Jean de Malestroit (cardinal)

évêque et cardinal breton, chancelier de Bretagne

Jean de Malestroit
Image illustrative de l’article Jean de Malestroit (cardinal)
Tombe de Jean de Malestroit, cathédrale de Nantes. Dessin anonyme (Louis Boudan ?), 1695 (BnF)
Biographie
Naissance
à Châteaugiron
Décès
Nantes
Cardinal de l'Église catholique
Créé
cardinal
par
Félix V (antipape)
Titre cardinalice cardinal-prêtre de S. Onofrio
Évêque de l'Église catholique
Fonctions épiscopales évêque de Saint-Brieuc
évêque de Nantes
évêque de Nantes
évêque de Saint-Brieuc

(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Jean de Malestroit (né en 1375 à Châteaugiron dans le duché de Bretagne, et mort à Nantes le [1]) est un pseudo-cardinal du XVe siècle et le chancelier du duc Jean V de Bretagne. C'était un protégé d'Olivier de Clisson.

Origine modifier

Jean de Malestroit est le sixième fils connu de Jean de Châteaugiron, seigneur de Malestroit et de Largoët (mort en 1374) et de sa seconde épouse Jeanne de Dol Dame de Combourg. Il est également le demi-frère de Thibaud de Malestroit (mort en 1408), évêque de Tréguier en 1378 puis de Quimper en 1383[2].

Biographie modifier

 
Enluminure représentant le procès de Gilles de Rais. Armes du président Bouhier, manuscrit à peinture, Paris, BnF, XVIIe siècle.

Jean de Malestroit est archidiacre du diocèse de Nantes. Il est élu évêque de Saint-Brieuc en 1405, puis entre au conseil privé du duc, puis devient gouverneur général des finances de Bretagne en 1406, Premier Président de la Chambre des comptes de Bretagne au début de l'an 1408, puis chancelier du duc[note 1] et Trésorier-receveur-général du duché de Bretagne quelques mois plus tard. Il est transféré au diocèse de Nantes le [4].

S'il faut en croire Guillaume Gruel, chroniqueur au service du connétable Arthur de Richemont, ce dernier se saisit de Malestroit en arguant que le chancelier breton aurait été acheté par les Anglais, retardant à ce titre le paiement de la solde des hommes d'armes et contribuant à la défaite de Saint-James en 1426[5],[6]. Cependant, il s'agit peut-être d'une confusion commise par le chroniqueur ; le médiéviste Olivier Bouzy observe qu'en sus de leur chronologie souvent incertaine, les chroniques médiévales confondent parfois les événements et les titulaires successifs des charges de chambellan ou de chancelier. Ainsi, Perceval de Cagny, chroniqueur du duc Jean d'Alençon, allègue que Jean de Malestroit aurait été enlevé en 1418 par les hommes du dauphin Charles, ce qui paraît contradictoire avec les affirmations de Guillaume Gruel et du Religieux de Saint-Denis, ces deux chroniqueurs prêtant à Malestroit des penchants armagnacs à l'époque. Par ailleurs, le chancelier Malestroit aurait été (encore ?) enlevé en 1431, cette fois par le duc Jean d'Alençon désireux de faire pression sur son oncle Jean V de Bretagne afin d'obtenir les fonds nécessaires à la reconquête de son duché[7].

En tant qu'évêque de Nantes, Malestroit lance, avec le duc Jean V, le chantier de construction de l'actuelle cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul. Le duc et l'évêque en posent la première pierre le [8].

Par la suite, il préside le procès ecclésiastique de Gilles de Rais en à Nantes[9].

L'antipape Félix V le crée cardinal lors du consistoire du [10].

Hôtel de Malestroit modifier

 
L'hôtel de Malestroit depuis la grande-rue Charles-de-Gaulle.

