Joseph Aoun
Joseph Khalil Aoun (en arabe : جوزيف خليل عون ou جوزاف خليل عون), né le à Sin el Fil (Liban), est un officier militaire et homme d'État libanais, président de la République libanaise depuis le .
Joseph Aoun جوزيف خليل عون | |
Joseph Aoun en janvier 2025. | |
Fonctions | |
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Président de la République libanaise | |
En fonction depuis le (12 jours) |
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Élection | 9 janvier 2025 |
Premier ministre | Najib Mikati Nawaf Salam (désigné) |
Prédécesseur | Conseil des ministres (intérim) Michel Aoun |
Commandant des Forces armées libanaises | |
– (7 ans, 10 mois et 1 jour) |
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Prédécesseur | Jean Kahwaji |
Successeur | Vacant |
Biographie | |
Nom de naissance | Joseph Khalil Aoun |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Sin el Fil (Liban) |
Nationalité | Libanaise |
Parti politique | Indépendant |
Diplômé de | Université libano-américaine (en) |
Profession | Militaire Lieutenant-général des Forces armées libanaises |
Religion | Christianisme maronite |
Résidence | Palais présidentiel (Baabda) |
Site web | http://www.presidency.gov.lb |
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Présidents de la République libanaise Commandants des forces armées libanaises |
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Après avoir commencé sa carrière dans l'armée en 1983, il commande les forces armées libanaises entre 2017 et 2025. Il remporte l'élection présidentielle le , avec une majorité de 99 voix sur 128 au sein du Parlement, après plus de deux ans de vacance de la présidence.
Biographie
modifierJeunesse et études
modifierJoseph Khalil Aoun est né le à Sin el-Fil, dans la banlieue de Beyrouth, dans le district du Metn. Il est le fils de Hoda Ibrahim Makhlouta et de Khalil Aoun[1]. Il termine ses études secondaires au Collège des Frères Mont La Salle. Sa famille est originaire de la ville d'Al-Aaishiyah, au sud du Liban.
Il obtient en 2007 une licence en sciences politiques et affaires internationales de l'université libano-américaine (en). Il est également titulaire d'une licence en sciences militaires de l'Académie militaire de l'armée libanaise[2],[3],[4].
Vie privée
modifierJoseph Aoun est marié à Nehmat Nehmeh. Ils ont deux enfants, Khalil et Nour. Il parle couramment l'arabe, le français et l'anglais[5].
Il n'a pas de lien de parenté avec son prédécesseur, Michel Aoun.
Carrière militaire
modifierDébuts dans l'armée
modifierJoseph Aoun rejoint les forces armées libanaises en 1983. Il suit une formation à l'étranger, notamment aux États-Unis et en Syrie. Il est également formé à la lutte contre le terrorisme aux États-Unis en 2008 et au Liban en 2013. Il est à la tête de la 9e brigade d'infanterie de l'armée depuis 2015.
En 1990, lors de la guerre du Liban, Joseph Aoun sert comme lieutenant sous le commandement du chef du régiment des commandos Bassam Gergi à la caserne d'Adma. Au cours de la bataille d'Adma lors de la guerre d'élimination, Gergi est tué et Aoun prend alors la tête du régiment[6],[7].
Commandant des forces armées libanaises
modifierJoseph Aoun monte en grade et son importance augmente en 2015 lorsqu'il est nommé commandant de la 9e brigade, déployée à la frontière avec Israël[8].
Le , le gouvernement libanais le nomme commandant en chef des Forces armées libanaises, en remplacement de Jean Kahwaji. Il mène des combats contre l'avancée de l'État islamique (EI) dans l'est du Liban, où des centaines de militants du Front al-Nosra et de l'EI sont retranchés, dans des zones arides à la frontière avec la Syrie[3]. Le , il commande l'opération Jroud Dawn, une offensive visant à expulser les combattants islamistes de leurs bastions, qui est un succès[9].
À la suite des manifestations au Liban et face à l'impasse à propos de la formation du gouvernement, le général Aoun prononce le un discours sur la situation locale et régionale. Il met l'accent sur la crise économique et son impact sur l'état-major et s'adresse à la classe politique : « Où allons-nous ? Qu'attendez-vous ? Que comptez-vous faire ? Nous avons averti plus d'une fois du danger de la situation ». Son discours devient viral sur les réseaux sociaux[10].
