Konik

race de chevaux
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Konik
Konik en semi-liberté à la Roche de Solutré, en France.
Konik en semi-liberté à la Roche de Solutré, en France.
Région d’origine
Région Drapeau de la Pologne Pologne
Caractéristiques
Morphologie Poney
Taille 1,34 m en moyenne
Poids environ 400 kg
Robe Souris avec marques primitives
Tête Cap de maure
Statut FAO (conservation) En dangerVoir et modifier les données sur Wikidata
Autre
Utilisation Entretien des espaces verts, loisir, attelage et randonnée équestre

Le Konik (polonais : Konik polski, soit « Konik polonais ») est une race de petits chevaux très rustiques d'origine polonaise. Connus pour leurs caractères primitifs, notamment la robe souris et la raie de mulet parcourant leur dos, ces chevaux sont proches de leur ancêtre sauvage, le Tarpan.

Le Konik aide à la gestion écologique de nombreux parcs et réserves naturelles, grâce à sa rusticité et à son comportement sauvage.

Dénomination modifier

Le mot « Konik » est un diminutif de koń, qui signifie « cheval » en polonais.

Histoire modifier

Le Konik polonais est scientifiquement reconnu comme l'un des plus proches descendants naturel du cheval primitif sauvage européen, le Tarpan. Les premières recherches sur le cheval polonais natif remontent à 1914, sous l'impulsion de deux hippologues, Jan Grabowski et Stanisław Schuch[1]. En 1936, le professeur Tadeusz Vetulani, de l'Université de Poznań cherche à reconstituer l'espèce éteinte des chevaux Tarpans à partir de Konik ayant conservé des caractères jugés primitifs. Dans son étude (publiée en français en 1939), il juge le Konik comme très proche du Tarpan sauvage, notamment en raison du profil concave de sa tête[2]. Les scientifiques polonais participent à l'élaboration d'un mythe national du « cheval des origines ». Plus tard, l'engouement pour le Konik s'inscrit dans la mode pour les animaux herbivores dits « primitifs », allant de pair avec le souci de conservation patrimonial de la nature. L'ethnologue Bernadette Lizet l'analyse comme une « fabrication du sauvage et une restauration des systèmes naturels disparus »[3].

Le stud-book de la race Konik est conçu en 1955, mais il n'est réellement publié et fonctionnel qu'en 1962[1]. Les premiers spécimens sont importés en France en 1988 par le conservatoire des sites lorrains, pour l'entretien des zones marécageuses de la région[4]. Un programme d'élevage conservatoire est élaboré puis mis en place en Pologne en 1999[5].

Description modifier

 
Mâle Konik, au modèle
 
Détail sur la tête.

Le Konik mesure en moyenne 1,34 m à l'épaule, pour un tour de taille de 1,68 m. Il est souvent comparé au Huçul, une autre race primitive originaire d'Europe de l'Est, mais il en diffère nettement par ses caractères morphologiques[6].

Robe modifier

 
Poulain Konik à Białowieża en Pologne, arborant son pelage « fauve laineux ».

La robe souris (robe noire diluée par le gène Dun) sans marques blanches (dite zain), avec une raie de mulet, est un trait caractéristique du Konik, probablement issu de la sélection naturelle, pour des besoins de protection[7]. Ce « gris souris » peut varier en intensité, depuis la couleur blanchâtre jusqu'au gris foncé en passant par les tons sable, reflétant sans doute l'adaptation à l'environnement[8] et les variations saisonnières (en fonction de la longueur du poil, la couleur semble plus claire ou foncée), notamment sous l'influence du type d'élevage[9]. Dans la perception populaire, le gris souris est très largement la couleur de robe équine associée au Konik, bien que cette couleur de robe puisse exister chez de nombreuses autres races de chevaux, notamment le Biłgoraj[8].

