John Oswald
Nom de naissance John Oswald
Alias
Sylvester Otway
Naissance vers 1760
Édimbourg
Décès
Thouars
Activité principale
Auteur
Langue d’écriture Anglais, français
Genres

Œuvres principales

  • The Cry of Nature

John Oswald est un philosophe, écrivain, poète, critique social et révolutionnaire écossais, né vers 1760 à Édimbourg et tué le à Thouars.

Jeunesse modifier

La jeunesse de John Oswald est mal connue. Il est né entre 1755 et 1760 à Édimbourg[1],[2],[3],[4], voire en 1730 selon plusieurs auteurs[5]. Son père aurait été un tenancier d'un coffee house, c'est-à-dire un café de deuxième ordre, ou un orfèvre[6],[1],[7]. Il devient lui-même apprenti-orfèvre[8],[1].

Séjour en Inde modifier

 
Frontispice de The Cry of Nature, Londres, 1791. On lit cette légende: « The butcher's knife hath laid low the delight of a fond dam, & the darling of Nature is now stretched in gore upon the ground » (« Le couteau du boucher a mis bas la joie d'une mère affectueuse, & le chéri de Nature est maintenant étendu dans son sang sur la terre »).

Enrôlé dans le 18e Royal Irish Regiment (en), il atteint le grade de sergent, avant d'acheter, grâce à ses économies ou à un héritage inattendu, un brevet d'enseigne au Black Watch (42e régiment de ligne), 3e bataillon du régiment royal d’Écosse. Transféré au 2e bataillon[7],[1],[6],[9], il est envoyé pour s'opposer à la révolution américaine, y gagnant le grade de lieutenant[1]. En 1780, embarqué pour les Indes orientales, il a un duel, sans issue grave, durant la traversée. Engagé dans la guerre de Mysore, au Malabar, il parcourt l'Inde et découvre le végétarisme hindou, dont il a décrit l'impact sur sa philosophie dans The Cry of Nature or An Appeal to Mercy and Justice on Behalf of the Persecuted Animals, publié en 1791[8],[1]. Cet ouvrage est considéré comme l'une des grandes œuvres du végétarisme occidental[10].

Retour en Grande-Bretagne modifier

Oswald ne peut demeurer plus longtemps officier. Il quitte l'armée et rentre en 1784 en Grande-Bretagne, où il se marie et a trois enfants, deux garçons et une fille. Durant ses voyages, il a appris l'arabe, le français, l'italien, l'espagnol et le portugais. Pendant son retour des Indes, il s'est mis au latin et au grec[1]. Il se consacre alors à la poésie et à la critique sociale et publie un périodique intitulé: Le Mercure britannique. Durant cette période, Oswald écrit un pamphlet tranchant en faveur de l'idée républicaine, Review of the Constitution of Great Britain, et une brochure antireligieuse Ranae Comicae Evangelizantes: or the Comic Frogs turned Methodist, dans laquelle il se prononce pour l'athéisme[8].

Installation en France modifier

Lors du déclenchement de la Révolution française, Oswald s'installe à Paris et rejoint le club des Jacobins. Au sein de cette société, il intervient en faveur d'une intervention plus énergique des Jacobins dans les affaires britanniques, arguant que la Révolution en Angleterre est essentielle pour la paix entre les deux nations.

Le , il participe à la prise de la Bastille, étant, avec un soldat des Gardes-Françaises, l'un des deux premiers hommes à pénétrer dans la place. Puis, les jours suivants, il en est le plus actif démolisseur[9].

En , avec treize autres rédacteurs, en grande partie girondins, il fonde la Chronique du mois ou les Cahiers patriotiques, où Jean-Marie Collot d'Herbois représente la partie avancée des démocrates, vers laquelle Oswald incline peu à peu[1].

En , Oswald fait placarder sur les murs du faubourg Saint-Antoine des affiches demandant l'abolition des armées permanentes[1].

Le , il intervient aux Jacobins pour demander, en vain, l'envoi d'une lettre de soutien au club de Manchester, la Manchester Constitutional Society, dont l'une des principales figures, Thomas Cooper, selon ses dires, a été arrêtée sur ordre du gouvernement britannique[11],[12]. Le , il propose aux Jacobins l'envoi, à tous les clubs populaires de l'Angleterre, de l'Écosse et l'Irlande, d'une adresse à la nation britannique justifiant la journée du 10 août 1792, avec prière de la faire réimprimer et de la répandre par toute l'étendue de l'empire britannique[13],[14].

Le , il obtient la nationalité française[15].

Nommé commandant en chef du bataillon des piquiers par le ministre de la Guerre le , il assure la levée des hommes et son organisation. Le 28 et le 29 octobre, la formation du bataillon est opérée par la réunion en corps de compagnies de volontaires déjà levées — la 1re compagnie est constituée par une compagnie de la section du Panthéon-Français, une compagnie de canonniers formée le 16 septembre dans la section de Molière et La Fontaine lui est adjointe le 10 décembre. Il est rassemblée à la caserne de Lourcine, dans le quartier Croulebarbe, puis, en à la caserne Babylone, située rue de Babylone, où il est définitivement constitué[16].

Ayant reçu l'ordre de partir le pour Brest, où il est placé sous les ordres de Santerre, avec le nom de 14e bataillon de la République, le bataillon quitte la capitale le 26 mars. Passant le 4 mai par Orléans, il est engagé dans la guerre de Vendée et participe le 15 juillet à la bataille de Martigné-Briand, où le commandant en second — Vignot — et un volontaire — Guillaume-Léonard Lavard — trouvent la mort, puis, le 18, à celle de Vihiers, où six hommes sont tués et quatre faits prisonniers. Chargé d'occuper Chinon du 4 au 21 août, puis Thouars le 23, il reprend part ensuite à des opérations actives[17].

Le , Oswald est tué d'un boulet[1] ou d'une balle[18] lors de la deuxième bataille de Thouars[19],[20],[21],[22]. En 2022, l'historien Frédéric Augris valide par son acte de décès, que John Oswald est mort à Thouars[23],[24]. Selon des biographes, ses deux fils, qui servaient comme tambours auprès de lui, auraient également péri, d'un coup de mitraille[1]. Selon le rapport du général Rey, les républicains comptent quatre tués au sein du bataillon — le chef de bataillon Oswald, le grenadier Jean-Gabriel Oursel et les volontaires Joseph Gazard et Philippe Gautier — et quinze blessés, contre cent morts parmi les insurgés, dont deux femmes et un prêtre[25],[26].

Oswald fut un défenseur de la démocratie directe lors de la révolution française. Même s'il n'utilise pas le terme « démocratie » explicitement, il critique la démocratie représentative. Il écrit dans Le Gouvernement du peuple : « J'avoue que je n'ai jamais pu réfléchir sur ce système de représentation sans m'étonnerait de la crédulité, je dirais presque la stupidité avec laquelle l'esprit humain avalé les absurdités les plus palpables.[...] [L]'intention charitable de ces messieurs [les représentants], qui veulent nous épargner la peine de penser par nous même »[27].

