Jules Chaplain

sculpteur et graveur-médailleur français
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Jules Chaplain
Jules Chaplain, photographie anonyme.
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Paris (France)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Œuvres principales

Jules Chaplain, ou Jules-Clément Chaplain, est un sculpteur, médailleur, dessinateur et lithographe français, né le à Mortagne-au-Perche (Orne) et mort le à Paris.

Tombe de Jules Chaplain au cimetière du Montparnasse (div. 18), à Paris.

Biographie modifier

 
Jules Chaplain, photographie anonyme.
 
Marcel, Maurice, Louise et Suzanne Chaplain, dit aussi Mes enfants (1886), New York, Metropolitan Museum of Art.

Jules Chaplain naît du mariage de Jean-Pierre Ferdinand Chaplain, boulanger rue de Bellême à Mortagne-au-Perche, et de Joséphine Lazarine Nourry[1]. Élève à l'École des beaux-arts de Paris, il reçoit l'enseignement de François Jouffroy et d'Eugène-André Oudiné[2].

Second prix de Rome en gravure de médaille et pierre fine en 1860, puis premier grand prix en 1863 grâce à une médaille Bacchus faisant boire une panthère et pierre fine gravée d'une Tête de Mercure antique, Chaplain est pensionnaire de la villa Médicis de 1864 à 1867[3]. Lors de ce séjour, Gaston Migeon mentionne qu'il exécute « quelques beaux dessins d'après les œuvres de peinture les plus célèbres de Rome[4] ».

En 1870, avec l'archéologue helléniste Albert Dumont (1842-1884), il est missionné par le ministère de l'Instruction publique pour l'étude et la recherche d'origine des vases grecs peints. Ce n'est qu'après la guerre franco-allemande de 1870, où les deux hommes s'engagent dans les ambulanciers, qu'ils entreprennent ces travaux qui sont assortis d'une mission qu'ils effectuent en Grèce, en Albanie et en Dalmatie[5] et qu'ils rapporteront par des publications dans le Journal des savants en 1872 et 1873[6] : « dans une étroite et féconde collaboration, évoque Raymond Poincaré, les deux amis ont étudié tous les anciens vases, hydries et lécythes, coupes et amphores, cratères et canthares, et Chaplain les a fidèlement reproduits dans les planches où s'exprime son respect religieux de la beauté antique »[7].

Le , Jules Chaplain épouse Marie-Louise Dumont (1853-1922)[8], sœur cadette d'Albert. Les quatre enfants qui naîtront à la suite de l'aîné, Paul mort en bas âge, sont Louise (1877-1951), Marcel (1879-1966), Suzanne (1882-1908) et Maurice (1884-1886), dont les quatre profils apparaissent ensemble sur la médaille que l'artiste réalise en 1886. « Issue du domaine intime et d'abord destinée à rester dans le cercle familial », la médaille que Jules Chaplain signe en son centre, comme pour « placer le père au cœur de la fratrie », n'en sera pas moins exposée au Salon de 1886 à côté des effigies de Paul Baudry, Jean-Léon Gérôme, Christakis Zografos (en) et Victor Hugo[9].

Jules Chaplain est reçu à l'Académie des beaux-arts le en remplacement du graveur de médailles Jacques-Édouard Gatteaux[4], puis nommé directeur de la Manufacture de Sèvres en 1895.

Graveur reconnu et admiré à la fin du XIXe siècle pour ses séries de médailles — « minuscules morceaux de métal transmettant bien des messages ou des émotions, et racontant maintes histoires »[10] — il passe à la postérité surtout pour la gravure des pièces de 10 et 20 francs-or du système monétaire français qui sont frappées de 1899 à 1914. Il réalise des médailles pour l'Exposition universelle de 1867, l'Exposition universelle de 1878, les premiers Jeux Olympiques modernes à Athènes en 1896, et pour l'Exposition universelle de 1900. Son atelier se trouve rue Mazarine à Paris[7].

Le louis ou napoléon de la Troisième République présente au droit une tête de Marianne coiffée du bonnet phrygien et couronnée de feuilles de chêne. Au revers, le coq et la devise Liberté, Égalité, Fraternité. La guerre de 1914 aura raison du système du franc germinal.

Il a aussi conçu la composition reprise par Robert Louis pour les armoiries officieuses de la République française[11].

Jules Chaplain meurt le à son domicile au 3, rue Mazarine dans le 6e arrondissement de Paris[12] et est inhumé au cimetière du Montparnasse (18e division)[13].

Œuvres modifier

Sculpture modifier

Plaquette en bronze modifier

Médaille modifier

Monnaie modifier

 
20 francs or (1907)
  • Pièces de 10 et 20 francs or (1899-1914).

