Journée sans voiture

politique publique

Une journée sans voiture vise à expérimenter une journée de fermeture de la ville aux voitures.

Initialement fixées (en 1996) au 16 septembre au niveau européen, les journées sans voiture font à partir de 2002 partie d'une initiative plus large appelée Semaine européenne de la mobilité.

Bruxelles sans voiture 2005
Le bois de la Cambre lors de la journée sans voiture en 2015.

Genèse : des interdictions face à la crainte de pénuries modifier

De premières interdictions de circuler en voiture le dimanche sont prononcées entre novembre 1956 et janvier 1957 en Belgique, aux Pays-Bas et en Suisse, dans le contexte de l'insurrection de Budapest et de la crise de Suez qui font craindre une pénurie de carburant[1],[2]. De nouveau, à la suite du premier choc pétrolier, il est interdit de circuler en voiture en Suisse durant trois dimanches consécutifs en novembre 1973 ; trois jours qui, selon L'Illustré, « restent gravés comme des moments particulièrement joyeux » dans la mémoire collective[2]. En Belgique, le premier d'une série de quatre dimanches sans voiture est fixé au 18 novembre[3]. Les Pays-Bas, seul pays européen visé par un embargo complet de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), instaurent des dimanches sans voiture du au , avec comme seules exceptions les médecins en service, les infirmières requises pour des opérations, les invalides, les membres du corps diplomatique, et les étrangers conduisant des voitures non immatriculées dans le pays[4],[5]. La mesure néerlandaise prend fin pour laisser place au rationnement par coupons[4].

Manifestations modernes modifier

La première manifestation officielle moderne eut lieu en juin 1996 à Reykjavik en Islande. Les autorités y avaient organisé une journée sans voiture pour encourager les habitants à une mobilité plus propre, moins consommatrice d'énergie et moins dangereuse.

 
Carte représentant les pays participants aux manifestations de la Semaine européenne de la mobilité et de la Journée sans voitures

En France, c'est La Rochelle qui fut la première, le , à réserver son centre-ville aux piétons, rollers, vélos, tandems, planches à roulettes, etc. L'idée est venue d'Envoyé Spécial, l'émission de France 2, qui cherchait un contre-exemple pour illustrer une émission sur la pollution dans les grandes villes. La mairie a soumis l'affaire au «Forum des 250», les 250 représentants d'associations qui donnent le pouls de la ville[6]. Depuis 1998, un nombre croissant de villes y ont adhéré (avec un nombre maximal de près de 1500 villes en 2005). En 2006, le nombre total a diminué, tout en comprenant de nouvelles villes participantes.

L'initiative fut officiellement lancée à échelle européenne en 1998, inscrite dans une Semaine de la mobilité qui présente une thématique différente chaque année (par exemple le changement climatique en 2006). L'idée de situer cette journée à date fixe, le 22 septembre semble souvent céder devant les difficultés à l'organiser un jour de semaine dans les grandes villes[réf. nécessaire].

Certains pays ou villes, comme Bruxelles ou Anvers en Belgique organisent cette journée le samedi ou le dimanche précédant le . L'interdiction de circuler est alors totale pour les véhicules à moteur dans un périmètre très étendu (161 km2 pour Bruxelles) : seuls les transports en commun (gratuits ce jour-là), les taxis, les véhicules de secours et les voitures dont les conducteurs sont munis d'une dérogation peuvent y circuler.

En France modifier

Si certains commerçants ont protesté, craignant la perte de clients, selon le Ministère de l'Environnement, l'initiative En ville sans ma voiture du a été appréciée de 84 % de Français et 81 % ont souhaité la voir se renouveler et même s'étendre à toutes les villes en 1999. Le bruit a diminué de 50 % ce jour et la pollution de 40 à 50 %. Ces résultats n'ont cependant été publiés que le suivant[réf. nécessaire].

Depuis la création de la Semaine de la mobilité en France, la « journée sans voiture » a disparu en tant que telle. Des collectifs cyclistes dont Vélorution souhaitent faire revivre cette journée en organisant chaque des manifestations giratoires dans plusieurs grandes villes de France. À Paris, en 2006, cette manifestation s'est soldée par l'arrestation de 60 cyclistes par la police ; en 2014, 150 cyclistes descendant pacifiquement l'avenue des Champs-Élysées ont été encerclés et immobilisés par plusieurs dizaines de CRS.[réf. nécessaire]

En , Anne Hidalgo annonce l'organisation d'une journée sans voiture à Paris pour le dimanche [7]. Depuis , cette initiative est reconduite tous les premiers dimanches du mois sur l'avenue des Champs-Élysées[8].

Statistiques de participation des villes modifier

En 2002, le dimanche a vu 1 353 villes de 37 pays européens et quatre villes canadiennes participer officiellement.

