Jean-Michel Langevin

prêtre catholique français

Jean-Michel Langevin
Image illustrative de l’article Jean-Michel Langevin
L'église et la cure de Briolay.
Bienheureux, martyr
Naissance
Ingrandeœ
Décès (à 62 ans) 
Angers
Nationalité Française
Vénéré à Briollay et Chapelle Saint-Louis du Champ des Martyrs
Béatification  Vatican
par Jean-Paul II
Vénéré par Église catholique romaine
Fête 30 octobre

Jean-Michel Langevin né le à Ingrande (province d'Anjou dans le royaume de France) et mort guillotiné le à Angers (Maine-et-Loire) est un prêtre catholique et martyr en haine de la foi. Béatifié le il fait partie des quatre-vingt-dix-neuf martyrs d'Angers, parmi plus de deux mille hommes et femmes guillotinés à Angers et fusillés à Avrillé pour la plupart. Jean-Michel Langevin parce qu'il a refusé de prêter serment, voulait « rester libre » selon les mots de Jean-Paul II lors de la cérémonie de béatification, plus de deux siècles plus tard.

Contexte historique modifier

Le , l'Assemblée constituante vote la constitution civile du clergé. Le décret d'application prévoit que les prêtres fonctionnarisés prêtent serment à la constitution. En et le sont arrêtés des décrets répressifs contre le clergé réfractaire, dont le culte est interdit. Le second décret prévoit la déportation hors du territoire français de tout prêtre réfractaire sur la simple demande de vingt citoyens.

L’insurrection vendéenne éclate véritablement en mars 1793 lorsque la Convention, le 23 février, ordonne une levée de 300 000 hommes. Le l'Armée catholique et royale vaincue à la bataille de Cholet est acculée ; elle reflue ensuite vers la Loire, laissant nombre de civils derrière elle.

À Angers, dirigés par les représentants en mission Nicolas Hentz et Adrien Francastel, les prisonniers, hommes et femmes, passent en jugement sommaire devant les commissions militaires. Ils sont soit guillotinés sur la place du Ralliement (ancienne place Saint-Maurille avant le ), soit fusillés dans un champ désert de la ferme Desvallois.

Biographie modifier

 
Acte de baptême de Jean-Michel Langevin cliquez pour agrandir

Fils d'Urbain Langevin marchand boulanger et d'Anne Le Coudre (dernier enfant du couple, qui en eut cinq)[1] Jean-Michel Langevin naît à Ingrande (le nom du village s'orthographiait alors sans s) en province d'Anjou, le . Il est baptisé le lendemain dans cette paroisse [2],[3] : il a pour parrain Jean Langevin, son oncle et pour marraine, Marie Hérisson, femme d'Urbain Poislane[1]

Vicaire au Louroux-Béconnais puis à Villevêque, il est nommé prieur-curé de Beausse en 1759 ; il est installé curé de Briolay[N 1] le [4],[5]. Survient la Révolution française, il refuse de prêter serment à la Constitution civile du clergé et de rejoindre les rangs de l'Église constitutionnelle (déclarée schismatique par le pape Pie VII) de même qu'André Fardeau, un de ses vicaires[6]. Jean-Michel Langevin est alors chassé de sa cure le , par ses paroissiens révolutionnaires[7],[8],[9]. Son autre vicaire André Janin prête le serment constitutionnel [10]. L'abbé Simon Gruget qui vécut la Révolution à Angers et autour, et qui connut très certainement Jean-Michel Langevin a rapporté à son sujet : « C'était un digne pasteur qui eut beaucoup à souffrir de ses paroissiens. Il ne faut pas en être surpris, il avait dans sa paroisse beaucoup de philosophes, disciples de Voltaire et de Rousseau, et tout leur soin était de chercher à traverser leurs curés, à leur susciter des procès, dans le but de les discréditer aux yeux de leurs paroissiens. M. Langevin ne fut pas plus heureux. Il fut supplanté par son propre vicaire, M. Janin, frère de M. Janin, vicaire de Saint-Michel-du-Tertre, qui fit inutilement tous ses efforts pour le retirer de l'abime [11]

Remplacé par un intrus, l'abbé Langevin part pour Angers le et y reste jusqu'au . Puis il s'en va à Montrevault, dans les Mauges, où il reste jusqu'à la Toussaint pour revenir à Briollay et y enlever des meubles pour le bourg du Mesnil-en-Vallée où il possède une maison [12]. Il vient ensuite à Angers, car l'arrêté du enjoignait à tous les prêtres insermentés de venir résider dans cette ville, pour y être soumis à un appel quotidien [4]. Jean-Michel Langevin arrive donc à Angers le , et le se présente devant la municipalité [4]. Le , il échappe à l'internement général des prêtres insermentés ; il se cache dans une chambre appartenant à Mademoiselle de Vaugirault rue Saint-Martin [4] et y reste jusqu'à l'arrivée de l'Armée catholique et royale au mois de [6]. Sorti de sa cachette, l'abbé Langevin descend la Loire en bateau et retourne au Mesnil-en-Vallé. Il y exerce son ministère avec Blanvillain ex-curé d'Ingrandes ; il proclame à l'autel qu'il administrera les malades de jour et de nuit, et les autres dans la mesure de ses forces.