Timbre modifier

Dessin modifier

Bibliophilie modifier

  • Discours et plaidoyers de Léon Gambetta avec une notice biographique par Joseph Reinach, édition ornée du médaillon de Gambetta par Jules-Clément Chaplain, Paris, G. Charpentier et Cie éditeurs, 1883.

Réception critique modifier

« Il semble qu'en Chaplain se sont trouvées réunies toutes les qualités pour que la médaille sortît des ornières où l'avaient enlisée les artistes de la première moitié du XIXe siècle. Tous ses efforts ont tendu à lui redonner une indépendance et une originalité qu'elle avait perdues. D'une science consommée, d'un goût pur, très respectueux de la nature, y revenant toujours comme à la source de toute vérité artistique, d'un esprit lucide qui refuse de se perdre dans la complication et l'obscurité des symboles, n'aimant rien tant que la clarté, nous lui devrons l'aube d'une renaissance radieuse. Son dessin a du style et affirme son goût pour les formes arrêtées. Sa main est d'une habileté remarquable, et parfois il ne résiste pas assez à la tentation d'en tirer parti. Qu'il est difficile pour un artiste de pouvoir s'arrêter à temps et de sentir la limite où l'adresse devient de la virtuosité ! »

— Gaston Migeon[4]

« Chaplain fut l'un des premiers maîtres de l'école nouvelle, il en est resté avec Roty, le plus vénéré au point que ces deux noms seuls ont paru longtemps résumer toute la médaille française […] L'œuvre de Chaplain est imposant par le nombre comme par une qualité à peu près indéfectible : c'était un maître. Qui ne lui doit point ? Est-il besoin de citer ses portraits célèbres de Jules Ferry, de Gréard, de Casimir-Perier, de Garnier, du duc d'Aumale, et tant d'autres. Chaplain tout en restant lui-même, a un génie assez accompli pour s'adapter chaque fois à son modèle, pour composer l'attitude, le volume même de ses personnages selon le caractère qu'il veut rendre dominant. »

— Jean Babelon[43]

Élèves modifier

Expositions modifier

Hommages modifier

Notes et références modifier

  1. Alain Garric, Jules-Clément Chaplain, Geneanet.
  2. Dictionnaire Bénézit, Gründ, 1999, vol.3, p. 479.
  3. a b c et d « Jules-Clément Chaplain », Une semaine, une médaille !, no 12, .
  4. a b et c Gaston Migeon, « J.-C. Chaplain », in: Art & Décoration, tome VII, janvier-, pp. 97-104.
  5. Études réunies par Michel Gras et Olivier Poncet, Construire l'institution : l'École française de Rome, 1873-1895, Éditions de l'École française de Rome, 2015.
  6. Albert Dumont et Jules Chaplain, « Les vases peints de la Grèce propre », Le journal des savants, septembre- et août-.
  7. a b et c Raymond Poincaré de l'Académie française, éloge de Jules Chaplain prononcé lors de l'inauguration du monument à sa mémoire le , archives de l'Académie française.
  8. Archives de Paris 6e, acte de mariage no 555, année 1874 (vue 21/31) (avec mention de la profession des époux).
  9. a et b Katia Schaal, Mes enfants, par Jules-Clément Chaplain, Institut national d'histoire de l'art, 2017.
  10. Stéphane William Gondoin, « Jules Chaplain - Passion médaille(s)… olympique(s) ! », Patrimoine normand, no 104, janvier-février- (en ligne).
  11. Hervé Pinoteau, Le chaos français et ses signes, 1998, pp. 385, 389, 444 et 480.
  12. Archives de Paris 6e, acte de décès no 1466, année 1909 (vue 15/31).
  13. Registre journalier d'inhumation de Paris Montparnasse de 1909, en date du (vue 20/31).
  14. Cimetières de France et d'ailleurs, Léo Delibes.
  15. Yiddish pour tous,  : obsèques du capitaine Armand Mayer, le Dreyfus oublié, .
  16. Paristoric, les statues de l'hôtel de ville : la statue d'Henri Regnault.
  17. Musée d'Orsay, Sarah Gustave-Simon par Jules Chaplain.
  18. Metropolitan Museum of Art, Jules-Clément Chaplain dans les collections.
  19. a b c d e f g h i j k l m et n Répertoire de sculpture française dans les musées des États-Unis, Jules Chaplain.
  20. Musée d'Orsay, Ulysse Trélat par Jules Chaplain.
  21. Bibliothèque nationale de France, médailles et antiques : Gustave Laguionie par Jules Chaplain.
  22. a b et c Académie d'architecture, Jules Chaplain dans les collections.
  23. Musée Carnavalet, médaille Molière.
  24. Musée Carnavalet, médaille Jeton de présence des professeurs de l'enseignement du dessin, 1867.
  25. Musée Carnavalet, médaille Les aérostats à la défense de Paris, 1870-1876.
  26. Musée de la Vie romantique, Jules Chaplain dans les collections.
  27. Musée d'Orsay, Reconstruction de l'hôtel de ville de Paris par Jules Chaplain.
  28. Musée de Grenoble, Jules-Clément Chaplain dans les collections.
  29. Metropolitan Museum of Art, médaille Mes enfants dans les collections.
  30. Musée d'Orsay, Albert Aicard par Jules Chaplain dans les collections.
  31. Musée d'Orsay, Sarah Gustave Simon.
  32. Musée des beaux-arts de Bordeaux, Jules Simon par Jules Chaplain.
  33. Musée d'art Dahesh, Léon Bonnat par Jules Chaplain dans les collections.
  34. Musée des Ursulines de Mâcon, Jules Chaplain dans les collections.
  35. Cité de la Musique-Philharmonie de Paris, Jules Chaplain dans les collections.
  36. Victoria and Albert Museum, Jules Chaplain dans les collections.
  37. Musée d'Orsay, Samuel Pozzi par Jules Chaplain dans les collections.
  38. L'Officiel des spectacles.
  39. Château-musée de Nemours, Jules-Clément Chaplain dans les collections
  40. Anne Vezin Plivard, Jules Clément Chaplain, sa vie, son oeuvre, Autoédition.
  41. L'Adresse Musée de La Poste, Jules-Clément Chaplain, projets et maquettes du timbre télégraphe-téléphone, 1875.
  42. Musée Sacem, Jules Chaplain dans les collections.
  43. Jean Babelon, La Médaille en France, Paris, Libraire Larousse, Collection « Arts, styles et techniques », 1948, p. 112.
  44. Musée des arts décoratifs et du désign de Bordeaux, L'art au creux de la main. La médaille en France aux XIXe et XXe siècles, présentation de l'exposition, 2012.
  45. « Monument à Jules-Clément Chaplain – Mortagne-au-Perche », notice sur e-monumen.net.

