Joseph-Pierre-Marie Fayau

personnalité politique française
Joseph Fayau
Fonctions
Représentant en mission
à partir de
Député de la Vendée
-
Conseiller général de la Vendée
Biographie
Naissance
Décès
(à 33 ans)
Rocheservière
Nationalité
Activités

Joseph-Pierre-Marie Fayau des Brétinières, né le à Rocheservière (Bas-Poitou) et décédé au même lieu le 8 germinal an VII ()[1], était un révolutionnaire français.

Biographie modifier

Début de carrière politique modifier

Fayau est né en Vendée en 1766. Fils de Jean-Baptiste Fayau, sieur de Pampinière[2],[3], chirurgien assassiné en l'an II par les insurgés vendéens[4],[5], et de Perrine Jacquette Mitteau, il devient avocat et se fait appeler « M. des Brétinières » avant la Révolution[6].

Partisan des idées révolutionnaires, il devient colonel de la garde nationale de Rocheservière et l'un des secrétaires de la société ambulante des amis de la Constitution de la Vendée, fondée au château de L'Oie, le et affiliée au club des Jacobins[7],[8], avant d'être élu par ses concitoyens, en , au Conseil général de Vendée et nommé, en novembre, administrateur du directoire[9], poste où il prend des mesures énergiques contre les adversaires de la Révolution[10] et qu'il occupe jusqu'en 1792, date de son élection à la Convention nationale. C'est ainsi que, le , le directoire, emmené par Fayau et Mercier du Rocher, prononce l'expulsion de tous les prêtres insermentés non domiciliés dans le département, puis, le 9, décrète l'internement au chef-lieu de 33 ecclésiastiques réfractaires. Le 12, Fayau envoie, au nom du directoire, l'arrêté au ministre de l'Intérieur. Dans le rapport qui l'accompagne, il explique: « Nous ne sommes point persécuteurs. Notre devise est celle-ci: Liberté du culte et tranquillité publique »[11],[12].

Un député vendéen à la Convention modifier

Le montagnard modifier

Nommé électeur par le district de Fontenay au sein du collège électoral de Vendée, qui se réunit le matin du en l'église paroissiale de La Châtaigneraie, Fayau est élu le premier jour scrutateur par 44 voix, puis, le , au second tour de scrutin, député à la Convention pour la Vendée, le 5e sur 9, par 230 voix sur 341 votants[13]. Il est à 26 ans l'un des plus jeunes élus. À Paris, il se range du côté des Montagnards et s'inscrit au Club des Jacobins. Le , il prend la défense, au nom du principe de la souveraineté du peuple, qui l'a élu représentant, de Philippe Égalité, compris dans le décret du 16 décembre bannissant tous les Bourbons de France proposé par la Gironde, et obtient le rapport de celui-ci[14]. Lors du procès de Louis XVI, Fayau vote la mort sans appel ni sursis. Pour lui, l'ancien monarque n'est qu'« un homme coupable, un conspirateur ».

Le 2 août, le maire girondin de Nantes, Baco de La Chapelle, se présentant à la barre de la Convention à la tête d'une députation de citoyens de cette ville pour y annoncer l'acceptation de la constitution de 1793 par les assemblées primaires de Loire-Inférieure, il s'y livre à une justification du général Beysser et le député Coustard, mis hors la loi par décret du 17 juillet sur l'accusation d'avoir participé au arrêtés pris par les administrateurs du département conte les journées du 31 mai et du 2 juin 1793, critique les opérations des commissaires dans les départements et invite l'Assemblée à se séparer après la ratification de la constitution, provoquant de vives réactions parmi les représentants, en particulier Thuriot, Chabot, Dartigoeyte, Bréard et Collot d'Herbois. Baco ayant protesté de son patriotisme, Fayau affirme alors: « L'attachement que les citoyens de Nantes ont manifesté au citoyen Baco est une erreur ou une malveillance. Baco est suspect aux bons citoyens de Nantes. On a déclaré la ville de Nantes en état de siège, parce que Baco y faisait la police, que Baco est le chef des contre-révolutionnaires. Baco était député à l'Assemblée constituante; c'est un ferme appui de la constitution de 1789 et un ennemi de la République [...]. Oui, Baco, tu savais que dans une maison dont les fenêtres n'ont pas été ouvertes pendant le siège, il y avait 1 200 couverts préparés pour les rebelles. » Puis, Baco s'étant écrié: « Tu en as menti », il reprend: « Je ne répondrai pas au citoyen Baco. Je vais continuer à vous donner des renseignements: j'ai dans la ville de Nantes des connaissances intimes qui m'instruisent de ce qui s'y passe; leurs lettres ont été interceptées; une seule m'est parvenue et annonçait que la puissance des intrigants finirait bientôt, et alors je te dirai leurs crimes. Je disais que 1 200 couverts étaient préparés; j'en appelle aux citoyens de Nantes, ils ne le nieront pas. Je demande le renvoi de la pétition et du pétionnaire devant le comité de sûreté générale ». Sur la motion de Legendre, Baco est incarcéré à l'Abbaye[15],[16],[17].