Après la défaite de l'armée vendéenne, les prêtres du diocèse, traqués, arrivent à Angers pour y entendre une sentence de mort. Jean-Michel Langevin ouvre le premier cette route sanglante. Dénoncé le 7 septembre 1793 au Comité Révolutionnaire d'Ingrandes par quatre « patriotes »[4],[N 2] et arrêté le au Mesnil-en-Vallée dans une ferme[13]il est transporté à Angers. Interrogé une première fois et conduit à la prison nationale, place des Halles, d'où on l'extrait le , pour être jugé par la commission Félix siégeant au couvent des Jacobins [4]. Condamné à mort, il est guillotiné le lendemain, le , à 4 heures de l'après-midi[14], place du Ralliement, autrefois place saint-Maurille [15].

L'abbé Langevin fut la première personne à être guillotiné à Angers (« Cette guillotine, établie sur une nouvelle place, la place du Ralliement, à l'endroit même où était le grand autel de l'église Saint-Pierre, y demeura en permanence pendant une année entière, depuis la fin d'octobre 1793 jusqu'à la mi-octobre 1794 ») [16],[4]. L'abbé Simon Gruget dut sans aucun doute lui donner son absolution, comme il le fera durant toute la Terreur (Il est l'auteur de Mémoires qui ont grandement aidé à la béatification des Martyrs d'Angers) D'autres exécutions suivront par le fusil et la guillotine à Avrillé et à Angers.

Le bienheureux modifier

 
Vitrail de l'église Saint-Pierre de Chemillé

En 1905, Joseph Rumeau, évêque d’Angers, introduit la cause d’un certain nombre de victimes d'Avrillé et d'Angers mises à mort haine de la foi et de l’Église catholique. Une procédure canonique de béatification est alors lancée. Le décret proclamant le martyre de quatre-vingt-dix neuf de ces victimes dont Jean-Michel Langevin et André Fardeau est promulgué le  : ce sont les Martyrs d'Angers. Leur béatification est célébrée solennellement le par le pape Jean-Paul II à la Basilique Saint-Pierre du Vatican.

Fête et mémoire liturgique modifier

La mémoire liturgique de Jean-Michel Langevin est célébrée le 30 octobre [17] et le 1er février[18]

Prénoms modifier

Hommage modifier

Bibliographie modifier

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. À la Révolution, le village s'écrit avec un seul l soit Briolay, ce n'est qu'en 1801 qu'il prend deux ll soit Briollay
  2. Dénonciations faites le 7 septembre 1793 au Comité Révolutionnaire d'Ingrandes par quatre patriotes du Mesnil - qui l'accusèrent faussement d'avoir prôné l'enfouissement dans le sable des républicains. La copie de ces dénonciations est envoyé au Comité Révolutionnaire d'Angers le 25 octobre

Références modifier

  1. a et b Fiche généalogique sur Geneanet
  2. Lire l'extrait de l'acte de Baptême ci-contre à gauche
  3. Jeab-Michel Langevin sur http://shenandoahdavis.canalblog.com
  4. a b c d e f et g Gallica / Anjou historique, janvier 1905, M. Langevin, curé de Briollay, guilottiné à Angers, p. 415-421
  5. Célestin Port, Dictionnaire Historique du Maine-et-Loire, 1878 Complément de l’article Briollay
  6. a et b J. Siraudeau, L'Anjou historique, volumes 31 à 32, p. 164
  7. Jean-Michel Langevin prêtre réfractaire (1731-1793)
  8. Andegaviana - Volumes 3 à 4 - Page 496
  9. Amans-Claude Sabatié, Les tribunaux révolutionnaires en province: sommaire historique, procédure, tribunaux divers, commissions militaires, arrestations arbitraires, exécutions, déportations, statistiques pour chaque département, état des victimes dans le clergé pour chaque diocèse, Volume 1, P. Lethielleux, 1914 p. 123
  10. Gustave Bord, Charles d'Héricault, Revue de la révolution, volume 7, 1886, p.127
  11. Chamard 1963, p. 508.
  12. Andegaviana, Volumes 3 à 4 - page 497
  13. 16 octobre 1997, Veillée Vendéenne
  14. François-Marie Tresvaux Du Fraval, Histoire de l'Église et du diocèse d'Angers, J. Lecoffre, 1859, p. 453
  15. Sylvain Bertholdi, La place du Ralliement. Histoire d'un quartier sur www.angers.fr
  16. Edmond Biré dans Le clergé pendant la révolution (1789/1799), E. Vitte, 1901, p. 177 qui ajoute « Or le premier condamné est un prêtre »
  17. Bienheureux Jean-Michel Langevin sur Nominis
  18. Bienheureux Martyrs d'Angers sur Nominis

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier