Jean Étienne Philibert de Prez de Crassier

personnalité politique française

Jean Étienne Philibert de Prez de Crassier, né à Divonne-les-Bains le et mort à Ornex le , dénommé sous la Révolution Étienne Deprez-Crassier, est un militaire français devenu député de la noblesse de l'Assemblée constituante de 1789 puis général de l'Armée révolutionnaire française.

Jean Étienne Philibert de Prez de Crassier
Jean Étienne Philibert de Prez de Crassier

Naissance
Divonne-les-Bains
Décès (à 70 ans)
Ornex
Origine Français
Allégeance Drapeau du royaume de France Royaume de France
Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Drapeau de la France République française
Grade Général de division
Années de service 17451796
Commandement Armée du Centre
Armée du Rhin
Armée des Pyrénées occidentales
Conflits Guerre de l’indépendance américaine
Guerres de la Révolution
Faits d'armes Bataille de Valmy
Distinctions Croix de Saint-Louis
Famille de Prez

Emblème

Biographie

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Jean Étienne Philibert de Prez de Crassier est le fils de Jean Baptiste de Prez, chevalier et seigneur de Crassier, et de Marie Anne de Foras[1]. Il naît le [2] au château de Crassier, localité dépendant de la paroisse de Divonne. Il semble appartenir à l'une des branches de la famille noble suisse de Prez[1]. Il n'a que 12 ans lorsque son père décède en 1745, laissant sa veuve et ses six enfants criblés de dettes[3]. Celle-ci n'a d'autre solution que d'envoyer ses enfants s'enrôler dans l'armée. Étienne devient donc cadet dans le régiment suisse de Vigier[4].

En 1760 il fait la connaissance de Voltaire qui venait de s'installer en voisin comme seigneur de Ferney. Alors que les jésuites tentent de s'approprier les biens fonciers de la famille de Prez, il obtient un prêt important de l'écrivain, bien content de jouer un tour au clergé, permettant ainsi à la famille de récupérer ses biens en 1765[3].

En 1763 il épouse à Gex Jacqueline-Thérèse Sédillot, fille d'Étienne Sédillot, seigneur de Saint-Genis[5].

Lorsque Louis XVI convoque les États généraux à Versailles, Jean Étienne Philibert de Prez de Crassier est élu député de la noblesse du bailliage de Gex le [6]. Il fait partie des 47 députés de la noblesse ralliés au tiers état pour constituer la première Assemblée nationale, où il siège jusqu'au .

Il est arrêté le et emprisonné à la Citadelle de Bayonne ; de nombreux généraux issus de la noblesse ont été suspendus par les représentants du peuple et internés en cette époque de Terreur révolutionnaire, puis réintégrés entre 1795 et 1796. Un des motifs invoqués pour maintenir Deprez-Crassier incarcé sans jugement était qu'il n'avait pas restitué sa croix de Saint-Louis obtenue sous l'Ancien Régime, tandis qu'il expliquait qu'elle était restée chez lui dans le pays de Gex. Il est finalement libéré au bout de 16 mois de détention[note 1] et réintégré dans l'armée.

Sa retraite est prononcée le . Il se retire alors dans son pays de Gex natal, et décède le dans sa demeure d'Ornex[4].

Carrière militaire

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Après avoir servi dans le régiment de Vigier en Italie, il est nommé enseigne en 1748 puis sous-lieutenant en 1754[4]. Il devient ensuite capitaine au régiment Royal-Deux-Ponts en 1757, et participe jusqu'en 1763 aux campagnes l'Allemagne de la Guerre de Sept Ans, durant lesquelles il est blessé à deux reprises[7], le à la bataille de Rossbach (défaite française) et le à la bataille de Sondershausen (victoire française).

Son parcours de 1764 à 1784 est mal connu[note 2] ; on sait uniquement qu'il est nommé lieutenant-colonel en 1773.

En 1785, il sert d'abord comme colonel puis comme adjudant-général dans la légion française du comte de Maillebois[7] intervenue en Hollande pour soutenir le parti démocratique contre la Prusse. Lorsque cette légion est licenciée en 1787, il prend sa retraite de militaire[4].

Après la survenue de la Révolution française puis du soulèvement des 5 et 6 octobre 1789, et devenu député de la noblesse, il décide de reprendre du service en . Elevé au grade de maréchal de camp le , il est nommé d'abord commissaire pour les départements de l'Ain, de la Haute-Saône et du Doubs. Commandant du camp de Fontoy, il est attaqué le par vingt-deux mille soldats de l'armée du général Frédéric Louis de Hohenlohe-Ingelfingen, prince de Hohenhole. Il est assisté le par les troupes du maréchal Luckner qui lui permettent de faire retraite. Il est ensuite promu lieutenant-général le et affecté à l'Armée du Centre créée le . Le , il participe à la bataille de Valmy[8] lors de laquelle il commande l'avant-garde des troupes de l'armée du général Kellermann.

Le il est nommé commandant en chef par intérim de l'Armée du Rhin à Strasbourg en remplacement de Armand-Louis de Gontaut Biron. Il fait venir à ses côtés des officiers de confiance comme son frère Deprez-Bruel et son beau-frère Sédillot de Fontaine[4]. Il est destitué une première fois de ses fonctions le sur ordre du général Custine, avec lequel il était en désaccord, et il est rappelé le [7] sur instructions du ministre de la guerre[note 3]. Le il est nommé commandant en chef de l'armée des Pyrénées occidentales à Saint-Jean-de-Luz. Il démissionne le . Enfin, après avoir été suspendu de ses fonctions le et incarcéré pendant 16 mois durant la Terreur, il est réintégré comme commandant de la 5e division militaire à Strasbourg, poste qu'il occupe jusqu'à sa mise à la retraite en 1796[4].

Sources

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Notes et références

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  1. C'est durant sa captivité à Bayonne qu'il a écrit, pour plaider sa cause, son mémoire à l'attention de la Convention nationale qui fut ensuite publié et qui a permis aux historiens de reconstituer la biographie de Jean Étienne Philibert de Prez de Crassier
  2. Une biographie indique qu'il aurait fait partie du corps expéditionnaire français ayant participé à la Guerre d'indépendance des États-Unis de 1780 à 1783, mais il n'y fait nullement allusion dans son plaidoyer de 1794 ; il s'agit probablement d'un confusion avec son frère Louis Aimable de Prez de Crassier, dont il est avéré qu'il a participé à cette expédition
  3. Custine sera arrêté le 22 juillet 1793, traduit devant le Tribunal révolutionnaire, condamné à mort et guillotiné le 28 août 1793

Références

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  1. a et b Amédée de Foras continué par François-Clément de Mareschal de Luciane, Armorial et nobiliaire de l'ancien duché de Savoie, vol. 5-1, Grenoble, Allier Frères, p. 28, « Prez (de) ».  .
  2. Acte de baptême, registre des B.M.S. de Divonne-les-Bains pour 1732-1736, vue no 20 consultable en ligne sur le site des archives départementales de l'Ain
  3. a et b Henri Buathier et Raymond Grosgurin, Ferney-Voltaire : Pages d'histoire, Annecy, Gardet, coll. « Cercle d'études ferneysiennes », 1990 (2e édition), p. 156-158.
  4. a b c d e et f « Jean Etienne Philibert de Prez-de-Crassier », sur site de la mairie d'Ornex (consulté le ).
  5. Registre des baptêmes, mariages et sépultures de Gex, 1763-1764 (vues 14 et 15) consultable en ligne sur le site des Archives de l'Ain, extrait : L'an mil sept cent soixante trois et le premier juin, je soussigné Charles Amable Daviet… ai imparti la bénédiction nuptiale à monsieur Jean Étienne Philibert, fils légitime de feu monsieur Jean Baptiste Deprez écuyer seigneur de Crassier et de madame Marianne Deforas demeurant à Crassier et à mademoiselle Jacqueline Thérèse fille de noble Étienne Sédillot écuyer seigneur de Saint-Genis et de madame Adrienne Tremollet de Gex...
  6. « Jean, Étienne, Philibert de Prez de Crassier », sur site de l'Assemblée nationale (consulté le ).
  7. a b et c Jean Étienne Philibert de Prez de Crassier, Deprez-Crassier, général de division en arrestation à Bayonne, à la Convention nationale, Guérin, .
  8. [PDF] « Le général gessien Deprez-Crassier s’était distingué à Valmy », sur Association des Mémoires Ornésiennes (consulté le ).

Voir aussi

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Articles connexes

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Liens externes

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