Un juz’ (arabe : جُزْءْ, pluriel أَجْزَاءْ, ’a'jzā’, littéralement « partie » ou « portion »[1]) est l'une des trente parties dans lesquelles le Coran est parfois divisé.

Une division du texte coranique modifier

La méthode utilisée pour diviser le Coran consiste à découper celui-ci sur la base du nombre de lettres (au total, 324732[2]), et de placer la coupure à la fin du verset concerné[3]. Datant de l'époque post-rédactionnelle du Coran, ces divisions sont basées sur des critères purement quantitatifs et ne prennent pas en compte l'aspect rhétorique ou sémantique des sourates[4].

Cette division artificielle est utilisée pour étaler une récitation du Coran sur un mois, en particulier lors des prières de tarawih pendant le ramadan[1],[5]. Elle a aussi pour but de faciliter la mémorisation du texte[6]. Les ajzā’, sont, eux-mêmes, divisés en deux aḥzab (sing : ḥizb). Les subdivisions ḥizb comme Juz’ peuvent être subdivisées en quart ou en demi[7].

Dans les manuscrits modifier

Cette division serait apparue vers la fin du VIIe siècle[3]. Des manuscrits du ixe siècle sont ainsi divisés en 30 'ajzā’[7].

À l'époque pré-moderne, des manuscrits ne contenant qu'un juz’ ont été produits. Le dernier juz’, composé des sourates 78 (An-Naba) à 114 (An-Nas), est appelé Juz’ ‘amma (جُزْءْ عَمَّ) en raison de son premier mot. Il était particulièrement apprécié à l'époque ottomane[8]. À cette époque, un format standard a été mis en place, avec des divisions précises, ce qui ouvrait, entre autres, la possibilité théorique d'échanges de pages entre plusieurs mus'hafs (en)[9].

Dans les manuscrits, ces divisions Juz' peuvent être marquées graphiquement. Ces marques ont pu servir de support à une ornementation[10]. Certains manuscrits soignés possèdent ainsi un cadre enluminé signalant ces limites[11].

Références modifier

  1. a et b Sohaib Sultan (trad. Malek Chebel), Le Coran pour les Nuls [« The Koran for dummies »], Paris, First, coll. « Pour les nuls », , 391 p. (ISBN 978-2-7540-0982-9), « Les juz’ », p. 47–48.
  2. « Liste des 114 sourates » sur www.sourates.fr [lire en ligne (page consultée le 17 octobre 2020)]
  3. a et b François Déroche, chap. II « Structure et langue », dans Le Coran, Paris, PUF, coll. « "Que sais-je ?" », , 128 p. (ISBN 978-2-7154-0147-1), p. 26–46.
  4. (en) Angelika Neuwirth, « Structure and the Emergence of Community », The Blackwell companion to the Qur'an,‎ , p. 142
  5. (en) Anna M. Gade, « Recitation », The Blackwell Companion to the Qur'an,‎ , p. 486
  6. (en) Kristina Nelson, The art of reciting the Qur'an, Caire, New York, The American University in Cairo Press, , 246 p. (ISBN 977 424 594 6), p.4
  7. a et b (en) François Déroche, « Written Transmission », The Blackwell companion to the Qur'an,,‎ , p. 178-183
  8. (en) Sheila S. Blair, « Glorifying God’s Word: Manuscripts of the Qur’an », dans Mustafa Shah (dir.) et Muhammad Abdel-Haleem (dir.), The Oxford Handbook of Qur'anic Studies, Oxford, Oxford University Press, , 912 p. (ISBN 978-0-19-969864-6, DOI 10.1093/oxfordhb/9780199698646.013.14), p. 233.
  9. François Déroche, chap. V « Le Coran dans les sociétés musulmanes », dans [[#Déroche2019|Le Coran, op. cit.]], p. 91–110.
  10. (en) Massumeh Farhad, The Art of the Qur’an, Treasures from the Museum of Turkish and Islamic Arts, Washington D.C, Arhur M. Sackler Gallery, Smithsonian Institution, , 382 p. (ISBN 978-1588345783, lire en ligne), "Introduction"
  11. François Déroche, « Manuscrits », Dictionnaire du Coran,‎ , p. 527