De nombreux Koniks présentent des rayures bien visibles au bas des membres et autour du garrot[10]. La robe souris constitue la seule robe acceptée par le standard de la race. Malgré la sélection effectuée par les éleveurs (notamment par T. Vetulani) pour éliminer les autres robes, des individus portant des marques blanches naissent périodiquement, notamment en raison des croisements effectués par le passé chez la race[11]. Bien que la quasi-totalité des chevaux inscrits au stud-book polonais soient de robe souris (avec quelques rares cas de chevaux noirs et d'alezans exprimant le gène Dun), 18 % n'ont pas de raie de mulet ni de marques primitives associées[12]. L'allèle A, responsable de la robe baie, est absent du pool génétique de la race[11]. L'allèle e, responsable de la robe alezane, est présent chez 15 % des chevaux Konik[11].

Les poulains Konik naissent avec un pelage « fauve laineux » très caractéristique[13].

Tempérament et entretien modifier

La rusticité du Konik est largement reconnue et étudiée. Bénéficiant d'une excellente faculté d'adaptation aux conditions environnementales de la Pologne, il se distingue par la forte manifestation de son comportement grégaire, y compris dans les réserves[14]. Il ne requiert qu'un entretien minimal, tel qu'un complément en foin l'hiver, au besoin[10]. Diverses études ont mis en évidence l'aptitude de cet animal à la reproduction sans assistance humaine, de même que sa constitution très robuste, qui se traduit par une bonne résistance aux maladies[15],[16],[17],[18],[19], en particulier à la fièvre du Nil occidental[20]. Les Konik semblent également résister aux Mallophaga[21]. Les études s'orientent sur une résistance supérieure des chevaux élevés dans la forêt, qui constitue leur environnement naturel. Ils présentent une peau plus épaisse, des crins plus long et plus solides, sans tendance à la desquamation de la peau. Lors de l'étude, aucun Konik n'a subi de perte dans sa condition physique à cause de l'invasion de parasites internes. Cette race semble présenter une immunité naturelle grâce à la consommation de plantes contenant des substances qui limitent ou inhibent le parasitisme[19],[22],[23]. Par comparaison aux autres races de chevaux, les poulains disposent d'une capacité supérieure à compenser d'éventuelles carences alimentaires pendant leur croissance. Les chevaux adultes sont capables de stocker d'importantes réserves de graisse à l'automne pour mieux supporter les pénuries de l'hiver[24].

Utilisations modifier

Le Konik est apte à l'équitation et à l'attelage, mais ces utilisations sont très rares en raison de sa popularité pour la gestion écologique[13]. Il dispose d'une force de traction comparativement impressionnante pour sa taille[25].

Gestion écologique des réserves naturelles modifier

 
Chevaux konik dans la réserve naturelle d'Oostvaardersplassen, Pays-Bas.
 
Koniks dans le lit majeur du lac d'Engure, en Lettonie. Septembre 2017.

Le Konik est nettement popularisé comme outil de gestion écologique des espaces naturels[26]. Il a été introduit aux Pays-Bas pour gérer de vastes réserves telle que l'Oostvaardersplassen, en jouant son rôle de grand herbivore. Il entretient des réseaux de clairières et de paysages ouverts, avec les cerfs et d'autres animaux qui ne nécessitent pas de fourrage en hiver.

En 1988, dans le village de Pagny-sur-Meuse, le Conservatoire des espaces naturels de Lorraine (ex-conservatoire des sites lorrains), en collaboration avec la commune, choisit d'expérimenter le pâturage extensif permanent avec 3 chevaux polonais de la Réserve naturelle de Popielów. Une dizaine de chevaux pâturent désormais sur les sites naturels de Pagny-sur-Meuse (Tourbière alcaline) et Lay-Saint-Remy (Marais alcalin), sur une superficie d'un peu plus de 100 hectares.

Des Konik entretiennent également le marais de la Réserve naturelle nationale du lac de Remoray, depuis 1999[27], ainsi que la Réserve naturelle régionale de la côte de Mancy dans le Jura.

À Maastricht, aux Pays-Bas, en 1995, dans la réserve 'de Kleine Weerd', sur une bande de 12 hectares (100 m X 100m pour 1 ha soit ici 120 000 m²) des Konik pâturent le long de la Meuse dont les berges ont été « renaturées » (reconstitution de zones inondables). Cette zone est ouverte au public, qui est simplement averti de ne pas essayer d'approcher ou toucher les chevaux.

À Kappel-Grafenhausen, en Allemagne, dans la réserve du Taubergießen, ils pâturent près des zones inondables.

Un troupeau de Konik entretient une partie du domaine Natura 2000 des « zwinduinen en-polders ».

Recherche modifier

Le Konik est considéré comme un cheval de grande valeur pour la recherche, en raison de sa proximité avec le Tarpan[10]. Elle lui confère notamment une valeur adaptative à l'environnement absente chez la plupart des autres races de chevaux[10].

Diffusion de l'élevage modifier

 
Groupe de Konik au parc national Lauwersmeer.

Le Konik est considéré par l'étude menée par Rupak Khadka à l'université d'Uppsala (2010), pour la FAO, comme une race d'origine européenne à diffusion transfrontière, qui n'est pas menacée d'extinction[28]. En Pologne, 310 juments et 90 étalons sont répartis dans des élevages privés. Les troupeaux publics comptent 120 juments et 50 étalons[Quand ?]. Les réserves naturelles de Popielno, du parc national de Roztoczański et l'Université des sciences de la vie de Poznań comptent des Konik. Les élevages de Popielno et Sieraków conservent la race.

Des Konik ont été introduits en Lituanie, au Royaume-Uni, en Belgique et en France, à la suite du succès des premiers programmes de gestion écologique.

Par ailleurs, l'ouvrage Equine Science (4e édition de 2012) le classe parmi les races de poneys peu connues au niveau international[29].

