Jus d'orange

boisson préparée à partir d'oranges pressées
(Redirigé depuis Jus d’orange)

Tables des composants nutritionnels

Jus d'orange
Valeur nutritionnelle moyenne
pour 100 g
Apport énergétique
Joules 187 kJ
(Calories) (46 kcal)
Principaux composants
Glucides 11 g
Amidon ? g
Sucres ? g
Fibres alimentaires 2.4 g
Protéines 0,1 g
Lipides 0,2 g
Eau 86.7 g
Minéraux et oligo-éléments
Calcium 0.42 mg
Fer 3 mg
Magnésium 0.4 mg
Phosphore 0.55 mg
Potassium 0,2 mg
Sodium 0.4 mg
Vitamines
Provitamine A 0.1 mg
Vitamine B1 0.2 mg
Vitamine B2 3 mg
Vitamine B3 (ou PP) 0.5 mg
Vitamine B6 0.4 mg
Vitamine C 50 mg
Acides aminés
Acides gras

Source : aucune source

Le jus d'orange est l'extrait de la pulpe d'orange pressée.

Production mondiale modifier

La production mondiale d'oranges était de 60 millions de tonnes en 2000, dont 18 millions de tonnes produites par le Brésil à lui seul, suivi par la Floride avec 11 millions et le bassin méditerranéen avec 10 millions. Cependant, le jus d'orange représente un segment minime du marché et sa conservation est limitée, même si la pasteurisation prolonge sa conservation de trois semaines à trois mois.

Les principaux jus commercialisés modifier

  • Jus d'orange frais

Concerne les jus d'orange à base de fruits frais et n'ayant subi aucun traitement de stabilisation.

  • Jus d'orange « 100 % pur jus »

Selon la législation, un jus d'orange « 100 % pur jus » ne doit être obtenu qu'à partir de fruits frais, sans addition de colorant ou de conservateur. L'élimination de l'oxygène lors de la pasteurisation élimine également les composés aromatisants, les fabricants ajoutent donc un pack d'arômes (qui peut être obtenu à partir d'oranges, mais pas nécessairement). La réglementation n'oblige pas les fabricants à en faire mention sur l'emballage[1].

  • Jus d'orange à base de concentré

Le plus souvent, le jus d'orange est produit à base de concentré congelé. Les oranges sont pressées, le jus est réduit à l'état de sirop, pasteurisé et ensuite congelé sur le lieu même de production, ce qui réduit le volume de liquide à 10 % de son volume initial, et rend le transport d'autant moins coûteux. Une fois parvenu dans les pays consommateurs, le concentré est dilué avec de l'eau.

  • Nectar d'orange

Le nectar d'orange est obtenu par addition d'eau et de sucre à un concentré d'orange.

Marché à terme modifier

Sous sa forme concentrée surgelée (FCOJ, pour frozen concentrated orange juice) c'est une denrée alimentaire faisant l'objet d'un contrat à terme actif traité sur le New York Board of Trade. Ce marché a été rendu célèbre par la comédie de John Landis avec Eddie Murphy et Dan Aykroyd en 1983 : Un fauteuil pour deux.

Histoire modifier

En 1694, le Dictionnaire de l'Académie mentionne l'orangeade comme une boisson «qui se fait avec du jus d’orange, du sucre et de l’eau»[2]. Le jus d'orange est utilisé dans la cuisine classique, François Marin donne une recette de hareng saur à la Sainte Menehoult panés grillés et servis avec du jus d'orange[3], en Espagne on en fait de bonbons les Azugarillos[4]. C'est dans la somme de Pierre Lacam (1900) Le mémorial de la Pâtisserie que l'utilisation du jus d'orange se révèle dans ses utilisations les plus vastes: entremets, punch, biscuits, gelées, orange glacée, crème d'orange[5].

Vin d'orange modifier

L'écorce d'orange sert à faire de préparation à base de vin utilisée en pharmacie[6], le vin d'orange est une vieille (vers 1750) spécialité de La Martinique[7] qui est une boisson de table. En 1890, Moreau de Saint Mery donne la recette du vin d'orange (jus sucré fermenté) des Antilles qui se conserve bien à Paris[8]. Les vins d'orange andalous, siciliens, portugais se font en ajoutant 20% d'oranges écrasée au jus de raisin[9].

Le jus d'orange et la santé modifier

À la fin du XIXe siècle apparaissent des prescriptions de jus d'orange comme antiscorbutiques[10] (1998)[11]. F Xavier Gouraud (1910) recommande d'additionner un peu de jus d'orange à l'alimentation des jeunes enfants[12].

La vitamine C (acide ascorbique) a été découverte en 1912[13], isolée en 1928 par Albert Szent-Györgyiet et en 1933 Norman Haworth déduit la structure chimique la synthétise, c'est la première vitamine produite chimiquement[14]. C. Holst et Theodor Frölich constatent qu'à l'opposé de nombreux animaux, êtres humains et cobaye ne peuvent synthétiser leur propre vitamine C, seul un apport dans leur alimentation peut prévenir la carence dont les effets vont de l'irritabilité à de graves désordres voir au scorbut[15](altération de la synthèse du collagène).

Osborne et Mendel trouvent une présence significative des vitamine B (1919, 1920), A (1921) dans le jus d'orange, en 1927 S. G. Willimott publie un texte fondateur sur l'effet de la vitamines C du jus d'orange Navel de Californie : valeur antirachitique, pouvoir antiscorbutique. Il démontre l'influence favorable d'un verre de jus d'orange sur formation osseuse lors de la croissance mise en évidence expérimentalement chez le rat pas Maslow, Shelling et Kramer (1926)[16]. L'expérimentation animale montre l'importance de l'apport en vitamine C sur la fécondité du cobaye[17] puis Agnès Grant (1930) définit le rapport Calcium/vitamine C et D pour la prévention du rachitisme et de la tuberculose[18]. En 1928, FP Mackie et al. montrent en donnant du jus d'orange que la carence en vitamine C réduit la résistance de la paroi intestinale à l'invasion de bactéries toxiques chez le singe[19]. Parallèlement la production d'oranges aux États-Unis est excédentaire ce qui conduit à la pasteurisation des jus en Floride[20] et une importante campagne de marketing[21] visant les mères de famille (Orange juice every day[22], orange juice is health juice[23]) et le jus d'orange devient incontournable du petit déjeuner américain.

En 1923, le Manuel du développement de l'enfant indique : « Un litre de lait, un légume-feuille, un agrume (orange ou un demi pamplemousse) et un œuf sont indispensables dans l'alimentation quotidienne de la mère qui allaite » puis inclus le jus d'orange (dilué au plus jeune âge) dans la nourriture des enfants[24]. Dans les années 50 le marketing d'orange est repris avec les oranges d'Afrique du Nord (Vitamines et santé avec L'Orange D'Afrique du Nord [25]) et vise aussi les enfants en croissance[26].

Jus d'orange et diabète modifier

Dans une étude de 2013, la consommation de jus de fruit à la place d'eau était associée à une augmentation de 8 % du risque de diabète[27], tandis que la consommation de fruits était associée à une diminution de 1 à 26 % (en fonction du type de fruit) de ce même risque[27]. Cela pourrait notamment s'expliquer par l'absence de fibres dans les jus de fruits - celles-ci diminuant le risque de diabète[27],[28] - ou l'apport énergétique plus élevé - 120 ml de jus d'orange étant par exemple l'équivalent de 2 à 3 oranges[27]. Dans une étude publiée en 2017, le remplacement d'un verre par jour de jus de fruits en bouteille par de l'eau, ou du jus d'orange pressé juste avant consommation était associé respectivement à une diminution de 25 % et de 44% (35 % pour les autres fruits) du risque de diabète ; chaque prise additionnelle de jus de fruits en bouteille augmentait le risque de diabète[29].

Après un publication de l'EFSA sur les jus de fruits Nature publie en 2023 une synthèse fondée sur une revue systématique et une méta-analyse d'essais contrôlés qui montre qu'à l'opposé des boissons aux fruits (sucrées), les jus de fruits à faible dose (< 10 % de l'apport caloriques) diminuent le poids corporel et l'Indice de Masse Corporelle. Une consommation de purs jus de fruit apporte des avantages cardiométaboliques: hypertension, syndrome métabolique, risque d'événement cardiovasculaire[30].

Boisson officielle modifier

En raison de l'importance des oranges pour l'économie de l'État, « le jus obtenu à partir d'oranges mûres de l'espèce Citrus sinensis et des hybrides de celui-ci est adopté comme boisson officielle de la Floride »[31]. Ceci a été rendu officiel en 1967[32].