Situé au 2 grande-rue Charles-de-Gaulle à Bry-sur-Marne en Île-de-France, l'hôtel de Malestroit était utilisé comme résidence par Jean de Malestroit à l'occasion de ses voyages à Paris. Le bâtiment abrite aujourd'hui un centre culturel accueillant un conservatoire de musique, des expositions, des concerts et des spectacles[11].

La façade de l'hôtel de Malestroit est classée au titre des Monuments historiques.

Manoir dit Château Gaillard modifier

Jean de Malestroit fit construire le manoir urbain dit Château-Gaillard à Vannes vers 1430-1440[12].

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Il occupa ce premier poste de l'administration centrale, pendant trente-cinq ans, de 1408 à 1443[3].

Références modifier

  1. [PDF] CENTRE HISTORIQUE DES ARCHIVES NATIONALES - SÉRIE J - TRÉSOR DES CHARTES SUPPLÉMENT p. Arrêt du parlement de Bretagne, 14 août 1486
  2. Pocquet du Haut-Jussé 1926, p. 90.
  3. Douard et Kerhervé 2021, p. 53.
  4. de la Martinière 1920, p. 10
  5. Guillaume Gruel, Chronique d'Arthur de Richemont, connétable de France, duc de Bretagne (1393-1458) : édition établie par Achille Le Vavasseur, Paris, Librairie Renouard, , 313 p. (lire en ligne), p. 43-46.
  6. Eugène Cosneau, Le connétable de Richemont (Arthur de Bretagne), 1393-1458, Paris, Librairie Hachette et Cie, , XV-712 p. (présentation en ligne, lire en ligne), p. 120-125.
  7. Olivier Bouzy, « Les débuts du règne de Charles VII : 1418-1428 », Bulletin de l'association des amis du Centre Jeanne d'Arc, Orléans, Centre Jeanne d'Arc, no 27,‎ , p. 41-141 (lire en ligne).
  8. Les débuts de la Cathédrale de Nantes.
  9. Georges Bataille et Pierre Klossowski, Procès de Gilles de Rais. Documents précédés d'une introduction de Georges Bataille, Paris, Société nouvelle des éditions Pauvert, (1re éd. 1959), 338 p. (ISBN 2-7202-0177-4).
  10. (en) pseudo cardinal Jean de Malestroit
  11. Ville de Bry-sur-Marne, « Hôtel de Malestroit », sur www.brysurmarne.fr
  12. Christel Douard et Jean Kerhervé, Manoirs : Une histoire en Bretagne, Châteaulin, Locus Solus, , 215 p. (ISBN 978-2-36833-338-9), p. 52.

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Jules de la Martinière, « Un grand chancelier de Bretagne, Jean de Malestroit, évêque de Saint-Brieuc (1405-1419) et de Nantes (1419-1443) », Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, Paris, Honoré Champion, t. I,‎ , p. 9-52 (lire en ligne).
  • Barthélemy-Amédée Pocquet du Haut-Jussé, « Malestroit en Italie et l'autonomie fiscale du clergé breton », Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, Paris, Honoré Champion, t. VII,‎ , p. 61-90 (lire en ligne).
  • Pierre Thomas-Lacroix, « Jean de Malestroit, chancelier de Bretagne, évêque de Saint-Brieuc (1404-1419), et de Nantes (1419-1443) », Positions des thèses de l'École des chartes, Paris, 1925.
  • Pierre Thomas-Lacroix, « Jean de Malestroit, chancelier du duc Jean V et l'indépendance de la Bretagne », Bulletin de la Société archéologique et historique de Nantes et de Loire-Atlantique, t. CXV,‎ , p. 135-193.
  • Jean Kerhervé, L'État breton aux XIVe et XVe siècles : les ducs, l'argent et les hommes, vol. 1 et 2, Paris, Éditions Maloine, , 1078 p. (ISBN 2-224-01703-0 et 2-224-01704-9, présentation en ligne).

Articles connexes modifier

Liens externes modifier