Le soir du 8 août, Fayau est élu secrétaire de la Convention avec Léonard Bourdon et Amar[18].

Missions modifier

Il est envoyé en mission, avec Gaston, par décret du , dans l'Ariège et les Pyrénées-Orientales pour la levée des 300 000 hommes votée en février. De retour à Paris le 23 mai, un décret du 23 août l'envoie ensuite dans les Deux-Sèvres afin d'organiser la levée en masse[19]. Révolutionnaire ardent, il combat de toutes ses forces le soulèvement royaliste qui frappe la région. Il annonce à la Convention les reprises de La Châtaigneraie et de Châtillon-sur-Thouet sur les Vendéens. Il participe aux combats et est blessé à Réaumur.

Rappelé par décret du 13 brumaire an II (, il rentre à Paris le 19 brumaire (9 novembre)[19].

Interventions à la tribune en l'an II modifier

En , Fayau propose à la Convention une solution radicale au problème royaliste: incendier la Vendée afin de la rendre inhabitable pendant un an. Il propose aussi que tous les biens des aristocrates soient redistribués aux sans-culottes.

Le , il proteste à la tribune devant la peine de réclusion infligée par la commission militaire de Fontenay-le-Comte à François Pichard du Page, ex-procureur général syndic du département de la Vendée convaincu « d'intelligences et de correspondances » avec les insurgés pour avoir accepté une place dans le Conseil provisoire administratif institué par les chefs de l'Armée catholique et royale[20].

Plutôt robespierriste, Fayau soutient l'élimination des Indulgents par les Comités en germinal an II. Le 31 mars, il intervient pour combattre la proposition de Legendre d'entendre Danton et ses amis arrêtés, prétextant que Danton n'a pas à bénéficier d'une telle faveur, idée reprise aussitôt par Robespierre.

Le chef de file crétois modifier

Après le 9 thermidor, Fayau reste sur les bancs de la Montagne et devient l'un des opposants les plus déterminés à la réaction thermidorienne. Avec Billaud-Varenne, il combat ainsi la surpression du Tribunal révolutionnaire et à la libération des suspects.

Avec entre autres Duhem, il devient l'un des chefs de file des « Montagnards de l'an III » ou Crétois, dont le centre reste le Club des Jacobins, et défend les sociétés populaires. En il fait exclure du Club les thermidoriens Tallien, Fréron et Lecointre.

Le 22 fructidor, il présente un projet de redistribution des biens nationaux en faveur des citoyens les plus pauvres, proposant de supprimer les enchères qui favorisent les plus aisés. Bien que soutenue par Barère, cette proposition est rejetée cinq jours plus tard.

Début 1795, Fayau proteste de plus en plus contre la montée du modérantisme et en appelle à l'« âme de Marat ». Partisan de l'Insurrection du 1er prairial et considéré comme un jacobin et un terroriste, il est décrété d'arrestation le 2 prairial.

Fin de vie modifier

L'amnistie générale votée le 4 brumaire an IV lui rend la liberté. Retiré en Seine-et-Oise, il occupe un emploi de chef de bureau au ministère de la Justice, puis de commissaire près le tribunal de police correctionnelle de Montaigu.

En l'an VI, il est élu administrateur du département de Seine-et-Oise mais son élection est annulée car il est toujours considéré comme jacobin.

Il meurt peu après dans sa ville natale à l'âge de 33 ans.