Œuvres modifier

  • Review of the Constitution of Great Britain (Revue de la constitution anglaise), Londres, 1790 (Paris, 1792 - 3e édition, traduction en français la même année)[1].
  • Ranae Comicae Evangelizantes: or the Comic Frogs turned Methodist (sous le pseudonyme de Sylvester Otway), 1786.
  • The Alarming Progress of French Politics, 1787.
  • The British Mercury (journal), 1787.
  • Euphrosyne or an Ode to Beauty (dédiée à Mrs. Crouch, du théâtre de Drury Lane), Londres, 1787.
  • Poems, to which is added « The Humors of John Bull » an Operatic Farce (sous le pseudonyme de Sylvester Otway), Londres, 1789.
  • The Cry of Nature, or An Appeal To Mercy and Justice On Behalf of the Persecuted Animals, J. Johnson, Londres, 1791.
  • The Triumph of freedom, an ode to commemorate the anniversary of the French Revolution (précédée d'une adresse à l'Assemblée nationale), 1791.
  • The spirit of the French constitution: or, The almanach of Goodman Gerard for the year 1792 (traduction de l'Almanach du bonhomme Gérard de Jean-Marie Collot d'Herbois), Londres, Ridgway ; Paris, Imprimerie du Cercle social, 1791, 90 pages.
  • La Tactique du peuple, ou Nouveau principe pour les évolutions militaires, par lequel le peuple peut facilement apprendre à combattre par lui-même et pour lui-même, sans le secours dangereux des troupes réglées, Gueffier, Paris, 179?.
  • Le Gouvernement du peuple, ou Plan de constitution pour la république universelle, traduit de l'anglais, Imprimerie des Révolutions de Paris, 1793.

Bibliographie modifier

  • William Anderson, « Oswald, John », The Scottish nation: or The surnames, families, literature, honours, and biographical history of the people of Scotland, Fullarton, vol. 3,‎ , p. 268-269 (lire en ligne).
  • Charles-Louis Chassin et Léon Clément Hennet, Volontaires nationaux pendant la révolution, vol. 2 : « Les Volontaires nationaux pendant la révolution: Historique militaire et états de services du 9e bataillon de Paris (Saint-Laurent) au 18e (bataillon des Lombards), levés en 1792 », L. Cerf,
  • (en) David V. Erdman, Commerce des lumières : John Oswald and the British in Paris, 1790-1793, Columbia, University of Missouri Press, , 338 p. (ISBN 0-8262-0607-7).
  • T. F. Henderson et Ralph A. Manogue (dir.), Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, , « Oswald, John (c.1760–1793) ».
  • André Lichtenberg, « John Oswald, Écossais, jacobin et socialiste », La Révolution française : revue historique, Paris, Charavay frères, vol. 32,‎ , p. 481-495 (lire en ligne).
  • Alexis Corbières, Jacobins ! - Les inventeurs de la République, Perrin, 2019

Liens externes modifier

Notes et références modifier

  1. a b c d e f g h i j k et l André Lichtenberger (1898), p. 221-244.
  2. A. R. Ioannisian, Les Idées communistes pendant la révolution française, Éditions du Progrès, , 533 pages, p. 43.
  3. En 1755 selon Robert Durand, L'Homme, l'animal domestique et l'environnement : du Moyen Âge au XVIIIe siècle, Ouest éditions, , 386 p. (ISBN 978-2-908261-33-2), et Pierre-Henri Zaidman, Le Mandat impératif : de la révolution française à la commune de Paris, Monde libertaire, , 90 p., p. 35.
  4. En 1760 selon (en) Rod Preece, Sins of the flesh : a history of ethical vegetarian thought, Vancouver (B.C.), UBC Press, , 393 p. (ISBN 978-0-7748-1509-3), p. 236 ; Peter Linebaugh et Marcus Rediker, The Many-headed hydra : sailors, slaves, commoners, and the hidden history of the revolutionary Atlantic, Verso, , 433 p. (ISBN 978-1-85984-798-5, lire en ligne), p. 285.
  5. En 1730 selon Howard Williams et Carol J. Adams, The ethics of diet : a catena of authorities deprecatory of the practice of flesh-eating, University of Illinois Press, , 394 p. (ISBN 978-0-252-07130-0, lire en ligne), p. 179 ; Colin Spencer, The heretic's feast : a history of vegetarianism, UPNE, , 402 p. (ISBN 978-0-87451-760-6, lire en ligne), p. 234 ; Robert Dare, Food, power and community : essays in the history of food and drink, Wakefield Press, , 212 p. (ISBN 978-1-86254-501-4, lire en ligne), p. 158 ; Ceri Crossley, Consumable metaphors : attitudes towards animals and vegetarianism in nineteenth-century France, Peter Lang, , 22 p. (ISBN 978-3-03910-190-0, lire en ligne), p. 19 ; Michael Allen Fox, Deep vegetarianism, Temple University Press, , 34 p. (ISBN 978-1-56639-705-6), p. 16.
  6. a et b « Scottish Regiments: Royal Highland Regiment » Scottish Military - Highland Regiments, par William Melven, M.A., Glasgow.
  7. a et b Arthur Grenfell Wauchope, A short history of the Black Watch (Royal Highlanders) 1725-1907 : to which is added an account of the second battalion in the South African war, 1899-1902, W. Blackwood & Sons, , 241 p., p. 22.
  8. a b et c (nl) Roger Jacobs, « « John Oswald: De Eerst Theoreticus Van De Directe Democratie? (« John Oswald: Le premier théoricien de la démocratie directe? ») », Athene,‎ (lire en ligne).
  9. a et b James Grant, The Black Watch or, Forty-Second Highlanders, Londres, George Routledge and Sons, (lire en ligne), p. 279-280.
  10. Indira Nathan, Frances Robinson, Lynne Burgess et Allan Hackett, « An Historical Perspective on Being Vegetarian », Centre for Consumer Education and Research, Liverpool John Moores University.
  11. (en) Michael Rapport, Nationality and citizenship in revolutionary France : the treatment of foreigners 1789-1799, Oxford, Oxford University Press, , 382 p. (ISBN 0-19-820845-6), p. 175.
  12. « Compte-rendu de la séance du club des Jacobins du 4 juin 1792 »
  13. Voir le compte-rendu de la séance du club des Jacobins du , dans Alphonse Aulard, La Société des Jacobins : recueil de documents pour l'histoire du club des Jacobins de Paris (1889-1897), t. 4 : « juin 1792 à janvier 1793 », Paris, Librairie Jouaust, , p. 229-232.
  14. « Compte-rendu de la séance du club des Jacobins du 22 août 1792 »
  15. Mike Rapport, « "Deux nations malheureusement rivales" : les Français en Grande-Bretagne, les Britanniques en France, et la construction des identités nationales pendant la Révolution française », Annales historiques de la Révolution française, no 342,‎ (lire en ligne).
  16. Charles-Louis Chassin, Léon Clément Hennet (1902), p. 349.
  17. Charles-Louis Chassin, Léon Clément Hennet (1902), p. 350-352 et 354.
  18. Charles-Louis Chassin, Léon Clément Hennet (1902), p. 420.
  19. Charles-Louis Chassin, Léon Clément Hennet (1902), p. 420, 422 et 449.
  20. David V. Erdman (1986), p. 277, considère qu'Oswald est « tombé au champ d'honneur » à Thouars avec trois autres hommes, mais que « les biographes signalent parfois Oswald comme tombé aux Ponts-de-Cé (diversement orthographié, peut-être une vague indication de l'ensemble de la région) »
  21. Des Écrits et de l'Histoire, « Glane Historique : Le décès de l'écrivain John Oswald retrouvé », sur Desecritshistoire, (consulté le )
  22. « L’écrivain et révolutionnaire écossais John Oswald est bien mort à Thouars, a prouvé un chercheur »  , Le courrier de l'Ouest, (consulté le )
  23. Nadège Desquiens, « L’écrivain et révolutionnaire écossais John Oswald est bien mort à Thouars, a prouvé un chercheur », sur ouest-france.fr, Courrier-de-l'Ouest, (consulté le )
  24. Acte de décès à Thouars, n° 52, vue 17/277.
  25. Étienne Charavay, Correspondance générale de Carnot : Août-octobre 1793, vol. 3, Imprimerie nationale, , « Lettre du 24 septembre 1793 », p. 206.
  26. Charles-Louis Chassin, Léon Clément Hennet (1902), p. 354.
  27. John Oswald, Le gouvernement du peuple. Plan de constitution pour la république universelle, De la passion, , « Le gouvernement du peuple », p. 53.