Annexes modifier

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Bibliographie modifier

  • Albert Dumont et Jules Chaplain, Les céramiques de la Grèce Propre, Paris, Librairie de Firmin Didot et Cie, 1890 (lire en ligne).
  • Charles Franquet de Franqueville, Le premier siècle de l'Institut de France, - , vol.1, Éditions J. Rothschild, 1895, p. 388.
  • Ferdinand Mazerolle, « Chaplain », Gazette numismatique française, tome I, 1897, p. 7–41.
  • Ferdinand Mazerolle, Jules-Clément Chaplain, biographie et catalogue de son œuvre, Paris, R. Serrure, 1897.
  • Gaston Migeon, « J.-C. Chaplain », Art & Décoration, tome VII, janvier-, pp. 97–104.
  • (en) Leonard Forrer, Biographical dictionary of medallists, Londres, Spink & Son, 1904.
  • Philippe Auquier, Sculptures et gravures en médailles, Éditions du Musée des beaux-arts de Marseille, 1904.
  • Ernest Babelon, « Jules-Clément Chaplain et l'art de la médaille au XIXe siècle », Revue de l'art ancien et moderne, no 153, , et no 154, .
  • article d'André Michel, Journal des débats, .
  • Stanislas Lami, Dictionnaire des sculpteurs de l'École française du XIXe siècle, tome premier, Librairie ancienne Honoré Champion, 1914 (lire en ligne).
  • Jean Babelon, La médaille en France, Larousse, 1948.
  • Les Muses. Encyclopédie des arts, vol.5, Paris, Grange Batelière, 1971.
  • Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs, graveurs, vol.3, Gründ, 1999.
  • Nicolas Maier, L'art de la médaille en France, 1870-1949, Éditions Nicolas Maier, 2010 (lire en ligne).
  • Katia Schaal, Jules-Clément Chaplain (1839-1909), médailleur, sculpteur et acteur de l'essor de la médaille, mémoire de Master 2, sous la direction de Béatrice Coullaré et Anne Pingeot, École du Louvre, 2012.
  • Catherine Chevillot et Édouard Papet, Au creux de la main. La médaille en France aux XIXe et XXe siècles, Skira-Flammarion, musée d'Orsay, 2012.
  • Anne Vezin-Plivard, Jules Chaplain, graveur médailleur : sa vie, son œuvre, auto-édition, 2012.
  • Stéphane William Gondoin, « Jules Chaplain - Passion médaille(s)… olympique(s) ! », Patrimoine normand, (extrait en ligne).

Liens externes modifier