Sources modifier

Liens externes modifier

Notes et références modifier

  1. Selon Charles-Louis Chassin (Études documentaires sur la Révolution française, J. Floch, 1973, tome 1: La préparation de la guerre de Vendée, 1789-1793, p. 236, et tome 3: La Vendée patriote, 1793-1800, p. 48), qui se fonde sur le journal manuscrit d'André Mercier du Rocher, collègue de Fayau au directoire du département de Vendée.
    Cette date est reprise notamment dans Joël Pérocheau, Dictionnaire historique des Vendéens célèbres, additionné des incontournables, J. Pérocheau, 1994, 273 pages, p. 77 (ISBN 2950866107), et Jean Sagnes (dir.), L'Espagne et la France à l'époque de la Révolution française (1793-1807): actes du colloque organisé à Perpignan les 1er, 2 et , Presses universitaires de Perpignan, 1993, 421 pages, p. 56.
    En revanche, il serait mort le selon Pierre Bliard, Les Conventionnels régicides d’après des documents officiels et inédits, Paris, Perrin & Cie, 1913, 539 pages, p. 493, et Micheline Vallée, Les Conventionnels régicides, Micheline Vallée, 1993, 223 pages, p. 85.
  2. Gustave Chaix d'Est-Ange (1863-1923), Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle, Évreux, Imprimerie de C. Hérissey, 1903-1929, 20 tomes, t. 17, p. 237.
  3. Joël Pérocheau, Dictionnaire historique des Vendéens célèbres, additionné des incontournables, J. Pérocheau, 1994, 273 pages, p. 77 (ISBN 2950866107).
  4. Albert Soboul (dir.), Actes du Colloque Girondins et Montagnards: Sorbonne, 14 décembre 1975, Société des études robespierristes, 1980, 364 pages, p. 311.
  5. G. Saumade considère, dans son article « Cambon et sa famille » (Annales historiques de la Révolution française, no 94, juillet-août 1939, p. 329) que Fayau était riche.
  6. Claude-Pierre Dornier, Xavier Du Boisrouvray, Une mission en Vendée militaire: carnets de route d'un Conventionnel (août 1794-juin 1795), Tallandier, 1994, 496 pages, p. 463 (ISBN 2235020615).
  7. Charles-Louis Chassin, La Vendée et la Chouannerie: table générale alphabétique et analytique des trois séries: La Préparation de la guerre de Vendée (1789-1793), La Vendée patriote (1793-1794), Les pacifications de l'Ouest (1795-1815), 1973, 658 pages, p. 225.
  8. Philippe Ricot, Les Herbiers sous la Révolution: un gros bourg vendéen au XVIIIe siècle : Blancs et Bleus durant l'insurrection, Ouest éditions, 1994, 181 pages, p. 41 (ISBN 2908261634).
  9. Jacques Bernard, Sous un ciel bleu: Les Sables-d'Olonne sous la Révolution (1789-1796), A. & P. Bernard, 1999, 248 pages, p. 107 (ISBN 2908752042).
  10. Charles-Louis Chassin, La Préparation de la guerre de Vendée, 1789-1793, vol. 1 des Études documentaires sur la Révolution française, J. Floch, 1973, p. 236.
  11. Pierre de La Gorce, Histoire religieuse de la révolution française, Plon-Nourrit, 1912, vol. 2, p. 386.
  12. André Mercier du Rocher, Napoléon et les Vendéens: journal inédit de Mercier du Rocher, 1799-1816, présenté par Alain Gérard, Centre vendéen de recherches historiques, coll. Mémoire de Vendée, 2004, 442 pages, p. 72 (ISBN 2911253205).
  13. Charles-Louis Chassin, La Préparation de la guerre de Vendée, 1789-1793, Paris, Imprimerie de P. Dupont, 1892, tome 3, 628 pages, p. 47-48 et 55-57.
  14. Philippe Buchez, Prosper-Charles Roux, Histoire parlementaire de la révolution française: ou, Journal des assemblées nationales, depuis 1789 jusqu'en 1815, Paulin, 1835, vol. 21, p. 390-394.
  15. Philippe Buchez, Prosper-Charles Roux, Histoire parlementaire de la révolution française : ou, Journal des assemblées nationales, depuis 1789 jusqu'en 1815: contenant le narration des événements précédée d'une introduction sur l'histoire de France jusqu'à la convocation des États-généraux, Paulin, 1836, vol. 28, p. 406-407.
  16. Armand Du Chatellier, Histoire de la révolution dans les départements de l'ancienne Bretagne, Desessart, 1836, vol. 3, p. 67-68.
  17. Camille Mellinet, La Commune et la milice de Nantes, 1840, vol. 8, p. 41-49.
  18. Révolution française, ou Analyse complette et impartiale du Moniteur: suivi d'une table alphabétique des personnes et des choses, Girardin, 1801, vol. 2, p. 187.
  19. a et b Michel Biard, Missionnaires de la République, Paris, CTHS, 2002, p. 502.
  20. Réimpression de l'ancien moniteur, seule histoire authentique et inaltérée de la Révolution française depuis la réunion des États généraux jusqu'au Consulat, Paris, Plon, 1862, tome 22