Kabic

veste à capuchon

Le kabic (ou kabig) est une veste à capuchon, créée à l'origine par les goémoniers du Pays pagan, en Finistère Nord. Il était communément appelé « kab an aod » (cape de grève). « Exposés à des conditions de travail éprouvantes, ils [les goémoniers] l’avaient adopté pour sa résistance aux efforts et au froid lorsqu’ils allaient arracher le goémon autour des rochers », écrit Pascal Aumasson[1], coauteur d'un ouvrage sur le kabig[2].

Kabig ou Kab an aod, conservé au Musée de Bretagne.

Historique modifier

Déjà décrit par Jacques Cambry en 1794[3], le kabic figure dans plusieurs dessins[4] du peintre François Hippolyte Lalaisse en 1844-1845. Il a ensuite été porté communément par les marins bretons[réf. nécessaire].

Étymologie modifier

Le mot est un néologisme inventé par le tailleur quimpérois Marc Le Berre (1899-1968), membre des Seiz Breur, qui provient du breton « kab », qui signifie « cape », auquel il a ajouté le diminutif « ig  »[réf. nécessaire]. Après la Seconde Guerre mondiale, Marc Le Berre réalise un kabig inspiré d’un modèle ancien de la collection du musée départemental breton. « Fort des leçons de ce modèle lui montrant la coupe, les boutons, le cranté, les surpiqûres, les lisières, la capuche, le manchon des tenues traditionnelles, il entreprend des confections qui incombent jusqu’en 1951 à l’atelier-ouvroir de Kernisy, à Quimper, puis à l’atelier familial Les Tissages de Locmaria, à l’enseigne L’enfant d’Armor, ou à la maison Ruallem également à Quimper »[5], rappelle Pascal Aumasson. C'est seulement à partir des années 1950 que l'usage du nom originel « kab an aod » disparait progressivement, au profit du terme « kabig », jusqu’alors employée pour les vêtements d’enfant.

Description modifier

Sa particularité réside dans plusieurs détails de fabrication : une laine tissée très serrée qui en fait un vêtement imperméable, des ailerettes au niveau des épaules qui évitent ainsi le ruissellement de l'eau, une double poche (la « poche Napoléon ») au niveau du ventre qui permet d'abriter les deux mains et le crantage du tissu (à la main) évitant ainsi l'usure du vêtement. Ainsi, même s'il ressemble au duffle-coat, le kabig ne peut, de par sa coupe, être confondu avec son parent anglais.

Lors de l'Après-guerre, le kabig s'est adapté pour devenir un vêtement pour tous, hommes, femmes, enfants. Le "Kabig", modernisé par le dessinateur ethnologue René-Yves Creston et Marc Le Berre en 1937, est désormais de toutes les couleurs alors qu'il était à l'origine uniquement blanc ou bleu marine ; il est devenu, avec la marinière et le ciré, l'un des symboles du « vêtement national breton »[6]. On en retrouve la trace dans les archives de la maison Le Glazik dès 1928 à Quimper et la maison Le Minor à Pont-l'Abbé en fut un des principaux fabricants.

Le kabig fait partie de la tenue portée par les sonneurs du bagad Saint Patrick, de Quimper. Le film Dieu a besoin des hommes de Jean Delannoy est à l’origine de l’engouement pour le kabig, au début des années 50. Les figurants, des goémoniers de Plouguerneau, portaient en effet le « kab an aod »[7] (« manteau de grève ») et les deux acteurs vedettes du film, Pierre Fresnay et Madeleine Robinson, continuèrent à l’utiliser à leur retour à Paris. Dans les années 1960, René-Yves Creston considère même le kabig comme « le costume national de toute la jeunesse bretonne ». « Dix ans plus tard, cette ferveur est relayée par d’autres militants régionalistes réussissant à inverser le sentiment négatif qui avait parfois été associé à cette tenue de labeur goémonier », écrit Pascal Aumasson[8].

Le kabig est une forme indémodable, c'est pourquoi il continue à être fabriqué chaque année. Des exemplaires de kabigs sont présentés à l'Écomusée du Pays pagan de Plouguerneau.

Notes et références modifier

  1. Pascal Aumasson, « Le kabig, ou la conversion urbaine d’un habit de travail », sur Becedia.bzh, (consulté le ).
  2. Aumasson Pascal, Bigouin Yannick, Le Berre Gwenaël, Kabig, Le destin d'un habit de grèves, Spézet, Coop Breizh, , 128 p. (ISBN 9782843468889)
  3. Lors du naufrage du Neptune en 1792 à Plouguerneau, les archives rapportent que l'un des pilleurs d'épaves portait déjà un vêtement de ce type.
  4. Hippolyte Lalaisse, « Carnet de dessins. Costume de grève », sur mucem.org (consulté le ).
  5. « Le kabig, ou la conversion urbaine d’un habit de travail », sur Becedia, (consulté le ).
  6. « Costumes bretons (4). Le kabig du Pays pagan »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur letelegramme.fr, Le Télégramme, (consulté le ).
  7. Pierre Caouissin, « Autour de Dieu a besoin des hommes », sur cinematheque-bretagne.bzh, (consulté le ).
  8. Pascal Aumasson, « Le kabig, ou la conversion urbaine d’un habit de travail », sur bcd.bzh, (consulté le ).

Article connexe modifier