Le , la Chambre des députés vote la prolongation du mandat de Joseph Aoun à la tête de l'armée pour un an, proposition qui est principalement soutenue par l'opposition libanaise, dont le mouvement Amal et le Parti socialiste progressiste[11]. Durant cette période, il dirige l'armée libanaise lors de l'invasion israélienne du Liban, à partir de 2024. Le , le Parlement vote la prolongation de son mandat une deuxième fois[12].
Élection présidentielle en 2025
modifierLa candidature éventuelle de Joseph Aoun est évoquée pour la première fois par le dirigeant du parti et milice Forces libanaises, Samir Geagea, en . Celui-ci déclare qu'il ferait un bon successeur à Michel Aoun[13]. Le Qatar déclare soutenir sa candidature lors d'une visite de responsables qataris, s'engageant notamment à soutenir l'armée avec une aide financière et militaire. Les États-Unis annoncent également apporter leur soutien[14]. Un groupe de cinq pays est formé par l'envoyé de Doha, comprenant les États-Unis, la France, l'Arabie saoudite et l'Égypte, afin de tenir des pourparlers visant à résoudre le problème de la vacance présidentielle au Liban. La plupart des pays apportent aussi leur soutien à l'élection de Joseph Aoun[15].
Lors de l'élection présidentielle libanaise de 2022-2025, Joseph Aoun est finalement élu président de la République libanaise le à la suite d'une vacance du pouvoir de plus de deux ans et de multiples premiers tours entre 2022 et 2025, l'élection étant bloquée par l'absence de quorum. Il est ainsi élu, au second tour, par 99 membres de la Chambre des députés sur 128[16]. Sa candidature à la présidence du Liban a été soutenue et encouragée par les pays du Quintette, soit les États-Unis, la France, le Qatar, l'Égypte et l'Arabie saoudite[17].
Président de la République libanaise
modifierJoseph Aoun prête serment devant la Chambre des députés et est investi président de la République libanaise le , jour de son élection, succédant indirectement à Michel Aoun après plus de deux ans de vacance de la fonction[18]. Il déclare dans son discours d'investiture vouloir s'employer « à consacrer le droit de l’État [libanais] à avoir le monopole des armes » et qu’il respecterait la trêve établie fin novembre (entre Israël et le Hezbollah)[19].
Il nomme le diplomate et juriste Nawaf Salam comme nouveau Premier ministre le suivant[20].
Distinctions
modifierDécorations civiles libanaises
modifierGrand maître des ordres honorifiques libanaises en sa qualité de président de la République, il est également récipiendaire des décorations suivantes :
- Grand cordon de l'ordre national du Cèdre (en tant que président de la République libanaise)
- Grand maître et membre de la classe exceptionnelle de l'ordre du Mérite (en tant que président de la République libanaise).
Décorations militaires libanaises
modifier- Officier de l'ordre national du Cèdre[21],[22]
- Première classe de l'ordre du Mérite
- Médaille de la guerre (3 fois)
- Médaille des blessés (2 fois)
- Médaille de l'Unité nationale
- Médaille de « l'Aube du Sud »
- Médaille de la vaillance militaire, Argent
Décorations étrangères
modifier- Officier de la Légion d'honneur[23] ( France, 2020).
Références
modifier- ↑ (en) « A memorial service held to honor Mrs. Hoda Ibrahim Makhlouta, the mother of the LAF Commander General Joseph Aoun », الموقع الرسمي للجيش اللبناني (consulté le )
- ↑ (en) « Joseph Aoun », en.majalla.com (consulté le )
- (ar) العلي, « الرئاسة اللبنانية على صفيح ساخن.. جوزيف عون "مرشح الضرورة" », الجزيرة نت (consulté le )
- ↑ (en) « From Academia to Army, an Interview with General Joseph Aoun », LAU Magazine, vol. 20, no 3, (lire en ligne)
- ↑ (en) « Lebanon's army chief Joseph Aoun, a man with a tough mission », France 24, (consulté le )
- ↑ (ar) « والد أحد الضباط الشهداء: وصول العماد جوزيف عون لقيادة الجيش يعني وصول ولدي », elnashra,
- ↑ (ar) « هذا انا جورج نادر.. معركة ادما والمغوار الذي يموت واقفاً ولا ينحني - الحلقة الرابعة عشر », lebanondebate,
- ↑ La 9ème brigade d’infanterie a été créée le 1 janvier 1984.
