Kimbundu

langue bantoue

Le kimbundu (parfois aussi écrit en français kimboundou), parlé par les Mbundu, est une langue d'Angola, parlée dans les régions de Luanda, Bengo et Malange. Elle fait partie de la famille des langues bantu. Elle est parlée à la maison par 2 millions d'Angolais selon le recensement du pays de 2014[1].

Kimbundu
Pays Angola
Nombre de locuteurs 1 855 951 (2014)
Codes de langue
IETF kmb
ISO 639-2 kmb
ISO 639-3 kmb
Étendue Langue individuelle
Type Langue vivante
Glottolog kimb1241
Guthrie H.21
Échantillon
Article premier de la Déclaration universelle des droits de l'homme (voir le texte en français)

KAKIBATU KA DYANGA

O athu woso avwala abhuluka ni kusokela mu kijingu ni mu itekelu. Ene ala ni ulungilu ni kilunji ni atokala kulaya kumoxi nya akwa mu mixima ya undandu.

On distingue onze sous-groupes ethniques parmi les Mbundu, chacun possédant son propre dialecte : ngola, dembo, jinga, bondo, bângala, songo, ibaco, luanda, kibala, libolo et kissama.

À Luanda, le portugais parlé par la population — blanche, métisse, noire — a, dès la fondation de la ville, absorbé un nombre considérable des mots kimbundu. Une partie des populations mbundu de la région de Malanje a fait évoluer sa langue vers un mélange de kimbundu et de portugais qu'ils nomment ambaca - d'où leur désignation comme « Ambaquistas ».

Un décret colonial de 1919 interdit l'usage des langues locales dans les écoles et dans l'administration. Cette mesure et d'autres visant l'assimilation ont fait fortement reculer l'usage du kimbundu dans les populations urbaines, au profit du portugais. Cette tendance, très marquée à partir des années 1960, se maintient même après l'indépendance.

Écriture modifier

L'écriture du kimbundu date des missionnaires capucins et jésuites, qui l'ont développée dans le but d'enseigner aux autochtones la langue portugaise et le catéchisme catholique. Ils en codifièrent la grammaire, et définirent les règles orthographiques qui sont encore en vigueur de nos jours. Ainsi, le missionnaire suisse Héli Chatelain rédige une grammaire du kimbundu à la fin du XIXe siècle[2].

L'écriture du kimbundu est phonétique. Il dispose de cinq voyelles (a, e, i, o, u), le u (prononcé "ou") ayant également la fonction d'une semi-voyelle. Certaines consonnes sont représentées par deux lettres (digrammes), comme mb dans mbambi (gazelle) ou nj dans njila (oiseau).

Conjugaison modifier

Pronoms personnels sujets en Kimbundu Traduction en Français
Eme Je
Eie / Eye Tu
Muene Il ou elle
Etu Nous
Enu Vous
Ene Ils ou elles

Verbe être kuala (aussi kukala) en Kimbundu au présent de l’indicatif [3] :

Eme ngala Je suis
Eie uala / Eye uala / Eie wala / Eye wala Tu es
Muene uala / Muene wala Il ou elle est
Etu tuala / Etu twala Nous sommes
Enu nuala / Enu nwala Vous êtes
Ene ala Ils ou elles sont

Verbe avoir kuala ni (aussi kukala ni) en Kimbundu au présent de l’indicatif :

Eme ngala ni J’ai
Eie / Eye uala ni Tu as
Muene uala ni Il ou elle a
Etu tuala ni Nous avons
Enu nuala ni Vous avez
Ene ala ni Ils ou elles ont

Vocabulaire modifier

Exemples de termes kimbundu modifier

Angolais de la province de Luanda s'exprimant en kimbundu.
  • mutu : personne
  • kima : chose
  • kuria : nourriture
  • tubia : feu
  • lumbu : mur

Emprunts lexicaux au kimbundu modifier

 
Le terme portugais « bunda » (en français : « cul ») vient du kimbundu « mbunda »[4].
 
Le terme portugais « maconha » (en français : « herbe, cannabis ») vient du kimbundu « ma'kaña »[5]

Le portugais a fait de nombreux emprunts lexicaux au kimbundu ; le plus connu en français est sans doute le mot samba. Parmi eux :

Moleque (de mu'leke, garçon)[6], cafuné (de kifunate, entorse)[7], quilombo (de kilombo, village)[8], quibebe (de kibebe)[9], quenga (de kienga, poêle)[10], bunda (de mbunda)[4], cochilar (de kukoxila)[11], marimbondo (de ma [préfixe du pluriel] et rimbondo, guêpe)[12], camundongo (de kamundong)[13], tungar (de tungu, bois)[14], muamba (de mu'hamba, caisse)[15], mucama (de mu'kaba, esclave sexuelle)[16], banza (de mbanza)[17], banzar (de kubanza)[17], cachimbo (une pipe) et cacimba (un puits) (tous les deux de kixima)[18], fubá (de fu'ba)[19], caçula (de kusula et de kasule)[20], cacumbu (de ka, petit, et kimbu, hâche)[20], cacunda (de kakunda)[20], bundo (de mbundu, noir)[4], matumbo (de ma'tumbu, monticule)[21], tutu (pt) (de ki'tutu)[22], tutu (de kitu'tu)[16], samba (de semba, umbigada)[23], jiló (de njilu)[24], jibungo (de jibungw)[24], jimbo (de njimbu)[24], jimbongo (de jimbongo)[24], jongo (de jihungu)[25], quitute (de kitutu, indigestion)[26], maxixe (de maxi'xi)[27], xingar (de kuxinga, blesser)[28], quitungo (de kitungu)[16]etc.

Notes et références modifier

  1. http://aiangola.com/wp-content/uploads/2016/03/Publica%C3%A7%C3%A3o-Resultados-Definitivos-Censo-Geral-2014_Vers%C3%A3o-22032016_DEFINITIVA-18H17.pdf, page 99
  2. B. 1928.
  3. (pt) « A língua kimbundu », sur Ciberduvidas da lingua portuguesa (consulté le )
  4. a b et c Ferreira 1986, p. 293.
  5. Ferreira 1986, p. 1060.
  6. Ferreira 1986, p. 1150.
  7. Ferreira 1986, p. 312.
  8. Ferreira 1986, p. 1435.
  9. Ferreira 1986, p. 1434.
  10. Ferreira 1986, p. 1431.
  11. Ferreira 1986, p. 432.
  12. Ferreira 1986, p. 1093.
  13. Ferreira 1986, p. 330.
  14. Ferreira 1986, p. 1726.
  15. Ferreira 1986, p. 1166.
  16. a b et c Ferreira 1986.
  17. a et b Ferreira 1986, p. 230.
  18. Ferreira 1986, p. 307.
  19. Cunha 1996, p. 370.
  20. a b et c Ferreira 1986, p. 309.
  21. Ferreira 1986, p. 1105.
  22. Ferreira 1986, p. 1729.
  23. Ferreira 1986, p. 1543.
  24. a b c et d Ferreira 1986, p. 988.
  25. Ferreira 1986, p. 990.
  26. Ferreira 1986, p. 1439.
  27. Ferreira 1986, p. 1107.
  28. Ferreira 1986, p. 1799.

Voir aussi modifier

  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Bibliographie modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier