Jean Guéhenno

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Jean Guéhenno (pour l'état civil Marcel-Jules-Marie Guéhenno), né le à Fougères (Ille-et-Vilaine) et mort le à Paris, est un écrivain et critique littéraire français.
BiographieModifier
Jean Guéhenno a raconté son enfance pauvre dans son livre Changer la vie. Fils d’un cordonnier d'une petite ville industrielle de Bretagne, il est contraint d’abandonner l’école à quatorze ans pour s’engager comme employé dans une usine de galoches, mais continue à étudier seul, après ses journées de travail. Il réussit à obtenir le baccalauréat. L'historien et membre de l'association « Les Amis de Jean Guéhenno », Florent Le Bot, en fait l'une de ses sources pour son histoire industrielle de la chaussure en France[1].
Jean Guéhenno passe avec succès en 1911 le concours d’entrée à l’École normale supérieure, mais la Première Guerre mondiale, où il sert comme officier d’infanterie, va interrompre sa carrière universitaire. Reçu 3e en 1920[2] à l’agrégation des Lettres, il est nommé professeur de première supérieure au Lycée Lakanal et, par la suite, aux lycées Henri-IV et Louis-le-Grand. Il achève sa carrière dans l’Éducation nationale comme inspecteur général.
Il se consacre par ailleurs à la critique littéraire, en particulier à une étude approfondie de l’œuvre de Jean-Jacques Rousseau, à qui il consacre les livres suivants : Jean-Jacques en marge des « Confessions » (1948), Jean-Jacques : roman et vérité (1950), Jean-Jacques : grandeur et misère d’un esprit (1952) et Jean-Jacques : histoire d’une conscience (1962). Il est par ailleurs l'auteur de nombreux autres ouvrages dans lesquels il propose un humanisme original, notamment L’Évangile éternel (1927), Caliban parle (1928), La Foi difficile (1957) et Caliban et Prospero (1969).
C’est à cet humanisme que ressortit son engagement politique entre les deux guerres. En 1927, il signe, avec notamment Alain, Lucien Descaves, Louis Guilloux, Henry Poulaille, Jules Romains et Séverine, la pétition contre la loi sur l’organisation générale de la nation pour le temps de guerre, loi qui abroge, selon les signataires, toute indépendance intellectuelle et toute liberté d’opinion[3]. Cette pétition paraît dans le numéro du 15 avril 1927 de la revue Europe, dont Guéhenno devient le directeur de la publication en 1929. Il assure cette fonction jusqu'en mai 1936. En 1935, il fonde l’hebdomadaire Vendredi.
Il participe en 1930 au troisième cours universitaire de Davos, avec de nombreux autres intellectuels français et allemands. Il arrête de publier sous l'Occupation, mis à part quelques écrits clandestins sous le pseudonyme de Cévennes.
Il collabore au Figaro à partir de 1945 et épouse Annie Rospabé en 1946[4].
Une partie de son œuvre est autobiographique : Journal d'un homme de 40 ans (1934), Journal des années noires, 1940-1944 (1947), Carnets du vieil écrivain (1971).
En 1944, le gouvernement provisoire de la France le charge d’organiser la Direction de la Culture populaire et des Mouvements de jeunesse. Reprenant des idées élaborées dans la clandestinité, il met en place avec Christiane Faure les premiers instructeurs d'animateurs de jeunesse[5]. Avec André Philip et des responsables clandestins d'associations de jeunesse, de partis et de syndicats, il crée la république des jeunes[6]. Cette association réfléchit à la transformation des maisons des jeunes du régime de Vichy en Maison de la Jeunsse et de la Culture (MJC) affiliées aux mouvements d'Éducation populaire. En 1948, après la fusion de la Direction de la Culture populaire et des Mouvements de jeunesse avec la Direction de l'Éducation physique et des activités sportives, Guéhenno démissionne de son poste.
Jean Guéhenno est élu à l’Académie française le avec 15 voix au fauteuil d’Émile Henriot, et reçu le par Jacques Chastenet (c’était la première cérémonie de réception à se tenir dans l’Académie rénovée), suscitant cet hommage de François Mauriac dans son Bloc-notes : « Quelque mal que vous pensiez de l’Académie, dans une vie exemplaire comme celle de Guéhenno, elle apporte une consécration irremplaçable. Le petit ouvrier breton qui, par la puissance de son esprit et par sa persévérance, est devenu ce maître éminent, ce haut fonctionnaire, et surtout cet écrivain, dessine sous nos yeux une image d’Épinal où la Coupole doit apparaître dans la dernière case. »
Jean Guéhenno est mort à Paris le .
DécorationsModifier
- Commandeur de la Légion d'honneur
- Croix de guerre 1914-1918
- Médaille de la Résistance
ŒuvresModifier
LivresModifier
- 1927 : L’Évangile éternel, Étude sur Michelet (Grasset)
- 1928 : Caliban parle (Grasset)
- 1931 : Conversion à l’humain (Grasset)
- 1931 : Simon Mondzain (Nouvelle Revue française)
- 1934 : Journal d'un homme de 40 ans (Grasset)
- 1936 : Jeunesse de la France (Grasset)
- 1939 : Voltaire, Bernard Palissy, Renan (en collaboration) (Gallimard)
- 1939 : Journal d’une “Révolution” 1937-1938 (Grasset)
- 1939 : Hommage à Dabit (en collaboration) (Nouvelle Revue française)
- 1944 : Dans la prison (sous le pseudonyme de Cévennes) (Minuit)
- 1945 : L’Université dans la Résistance et dans la France nouvelle (Office français d’édition)
- 1946 : La France dans le monde (La Liberté)
- 1947 : Journal des années noires (1940-1944) (Gallimard)
- 1948 : Jean-Jacques en marge des “Confessions”. T.I. 1712-1750 (Grasset)
- 1949 : La part de la France (Le Mont-Blanc)
- 1950 : Jean-Jacques en marge des “Confessions”. T.II. 1750-1758 (Grasset)
- 1952 : Voyages : tournée américaine, tournée africaine (Gallimard)
- 1952 : Jean-Jacques en marge des “Confessions”. T.III. 1758-1778 (Gallimard)
- 1954 : Aventures de l’esprit (Gallimard)
- 1954 : La France et les Noirs (Gallimard)
- 1957 : La foi difficile (Grasset)
- 1959 : Sur le chemin des hommes (Grasset)
- 1961 : Changer la vie, Mon enfance et ma jeunesse (Grasset)
- 1964 : Ce que je crois (Grasset)
- 1968 : La mort des autres (Grasset)
- 1969 : Caliban et Prospero (Gallimard)
- 1971 : Carnets du vieil écrivain (Grasset)
- 1977 : Dernières lumières, derniers plaisirs (Grasset)
- Posthumes
- Entre le passé et l'avenir, Grasset, 1978 (textes réunis par Annie Guéhenno)
- La Jeunesse morte, Éditions Claire Paulhan, 2008 (ce roman a été écrit entre décembre 1917 et octobre 1920)
- Je vous écris d'Europe, L'OURS, 2019 (chroniques européennes publiées dans Le Figaro entre 1946 et 1977)
CorrespondanceModifier
- Correspondance François Mauriac-Jean Guéhenno, 1933-1970, Les Amis de Jean Guéhenno/ Les Amis de François Mauriac, 2018
- Correspondance Jean Grenier-Jean Guéhenno, 1927-1969, La Part commune, 2011
- Jean Guéhenno - Louis Guilloux,Correspondance (1927-1967), "Les Paradoxes d'une amitié", La Part Commune, 2010
- Correspondance Jean Paulhan-Jean Guéhenno, 1926-1968, Gallimard, 2002
- Jean Giono et Jean Guéhenno, Correspondance (1928-1969), Seghers, 1991
- L'Indépendance de l'esprit, correspondance entre Jean Guéhenno et Romain Rolland, 1919-1944, préf. André Malraux, Albin Michel, 1975
- Paul Langevin et Jean Guéhenno, Fonds Jean Guéhenno, Correspondance, Correspondance de Jean Guéhenno, Correspondance, Lettres reçues, Labarthe - Larmignat
HommagesModifier
- La Poste française a émis un timbre à son effigie le 26 mars 1990[7].
Notes et référencesModifier
- « Guéhenno, « mémorialiste » des chaussonniers. Info », sur fougeres.maville.com (consulté le 7 décembre 2017).
- André Chervel, « Les agrégés de l'enseignement secondaire. Répertoire 1809-1960 », sur Ressources numériques en histoire de l'éducation, Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes, (consulté le 13 mars 2015). Le répertoire indique : « Guéhenno Marcel, dit Jean ».
- Texte de la loi sur le site Legifrance. Elle a été votée en 1938, après plus de dix ans de débats.
- Claire Paulhan, « Annie Guéhenno, résistante et écrivain », Le Monde.fr, (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le 7 décembre 2017).
- « Jean Guéhenno », sur amisdeguehenno.monsite-orange.fr (consulté le 14 janvier 2018).
- FFMJC, « République des Jeunes », sur www.60ansdesmjc.fr, (consulté le 14 janvier 2018)
- « Timbre: 1990 Jean Guéhenno 1890-1978 »
Voir aussiModifier
BibliographieModifier
- Denise Bourdet, « Jean Guéhenno », dans : Encre sympathique, Paris, Grasset, 1966, 302 p. [entretien avec Jean Guéhenno]
- Paul Phocas, Gide et Guéhenno polémiquent, Rennes, Presses universitaires de Rennes-2, 1987, 102 p.
- Philippe Niogret, La revue « Europe » et les romans de l'entre-deux-guerres, Paris, L'Harmattan, 2004, 318 p. (ISBN 2-7475-6553-X)
- Patrick Bachelier et Alain-Gabriel Monot, Jean Guéhenno, Rennes, La Part Commune, 2007, 157 p. (ISBN 978-2-84418-129-9)
- Jeanyves Guérin, Jean-Kély Paulhan, Jean-Pierre Rioux (éd.), Jean Guéhenno : guerres et paix, Villeneuve d'Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2009, 226 p. (ISBN 978-2-7574-0131-6) [actes du colloque organisé les 13 et 14 novembre 2008 par l'Université Paris III et les Amis de Jean Guéhenno]
Articles connexesModifier
Liens externesModifier
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