai and Machi-bugyō-shō: A study on the fire fighting in Kyoto under Tokugawa Era (京都所司代・京都町奉行所と御所の消防 : 江戸時代の京都の消防の研究(その3), Journal of Architecture and Planning, Institut d'architecture du Japon (日本建築学会計画系論文集?)), no 3, no 591, 2005, p. 149-153, résumé.
  8. Nussbaum, « Kinri-zuki », p. 525. sur Google Livres.
  9. a et b Brinkley, p. 589.
  10. James Murdoch, A History of Japan, 1915, p. 134.
  11. a b et c Brinkley, p. 637.
  12. Nussbaum, « Dōshin », p. 160. sur Google Livres.
  13. Ronald Toby, State and Diplomacy in Early Modern Japan: Asia in the Development of the Tokugawa Bakufu, 1991, p. 69.
  14. Richard Ponsonby-Fane, Kyoto: the Old Capital, 794-1869, 1956, p. 326-327.

Annexes modifier

Bibliographie modifier

Articles connexes modifier