En 2003, un millier de villes participent. En dehors de l'Europe, Buenos Aires, Montréal, Taipei et une dizaine de villes du Brésil participent également à l'opération[9].

En 2004, près de 1 500 villes dans une quarantaine de pays se sont mobilisées dont 450 en Espagne[réf. souhaitée].

En 2005, la journée sans voiture concerne 1 452 villes dans le monde[10] et concerne une bonne centaine de millions de citadins dont 70 millions en Europe.

En 2006, le mercredi , 1 279 villes se sont inscrites officiellement dans une quarantaine de pays[11]. On constate une certaine baisse dans certains pays comme la France et la Belgique, mais de nouveaux pays s'inscrivent comme : la Bulgarie, la Croatie, la Macédoine du Nord, la Serbie et la Roumanie[réf. souhaitée].

En 2007, la journée sans voitures semble remplacée en France par une journée pour favoriser l'usage des transports en commun (ticket valable toute la journée à 1 ). La ville de La Rochelle décide seule de faire la journée sans voitures le , deux semaines après la semaine de la mobilité.

En Chine modifier

En septembre 2007, la Chine instaure une campagne de communication d'une semaine, se terminant par une journée sans voiture, le samedi 27 septembre. Le ministère de la Construction est à l'initiative de l'évènement. Les solutions alternatives telles la marche, le vélo, le bus et le covoiturage sont recommandées. Durant la semaine du 22 au 26, certaines parties des villes sont interdites aux voitures de h à 19 h. Cent huit villes participent en instaurant une ou plusieurs zones vertes[12].

L'objectif principal de l'évènement est de promouvoir les transports publics dans le contexte de l'ouverture attendue des Jeux olympiques d'été de 2008 de Pékin.

Conséquence modifier

Le gouvernement chinois estime que 33 millions de litres d'essence et 3 000 tonnes de CO2 ont été épargnés au cours de cette semaine de sensibilisation. Cependant, en dehors des zones vertes, l'impact est négligeable, à la fois du point de vue de la pollution et du changement des usages. La voiture est en effet un marqueur social très fort[13].

En 2015, à l'occasion de la journée mondiale de la voiture, conjointement avec le Défilé du Jour de la Victoire en Chine 2015, la circulation est totalement interdite dans Pékin. La police dresse des amendes à tous les contrevenants. Le ciel est bleu pendant la durée de la parade, mais pas au-delà[14].

Divers modifier

Notes et références modifier

  1. « Journée sans voiture : son origine est liée à la crise pétrolière », sur rtbf.be, (consulté le ).
  2. a et b Josef Ritler, « Nostalgie des dimanches sans voiture », sur illustre.ch (consulté le ).
  3. « Quand les Belges découvraient les dimanches sans voiture », sur lalibre.be, (consulté le ).
  4. a et b Mathilde Szuba, « Histoire et avenir du rationnement, de 1973 à demain », sur institutmomentum.org, (consulté le ).
  5. Michel Boyer, « La Hollande en roue libre », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  6. « Succès de la «journée sans véhicules fumants». Pendant treize heures, La Rochelle a fait rempart contre la voiture. », sur Liberation.fr
  7. http://www.paris.fr/actualites/le-27-septembre-journee-sans-voitures-2817 Le 27 septembre, vivez Paris sans voiture, Paris.fr
  8. Par B. H. Le 6 mai 2016 à 19h08, « Ce dimanche, promenez-vous en plein Champs ! », sur leparisien.fr, (consulté le )
  9. article du 29 septembre 2003 dans envirodroit
  10. site de la semaine de la mobilité, 2005
  11. Site officiel de la Semaine de la mobilité, avec la liste des pays participants
  12. « Green traffic week to cut emissions »
  13. (en) « Beijing drivers ignore No Car Day », sur news.bbc.co.uk,
  14. (en) « Blue sky vanishes immediately after Beijing's massive parade », sur CNN,

Voir aussi modifier

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Bibliographie modifier

  • Chris Carlsson, Critical Mass, Bicycling's Defiant Celebration, 2002, 256 pages.
  • Anna Semlyen, Cutting Your Car Use, Save Money, Be Healthy, Be Green, 2000, 160 pages.
  • Jane Holtz Kay, Asphalt Nation, How The Automobile Took Over America and How We Can Take It Back. 1998, 440 pages.
  • J.H. Crawford, Carfree Cities 2000, 324 pages.
  • Andy Singer, « CARtoons », 2001 (livre de 100 pages contenant des cartoons sur le thème de l'omniprésence de l'automobile dans nos sociétés)Exemples / animation.
  • Lynn Sloman, Car Sick, 2006, 192 pages.
  • Katie Alvord, Divorce your Car! (en) Ending the Love Affair With the Automobile, 2000, 320 pages.

Articles connexes modifier