Références modifier

  1. (en) Andrea Walker, « Ask an Academic: Orange Juice », The New Yorker,‎ (ISSN 0028-792X, lire en ligne, consulté le )
  2. Académie française Auteur du texte, Le dictionnaire de l'Académie françoise. Tome 2 / , dédié au Roy, (lire en ligne)
  3. François (17-17 ; maître d'hôtel) Auteur du texte Marin, Les dons de Comus. T. 3 / , ou l'Art de la cuisine, réduit en pratique, nouvelle édition, revue, corrigée & augmentée par l'auteur. Tome premier [-troisieme], (lire en ligne)
  4. Marie-Nicolas (1798-1865) Auteur du texte Bouillet, Dictionnaire universel des sciences, des lettres et des arts... (Nouvelle édition, entièrement refondue) / M.-N. Bouillet, (lire en ligne)
  5. Pierre (1836-1902) Auteur du texte Lacam, Le Mémorial historique et géographique de la pâtisserie, contenant 1,600 recettes de pâtisseries, glaces et liqueurs... par Pierre Lacam,... avec anecdotes et biographies des grands auteurs de la gastronomie..., (lire en ligne)
  6. Jourdan, Pharmacopée universelle, ou, Conspectus des pharmacopées: d'Amsterdam, Anvers ... des dispensaires, de Brunswick, de Fulde, de la Hesse, de la Lippe et du Palatinat, des pharmacopées militaires de Danemarck, de France, de Prusse et de Wurzbourg, de la pharmacopée des pauvres de Hambourg, des formulaires et pharm, (lire en ligne)
  7. Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle, appliquée aux arts, principalement à l'agriculture et à l'economie rurale et domestique; par une société de naturalistes et d'agriculteurs: avec des figures tirées des trois r: 16, (lire en ligne), p 417
  8. Variétés bibliographiques, E. Rolland., (lire en ligne), p 187
  9. Bulletin de la Société nationale d'acclimatation de France, Au Siége de la Société, (lire en ligne), p 386
  10. « La France médicale et Paris médical », sur Gallica, (consulté le )
  11. Société médicale des hôpitaux de Lyon Auteur du texte et Société médico-chirurgicale des hôpitaux (Saint-Etienne) Auteur du texte, « Lyon médical : Gazette médicale et Journal de médecine réunis », sur Gallica, (consulté le )
  12. F. Xavier (Dr) Auteur du texte Gouraud, Que faut-il manger ? manuel d'alimentation rationnelle. Préface du Dr Armand Gautier / Dr F.-X. Gouraud, (lire en ligne)
  13. (en) Victor R. Squires, The Role of Food, Agriculture, Forestry and Fisheries in Human Nutrition - Volume IV, EOLSS Publications, (ISBN 978-1-84826-195-2, lire en ligne)
  14. Kenneth J. Carpenter, « The discovery of vitamin C », Annals of Nutrition & Metabolism, vol. 61, no 3,‎ , p. 259–264 (ISSN 1421-9697, PMID 23183299, DOI 10.1159/000343121, lire en ligne, consulté le )
  15. (en) « Vitamin C Deficiency - Disorders of Nutrition », sur MSD Manual Consumer Version (consulté le )
  16. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1252090/pdf/biochemj01140-0092.pdf
  17. https://journals.physiology.org/doi/abs/10.1152/ajplegacy.1930.95.1.64?journalCode=ajplegacy
  18. https://www.atsjournals.org/doi/pdf/10.1164/art.1930.21.1.115?download=true
  19. « How to access research remotely », sur www.cabdirect.org (consulté le )
  20. (en) United States Bureau of Chemistry and Soils, Report of the Chief of the Bureau of Chemistry and Soils: 1927-1933, U.S. Department of Agriculture, Bureau of Chemistry and Soils, (lire en ligne)
  21. https://www.researchgate.net/publication/334709441_Market_coordination_and_the_making_of_conventions_qualities_consumption_and_sustainability_in_the_agro-food_industry
  22. « Titre : Sold at Auction: Anonymous - USA, Original Vintage 1930s CA ... », sur www.google.com (consulté le )
  23. (en-US) « Orange Juice Northfield », sur Vintage Posters (consulté le )
  24. Internet Archive, the manual of child development, (lire en ligne), p 99
  25. https://www.invaluable.com/auction-lot/vitamines-et-sante-avec-lorange-dafrique-du-nord--1526-c-af2456d94b
  26. Alamy Limited, « Oranges d'Afrique du Nord. L'ORANGE d'AFRIQUE DU NORD FRUIT VITAMINE C VOYAGE SANTÉ annonce dans un Paris Match magazine 24 mars 1951 Photo Stock - Alamy », sur www.alamyimages.fr (consulté le )
  27. a b c et d Science-et-vie.com, « Boire le jus d’un fruit équivaut-il à le manger ? », Science-et-vie.com,‎ (lire en ligne, consulté le )
  28. Organisation mondiale de la santé, Régime alimentaire, nutrition et prévention des maladies chroniques : Série de Rapports techniques 916, Genève, Organisation mondiale de la santé, , 128 p. (ISBN 92-4-220916-3, présentation en ligne, lire en ligne), chap. 5.3 (« Recommandations concernant la prévention du diabète »), p. 62-65
  29. U. Fresan, A. Gea, M. Bes-Rastrollo et F. J. Basterra-Gortari, « Substitution of water or fresh juice for bottled juice and type 2 diabetes incidence: The SUN cohort study », Nutrition, metabolism, and cardiovascular diseases: NMCD, vol. 27, no 10,‎ , p. 874–880 (ISSN 1590-3729, PMID 28958696, DOI 10.1016/j.numecd.2017.07.010, lire en ligne, consulté le )
  30. (en) Victoria Chen, Tauseef A. Khan, Laura Chiavaroli et Amna Ahmed, « Response to comment on “Relation of fruit juice with adiposity and diabetes depends on how fruit juice is defined: a re-analysis of the EFSA draft scientific opinion on the tolerable upper intake level for dietary sugars” by Chen et al. 2023 », European Journal of Clinical Nutrition, vol. 77, no 12,‎ , p. 1178–1179 (ISSN 1476-5640, DOI 10.1038/s41430-023-01323-6, lire en ligne, consulté le )
  31. (en) « 2012 Florida Statutes, Chapter 15.032 », The Florida Senate (consulté le )
  32. (en) « Florida Memory, State beverage of Florida », Florida Department of State, Division of Library and Information Services. (consulté le )

Voir aussi modifier

Sur les autres projets Wikimedia :