- ↑ (en) « Operation 'Jroud Dawn': Lebanon begins assault on Islamic State », The Sydney Morning Herald, (consulté le )
- ↑ (ar) « ماذا قال قائد الجيش اللبناني بشأن الوضع السياسي في البلاد؟ », سكاي نيوز عربية (consulté le )
- ↑ (en) Prentis, « Lebanese Parliament votes to extend army chief's term by a year », The National, (consulté le )
- ↑ (en) « Lebanon’s parliament renews army chief’s term in first session after ceasefire », Associated Press, (consulté le )
- ↑ (en) « Lebanon army chief emerges as potential candidate for president », Arab News, (consulté le )
- ↑ « Report: Qatar calls for meeting of five-nation group on Thursday », Naharnet, (consulté le )
- ↑ (en) « Lebanese Army Commander Joseph Aoun seen as a president-in-waiting after Doha visit. », Gulf News, (consulté le )
- ↑ LIBERATION et AFP, « Présidentielle au Liban : après deux ans de vacance, le pays doit élire son président », sur Libération (consulté le )
- ↑ « « Le Liban a enfin un nouveau président non-affilié au Hezbollah », se réjouit Biden », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le )
- ↑ « Election présidentielle au Liban : cinq choses à savoir sur Joseph Aoun, le nouveau dirigeant du pays », sur Franceinfo, (consulté le )
- ↑ « Liban : l’État aura le « monopole des armes », promet Joseph Aoun, élu président par le Parlement », sur Le Parisien,
- ↑ « Un juge international, Nawaf Salam, nommé Premier ministre du Liban », sur L'Express, (consulté le )
- ↑ « Joseph Aoun | الموقع الرسمي للجيش اللبناني », www.lebarmy.gov.lb (consulté le )
- ↑ (en) « Foreword of LAF Commander General Joseph Aoun », الموقع الرسمي للجيش اللبناني (consulté le )
- ↑ « Le commandant en chef de l’armée, le général Aoun, fut décoré la médaille de Légion d'honneur-grade d'officier », sur lebarmy.gov.l, .
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Sami Rihana, Histoire de l’Armée libanaise contemporaine, t. 2 : Les Troupes spéciales du Levant et l’Armée de l’indépendance – 1926 / 1946, (lire en ligne).
- Joseph Hokayem, L'armée libanaise pendant la guerre: un instrument du pouvoir du président de la République (1975-1985), Lulu.com, , 135 p. (ISBN 978-1291036602)
- Fouad Hassoun, J'ai pardonné, Mame, , 224 p. (ISBN 978-2728929085)A 17 ans, Fouad Hassoun est victime d'un terrible attentat au Liban, au cours duquel il perd la vue. Pour ce jeune homme brillant, fierté de sa famille et promis au plus bel avenir, c'est le noir complet, le désespoir, la colère.
Articles connexes
modifier- Coup interne des Forces libanaises de janvier 1986
- Président de la République libanaise
- Liste des présidents de la République libanaise
- Gouvernement du Liban
- Forces armées libanaises
- Guerre entre Israël et le Hezbollah (2023-2024)#Rôle de l'armée libanaise et de la FINUL
Liens externes
modifier
- Site officiel de l'Armée Libanaise
- Julien Abi Ramia, « Vacance présidentielle au Liban : les précédents », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le )
- « Liban : Joseph Aoun, commandant en chef de l'armée, élu président », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le )
- Le Figaro avec AFP, « Liban : entre « félicitations » et espoirs de « stabilité », la communauté internationale réagit à l’élection du président Joseph Aoun » , sur Le Figaro, (consulté le )
- « Liban : le général Joseph Aoun élu président de la République par le Parlement », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )