Jean Desfrançois

médecin français

Docteur Jean Desfrançois
Jean Desfrançois

Naissance
Ismaïlia, Égypte
Décès (à 40 ans)
Chambéry, France
Origine France Française
Allégeance France FFI
Conflits Seconde Guerre Mondiale
Distinctions Médaille de la Résistance

Jean Desfrançois est un médecin et résistant français, né le à Ismaïlia (Égypte) et mort le à Chambéry.

Jeunesse et formation modifier

Jean, Constant, Émile Desfrançois est né le à Ismaïlia (Égypte). Il est le fils de Georges, Louis, Albert Desfrançois (1851-1912) et Joséphine, Alexandrine, dite "Hortense" Donnot (1870-1972). Son père est ingénieur aux chemins de fer égyptiens[1]. Il a un frère ainé, Maurice (1896-1913), et une sœur cadette, Georgette (1906-1920).

Pendant ses études au lycée Vaugelas de Chambéry[2], Jean montre des dispositions fortes en mathématiques. En 1921, il termine son lycée et obtient à cette occasion la médaille Pillet-Will[3]. Très doué pour les sciences exactes, il prépare le concours de l’école Centrale des Arts et Manufactures au lycée Janson-de-Sailly[1] à Paris, qu’il réussit brillamment. Il sort major de l'école en 1926[1]. Mais c’est vers la médecine qu’il souhaite s’orienter[4]. Pour réaliser son choix, après son diplôme d'ingénieur civil, il entame des études de médecine. Interne des hôpitaux de Paris, il publie sa thèse en 1934[5].

Ses années de praticien modifier

Installé à Chambéry, il devient un praticien renommé et estimé. En parallèle de sa clientèle traditionnelle, il s'implique auprès des plus déshérités et gagne le surnom de « médecin des pauvres »[6]. Il rentre au conseil municipal avant la guerre. À ses heures perdues, il se consacre à son violon d’Ingres, la botanique, et acquiert une stature de véritable savant, apprécié de ses collègues de la Société d’Histoire Naturelle[1]. Il joue aussi assidument du violon. Malgré sa grande humanité, il reste d'un tempérament froid[7].

Rôle dans la Résistance et décès modifier

Pendant la campagne de France, Jean Desfrançois combat comme capitaine au sein du 164e régiment d'artillerie de position[8]. Après la défaite, il s'implique dans la Résistance intérieure française dès 1940 pour organiser le mouvement Franc-Tireur en Savoie, à la demande de Lucien Rose[9]. Il participe à l'organisation de l'Armée Secrète de Savoie avec Edwin Stephens[9],[10]. Il assume à cette occasion de nombreux transports d'armes et de matériels et soigne des résistants malades ou blessés[9]. Il devient chef département du service de santé fin 1942 pour une partie de la Savoie[9],[11]. À partir de 1943, il distribue des faux certificats médicaux comme échappatoire au service du travail obligatoire[12]. En 1944, il organise le service de santé pour les maquis de la résistance et organise une filière de détournement de médicaments[13]. Pendant l'occupation, il promeut le retour de la Savoie à ses anciennes frontières, avec notamment l'inclusion du massif du Mont-Cenis. Il fait imprimer une carte à cet effet afin de créer un mouvement d'opinion[1].

Le docteur Desfrançois est tué lors du bombardement du 26 mai 1944. Lors de l'attaque alliée sur le nœud ferroviaire de Chambéry (opération effectuée en prévision du débarquement de Normandie), il sort de son abri (une tranchée ouverte boulevard de la Colonne). Il est l'une des premières victimes.

L'émotion que suscite sa mort conduit la ville de Chambéry, quelques jours seulement après la Libération, le , à rebaptiser « Avenue du Docteur-Desfrançois » l'ancienne voie portant le nom du Maréchal Pétain, avant la guerre également nommée la rue Saint-François[14].

Il reçoit la Médaille de la Résistance avec rosette à titre posthume par décret du 24 avril 1946 (publié au Journal Officiel le 11 juillet 1946) sous proposition de Lucien Rose, avec la citation suivante[9] :

Résistant de la première heure. Fut un des fondateurs de la Résistance dans les Alpes. Par un courage indomptable et un esprit d'organisation remarquable, a permis la mise sur pied des premiers maquis savoyards. Son action contre le S.T.O a sauvé des centaines de jeunes savoyards de la déportation. Restera une des plus belles figures de patriote français.

Décorations modifier

Notes et références modifier

  1. a b c d et e Tome 91 - Fascicule 7-9 du périodique Bulletin de la Société Botanique de France Emberger Louis - Jean Desfrançois (1903-1944). - 1944, p. 197 à 198 - notice nécrologique, Jean Desfrançois, floristique, Savoie - Saisie : Jean Timbal Art. no 16321 [1].
  2. Bellevue sur Chambéry, Jean Baud, La fontaine de Siloé, 2008
  3. Médaille créée par Frédéric Pillet-Will
  4. Notice biographique, Source privée, B. Desfrançois. Ce document a probablement été rédigé par le directeur de son ancien lycée à Chambéry.
  5. À propos d'un cas d'hépato-néphrite, J. Desfrançois, 1934
  6. Bellevue sur Chambéry, Jean Baud, La Fontaine de Siloé, 2008
  7. Témoignage, B.Desfrançois, cousine du Docteur Desfrançois, Paris, 2010
  8. Mention, Image Mortuaire, source B. Desfrançois
  9. a b c d et e Dossier personnel Médaille de la Résistance, Musée de l'Ordre de la Libération
  10. J'appartiens au silence, Rosine Perrier, La Fontaine de Siloé, 2006
  11. Un v de la résistance. Le docteur Jean Desfrançois, Imprimerie chambérienne (Chambéry), 1946
  12. Ma Sacrée vie de Prêtre, Abbé Joseph Grumel, page 92
  13. Témoignage François Guillin, Association Résistance Lycée Lalande, 2006
  14. Jean Baud et Jean Bertolino, Bellevue sur Chambéry, Montmélian, La Fontaine de Siloé, , 242 p. (ISBN 978-2-84206-394-8 et 2-84206-394-5, lire en ligne), p. 152
  15. « - Mémoire des hommes », sur www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le )

Voir aussi modifier