Notes et références modifier

  1. a et b Pasicka 2013, p. 25.
  2. Vetulani 1939, p. 9.
  3. Lizet et Daszkiewicz 1995, p. 63-72.
  4. Farissier 2004, p. 75.
  5. (pl) T. Jezierski, Z. Jaworski, B. Kotkowska, S. Łukomski et M. Morawiec, « Program hodowli zachowawczej koników polskich » [« Programme de conservation de la race Konik polonaise »], PZHK, Warszawa (do użytku służbowego),‎ (lire en ligne).
  6. (en) M. Komosa et H. Purzyc, « Konik and Hucul horses: A comparative study of exterior measurements », Journal of Animal Science, vol. 87, no 7,‎ , p. 2245-2254 (DOI 10.2527/jas.2008-1501).
  7. (pl) M. Kownacki, « Pochodzenie koników w świetle genetyki umaszczenia » [« Origine des Koniks à la lumière de la génétique des couleurs »], Prz. Zool., no 14,‎ , p. 132-134.
  8. a et b Stachurska et al. 2004, p. 201–209.
  9. (en) Anna Stachurska, M. Pięta, Z. Jaworski, A.P. Ussing et M. Pluta, « Factors that influence coat hair length in primitive horses (Equus caballus) », J. Food Agric. Environ., vol. 4, no 1,‎ , p. 215–219.
  10. a b c et d Pasicka 2013, p. 26.
  11. a b et c (en) Anna Stachurska et Antoni Brodacki, « Selection of polish konik horses for coat colour and the way to improve its effectiveness », Electronic journal of polish agricultural universities, Wydawnictwo Uniwersytetu Przyrodniczego we Wroclawiu, vol. 6, no 1,‎ (ISSN 1505-0297, lire en ligne).
  12. (pl) Anna Stachurska, « Umaszczenie myszate u koników polskich » [« La robe souris chez les chevaux Konik polonais »], Roczniki Naukowe Zootechniki, vol. 18,‎ , p. 181-184.
  13. a et b Farissier 2004, p. 78.
  14. (pl) M. Łuczyńska, Z. Jaworski et B. Stolarczyk, « Behawior koników polskich utrzymywanych w systemie hodowli rezerwatowej », Roczniki Naukowe PTZ, vol. 4, no 4,‎ , p. 217–228.
  15. (pl) Z. Hroboni, « Historyczny szkic hodowli koni prymitywnych w Polsce. », Roczn. Nauk Roln, ser. B, vol. 73, no 4,‎ , p. 625–721
  16. (pl) M. Kownacki, « Kształtowanie się konika polskiego na tle jego rekompensacyjnych zdolności wzrostu », Roczn. Nauk Roln., ser. B, vol. 82, no 1,‎ , p. 71–104.
  17. (pl) W. Pruski et M. Jaworowska, « Prace i badania naukowe prowadzone w Polsce nad regeneracją dzikich koni zwanych tarpanami », PWRiL Warszawa,‎ , p. 1–108.
  18. (pl) Z. Jaworski et T. Jezierski, « Analiza powtarzalności terminów wyźrebień u klaczy koników polskich z hodowli rezerwatowej », Zesz. Nauk. PTZ Prz. Hod., vol. 50,‎ , p. 407–416.
  19. a et b (pl) Z. Jaworski, « Ocena warunków etologiczno-hodowlanych koników polskich utrzymywanych w systemie rezerwatowym », Rozprawy i monografie, Wydawnictwo Uniwersytetu Warmiń-sko-Mazurskiego, vol. 79,‎ .
  20. (en) Z. Hubalek, E. Wegner, J. Hałouzka, P. Tryjanowski, L. Jerzak, S. Sikutowa, I. Rudolf, A. Kruszewicz, Z. Jaworski et R. Włodarczyk, « Serologic survey of potential vertebrate horst for West Nile Virus in Poland », Viral Immunol., vol. 21, no 2,‎ , p. 247–254.
  21. (pl) K. Romaniuk et Z. Jaworski, « Dynamika inwazji Werneckiella equi u źrebiąt konika polskiego », Med. Weter., vol. 64, no 11,‎ , p. 1335–1337.
  22. (pl) Z. Jaworski, K. Romaniuk et M. Golonka, « Przebieg inwazji pasożytów wewnętrznych u koników polskich z grupy rezerwatowej w Popielnie », Zesz. Nauk. PTZ Prz. Hod., vol. 68,‎ , p. 359–368.
  23. (pl) K. Romaniuk et Z. Jaworski, « Wpływ sposobu utrzymania oraz wieku koników polskich na przebieg inwazji Werneckiella equi. », Med. Weter., vol. 64, no 8,‎ , p. 1034–1036.
  24. M. Kownacki, Koniki polskie, Warszawa, PWN, 1984, cité par Pasicka 2013, p. 26.
  25. (pl) Z. Jaworski et M. Jaszczyńska, « Program hodowlany ochrony zasobów genetycznych koników polskich », Krajowy Ośrodek Koordynacyjny ds, Zasobów Genetycznych Zwierząt Instytut Zootechniki – PIB Kraków,‎ .
  26. Michelot 2003.
  27. « Historique », sur maisondelareserve.fr.
  28. (en) Rupak Khadka, « Global Horse Population with respect to Breeds and Risk Status », Uppsala, Faculty of Veterinary Medicine and Animal Science - Department of Animal Breeding and Genetics, , p. 62 ; 68.
  29. (en) Rick Parker, Equine Science, Cengage Learning, , 4e éd., 608 p. (ISBN 1-111-13877-X), p. 63 .

Annexes modifier

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Articles connexes modifier

Liens externes modifier

Bibliographie modifier

Articles scientifiques modifier

  • [Pasicka 2013] (en) Edyta Pasicka, « Polish Konik horse - Characteristics and historical background of native descendants of Tarpan », Acta Sci. Pol., Medicina Veterinaria, Université de Wrocław, vol. 12, nos 2-4,‎ , p. 25-38 (ISSN 1644-0676, lire en ligne)
  • [Stachurska et al. 2004] (en) Anna Stachurska, M. Pięta, Z Jaworski, A. P. Ussing, A. Bruśniak et M. Florek, « Colour variation in blue dun Polish Konik and Biłgoraj horses », Livest Prod. Sci., vol. 90,‎ , p. 201–209

Ouvrages de vulgarisation modifier

  • Serge Farissier, « Le konik polski : un poney méconnu », dans Le poney, Éditions Artemis, (ISBN 2844162517 et 9782844162519), p. 75-79